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Full text of "Bulletin de la Commission des antiquités de la Seine-Inférieure"

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BULLETIN 


DE EN. 


COMMISSION DES ANTIQUITÉS 


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BOLLETIN 


COMMISSION DES ANTIQUITÉS 
DE LA | ; 
| SEINE-INFÉRIEURE 
TOME XVI : 


1912 à 1914 


ROUEN 
IMPRIMERIE ADMINISTRATIVE A GALLIER 


22, place Saint-Mare, 22 


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ARTS 


et ae : 


PROCÈS-VERBAUX 


DE LA 


COMMISSION DES ANTIQUITÉS 


DE LA SEINE-INFÉRIEURE 


PENDANT L'ANNÉE 1912 


SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1012 


Sous la présidence de M. G. Le Breton, vice-prési- 
dent, elle se tient à deux heures un quart dans le 
cabinet de l’Archiviste départemental. 

Furent présents : MM. G. de Beaurepaire, Delabarre, 
G. Dubosc, Duveau, Garreta, Lormier, Mgr Loth, 
Pelay, Poussier, Vernier, de Vesly et l'abbé Tougard. 

Se sont excusés : MM. le Dr Coutan, Malicorne et 
Minet. 

En ouvrant la séance, M. le Président se lève pour 
remercier, non sans quelque émotion, M. l’Archiviste 
en chef d’avoir bien voulu offrir à la Commission 
l'aimable hospitalité de cette salle. Elle nous est chère, 
parce qu’elle est encore animée des souvenirs, d’ail- 
leurs impérissables, de son premier titulaire, notre 
regretté président, M. Ch. de Beaurepaire. 

Le procès-verbal de la dernière séance [22 décembre 
1911} est alors adopté après lecture. 


Correspondance imprimée. — Exceptionnellement 
abondante, elle ne comporte pas moins d’une tren- 
taine de pièces dont voici les titres : La Picardie his- 
torique et monumentale, arrondiss! d’'Abbeville, t. IV, 
in-4°, avec un volume de planches; — Bulletin archéol. 
du Comité, 1911,1et2 ivr.; — Bibliogr. annuelle... 
des Soc. sav. de la France, 1906-1907 et 1907-1908, 
2 vol.; — Répertoire d'Art et d'Archéol, 2° année; 
1911, 3° trim.; — Annales de la Soc... de Chäteau- 
Thierry, 1910; — Mém. de la Soc... de Beaune, 
1910; — Mém. de la Soc... d'Emulation du Doubs, 
1910; — Bulletin de la Soc. de la Drôme, 180; 
janvier 1912; — Recueil... de la Soc... de l'Eure, 
1910, — Bulletin trim. de la Soc... Dunoise, 164- 
167, janvier à octobre 1911; — Société... de l'Or- 
léanais, XXXIII, 1911; — Revue de l'Avranchin, 
XVI; — Société... de l'Orne, X XX, 4; — Bulletin. 
de l'Auvergne, 1911, IV et X, 2 livr.; — Société 
d'Emul. d'Abbeville, Bulletin,_1911, 11 et tv; — 


Bulletin. des Antiquaires de l'Ouest, 1911, tt; — 


Bulletin de la Soc... d'Eure-et-Loir, 1911,1à x; — 
Bulletin de la Soc... de Gand, XI, 9 à 10; — Assises 
DE Caumonr, Rouen, 24-26 juillet 1908; Compte rendu 

de cette rv° Session, juillet et 13 nov. 1908 ; — Rap- 
_ port sur le mouvement artistique, par M. S. Frère; 
— Rapport sur le mouvement Agricole, par M. F. 
Laurens ; — Rapport sur le mouvement Litiéraire, 
par M. H. Paulme; — Société des Amis des Sciences 
naturelles de Rouen, 1910. 

Correspondance manuscrite. — M. le Préfet a 
adressé hier à M. le Président l'expédition de sori 
arrêté du 19 courant, par lequel il nomme trois nou- 
veaux membres de la Commission des Antiquités, 


__— _——— _ — 


savoir : M. C. Coche, ancien maire de Dieppe; M. le 
comte O. Costa de Beauregard, des Antiquaires de 
France, à Sainte-Foy, près Longueville; et M. Auvray, 
architecte divocésain. 

M. G. Le Breton ne peut que remercier M. le Préfet 
de ces excellents choix. M. Coche a droit à toute la 
réconnaissance des hommes éclairés pour avoir assuré 
la conservation du château de Dieppe. Quant à M. de 
Beauregard, récemment loué à l'Histoire de Norman- 
dié, il s'était déjà fait une renommée archéologique 
avant de se fixer dans notre pays; et depuis divers 
mémoires n'ont fait que l’affirmer davantage dans des 
problèmes assez obscurs, notamment sur l'origine des 
casques de Falaise, que les études de M. de Glanville 
et de M. de Linas n'avaient pu suffisamment éclaircir; 
enfin les fonctions d'architecte diocésain avaient déjà 
marqué à M. Auvray une place dans la Commission 
aux côtés de M. Lefort. 


S.-Georges-de-Boscherville. — La délibération que 
Ja Commission a prise à son sujet a fait écrire une 
lettre hautaine et presque menaçante dont il est donné 
lecture. Evidemment nos intentions ont été bien mal 
interprétées : car la question de propriété ne pourrait 
être mise en cause, dans un temps surtout où elle est 
l'objet de tant d'attaques. Notre seule préoccupation a 
été que la légitime curiosité qui attire à S.-Georges 
des visiteurs de toute la France, et même ce serait peu 
dite de toute l'Europe (quand l’Amérique vient d'en 
fournir un}, puisse largement se satisfaire en étudiant 
bien à l'aise, dans ses moindres détails, cette intéres- 
sante salle capitulaire. Les conditions d'accès, et notam- 
ment les trois mètres réservés au chemin de ronde, ne 


4 


sont que des points accessoires, déterminés par l'Admi- 
nistration supérieure. Enfin nos doléances sur l’entre- 
tien défectueux sont celles de tout possesseur de la plus 
modeste construction, soucieux d’en assurer une lon- 
guc durée. | 

On espère que, comme Avocat, comme Conseiller 
général, comme président de la Société d'Agriculture, 
M. Lormier a plus que personne qualité pour inter- 
venir et faire prendre aux choses le tour le plus favo- 
rable. Notre confrère s’y emploierait bien volontiers; 
mais il se trouve que des dissentiments d'ordre privé 
l’empêchent d'y songer. 

Après quelques autres réflexions, la Commission 
décide de remettre entre les mains de M. le Préfet la 
lettre dont il vient d'être donné lecture. 


Caudebec. La maison en péril. — On peut encore 
conserver des craintes à son sujet. M. Chappée a bien 
voulu faire connaître à M. le Président qu'il n’a aucun 
titre pour assurer sur place cette conservation dési- 
rable. Mais les bruits fâcheux qui ont couru à ce sujet 
améneront peut-être un heureux résultat. « Je crois 
savoir, écrivait le 10 courant à M. le Président, M. Le- 
clerc, notaire à Caudebec, je crois savoir qu'une Société 
du Vieux Caudebec va se fonder incessamment sur les 
bases du « Vieux Fécamp » et du « Vieux Honfleur », 
et je conserve tout espoir que cette Société de Caude- 
bécais réussira à conserver cette vieille maison et quan- 
tité d’autres ». La Commission joint à ces mentions, 
celle du Vieux-Rouen, comme aussi celle du Vieux- 
Dieppe encore en formation. 

M. Duveau fait circuler sur le bureau un très beau 
dessin de la maison de la rue de la Boucherie. 


L'afiche de la Capitalisation. — Au sujet de ce 
que le procès-verbal vient d'en dire, M. Lormier fait 
observer que l'injonction de la préfecture n'a obtenu 
aucun résultat. La monstrueuse réclame masque tou- 
jours la Tour Jeanne-d’Arc. 

La Commission décide que le renseignement donné 
par M. Lormier sera transmis à M. le Préfet. L’aff- 
cheur ne peut pas prétexter que son cas ne rentre 
point dans la clause non ædificandi; puisqu'il s'agit 
d'assurer la vue absolument libre du monument. A la 
séance suivante, M. Dubosc annonce avec bonheur 
que la Capitalisation a disparu. 


Centenaire de l'abbé Cochet. — M. Delabarre, pré- 
sident des Amis des Monuments rouennaïis, est heu- 
reux de constater que cet hommage à l’illustre archéo- 
Jogue a été accueilli de tous côtés avec sympathie. En 
rappelant que l'abbé fut près de quarante ans l’âme de 
la Commission qu'il présida une dizaine d’années, le 
secrétaire signale que c'est à M. Cochet qu'est due la 
publication de nos procès-verbaux, qui dans six ans 
accompliront aussi leur centenaire. 

La presse a fait connaître la triple réunion qui célé- 
brera cet anniversaire du 7 mars. Le président des 
Monuments rouennais distribue aux membres pré- 
sents l'invitation de cette Société et la transmettra par 
la poste aux membres absents. Il insiste sur la bonne 
grâce avec laquelle l'annonce de nos fêtes a été saluée 
par Me H. Manesse, propriétaire de la maison où 
mourut M. Cochet. 

Lors de la visite du monument de l'abbé Cochet au 
Musée départemental, M. de Vesly aura le plaisir de 
présenter un meuble qui renferme la précieuse collec- 


6 


tion de toutes les gravures, au nombre d'environ deux 
cents, insérées dans ses publications. C'est un don 
fait au département par Mme Ussel, fille de l’archéo- 
Jogue distingué que fut Michel Hardy. 

Enfin la Société du Vieux-Rouen fera reproduire 
pour le local de ses séances le portrait de l'abbé d’après 
le tableau qui orne la salle de l’Académie. 


Portrait de Blanchet. — En faisant circuler cette 
bonne œuvre de Bonvoisin, M. Pelay lit Ja note que 
voici : 

Blanchet (Charles-Antoine), né à Montivilliers, le 
13 octobre 1805, était un simple tailleur qui, à force 
de ténacité et de persévérance, parvint à fonder une 
bibliothèque-musée dans sa ville natale, ouverte vers 
1852 sous les auspices de M. Lechevrel, maire de 
Montivilliers. 

En 1874, elle renfermait plus de cinq mille volumes 
et d'intéressants manuscrits et plans locaux, parmi 
lesquels nous relevons d'anciens plans des paroisses 
de Saint-Antoine-la-Forêt, Saint-Romain-de-Colbosc, 
Saint-Vincent et Saint-Vigor, Gerville et Maniquer- 
ville, Ecrainville et Gruchet-le-Valasse ; des manus- 
crits relatifs à l’abbaye de Montivilliers et le registre 
de la Société populaire et républicaine, dite Sans- 
Culotte, de Brutus-Villiers, ci-devant Montivilliers. 

Je n'oublierai pas non plus un portrait de l’abbesse 
Kadot de Sebeville, une bague avec les effigies de Marat 
et de Lepeletier de Saint-Fargeau, des briques renais- 
sance ayant fait partie d'une maison du xvr< siècle, à 
Saint-Eustache-la-Forêt, et des sceaux. 

La Commission des antiquités, pour répondre au 
vœu émis par notre ancien confrère, M. Brianchon, 


7 


obtint de M. le Préfet de la Seine-Inférieure une 
médaille d'argent qui fut remise à M. Blanchet, le 
3 juillet 1874, par un de nos anciens yice-présidents, 
M. l'abbé Cochet, accompagné de M. Brianchon, qui 
dans les séances des 26 mars, 13 mai et 1e" juillet 1874 
présenta à la Commission d'intéressants rapports sur 
la bibliothèque-musée de Montivilliers, dans lesquels 
j'ai puisé les notes que je viens de vous lire. 

Bonvoisin (Benjamin-Benoist), l'auteur du portrait 
de Blanchet, était né au Havre, le 23 décembre 1788. 
Il est décédé à Montivilliers, le 23 juin 1860. 

\ 

Deux lettres de l'abbé Cochet. — En s'excusant de 
ne pouvoir se réunir à nous, M. Cahingt envoie au 
secrétaire deux pièces tout à fait appropriées aux 
circonstances, puisque ce sont des lettres de l'abbé 
Cochet adressées à son père. 


« Dieppe, le 23 octobre 1860. 


» Mon cher Monsieur Cahingt, je suis vraiment 
touché de votre lettre d’avant-hier. Je vois que vous 
avez eu un succès considérable à Nesle. 

» Vos fibules d'or, vos perles d'or seront de vrais 
bijoux pour notre Musée de Rouen. 

» J'ai grande hâte de voir tout cela, ainsi que votre 
Anastase en or que je vous prie de m'apporter avec le 
reste. Il ne me paraît pas très utile d’en avoir un 
pareil à Neufchâtel. Anastase n'est pas intéressant 
comme médaille ; c’est comme date qu'il est précieux. 
Pour moi il est important de trouver un contemporain 
de Clovis dans un cimetière franc..... 

» Sj vous voulez bien faire un sondage à Auber- 


8 


mesnil, faites-le les premiers jours de la semaine pro- 
chaine. 
» Adieu, mon cher Monseur. 


» L'abbé Cocxer ». 


« Paris, 17 novembre 1869. 


» Mon cher Monsieur Cahingt, grâce à votre petite 
monnaie d'argent de Nesle, je viens d’avoir un vrai 
triomphe à la Société des Antiquaires de France, 
tenue au Louvre cette après-midi. Votre petite pièce 
est un événement; et MM. de Barthélemy, de Long- 
périer, de. (illisible) la trouvent unique et d’un prix 
infini. C'est un Théodebert Ie", en argent. L'argent de 
cette époque est inconnu. | 

» Je vous prie de me donner l'extrait de cette décou- 
verte d'après votre procès-verbal. Vous indiquerez le 
jour et l'heure, me direz la profondeur de la fosse, la 
nature du sujet, et la place que la pierre occupait sur 
le corps. 

» Je vous serais reconnaissant de vouloir bien m'en. 
voyer de suite cet extrait à Rouen, rue Saint-Patrice, 
ou à Paris, rue de Rennes, 64. 

» En dehors de cet extrait, je vous prierai de faire 
copier par l’instituteur de Londinières, ou par toute 
autre personne qui écrive lisiblement, votre procès- 
_ verbal tout entier (1). 


(1) Quelques jours plus tard, poursuit en note le secrétaire, 
l'abbé Cochet, encore tout à la joie de cette trouvaille, mettait 
dans la main de l'abbé Tougard son Théodebert, accompagné 
d'une autre monnaie à peu près du même module, mais en or, 


9 


» Je verrai ce que je pourrai en extraire pour la 
publicité. 

» Adieu, mon cher Monsieur Cahingt, et croyez- 
moi votre tout dévoué. 


» L'abbé Cocxer, 


» 64, rue de Rennes ». 


Je joins à ces lettres l’inscription commémorative 
de la construction de la chapelle de Tourpes, près de 
Bures. Mon frère possède à Londinières la moitié de 
la pierre, que nous avons trouvée un jour traînant 
dans la cour. L'autre moitié est entre les mains du fils 
de M. Courtin, qui fut bibliothécaire et directeur du 
Musée de Neufchâtel. Je l'y ai encore vue il y a deux 
ans. Comme je présume qu’elle est inédite [est-il donc 
supposable que l’abbé Decorde l'ait négligée ?], je vous 
l'envoie, peut être avec des lacunes, car j'ai copié sépa- 
rément les deux parties : 


et il ajoutait à ce rapprochement un petit commentaire signifi- 
catif : 


« J'ai soumis les deux pièces à des experts parisiens qui m'ont 
dit : M. l’abbé, la monnaie d’or ne vaut que son poids (et elle 
pèse 8 ir.); mais la monnaie d'argent vaut 800 fr. Qui sait, con- 
cluait-il tout bas, si on ne l'eût pas revendue 1,500 fr. ? » Et 
les pièces entrèrent aussitôt au Musée des Antiquités. 


Vers le début du xvure siècle et ainsi dans l'enfance même de 
la numismatique, un Théodebert en or était aussi fort apprécié. 
Les jésuites en possédaient un exemplaire dans leurs collections 
de Paris; mais il fut dérobé. (Le P. Longueval, Hist. de l'Eglise 
gallicane, IL, 497, éd. 1730.) 

Théodebert y avait pris le titre d'Augustus, en représailles du 
nom de Francique, dont s'était gratitié Justinien. 


10 


Cette chapelle fut bénite en l'an mil cinq cent six, 

le xvre jour d'octobre, par M. l'evêque de Thessa- 

dlonjique, suffragant de M1 de Rouen, en présence 

de Messire Antoine de la Croix,... et de l'Epronde 

et de Tourpes, et de Madame Johanne de Chambray, 

femme dudit; lesquels firent donner la verrière de 
la dite chapelle. 


Mottes. — Voici, remarque le secrétaire, ce qu'on 
en écrivait il y a deux siècles et demi : 


«a On appelle ainsi les maisons fortes. Mais propre- 
ment les mottes étaient de grands monceaux de terre 
faits ou de gazon ou de terrain bien battu. Elles étaient 
rondes, et finissaient en pointe, et étaient le plus sou- 
vent entourées d’un bon retranchement. Les anciens 
s'en servaient comme on fait maintenant des forts, et 
lorsqu'ils y étaient attaqués, ils les couvraient d'arba- 
létriers et d'archers, qui, pour être élevés les uns par 
dessus les autres, pouvaient tirer sans s'incommoder. 

» On voit encore {vers 1650) en Gascogne grande 
quantité de ces fortifications, que les gens du pays 
appellent Mottes, et tiennent qu’elles furent faites au 
temps des Anglais ». De CASENEUvE, les origines fran- 
çaises, p. 79 (corr. 78). 


Né à Toulouse à la fin du xvit siècle, et assez versé 
dans les textes du moyen âge, le jurisconsulte Case- 
neuve cite plusieurs de ces Mottes d'après Orderic 
Vital. 

A l'aurore de l'archéologie souterraine, on a cru que 
les tumulus de la Haute-Normandie étaient des tombes 
monumentales d'illustres guerriers. Empressé à les 
fouiller, l'abbé Cochet fut déconcerté par la pauvreté 


Yi 


des découvertes qu'il y fit. Tout s’expliquerait, si les 
tumulus qu’il interrogea n'étaient que des amas de 
terre préparés pour la défense du pays. 


Les Putréfiés. — M. de Vesly offre quelques exem- 
plaires du petit mémoire dont il a parlé naguère. Il a 
paru dans la Revue médicale, et a pour auteur M. le 
docteur Lecaplain, chef de clinique. 

M. de Vesly présente le dessin d’un ancien vitrail de 
S.-Maclou, qu'il a pu reconstituer dans le Musée 
départemental. Les restaurations opérées aux fenêtres 
de nos églises ont trop souvent donné lieu à de graves 
critiques, tant par les incroyables fantaisies des ver- 
riers qui se sont permis des macédoines invraisembla- 
bles [à l’église de S.-Saëns, remarque M. le Président, 
le corps du Christ n’a été gratifié que d’un pectoral), 
que par la liberté qu'ils ont prise de conserver dans 
leurs collections particulières d'admirables fragments 
sortis de nos anciens fours. L'artiste éminent que fut 
Bernard se distingua par la conscience de ses restau- 
rations, et M. de Beaurepaire se plut à louer les bons 
travaux exécutés aux vitraux de S.-Nicaise; il insista 
syr l’abnégation dont y avait fait preuve, pour sauve- 
garder les qualités et les beautés artistiques des anciens 
âges, l'homme modeste qui eût eu moins de mérite et 
de fatigue à créer de toutes pièces un vitrail neuf. 

Pour clore dignement ces observations, M. G. Le 
Breton propose à la Commission d'émettre le vœu que 
la remise en état des anciennes verrières se borne à 
remplacer les morceaux disparus des vitraux peints, 
par des morceaux de verre blanc, comme il vient d'être 
fait à Houppeville. La proposition obtient l’assen- 
timent général. 


12 


Ferronnerie. — M. Duveau présente à ses confrères 
d'admirables dessins de belles pièces de ferronnerie, 
reproduites en grandeur naturelle. 


Cartonnage partiel de nos archives. — M. Pelay 
serait heureux que nos ouvrages de luxe, tels que les. 
beaux in-4° des Antiquaires de Picardie, fussent re- 
vêtus d’un cartonnage bradel qui, tout en pourvoyant 
à l'intégrité des volumes, en rendit la conservation 
plus parfaite. 

M. le Président apprécie l'utilité de cette mesure. 
Il faudrait seulement voir si l'état de nos finances per- 
mettrait ce crédit extraordinaire 


Cour d’Albane. Son aménagement. — M. Dela- 
barre appelle l'attention sur l’etfet plutôt fâcheux qui 
va résulter dans ce jardin d’une construction récente. 

M. G. Le Breton doute qu'il soit à propos pour la 
Commission, simple organe consultatif, de prendre les 
devants dans une appréciation qui relèvera surtout du 
sentiment du public. D'ailleurs ne doit-on pas espérer, 
avec le secrétaire, qu’on ne s’est permis un édicule, 
malencontreux peut-être au dire de quelques-uns, 
qu'avec l'arrière pensée de le dissimuler dans quel- 
que massif de verdure. - 

Après échange de diverses réflexions, M. le Pré- 
sident croit entrer dans les désirs de la Commission 
en déférant l'incident à l’Administration départemen- 
tale. 


Jean d'Andely.— Le moment est venu de préparer 
l'inscription commémorative désirable, en l’honneur 
de Jean d'Andely, le premier maître de l'œuvre de la 
Cathédrale, 


13 


M. le Président remercie de leur aimable concours 
les membres présents, puis il lève la séance à quatre 
heures. 


A. Toucaro. 


t4 


SEANCE DU 26 AVRIL 1912 


Elle ouvre à deux heures un quart, sous la prési- 
dence de M. G. Le Breton, vice-président. 

Il ne veut pas entrer en séance, sans se féliciter de 
la présence de nos trois nouveaux collègues, et il se 
lève pour leur adresser quelques mots de cordiale 
bienvenue. 

Membres présents : MM. Auvray, G. de Beaure- 
paire, Coche, O. Costa de Beauregard, Deglatigny, 
Delabarre, G. Dubosc, Duveau, Garreta, Mgr Loth, 
Pelay, Ruel, Vernier et l'abbé Tougard. 


Correspondance manuscrite. — En tête des mem- 
bres excusés doit se placer la lettre suivante : 


« Rouen, le 23 avril 1912. Monsieur le Président, 
vous avez bien voulu m'inviter à assister à la pro- 
chaine séance de la Commission... 

» J'ai l'honneur de vous faire connaître qu'il ne me 
sera pas possible, par suite d'engagements antérieurs, 
d'assister à votre Commission, et Je vous en exprime 
tous mes regrets. | 

» Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expres- 


sion de mes sentiments les plus distingués. 


» Le Préfet, BRELET ». 


Se sont également excusés : MM. Malicorne, Pous- 
sier, de Vesly. 

En déplorant les cruelles épreuves que ce dernier 
collègue a souffertes, M. le Président est heureux de 


15 


constater que son état actuel est aussi satisfaisant que 
possible. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté; sous le bénéfice de la suppression d'une phrase; 
quelques additions y entrent grâce à de nouveaux ren- 
seignements. 


Correspondance imprimée. — Son dossier est 
amplement fourni, et se décompose de la manière 
suivante : Antiquaires de Normandie, Mémoires, 
XXXIV, in-40; — Société... de Soissons, Bulletin 
de 1909; — Société.., du Cher, Mémoires, XXV ; — 
Société... de la Drôme, Bulletin 181; — Société 
arch. de Montpellier, Mémoires, IV, m1; — Société 
de Lengres, Bulletin 86, févr. 1912; — Soc. archéol. 
de Touraine, Bulletin 1911, 1v; — Société archéol. 
de Nantes, Bulletin LIT, 1; — Soc. hist. de Com- 
piègne, Procès-verbaux... XIX-XX, 1910-1011 ; item, 
Bulletin XIII et XIV, 910-1911; item, Cartulaire 
de Royallieu, par P. Guynemer, 1911, in-4; — 
item, La Seigneurie d'Offemont, par le même, in-4°; 
— Antiquaires de Picardie, Bulletin 19151, nr ; — 
Antiquaires de l'Ouest, Bulletin 1911,11; — Bulletin 
hist. et philol. du Comité, 1911,1 et 2, une livraison; 
— Société... de Gand, Annales, XI,11; XII, 1; Bulle- 
tin, XX, 1,2, — Smithsonian Report, Extraits, 2044- 
2047. 


Bulletin. — M. le Président met alors en distri- 
bution hos procès-verbaux de 1911, munis des trois 
tables ordinaires, qui terminent le volume XV° des 
Bulletins. Il n’a qu’à se louer du zèle et de l’activité 
de l’imprimerie, et il rappelle que la prompte rédac- 


16 


tion des communications est la condition essentielle 
de la célérité du travail typographique. 


Bulletin de 1910.— M. Deglatigny s'étonne que 
la retouche si nécessaire d’une planche de ce Bulletin 
n'ait pas encore été exécutée. Le Secrétaire explique 
que l'avis relatif à cette retouche lui a été soumis sans 
retard et qu'il a sur le champ donné une rédac- 
tion définitive. Il y a lieu de croire que l'imprimerie 
attendait une nouvelle légende dressée par les soins 
de M. de Vesly qui avait fourni la première. Cette 
conjecture est aussitôt appuyée par M. Ruel, qui au- 
jourd’hui même a été consulté par l'imprimerie bien 
décidée à tirer tout de suite le « papillon ». Mais notre 
confrère, constatant encore de grosses fautes dans la 
légende, a persuadé les ouvriers de n’en rien faire. Les 
choses en sont là. 


Liberté des fouilles. — M. G. Le Breton revient 
sur cette intéressante question. La « Société préhisto- 
rique française » a imprimé l'an dernier un nouveau 
recueil de protestations. Elles y atteignent le chiffre 
de quatre-vingt-dix, rien que pour les Sociétés savantes, 
outre celles des Universités et de notabilités diverses. 

La Commission a mérité une mention spéciale par 
son vœu des trois additions à l’article 14 de la loi de 
1887. 


La protection du Mont-Saint-Michel. — Les amis 
de cette merveille naturelle et archéologique se préoc- 
cupent à nouveau de sa bonne conservation. La Com- 
mission ne peut que s'associer à leur sollicitude, et se 
réfère à la délibération prise par elle à l'unanimité le 
16 juillet 1908 (Bulletin, XIV, 300-301). 


17 


La dalle tumulaire de Choinet. — Par une lettre 
envoyée de Monville, M. le Président fait connaître 
quelle suite a été donnée par la commune aux vues 
exprimées à son sujet. La municipalité ne juge pas à 
propos de reporter la dalle dans l’église; elle se conten- 
tera de la mettre plus en vue dans la mairie. M. G. Le 
Breton conclut que notre délibération n'aura toujours 
pas été inutile. D'un renseignement fourni par un 
passant, le Secrétaire fait espérer une solution meil- 
leure. 


Château de Longueville. — M. de Beauregard est 
particulièrement heureux de son entrée dans la Com- 
mission, parce qu’elle met fin à l’isolement qui pesait 
à ses études archéologiques. Ses recherches portent 
actuellement sur l’ancien château-fort de Longueville 
qui fut, comme l’on sait, illustré par les plus nobles 
familles de France. Il y a recueilli une bague du 
xvie siècle, d’un beau travail. 

M. G. Le Breton signale chez Mme veuve H. Ques- 
nel le portrait de la duchesse de Longueville. 

La Compagnie s'étant occupée à plusizurs reprises 
de la Chapelle de la Grande-Heuse, M. Costa est heu- 
reux de lui annoncer que, grâce à quelques générosités 
régionales, la restauration de ce petit monument est 
à peu près assurée, | 

C'est un résultat d'autant plus inespéré que, à une 
voie de majorité, le Conseil municipal de Bellencom- 
bre avait refusé son concours pour ce travail, et les 
prévisions de M. Le Verdier n'avaient pu s'accomplir. 
La communication de notre nouveau confrère engage 
le secrétaire à insérer ici une partie des notes qu'il 
avait prises en automne dernier, et qui eussent pu être 


2 


18 


données à la Commission à la séance d'octobre, si 
l’ordre du jour eût été moins chargé. 


L'église de la Heuze. — Grâce à l'amabilité de 
M. l'abbé A. Roussel, curé de Vassonville, le secré- 
taire a pu visiter ce modeste sanctuaire qui fut, à 
diverses reprises, église paroissiale. L'accueil de M. et 
Mne de Coqueréaumont a été d'une obligeance par- 
faite : et leurs traditions de famille donnent un nouvel 
intérêt au modeste édifice dont la restauration est 
grandement désirable. 

Notre ancien collègue M. Dergny est digne d'éloges 
pour avoir recueilli l'inscription de l’unedes tinterelles: 
car cette transcription est méritoire et même périlleuse. 
Le nom de Jean Bachelet, prieur de S.-Martin-sous- 
Bellencombre, y figure, non comme parrain mais 
comme donateur {baAnT, évidemment pour DANTE, la 
ligne n'ayant pas permis de graver la dernière lettre). 
Les notes de M. Roussel font foi qu’il était à la tête 
du prieuré de Toussaint vers 1430. Et ainsi cette petite 
cloche doit étre l’une des plus anciennes de la Seine- 
Inférieure. 

L’autel, au témoignage des châtelains, mériterait 
une étude de sa structure intérieure. C'est un dernier 
vestige de l’église de la Pierre, démolie dans le premier 
quart du xix* siècle. A cette ancienne paroisse (aujour- 
d’hui simple hameau de Saint-Maclou-de-Folleville) 
se rattache l’un des plus sombres souvenirs de l’inva- 
sion allemande : car le château fut brûlé par les Prus- 
siens au soir de Noël, à la suite d’une orgie. Et selon, 
le mot si expressif de l'abbé Cochet, leurs torches incen- 
diaires y déshonorèrent des mains qui n'étaient faites 
que pour porter l'épée. 


19 


En 1908, les bibliophiles normands ont imprimé 
une page intéressante de l’histoire de ce village. Henri 
d'Orléans, duc de Longueville, après avoir été près 
d'un demi-siècle gouverneur de Normandie, vint passer 
un carême en sa terre de la Heuze pour s’y recueillir 
aux approches de la mort. 


L'ancien plafond du Théâtre-des-Arts. — M. De- 
labarre donne lecture des recherches qu'il a été amené 
a faire à son sujet par ce qui en a été dit dans la pré- 
cédente séance. 


Messieurs, j'avais incidemment posé cette question . 


Le plafond du Théâtre des Arts, peint par Lemoine, 
était-il encore en place en 1870, et fut-il détruit lors 
de l'incendie ? 


Rappelant un souvenir déjà ancien, M. Pelay nous 
signala alors qu’un journal local dut jadis faire men- 
tion du remplacement de ce plafond par un autre. Il 
n'en fallait pas dàvantage pour exciter notre curiosité. 

Une telle question, outre l'intérêt historique qu’elle 
présente, avait pour but surtout de nous fixer sur la - 
possibilité de retrouver une œuvre admirable, si nous 
nous en rapportons aux descriptions élogieuses qui 
nous en sont restées. 

Je suis heureux aujourd’hui, grâce à cette indication 
précieuse qui nous fut alors fournie, grâce aussi aux 
recherches qu'ont bien voulu poursuivre avec moi 
M. Raoul Aubé, et notre érudit collègue M. G. Du- 
bosc, de vous apporter non pas la désignation de 
l'endroit où se trouve actuellement l’ancien plafond de 
notre théâtre, mais quelques renseignements précis 
qui nous conduiront peut-être un jour à le retrouver, 


_ 


20 


si, comme nous l'espérons et le souhaitons, ses frag- 
ments n’ont pas été inconsciemment anéantis. 

En effet, lors d'une restauration générale de la salle 
du Théâtre des Arts et de transformations importantes 
apportées dans sa distribution et sa décoration en 1859, 
le plafond de Lemoine fut déposé et vendu à un chif- 
fonnier pour la somme de 9 francs (1). 

La Chronique de Rouen du 8 septembre 1859 nous 
apprend qu'elle a racheté les fragments de ce plafond 
au chiffonnier, à raison de 35 francs les 100 kilos. 

À partir de cette époque, il nous est impossible de 
retrouver la trace de l’œuvre de Lemoine. 

Mais n'est-il pas permis d'espérer qu’elle se trouve 
peut-être aujourd'hui gardée quelque part, et qu’un 
jour des chercheurs, plus heureux que nous, nous 
révéleront le nom de son possesseur ? 

Déjà antérieurement à 1859, on avait eu l’intenuon 
de déposer le plafond du Théâtre des Arts. 

Une lettre de M. le Maire de Rouen du 28 germi- 
nal an XII (18 avril 1804), adressée aux propriétaires 
du théâtre arrêta cette opération. 

Mais comme on vient de le voir précédemment, cet 
avertissement n'empècha pas, en 1859, son remplace- 
ment par un nouveau plafond que l’on commanda 
alors au peintre Bertrand. : 

Le Nouvelliste de Rouen du 14 septembre 1859 
relate ce changement. L’œuvre nouvelle comportait 
des figures allégoriques détachées sur un fond bleu. 


(1) Article de M. R. Aubé dans la Normandie, juillet 1906. — 
Chronique de Rouen, 8 septembre 1859. — L'Itinéraire, guide 
de Lecarpentier, 1816. — Annuaire artistique de la Seine-Infé- 
rieure, tome 1, 1823. — Nouvelliste de Rouen, 14 septembre 
1359. — Dictionnaire des rues de Rouen, de Periaux. 


21 


Tels sont Messieurs, les renseignements que nous 
avons pu recueillir sur le plafond du maître rouennais. 
Ï1 ressort de nos recherches, qu'aucune autre mention 

n'en a été faite, hormis celles que nous avons signalées. 


Préservation des vitraux. — A diverses reprises 
M. l'abbé Fleury a confié à notre collègue ses doléances 
sur les dégâts infrniment regrettables que les enfants 
infligent par amusement à nos verrières même les plus 
artistiques. 

La situation est profondément lamentable, d'autant 
que les remèdes souvent inefficaces sont d’une appli- 
cation difficile. Toutefois, par une mesure générale, 
les verrières remarquables devraient être protégées par 
des grillages qui les mettraient à l'abri des grêlons 
comme aussi des pierre des écoliers. 

Puis la sollicitude des instituteurs pourrait être for- 
tement provoquée par des circulaires de l'Inspection 
académique et de l’Administration départementale. 
En ce point la France est fort en retard sur l'étranger, 
où le respect de tous les vestiges du passé est énergi- 
quement inculqué dans les écoles. Pourquoi des pan- 
cartes suspendues aux murailles ne tiendraient-elles 
point sans cesse sous les yeux des enfants les plus 
fortes maximes contre ce vandalisme inconscient ? 

Enfin les parents, complices par des encouragements 
au moins tacites, mériteraient de voir mise en cause 
leur responsabilité. Il ne serait que trop juste de les 
faire concourir par des amendes aux frais de restau- 
ration. 

Telles sont les principales réflexions qu’échangent 
les membres de la Commission, notamment M.Camille 
Coche, qui, à la mairie de Dieppe, s’est appliqué de son 


22 


0 


mieux à réformer les mœurs écolières et à donner à la 
jeunesse de saines idées sur les choses du passé. 

M. Auvray a pu constater qu’à Rouen la municipa- 
lité a tenté de généreux efforts en faveur de la cathé- 
drale. Ils n’ont pas été stériles; maïs la persévérance 
leur a manqué. 

Pour résumer pratiquement ces graves considéra- 
tions, 1l importerait que le Ministère des Beaux-Arts 
pourvût de grillages nos verrières monumentales, et 
que les instructions pédagogiques et administratives 
envoyées aux écoles fissent former l'enfance au respect 
des constructions anciennes, avec recours sur les pa-. 
rents. La Commission pourrait émettre ce double vœu. 
Il est aussitôt adopté à l'unanimité, pour être transmis 
aux autorités compétentes. 


. La Fontaine d'Aréthuse. — Ce délicieux monument 

est dans un état déplorable qui réclame une prompte 
restauration, si on ne veut pas le voir disparaître. Et 
ici l'urgence du remède doit faire passer outre aux 
scrupules qu'inspirent ces sortes de rénovations. Il y 
a d’ailleurs des précédents encourageants; ainsi, remar- 
que M. le Président, au château de Miromesnil, des 
détails décoratifs originaux ont pu être refaits par des 
artistes spéciaux; et non seulement leur travail ne s'est 
pas dédit, mais la patine du temps l'a vieilli à sou- 
hait. 

Des travaux en cours d'exécution à notre fontaine, 
ajoute M. Delabarre, ont causé un fâcheux accident. 
Avant de travailler à son immeuble, la Ville a-t-elle pris 
toutes les précautions de droit? En tout cas, l’édicule 
mérite toute notre attention, puisqu'il est un des joyaux 
artistiques de Rouen. Dans les contrées les plus di- 


23 


verses de l’Europe, des antiquaires, qui n’ont pas tou- 
jours un souvenir trés fidèle de nos plus majestueux 
monuments, se rappellent avec délices, dit M. Le 
Breton, les charmes de la fontaine d’Aréthuse. Leur 
souvenir est Une puissante recommandation. 

Sur la demande de M. le Président, M. Delabarre 
joint à sa communication la lettre suivante, en date 
du 18 mars dernier : 

« Monsieur le Ministre, sous-secrétaire d’Etat aux 
Beaux-Arts. 

» La Société des Amis des Monuments rouennaïis, 
dans sa dernière Assemblée générale, a prié son bureau 
de vous transmettre à nouveau la requête pressante de 
ses membres pour obtenir de votre haute sollicitude 
la restauration de la fontaine de la Grosse-Horloge. 

» Depuis plusieurs années nous avons attiré votre 
attention sur ce précieux édicule du xviie siècle. La 
mousse le ronge et l’envahit, et la sculpture, toute 
détériorée, menace de ne laisser bientôt plus qu'un 
souvenir 

» Il serait facile d’enrayer le mal par un nettoyage 
complet des végétations qui font au groupe d’Alphée 
et d'Aréthuse un tapis dangereux. 

» Les statues dans leurs parties inférieures appellent 
également une prompte restitution, facile à obtenir 
par une mise au point du moulage conservé au musée 
du Trocadéro. 

» Notre Société, confiante dans l'intérêt témoigné par 
l'Administration à ce coin privilégié du Vieux-Rouen, 
espère que vous voudrez bien examiner à nouveau la 
question, et lui donner la solution la plus favorable à 
l'intérêt artistique de notre ville, 

» Veuillez agréer, etc. » 


24 


M. Delabarre complète ses informations en signa- 
lant le remaniement que le locataire de l'immeuble 
contigu à la fontaine a cru devoir faire subir à l’im- 
poste de la fenêtre du premier étage. Celle-ci a été 
bouchée par une menuiserie qui dénature l’ensemble 
de l'architecture. 

La Commission, ayant elle-même, à diverses reprises 
sollicité des Pouvoirs publics la restauration de cette 
fontaine de la Grosse-Horloge, s'associe complètement 
à la demande des Amis des Monuments rouennais, et 
est d’avis qu'il en soit référé à l'autorité préfectorale 
en vue d'obtenir dans le plus bref délai possible une 
décision favorable pour préserver d'une ruine certaine 
cette gracieuse œuvre d'art. 

Et en ce qui concerne le changement d'aspect que 
présente aujourd’hui le premier étage, la Commission 
croit utile d’en saisir l'Administration départementale 
pour qu’elle évoque la sollicitude de la Ville, tant sur 
le fait en lui-même qu’en raison des craintes que des 
inscriptions ne soient apposées par la suite sur cette 
façade. 


Dessins, photographies et vues diverses. — M. Du- 
veau tire d’une pochette un véritable musée en minia- 
ture de souvenirs locaux, artistiques et autres. Une 
simple liste complète en eût été instructive. A citer en 
exemple, dit M. G. Dubosc, la remarquable maison 
qu’on admirait à Rouen, rue du Fardeau, 1. Elle a 
été reconstruite à Sotteville, mais son aspect est nota- 
blement modifié puisque son rez-de-chaussée en pierre 
de taille a disparu. 

Voici en quels termes M. Duveau a décrit plusieurs 
de ses Dessins : 


C ‘anarg-op-sonbarf any TI “SINIAUUO L-SAP-AUUAUA-IUILS 9NY QT ‘NEAPICA NP on 


25 


HEeurrtoirs : 1° Rue du Fardeau, n° 28.— En forme 
de boucle, fer et fonte; sur chaque branche un petit 
ornement en forme de vase, à chaque bout de la 
broche de la charnière un gros bouton mouluré. La 
languette qui descend de la charnière au milieu, entre 
les deux branches, est ornée et découpée à jour. 

Couronnement en fonte, en forme de vase, avec 
nombreuses moulures. 

Belle platine en tôle découpée en arabesques, mal- 
heureusement empatée de peinture. 

La maison est du xvi* siècle suivant G. Dubosc. 
Sur le cintre de la porte : tête d'Hercule, avec trophée 
d’attributs, hache, massue, carquois, corne d’abon- 
dance et colombe blessée. Le premier étage fait saillie 
sur le rez-de-chaussée. 


20 Rue Saint-Etienne-des-Tonneliers, n° 12. — 
Heurtoir en forme de boucle. Il est assez simple et 
d'une forme courante. Le couronnement en forme 
d'ogive est surmonté d’une boule. 

La platine, de peu de largeur, se développe plutôt 
en hauteur. C'est une tôle découpée en branches de 
feuillage et ornée de têtes de clous rondes assez sail- 
lantes, disposées avec goût sur l’ensemble. Ce heurtoir 
est très bien entretenu par le propriétaire. En plus de 
ce heurtoir nous signalerons une petite entrée de clef 
en tôle découpée et polie de la même époque. La de- 
meure est un bel hôtel du xvini® siècle avec façade tout 
en pierre de taille, ayant deux étages au-dessus du rez- 
de-chaussée. 

Au-rez-de-chaussée, la grande porte cochère se 
trouve à la place de la seconde fenêtre de droite. Vers 


26 


la gauche il y a trois autres fenêtres : la dernière, dont 
l'appui est plus élevé qu'aux autres, est au-dessus de 
la porte de cave. Ces fenêtres à cintre surbaissé n'ont 
ni moulures ni clef en saillie. 

La porte cochère, à cintre surbaissé, a pour orne. 
ment une tête de Neptune sur une coquille. Les mon- 
tants de chaque côté portent des consoles ornées avec 
chutes de coquillages. 

A la hauteur du plancher du premier étage est un 
simple bandeau, sans moulures. Les cinq fenêtres de 
cet étage sont à cintre surbaissé avec chambranle, sans 
clef. Balcons en fer forgé avec peu de saillie vers le 
dehors. Ces fenêtres ont des volets intérieurs. 

Les fenêtres du second étage, semblables à celles du 
premier, n'ont pas de balcon, mais sont pourvues de 
_persiennes extérieures. Entre les fenêtres du premier 
et du second étage, il y a un bandeau mouluré. La 
corniche est en pierre. Dans le comble, cinq lucarnes 
avec fronton cintré. 

Sur la rue, la façade est garantie par trois bornes en 
pierre et trois autres qui sont de vieux canons en fonte. 


30 Rue Jacques-le-Lieur, n° 25. — Heurtoir en 
forme de boucle. Le tout en fonte. La boucle est ornée 
de feuillage, les branches sont hordées d’un filet en 
saillie. La languette entre les branches est un fleuron 
avec gaines pendantes. Le couronnement est orné de 
deux volutes de feuilles et surmonté d'un petit vase. 

La platine en fonte, œuvre artistique et d’une belle 
composition, est comme ouvrage de fonte une pièce 
remarquable. C'est la seule de ce genre que je con- 
naisse à Rouen. Elle doit être du xvirrt siècle. 


27 


. ORNEMENTATION DIVERSE. — Le millésime 1736 se 
trouve sculpté sur l'architrave de la maison située rue 
Malpalu, n° 101. Cette maison est en charpente appa- 
rente avec petit socle en pierre. À deux étages au-dessus 
du rez-de-chaussée : elle a trois fenêtres par étage. Au 
rez-de-chaussée, à gauche, une porte cochère carrée 
avec guichet dans le vantail de droite. 


La porte battante est à caissons, ceux du haut dis- 
posés en rayons. Au-dessus de la barre d'imposte en 
charpente, un chässis vitré et barreaux de fer devant. 
A droite, deux fenêtres. Les linteaux des fenêtres sont 
en cintre surbaissé. Dans le toit trois lucarnes. 

Les façades de ce genre sont assez fréquentes à Rouen 
(xvirre siècle). 


Bas-relief en pierre, représentant Saint-Georges 
combattant le dragon, placé dans un fronton triangu- 
laire au-dessus de la porte en plein cintre avec clef 
en saillie. Entre le cintre et le fronton une ouverture 
rectangulaire en long. La maison porte les n°s 5 et > 
de la rue Victor-Hugo (ancienne rue de la Chèvre). 


28 


ÆEdg Duvrau 


Imposte en fer forgé avec monogramme E. B. L. 
au-dessus de la porte d’entrée de la maison portant le 
n° 45 de la rue des Faulx. 

Maison du xvine siècle, avec rez-de-chaussée en 
pierre et deux étages en charpente ; au-dessus une 
grande lucarne, avec pignon, ayant presque la largeur 
totale de la façade. 

Au rez-de-chaussée, à droite, une grande fenêtre 

avec imposte cintrée aux extrémités ; à droite, la porte 
d'entrée, dans l’imposte de laquelle se trouve la grille 
en fer forgé citée ci-dessus. 
. Au premier et au deuxième étages deux grandes 
fenêtres avec linteau en cintre surbaissé et balcon 
d'appui en fer forgé. Chaque fenêtre a vingt-quatre 
petits carreaux. 

Dans la lucarne deux fenêtres de moindre hauteur. 
La couverture est en petites tuiles plates. 


Les souterrains d'Eauplet. — Dans son Diction- 
naire….. des Rues et Places de Rouen, Nicétas Periaux 
dit à la page 639 {2° édit.) : 


« Au Val-d'Eauplet, à peu de distance de la terrasse 
de Saint-Paul, était une maison qu’un bourgeois de 
Rouen, nommé Legendre, fit bâtir vers 1680 près de 
la rivière. Voulant se procurer les moyens d'alimenter 


29 


les jets d'eau qu'il avait établis dans ses jardins, il fit 
creuser deux souterrains sous la côte Sainte-Cathe- 
rine, 

» Ces souterrains passent sous les deux routes et 
se prolongent, l'un sous le milieu de la côte, l’autre 
jusque sous l'emplacement de l’ancienne chapelle de 
Saint-Michel. L'auteur de l’histoire de Rouen ne parle 
de ces souterrains que pour en constater l'existence et 
ne donne aucun renseignement sur leurs origines. 

» Il existe dans ce terrain des sources d’eau ferrugi- 
neuses qui avaient acquis une certaine célébrité et qui 
furent utilisées pour un établissement d'eaux miné- 
rales et de bains publics. 

» Le chäteau d’Eauplet, appartenant alors à un M. 
de Bras-de-Fer, est au nombre des monuments qui ont 
été représentés par Gomboustdans son plan de 1655 ». 

C’est sur ces souterrains que je me permets de don- 
ner à la Commission des antiquités quelques rensei- 
gnements précis. 

Lorsque, le 13 septembre 1905, je visitai en compa- 
gnie de plusieurs personnes les souterrains en question, 
j'en fis un relevé exact avec un instrument à boussole, 

Dernièrement j'eus occasion de compléter le plan 
de la propriété commencé en 1900, et moyennant le- 
quel j'ai pu préciser la position des souterrains dans 
et au dehors de la propriété. 

L'entrée de Ja galerie est située à mi-côte entre le 
chäteau et le potager ; à côté, vers le nord, il existe 
une ancienne citerne qui reçoit les eaux de la galerie, 
et, au sud-ouest un peu plus bas, est une grotte en 
rocaille dans laquelle s'écoule le trop plein de cette 
citerne. | 

Pour pénétrer dans la galerie, on descend du seuil 


30 


de l’entrée environ cinquante centimètres jusqu'au 
radier de la galerie. La première partie, sur 4 à 5 mètres 
de longueur, est pour l'ordinaire remplie d’eau, et on 
ne peut y accéder qu'après l’avoir épuisée. 

La direction de la galerie est en moyenne de 550 1/2 
N.-E. {nord magnétique), sur une longueur de 30" 50. 


Sa largeur est de 50 à 60 centimètres. Sur un parcours: 


de 5 mètres, elle est très basse, de sorte qu'on est 
obligé de marcher très courbé ; à la suite le plafond se 
relève et la hauteur devient suffisante pour pouvoir 
marcher commodément debout. Elle est entièrement 
taillée dans la roche. 

Au bout de cette galerie on en rencontre une autre 
en travers qui a la direction de 31° 1/2 N.-O. Elle a 
1 M 00 de largeur et 2" 16 de hauteur, au sommet de 
la voûte en plein cintre. Elle est maçonnée entière- 
ment en pierres de taille et s'étend au S.-E. sur 
12 mètres, et au N.-O. sur 11 mètres de longueur. 

En face de la galerie d'entrée il y a une ouverture 
qui donne accès à un puits, comblé jusqu’au niveau 
de la grande galerie, mais qui se continue jusqu’à la 
surface où 1l a son orifice entourée d'une margelle, 
dans un bâtiment qui autrefois faisait partie de la pro- 
priété mais qui actuellement en est détaché. 

A la jonction de la galerie d'entrée et de Ja grande 
galerie en travers, il y a au plafond une excavation 
cintrée et maçonnée, qui dépasse d’un mètre J'intrados 
de la voûte de la grande galerie. Il est difficile d’indi- 
quer dans quel but elle avait été fuite. 

De la grande galerie partent deux autres galeries : 
l’une à 2m 80 à gauche du puits et l’autre à 10 mètres 
à droite du même point. 


La galerie de gauche est macçonnée en plein cintre 


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et en pierres de taille sur une certaine longueur. Elle 
a 64 à 65 centimètres de largeur et 1 " 73 de hauteur. 
Elle change plusieurs fois de direction, mais en mo- 
yenne elle se dirige au N. 75° E. Elle a 43 mètres 
de longueur et se termine par un éboulement. 

Sur son parcours il y a, à quatre mètres de l'entrée 
et à gauche, une source encaissée dans de la maçon- 
nerie qui forme une cuvette de o"75 de longueur, 
0 ® 50 de largeur et o m 43 de profondeur en dessous 
du sol de la galerie. Deux barbacanes se trouvent l'une 
à droite à 17 mètres de la source et l’autre à gauche 
5 mètres plus loin. 

L'autre galerie, celle de droite, a une section beau- 
coup plus grande : 1 " 33 de largeur et 1 " 80 de hau- 
teur. Elle est maçonnée en pierres de taille et voûtée 
en plein cintre sur 26 mètres de longueur, mais sa 
longueur totale est de 41 mètres. Elle aboutit à un 
éboulement. Sa direction un peu irrégulière est en 
moyenne 95° E. Quatre barbacanes de om20 de lon- 
gueur sur 15 c/m de hauteur ont été réservées dans les 
parois de cette galerie pour le passage de l’eau. La pre- 
mière est à droite à 7 "20 de l'entrée, le seconde 12 " 20 
plus loin à gauche, la troisième est aussi à gauche, 
1e 52 plus loin, et la dernière du même côté à 1 " 80 
de la troisième. Cette dernière a 0"26 de longueur 
sur 0m20 de hauteur. 

L'avancement des galeries sous la côte Sainte-Cathe- 
rine est d'environ 30 mètres, mesuré normalement au 
mur de la propriété sur la rue du Val-d'Eauplet au 
point où elle commence en venant de Rouen. 

Sur le plan de lancienne propriété de Legendre 
(actuellement Tissage d'Eauplet) que je présente à la 
‘Commission figurent encore, en fait de bâtiments 


32 


anciens : la grande maison d’habitation (le château) 
dans laquelle se trouvent, dans l'aile nord, deux belles 
pièces avec décors Louis XIV et, au rez-de-chaussée 
partant de la cuisine, une galerie qui passe sous la 
route d’Eauplet et sert actuellement de caveau. Au 
nord de la maison il y a aussi une citerne au-dessus 
de terre avec une terrasse accessible par un large esca- 
lier de vingt-quatre marches. 

Cette terrasse est entourée d’une grille en fer forgé, 
genre xvinie siècle, d’un beau modèle. 

Une orangerie existait dans la partie sud de la pro- 
priété ; j'en remets à la Commission deux photo- 
graphies : l’intérieur, et la façade ouest. Elle est trans- 
formée en magasin aux tissus. 

Dans le verger, près de la Seine, il existe encore un 
joli édicule Louis XV sur l’ancienne source Voisin, 
où les buveurs d’eau du xvinit siècle se faisaient rem- 
plir leurs verres d’eau ferrugineuse. Il est représenté 
dans l'introduction de M. le Dr R. Hélot à la réim- 
pression de la « lettre de Michel Estard sur les eaux 
minérales de Saint-Paul ». (Société des Bibliophiles 
Rouennais\. Devant cet édicule, on voit encore l’an- 
cienne salle de réunion des personnes qui fréquen- 
taient l’établissement de M. Rose. 

Dans le jardin une belle allée, sans doute de création 
ancienne, conduit à la Seine, juste en face de la porte 
d'entrée du château. De cette allée on montait un large 
escalier en pierres pour arriver sur le chemin qui, par 
des lacets, conduisait au terre-plein devant le château. 

De chaque côté de cet escalier et en bordure du 
chemin, on voit encore deux pilastres carrés en pierres 
de taille ornés de moulures, de nœuds et de draperies, 
surmontés de vases Médicis en fonte moderne. 


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Le château 


Vue d'ensemble 


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Entrée du Manoir 


33 


Manoir du XVI° siècle à Gerville (canton de 
Fécamp). — C'est dans une ferme d’une certaine 
importance, située près de Gerville et appartenant à 
Mae Louis Prévost, que se trouve le manoir en ques- 
tion : 

La cour de la ferme, entourée de fossés (talus) avec 
de grands arbres, est très vaste et contient les bâtiments 
de l'exploitation qui en partie datent de la même 
époque que l’ancien Manoir. On entre dans cette 
cour par un grand porche dont j'ai l'honneur d'offrir 
la photographie à la Commission des antiquités avec 
son plan relevé sur place. Les deux murs latéraux 
sont construits en briques, pierres de taille et moëllons 
de silex, et sont couronnés par une corniche en pierres 
de taille de l’époque de la Renaissance. 

Sur ces deux murs est posée une charpente façon- 
née suivant les usages du pays de Caux pour ce genre 
de construction. La couverture est en chaume. Sur la 
maîtresse poutre de l'extérieur on lit l'inscription sui- 
vante : 


I. E POMMARE 1697 


L'ensemble a été conservé intact tel qu'il a été cons- 
truit'et est de ce fait d’un grand intérêt documentaire. 
La barrière à deux vantaux et à clairevoie, est placée 
dans la feuillure au milieu de la longueur du porche. 
Les vantaux sont maintenus par de hauts montants 
fixés aux murs par des lacets; des écharpes relient le 
haut de ces montants avec le bas des pièces de battement 
au milieu. 

Cette porte n’est probablement pas celle de l'époque. 
Dans le cours des temps elle a dû être remplacée plu- 
sieurs fois. 


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Exterieur 


Plan des murs du porche. 


La maison du fermier est l’ancien Manoir qui doit 
dater de l’époque de François Ier. 

Les photographies que j’offre à la Commission des 
antiquités donnent une idée de cette intéressante cons- 
truction. 

En plus des bandeaux alternativement en briques 


. et en silex, les encoignures sont garnies de fortes 
pierres de taille. Le socle est également en pierres 


qui portent au sommet une moulure d’un profil du 
xve siècle. 

L'entourage de la porte d'entrée a des angles arron- 
dis à la rencontre des montants et du linteau. La mou- 
lure qui suit son pourtour se rapproche aussi de celles 
du xve siècle. 

La forte corniche au-dessus du rez-de-chaussée est 
composée de plusieurs assises de briques posées en 
dents de scie, et a une assez forte saillie. Elle est cou- 
verte par des assises de briques en retrait qui forment 
un glacis peut-être autrefois couvert d’un enduit, mais 
actuellement très détérioré. Au-dessus estun bandeau 


35 


de silex et après, sous les appuis des fenêtres, un 
bandeau formé de trois assises de briques en arêtes 
de poisson et d’une assise en briques à plat. Ce ban- 
deau est interrompu par des consoles en pierres qui se 
trouvent sous les chambranles des fenêtres. A mi- 
hauteur du premier étage est un large bandeau en 
briques dans lequel on a inséré une série de rectangles 
en silex blanc. La façade est touronnée par une cor- 
niche en briques de plusieurs assises posées en dents 
de scie et surmontée d’un large bandeau en pierre. 

Sur le pignon on remarque également, à la hauteur 
du grenier, une corniche en briques en dents de scie. 

Le toit est maintenant couvert en ardoises, mais 
l'était autrefois en chaume, comme le prouvent les 
trous de chevilles que l’on remarque dans les filières 
en visitant le comble. 

La fenêtre jumelle, à droite de la porte d'entrée, est 
défendue par une belle grille en fer forgé. 


_ Au-dessus de la porte d'entrée se trouve une petite 
ouverture surmontée d’un linteau en pierre sur lequel 
(dans un cintre) est un petit bas-relief assez fruste dont 
je ne pourrais indiquer le sujet. La petite ouverture 
pouvait peut-être servir de niche pour une statuette 
de saint. 

Dans le couloir qui fait suite à la porte il y avait 
autrefois, sur le mur de gauche, quatre bas-reliefs 
dont malheureusement deux ont dû être supprimés 
par les maçons au cours d'une réparation {1}. L’un des 
deux qui restent, représente une rosace sculptée sur 
une pierre de 0,55 carrés; l’autre figure le buste d’un 


(1) Les vignettes sur la page 36 représentent les deux qui 
restent. 


36 


personnage entouré d'un encadrement avec losange 
assez grossièrement travaillé et que l'on dit représenter 
François Ier. La coiffure, le béret et ce qu’on voit des 
vêtements pourrait donner raison à cette opinion. 


La cuisine, qui se trouve à droite du couloir et qui 
est éclairée par la fenêtre grillée, contient une vaste 
cheminée avec colonnes en pierre de chaque côté. La 
colonne de droite a une coquille sur son chapiteau et 
celle de gauche une palmette. 

On accède à l'étage et au grenier par un escalier en 
bois, en vis, situé au fond du couloir. 

Au premier étage sont les chambres du fermier et 
de sa famille qui n'ont rien de particulier. Le grenier 
a une aire en terrage et une charpente faite en bois 
du pays, chêne ou châtaigner, bien composée et assez 
légère. 


Le château de Dieppe. — Notre nouveau collègue, 
M. Camille Coche, en fait l'objet d’une importante 


37 


communication, qu’il a tenu ensuite à résumer en ces 
termes : 


« J'ai tout d’abord le devoir de remercier M. le Pré- 
sident des termes trop élogieux dans lesquels il a bien 
voulu me présenter à nos collègues. 

» Îl a rappelé le souci que j'avais eu, étant maire de 
Dieppe, d'assurer à la Ville la conservation de son 
vieux château. Or c'est précisément de ce château que 
je voudrais vous entretenir avant que la séance fût 
levée. 

» Ï1 me faut dire avant tout, que si je me suis inté- 
ressé à sa conservation comme je l'ai fait, et si je me 
suis attaché, d’uné façon générale, à protéger dans la 
ville son patrimoine historique, archéologique et artis- 
tique, c'est que j'en ai apprécié la valeur grâce à votre 
docte ami, votre collègue M. Milet, dont l'érudition 
et l'expérience n'ont d’égale que sa modestie. Je suis 
heureux de lui rendre ce public hommage. 

» La question dont j'ai à vous entretenir présente 
un certain caractère d'urgence. Dans l'une des der- 
nières séances du Conseil municipal de Dieppe, l’un 
de nos collègues a proposé la démolition de la caserne 
Ruffin, dépendance du château. Evidemment cette 
caserne, qui date du xvuit siècle, ne présente pas par 
elle-même un intérêt architectural bien considérable : 
mais elle s'appuie sur l'ancien rempart, et sa dispa- 
rition amènerait la reconstruction du couronnement 
de ce rempart, ce qui peut présenter des difficultés. 

» De plus, si l’on considère que chaque siècle a 
apporté au château de Dieppe son contingent de cons- 
tructions, n'est-il pas à propos de le maintenir tel 
qu’il se présente aujourd'hui dans son ensemble. La 


38 


ville de Dieppe n’a pas d'ailleurs les ressources suffi- 
santes pour songer, comme on l'a fait à Pierrefonds, 
à une reconstitution intégrale d’un édifice d’architec- 
ture militaire du xv® siècle. 

» Vous savez, mes chers confrères, que mon ambi- 
ton, comme maire, était d'installer au château notre 
riche musée, comme étant le plus sûr moyen d'assurer 
sa conservation. Or, dans cette installation, les bäti- 
ments de la caserne joueraient un rôle bien utile. 

» C'est pourquoi, si la Commission partage mon 
avis, je lui propose d'émettre un vœu en faveur de la 
préservation de cette caserne Ruffin ». 


La Commission approuve aussitôt ce vœu à l'una- 
nimité. Elle décide qu'il sera transmis à M. le Préfet 
pour être communiqué à M. le Maire de Dieppe. 


Le centenaire de l'abbé Cochet à Lillebonne. — 
Ce que notre dernier procès-verbal a dit de cette ma- 
nifestation archéologique mérite de trouver ici ces 
lignes supplémentaires : 


A cette occasion « une voix, si modeste fût-elle, 
devait s'élever à Lillebonne pour jeter au pied de son 
buste la fleur du souvenir et de la reconnaissance ». 


Ainsi l'a pensé M. L. Brognard: et il a voulu « dire 
que tout le monde n'oublie point l'abbé Cochet » dans 
notre ville romaine par excellence. 

Mais aux hommages rendus à cette grande mémoire 
il s'est associé d’une façon peu banale, en offrant le 
8 mars au secrétaire une courte notice sur ses trois 
recueils importants pour l'histoire de Lillebonne. 

C'est d'abord le dossier (1870-1888) de cent vingt- 
six lettres adressées à notre confrère M. Duval. Notre 


39 


autre collègue M. Brianchon en a écrit quarante-huit; 
les autres sont signées par l'abbé Cochet, Roessler, de 
Glanville, V. Duruy, Héron de Villefosse, Châtel 
(archiviste du Calvados), Chassant, etc. 

Puis son exemplaire de Raymond, Lettres sur la 
Normandie (LiLLEBONNE, 1826, in-8° de 99 pp.) est 
celui de Rever. Ce savant abbé, correspondant de 
l'Institut, qui y est souvent maltraité, a interfolié 
l'ouvrage en le reliant, et y a consigné de nombreuses 
réfutations, qui constituent un document inédit et 
ignoré sur Juliobona. 

Enfin son Panorama de Lillebonne est une copie 
du travail considérable exécuté par Pigné en 1820. 
L'abbé Cochet l'avait qualifié « précieux manuscrit ». 

Sous peu d’années, conclut M. Brognard, « j'espère 
avoir achevé de réunir tous les imprimés de quelque 
intérêt » pour le passé de Lillebonne. 


M. le Président adresse quelques mots aimables aux 
membres présents, puis lève la séance à quatre heures 
un quart. 


A. Toucarp. 


40 


SÉANCE DU 31 MAI 1912 


Elle ouvre à deux heures vingt minutes, sous la 
présidence de M. G. Le Breton, vice-président, revenu 
tout exprès de Paris pour la circonstance. 


Son premier soin est de donner, debout, un souve- 
nir ému à M. Malicorne, décédé ces jours derniers. 
Ce véritable doyen de la Compagnie était des nôtres 
depuis une douzaine d’années. A ses devoirs profes- 
sionnels, il avait su, fidèle à l'utile dulci d'Horace, 
joindre des études variées, sur l'abbaye de Bival, par 
exemple, comme sur l'agriculture dans le pays de 
Bray. Il s'intéressait si vivement aux recherches de la 
Commission que nul n’était plus exact que lui à excuser 
une absence de nos séances. 

Furent présents : MM. G. de Beaurepaire, C. Coche, 
Delabarre, Duveau, Garreta, Mgr Loth, Pelay, Ver- 
nier, de Vesly et l'abbé Tougard. 

Se sont excusés : MM. de Beauregard (1) et Pous- 
sier. 


Correspondance imprimée. — Comme on va le voir, 
l'importance de ses pièces surpasse leur nombre. Ainsi : 
Répertoire d'Art et d'Archéologie, 2° année, fasc. 1x; 
1911, 4° trim.;, — Congrès archéol. de France, 
LXXVIT; Angers et Saumur. Caen, 1r9r1, 2 vol. 
in-8°, — Mémoires de la Soc. acad. de l'Aube, 


(1) Retenu à Longueville par la Commission cantonale de 
l'assistance publique, il regrette d'être privé « du très grand 
plaisir de discuter avec nous des intérêts de nos trésors d'art ». 


41 


LXXV,1g11; — Bulletin de la Soc... de l'Orléa- 
nais, 201; 1911, 11 et IV; — Bulletin... des Anti- 
quaires de la Morinie, 241; 1912,1; — Bull... des 
Antiquaires de l'Ouest; 1911, rv;, — Société savoi- 
sienne d'Hist. et d'Archéol., LII, 1911; — ÆEmil 
Ekhoff. S. Clemens Kyrka, I Visby [en suédois), 
Stockholm, 1912; gr. in-4°, fig. ; — Antiquités, par 
Mongez (de l'Encyclopédie méthodique de Panckouke 
(1786-1804), 5 vol. de textes et un vol. de pl. offert 
par notre confrère M. Garreta, qui reçoit nos remer- 
ciements. 

M. le Président appelle l'attention sur le « Réper- 
toire d'Art et d'Archéologie », merveilleux recueil 
d'informations où le Japon lui-même n'est pas oublié. 
On est entièrement redevable de ce périodique à 
M. Jacques Doucet, qui l’a fondé au prix de sacrifices 
énormes, et qui s'ingénie à lui assurer de larges 
ressources. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté sous le bénéfice des explications ci-après : 


Formation des écoliers au respect des vestiges du 
passé. — Une lettre a été adressée en ce sens par 
M. le Préfet à M. l’Inspecteur d’Académie. 


La fontaine de la Grosse-Horloge. — Quant à cette 
œuvre artistique, il résulte de la réponse de M. le Pré- 
feten date du 22 mai, qu’au dire de l’Architecteen chef, 
le propriétaire n’a opéré que dans la plénitude de son 
droit, sans détériorer aucunement l'édicule. Consé- 
quemment l'Administration ne saurait intervenir. 

M. Delabarre se persuade que la fenêtre, dont l'as- 
pect ne saurait être négligé dans la vue d'ensemble, 
est antérieure aux sculptures de la fontaine. Il se 


42 


demande donc si elle n’a pas été englobée dans le 
classement, et si la décision de M. l’Architecte en chef 
est irréformable. 

M. le Présidentcomprend cette divergence d'opinion, 
mais la suite à donner à l'affaire n'est plus du ressort 
de la Commission, C’est au zèle des Monuments 
rouennais d'employer quelque moyen d'action propre 
à faire remettre les choses dans leur état primitif. 

M. Coche estime qu'il faut se référer à l’arrêté de 
classement, et cet arrêté est parfois introuvable, comme 
il est arrivé pour la belle abbaye de Graville. Ces ques- 
tions archéologiques sont d’ailleurs hérissées de diffi- 
cultés. Comment par exemple verbaliser efficacement 
pour la protection et le statu quo de tant de construc- 
tions remarquables du passé ? 


S.-Georges de Boscherville. — Cela amène natu- 
rellement M. de Beaurepaire à constater avec satisfac- 
tion que la Municipalité de S.-Martin-de-Boscherville 
ayant ajouté au subside départemental une allocation 
de la commune, on a pu procéder aux restaurations 
les plus urgentes réclamées pour la salle capitulaire. 

Sur quoi le secrétaire donne lecture de l'information 
que lui adressait le 23 courant, M. le Curé de Saint- 
Georges. « Deux piliers du xvi* siècle ont été enlevés 
par l’usufruitier du monastère. Je demande confiden- 
tiellement s'il n'y aurait pas moyen de les faire reve- 
nir ». 

La situation est difficile, ce qui dure depuis une 
vingtaine d'années. Peut-être alléguera-t-on que ces 
intéressants piliers n’ont pas quitté le territoire de 
Saint-Georges ; il n'en sont pas moins perdus pour la 
curiosité des visiteurs, puisqu'ils sont relégués à deux 


43 


kilomètres de l’abbaye. Il importe avant tout de sup- 
primer les causes de froissement. Le temps fera le reste. 


La passion de l'alignement. — Dans les projets 
d'édilité, il convient de se défier du souci de l'aligne- 
ment qui a été si funeste au pittoresque de nos cités. 
Cette frénésie de la ligne droite a particulièrement 
sévi à Rouen, où elle a atteint le plus grand nombre 
des statues qui décoraient les façades. Une légère dé- 
viation du tracé des rues Thiers et Jeanne-d’Arc eût 
préservé des constructions tout à fait remarquables qui 
ont disparu. Mais le désastre le plus lamentable de ces 
redressements de voirie a été ce portail de S.-Ouen, 
dont on n'a pas hésité à abattre quinze mètres du travail 
primitif,qui constituait un chef-d'œuvre en son genre. 
Tant de pertes ont fini par ouvrir les yeux des moins 
clairvoyants, et le sauvetage de la vieille maison de la 
rue S.-Romain semble bien l'affermissement d'une ère 
nouvelle de bon sens archéologique, qui, pour ses 
débuts, conserva, il y a quarante ans, la porte Guil- 
laume. Lion laquelle a depuis résisté à d’autres attaques. 


Fontaine des Sociétés savantes. — M. le Président 
appelle l'attention sur la fontaine qui décore la cour 
intérieure de l'hôtel des Sociétés savantes. Cette cour a 
subi une transformation complète par suite des tra- 
vaux exécutés pour y aménager un patronage de jeunes 
gens, et qui n'ont pas mis en évidence, loin de là, cette 
fontaine artistique. Et comme on s'y livre à des exer- 
cices de tir, il doit y avoir lieu de craindre des muti- 
lations pour la fontaine. Peut-être est-il à propos de 
temporiser, puisqu'il est question de transférer le patro- 
nage dans l’ancien grand séminaire. 


44 


M. de Vesly, qui s’est à peine ménagé quelque répit 
pour sa convalescence, nous offre dès aujourd'hui les 
quatre communications que voici : 


Vases avec ossements incinérés à Normare. -— J'ai 
exposé dans de précédentes réunions les découvertes 
faites sur le plateau de Boos et notamment à Nor- 
mare (1). J'y reviendrai pour donner la description 
d'un vase à incinérations, découvert récemment, avec 
des débris d’un autre vase et des fragments d'armes de 
fer, parmi lesquels on distingue un Pilum ou épieu, 
mais en très mauvais état, 


Je n'ai pu réunir les morceaux d'un des vases ; 
mais il en est un que la pioche des ouvriers a laissé 
à peu près intact et que je peux présenter à la Com- 
mission. 

Il est formé d’une poterie grossière de ton noirâtre 
et modelé à la main. Il mesure en hauteur o m. 223 
et présente un diamètre de o m. 20 à la panse dans sa 
partie la plus large. C'est l'Olla des Gallo-Romains 
contemporains de la conquête, et, ainsi que je l’ai dit, 
ce vase contenait des cendres et des ossements brûlés. 

Cette découverte est d'autant plus intéressante à 
signaler, que M. Leverd, assureur maritime et grand 
amateur d’antiquités, fait exécuter des travaux sur le 
plateau de Normare dont il est devenu le proprié- 
taire. Dans cette région, dont mes découvertes ont 
démontré l'occupation fort ancienne, il est probable 
que de nouvelles trouvailles viendront encore en dé- 
montrer la richesse. 


(1) Bulletin archéologique, année 1011, page 285. 


À 


pere 


45 


Sépultures au Tourniquet, commune du Mesnil- 
Esnard. — C’est en continuant l'exploration du 
plateau de Boos que j'ai reconnu des ossements au 
lieu dit les Malfranches ou Mares franches (1), ou 
encore désigné par l'appellation populaire du Tour- 
niquet. En ce lieu notre concitoyen M. François De- 
peaux fait édifier un chalet normand et effectuer de 
grands travaux pour en faire une résidence estivale. 
Déjà les terrassements de la batterie construite en 1870 
pour protéger Rouen contre l'invasion allemande ont 
disparu et des chemins, tracés avec art, ont remplacé 
les petits sentiers contournant le mamelon, et les joncs- 
marins qui étaient la seule végétation de la montagne 
ont fait place à des plantations de pommiers. 

C’est au cours de ces travaux que les ouvriers signa- 
lèrent des ossements humains, aux limites des com- 
munes d'Amfreville-la-Mivoie et du Mesnil-Esnard. 
D'ailleurs, la situation de la découverte est assez diffi- 
cile à déterminer par suite de la pente du coteau, et 
l'abbé Cochet qui a dû le connaître le rapporte à la 
commune d'Amfreville-la-Mivoie (2). Pour moi, je 
crois qu’en cet endroit élevé devait exister le gibet ou 
fourche patibulaire de MM. de Lescure et de Neu- 
villette. Je n’ai pu vérifier mon hypothèse : car le 
terrier de 1640 qui se trouvait dans la salle de M. l'abbé 
Hecquet, curé de Mesnil-Esnard, est passé, à la vente, 
aux mains d'une paysanne qui l’a brûlé. La constata- 
tion que j'ai faite vient s'ajouter aux découvertes déjà 


(1) La feuille G du cadastre de la Mivoie porte Malfranches, 
tandis que sur le tableau de l’assemblage on lit Mares franches. 
(2) Répertoire archéologique, page 264. 


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LL 


46 


obtenues, et montrer que le vallon et les côteaux du 
Mont-Ager ne sont qu’une vaste nécropole (1). 

Pout appuyer encore la désignation de nécropole 
ou de champ antique, j'ai indiqué sur un extrait de 
la carte d'Etat-Major, les diverses découvertes précé- 
dèemment opérées : en A, découverte de bronze et de 
monnaies romaines au lieu dit « le clos Madame »;, 
en B, découverte de 1862 [monnaies romaines pesant 
2 k. 700); en C, sépultures franques trouvées aux 
Rouges-Fosses et aux Malfranques ; en D, sépultures 
franques explorées par M. de Vesly; en E, ossements 
faisant l'objet de la présente note. 

Divers membres objectent que les fourches patibu- 
laires étaient un privilège seigneurial peu commun 
que ne devaient point posséder les sires de Lescure et 
de Neuvillette. Tout au plus pourrait-on penser aux 
marquis de Belbeuf, à cause de leur titre de grands- 
panetiers. 

Dragages de la Seine. — Parmi les nombreux 
objets sortis des dragages de la Seine, en aval du port 
de Rouen, continue M. de Vesly, se trouvaient deux 
sabres qui m'ont été offerts pour le Musée. Ces armes 
se composaient d’une lame de o m. 49 de longueur et 
de o m. 035 de largeur avec saignée de o m. 20. La 
poignée de o m. 12 de longueur était terminée par 
une sphère de fer de o m.035 de diamètre et était 
séparée de la lame par une garde en forme des, 
également en fer, terminée par deux petites boules et 
nœud central; la longueur totale de larme est de 
o m. 62. Un de ces sabres est en très bon état de con- 


(1) De Vesly, Bulletin archéologique, page 283. 


47 


servation. Il faut, je crois, attribuer à la fin du moyen 
Age ces deux armes, dont le type est peu répandu; elles 
pourraient avoir appartenu à des soldats anglais. 


Croix de Congrégation. — Il m'a été apporté une 
croix, en argent, trouvée dans le vallon du Temps 
perdu, limitrophe de Rouen et de Darnétal. Ce pieux 
symbole avec anneau de suspension mesure o m. 07 
sur la grande branche et o m. 042 sur la transversale. 
Sur une face se trouvent les lettres 1-H-s; la lettre H 
qui occupe le centre est surmontée de la double croix 
de Lorraine, au bas de la croix sont représentés une 
tige de roseau et trois clous. Sur l’autre face, au centre, 
se voit un cœur surmonté de la double croix et précédé 
de la lettre M et suivi de À ; au bas des tiges de roseau 
et des larmes aux extrémités de la branche transver- 
sale, sur l'épaisseur de cette même branche, deux 
croix et le chiffre 15. 

Les lettres, ainsi que les ornements, sont remplies 
de hachures croisées. On peut attribuer cette croix au 
xvure siècle. Faut-il la rattacher à la ville d’Elbeuf, 
qui compta parmi ses seigneurs des princes de la 
maison de Lorraine? 


Le négociant Th. Legendre. — A son sujet, M. Du- 
veau avait annoncé quelques éclaircissements que de- 
vait lui fournir M. Garreta. Mais ce confrère s’est 
chargé de rédiger lui-même la note suivante : 


Notice sur Thomas Legendre, à propos de sa 
maison de plaisance à F'auplet.— Thomas Legendre, 
marchand bourgeois de Rouen, néle............. 7 
est le troisième fils d’autre Thomas et de Françoise 
de Saint-Léger. 


48 


Il fut baptisé le 21 février 1638, à Quevilly; parrain 
et marraine : Jean-Baptiste Le Gendre, son oncle 
paternel, et Anne de Saint-Léger, femme de David 
Chamberlan, sa tante maternelle. 

Dans la belle maïson de plaisance construite par 
Legendre, à Eauplet, les continuateurs de Farin signa- 
lent un bassin « de trois cent soixante muids au moins 
et les deux souterrains taillés au ciseau dans la côte » 
pour alimenter des jets d'eau. La postérité, ajoutent- 
ils, connaîtra ainsi l'origine de ces souterrains, au cas 
où la succession du temps, qui détruit toute chose, 
changeât de face cet endroit. 

Voici ce que dit la Gazette d'Amsterdam, 1698, 
n° VII: 


« Thomas Le Gendre, grand négociant de Rouen,qui 
avoit des correspondants en tous pays et que l'on 
croyoit riche de quatre ou cinq millions, jouissait 
d’ailleurs d’un grand renom d’honnèêteté ». 


On avait eu recours à lui pour discuter les traités de 
commerce avec la Hollande. | 

Le Mercure d'avril 1706 (pp. 265-266) dit de lui, 
à propos de sa mort arrivée en février : | 


« [1 étoit un des plus fameux négociants de ce siècle; 
c'étoit un des plus forts. Il avoit amassé de grandes 
richesses et 1l s'étoit acquis une estime universelle. I] 
avoit toujours pris soin de se faire des amis et personne 
ne savoit mieux les conserver que lui. Le Roi, en con- 
sidération de son exacte probité et des avances qu'il 
avoit faites en plusieurs occasions, l’avoit anobli ; ses 
lettres de noblesse sont conçues en termes très hono- 
rables. 

» Estant bien informés, disent en effet ces lettres, 


49 


données à Versailles au mois de mars 1685, que Tho- 
mas Legendre, bourgeois de notre ville de Rouen, est 
l'un de ceux de notre royaume qui fait le plus grand 
commerce de mer et qu’il l'augmente considérablement 
en nostre dite ville de Rouen par son intelligence et la 
grande congnoissance qu'il en a, nous voullons bien 
luy donner une marque d’honneur qui puisse passer à 
sa postérité et le rendre égal aux nobles avec lesquels 
il peut avoir société, laquelle touttefois ne l'empesche 
pas de continuer son commerce ». 


Les armes timbrées empreintes dans le corps desdites 
lettres présentent un écusson colorié « coupé d'azur 
et d'or, l’azur chargé de deux poissons d'argent rangés 
en fasce et contrepassants, l'or, d’un rosier à trois 
branches de sinople et fleuri de trois roses de gueules; 
supports deux levriers, casque d'argent grillé d’or, posé 
de trois quarts, orné de ses lambrequins d’argent, 
d'azur et de gueules. Cimier; une demi-aigle à deux 
têtes aux ailes éployées d'or ». On lit ce qui suit dans 
les mémoires de Saint-Simon : « Chamillart, qui l'avait 
beaucoup fréquenté quand il était intendant à Rouen, 
lui donna, en juin 1700, la charge d’inspecteur général 
du commerce avec douze mille livres d'appointements 
et l'entrée au Conseil de Commerce. 

Enfin on donna entrée dans. le Conseil au grand 
négociant rouennais Thomas Le Gendre, ancien pro- 
testant, qui avait été anobli peu après sa conversion, 
appelé avec le titre d'inspecteur général du commerce 
et manufactures à la succession de M. Lagny : c'était 
‘un homme honnête et riche et il avait des correspon- 
dants en tous les lieux du monde. 

Il avait fait construire le château de Romilly-la- 


4 


50 


Puthenaye, près Beaumoni-le-Roger, sur le dessin de 
Mansart. 

Dans le clocher de l’église de Servaville se trouve 
une cloche bénite en 1686, faite à Lisieux par Jean 
Aubert, et ayant eu pour parrain et marraine Thomas 
Legendre, écuyer, et Esther Scott. 

Üne assiette en faience de Rouen, aux armes de 

Le Gendre, figurait dans la collection de notre défunt 
collègue, M. Gouellain. 
_ Je possède aussi des volumes reliés aux armes des 
Le Gendre avec alliances. Thomas Legendre était qua- 
lifié seigneur de Collandres, Romilly (la-Puthenaye), 
Quincarnon, Elbeuf-en-Bray, Maigremont, Livarot, 
Berville-en-Roumois, Alges, Avesnes-en-Bray, Gaille- 
fontaine, Beaussault et Bezancourt. 

Thomas Le Gendre fut marié par le ministre Jean- 
Maximilien de Langle, le 26 avril 1671, à l’âge de 
trente-deux ans. Il épousait damoiselle Esther Scott, 
âgée de vingt-cinq ans, fille de Guillaume Scott, écuyer, 
seigneur de la Mésangère, conseiller, secrétaire du roi, 
maison et couronne de France et de ses RbARCES, et de 
dame Catherine {de la) Forterie. 

De cette union naquirent onze enfants, parmi les- 
quels il convient de citer : l'aîné, Guillaume, connu 
sous le nom de M. de Romilly, né le 22, baptisé le 
29 mai 1672, par son oncle le pasteur Philippe Le- 
gendre, et nommé par le sieur Thomas Legendre 
l'aîné, marchand, son aïeul paternel, et dame Cathe- 
rine Forterie (telle qu’elle signe au registre), son aïeule 
maternelle. 

Reçu, en 1695, conseiller au Parlement de Rouen. 
Ayant tué un de ses collègues au Parlement, Nicolas 
Bouchard, vicomte de Blosseville, il avait été obligé de 


51 


voyager à l'étranger. Il est mort à Vienne où il accom- 
pagnait le marquis de Guiscard, qui y périt de la petite 
vérole, le 22 décembre 1699. 

Le deuxième Thomas, qualifié M. de Collandres, 
né le 7 et baptisé le 18 juin 1673, par le pasteur de 
Larroque, fut présenté au baptême par ses aïeul et 
aieule maternels, M. Guillaume Scott de la Mésangère 
et Françoise de Saint-Léger, femme de Thomas Le- 
gendre. 

[1 était seigneur de Collandres et de Gaïllefontaine 
et de Maigremont. Hyacinthe Rigaud peignit son por- 
trait en 1713. 

I] était entré aux Gardes en 1603, était lieutenant 
depuis 1696. Î1 acheta le Royal-Vaisseau en 1705, 
passa brigadier en 1710, fut promu maréchal de camp 
en 1719, Commandeur de l'Ordre de Saint-Louis en 
1720, ne servit plus et mourut à Paris, le 1° mai 1738, 
âgé de soixante-cinq ans, ayant épousé, le 13 août 
1715, Marguerite-Catherine-Madeleine de Voyer de 
Paulmy d’Argenson, fille du marquis d’Argenson, 
garde des sceaux. Il en eut cinq enfants, dont il citerai 
un fils : Alexandre-Pierre-Jacques, marquis de Collan- 
dres, vicomte de Gaillefontaine, brigadier de cavalerie; 
maître de camp du régiment Royal-Piémont; né le 
28 septembre 1725, mort en 1752 (épitaphe sur mar- 
bre noir en l’église de Gaillefontaine), ne laissant pas 
de postérité de son union avec Marie-Catherine Leves- 
que de Gravelle ; 

Et deux filles : l’une, Marie-Catherine-Madelcine, 
née le 7 avril 1720, épousa le 18 mars 1749, dans la 
chapelle du Palais-Royal, Armand-Gabriel de Mont- 
morin. 

L'autre, Adélaïde-Marie [Mie de Maigremont}, néc 


52 


le 14 février 1722, devint marquise de Berville lors- 


qu'elle épousa, le 12 mars 1739, son cousin-germain 


Pierre-Hyacinthe Le Gendre de Berville. 


Le troisième fils, Charles, qualifié M. de Berville, 
né le 5 et baptisé le 15 octobre 1679, nommé par 
Charles Poyer, écuyer, seigneur (de Drumare), et par 
Marie-Catherine Poyer, sa fille, pour et au nom et 
pour l'absence de dame Marguerite (de) Rambouillet 
de la Sablière, femme de Mre Guillaume Scott, seigneur 
de la Mésangère, conseiller au Parlement de Norman- 
die. | | 

Il fut seigneur de Berville, de Quincarnon et du 
Tilleul-dame-Agnès. 


Il fut cornette dans un régiment de dragons en 1694; 
enseigne au régiment des Gardes françaises le 24 fé- 
vrier 1697; sous-lieutenant le 25 janvier 1698; mestre 
de camp; lieutenant du régiment, Colonel -général de 
dragons le 15 février 1702; brigadier le 29 janvier 
1709 ; maréchal de camp le 1°" février 1719; nommé 
commandeur de l’ordre de Saint-Louis le 2 mai1:1730; 
lieutenant-général le 20 février 1734. 


.. mourut le 8 avril 1746 à Paris, paroisse Saint- 

Sulpice. 

Il avait épousé, le 16 mars 1708, Eléonore d'Estaing 
de Saillans. Ils eurent un fils : 

Pierre-Hyacinthe, marquis de Berville, seigneur de 
Collandres et de Romilly, capitaine dans le régiment 
d’'Ancezune-Cavalerie le 24 février 1731; colonel du 
régiment de Rouergue-Infanterie le 11 mai 1735; bri- 
gadier le 2 mai 1744; maréchal de camp le rer janvier 
1748; lieutenant-général des armées du roi le 1e avril 
1958; commandeur de l’ordre de Saint-Louis le 


53 


22 avril 1756, et commandant pour le roi en Nor- 
mandie. - 

Il décéda le 27 février 1762 sur la paroisse de Saint- 
Godard et fut inhumé dans la Cathédrale de Rouen. 

Il avait épousé, en 1 739, sa cousine germaine Marie- 
Adélaïde Legendre de Maigremont, morte le 12 sep- 
tembre 1758. | 

Ils n’eurent qu'une fille : Eléonore-Louise, mariée 
en 1761 au marquis du Hallay-Coetquen et morte en 
couches le 12 décembre de la même année, laissant un 
fils, Emmanuel-Louis-Eléonore-Agathe, né le 5 dé- 
cembre 1761. 

Le quatrième fils, Alexandre, M. de Maigremont, 
né le 24 baptisé le 27 octobre 1680, nommé par Pierre 
Chappelier, sieur de la Varenne (mari de Suzanne 
Legendre), son oncle, et Marie Legendre, femme de 
Michel Heusch, de Paris. Capitaine aux Gardes fran- 
çaises, il fut tué à la bataille de Ramillies le 23 mai 
1706. 

Une des filles de Thomas Legendre et d’Esther Scott, 
Marie, avait épousé Jean-Baptiste Scott de Fumechon, 
président à mortier au Parlement de Normandie. 

Une autre, Catherine-Marie s’unit à Claude Pécoil 
de Septême, seigneur de la Ville-Dieu, maître des re- 
quêtes. Leur fille unique, Catherine fut mariée, le 
20 octobre 1720, à Charles-Timoléon-Louis de Cossé, 
duc de Brissac, pair et grand-panetier. de France ; 
dont deux filles qui devinrent, l’une la maréchale de 
: Noailles et l’autre la marquise de Béthune-Charost. 

Le portrait de Mme Pécoil (Catherine- Marie Le 
Gendre) fut peint par Hyacinthe Rigaud et gravé par 
S. Vallée en 1706. Elle est représentée de trois-quarts, 
assise sur un tertre, au pied d’un arbre, près duquel 


54 


est un vase de fleurs. Corsage garni de dentelles et 
décolleté, cheveux relevés retombant en boucles sur 
les épaules. De la main droite, elle s'appuie sur l'épaule 
d’un négrillon qui lui présente une corbeille, tandis 
que, de l’autre, elle cueille des fleurs. (Consulté, outre 
les références ci-dessus, M. de Beaurepaire, sur les 
Legendre et les Scott, Revue de Normandie. M. Le- 
grelle, discours à l'Histoire de Normandie, 12 juillet 
1884). 


Dans ses /nscriptions pour toutes les fontaines de 
Rouen (in-12 de 11 pp.), Euloge Philocrène (Frère, II, 
99) écrivait en 1704 : 


« Pour la première fontaine du jardin de M. Le 
Gendre, laquelle est minérale et jaillissante : 


Et praestat succos quibus est imbuta salubres 
Naïas, et jactis ludere gaudet aguis. 

Seria sic miscere jocis quemcumque Catonem 
Admonet, exemplo non male sana suo. 


» Pour la seconde, qui est claire et jaillissante : 


Laudatam toties Arethusam carmine vatum 
Credibile est lÿmphas sic habuisse suas. 


» Pour la fontaine d’un particulier, laquelle est au 
pied d’une montagne : 


Quisquis es ascensu qui tendis vincere montem, 
Dum potes, hic puri præbibe fontis aquam » (1). 


(1) M. Garreta résumerait volontiers d’un mot amusant l'en- 
semble de ses documents sur Legendre : c’est que sa grosse for- 
tunc fit de notre armateurf un second « Bourgeois Gentilhomme » 
(N. d. S.). 


55 


M. Garreta présente ensuite un fragment informe 
provenant de l'intérieur du buffet d'orgues de l'église 
Saint-Eloi ; cloison en bois de chëne recouverts de 
fragments de parchemin empruntés à un livre d'église 
et de vieux papiers qui présente. le nom « Mons”, 
M' de..., facteur d'orgue à Rouen »; le tout mesure 
0,28 cent. sur 0,38. 

Le secrétaire croit que ce débris d'orgue mériterait 
les honneurs d'une photographie pour les textes litur- 
giques qu’il lui semble y avoir constatés. 


La rue Pierre-Corneille. — Mgr Loth explique 
que la dernière réunion de l'Histoire de Normandie 
a proposé de faire suivre le nom de « rue Pierre- 
Corneille » des mots ancienne rue de la Pie. Il 
demande à la Commission d'appuyer cette proposition, 
et la motion est adoptée à l'unanimité. 

Le secrétaire croit se souvenir qu’au dernier cente- 
naire du grand Corneille, il avait été question de 
reprendre purement et simplement l'appellation pri- 
mitive de « rue de la Pie ». 

M. Pelay ne croit pas que ce recul soit aujourd’hui 
à prendre en considération, surtout depuis que Tho- 
mas Corneille a donné son nom à la rue la plus voi- 
sine. 

L'abbé Tougard n'insiste pas. Il avait toujours 
regardé comme une inspiration malheureuse la sup- 
pression de rue de la Pie, tous les visiteurs un peu 
lettrés devant se livrer à des recherches infructueuses 
pour retrouver la rue et la maison illustrées par la 
naissance du grand poëte. Il ne peut qu'approuver 
l'addition indiquée qui corrige à propos cette mutation 
maladroite. 


56 


M. le Président remercie les membres présents de 
leur utile concours, puis il lève la séance. Il est quatre 
heures trois quarts. 


A. Toucarn. 


57 


SÉANCE DU 1:19 JUILLET 1912 


Elle ouvre à deux heures un quart, sous la prési- 
dence de M. G. Le Breton, vice-président. 

Furent présents : MM. Auvray, C. Coche, Costa 
de Beauregard, G. Dubosc, Duveau, Garreta, Vernier, 
de Vesly et l'abbé Tougard. 

Se sont excusés : MM. Lormier, Pelay et Poussier. 

A près lecture, est adopté le procès-verbal de la pré- 
cédente séance. 


Correspondance imprimée. — Son dossier se classe 
comme il suit: Société académique de Laon, XXXIV, 
1912; item, Table générale, 1843 à 1909, 1 vol. 1912; 
— Société... de l'Aveyron, Mémoires, XVII, 1906- 
1911; — Bulletin de la Soc... de la Drôme, n° 182; 
juillet 1912; — Bulletin de la Soc. archéol. de Nan- 
tes, LIT, 1911, 2° semestre; — Soc... de l'Orne, 
XXXI,r1et2, 1912; — Bull. de la Soc... de Gand, 
XX, 3,4, 5; — Soc. Jersiaise, Bull. n° 37, 1912; — 
Smithsonian Institution, 30 juin 1911; Washington, 
1912. 

Correspondance manuscrite. — Par sa lettre du 
18 mai, M. le Préfet a transmis à M. le Président la 
réponse qu'a faite M. Doliveux aux doléances expri- 
mées par la Commission, le 26 avril, au sujet de la 
préservation des vitraux. Nul ne déplore plus que lui 
les faits signalés. La circonscription de Rouen a déjà 
été invitée au respect des œuvres d'art. Cette instruc- 
tion va être renouvelée et étendue à tout le départe- 
ment. Îl y aurait lieu de dresser des procès-verbaux 


58 


contre les coupables et leurs parents, et que des faits 
précis fussent signalés à l'Administration académique. 
Les observations faites dans l'école même auraient 
plus d'efficacité. 

De plus, M. Le Breton a reçu avant-hier la pièce 
que voici : 


« Monsieur le Vice-Président, en réponse à votre 
communication relative à la petite construction édifiée 
dans la cour d'Albane, près de la Cathédrale de Rouen, 
j'ai l'honneur de vous informer qu’il s’agit d'un petit 
bâtiment élevé sur la demande et aux frais du clergé, 
et qui sera démoli dès que les travaux à entreprendre 
à la sacristie seront décidés. 

» M. le Sous-Secrétaire d'Etat des Beaux-Arts estime, 
dès lors, et conformément à l'avis émis par la Com- 
mission des monuments historiques, que cette cons- 
truction peut être maintenue à titre purement provi- 
soire. . 

» Agréez, Monsieur le Vice-Président, l’assurance 
de ma considération la plus distinguée. 

» Le Préfet : BRELET ». 


Rues. — Changement de noms. — A propos de la 
décision prise au sujet de la rue de la Pie, M. le Pré- 
sident estime qu'il faudrait en faire une mesure 
générale, toutes les fois qu'il Y aura raisonnablement 
lieu de modifier l’appellation d'une rue. I] reste d’ail- 
leurs posé en principe que ces modifications seront 
aussi rares que possibles. 


Vitrail de S.- Vincent. — Le soin à apporter à la 
conservation des verrières anciennes amène à signaler 
le délabrement de la grille de protection d'une des 


59 


belles verrières de cette église. Et, outre les périls de 
la rue, il y a aussi à redouter ceux de la grêle et des 
ouragans. Il y a donc urgence de refaire ce grillage. 


Allocation aux Monuments historiques. — A ce 
propos, M. Auvray informe la Commission qu'une 
décision ministérielle toute récente affecte à chacun de 
ces monuments un subside déterminé. On y puisera 


les fonds strictement nécessaires au bon entretien de 
l'édifice. 


Constructions antiques. — M. Deglatigny a prié 
M. Vernier de lire à la Commission le petit mémoire 
qu'il a rédigé à son intention le 2 juin dernier. Telle 
en est la teneur. 

Ayant appris, en décembre 1897, que des travaux 
entrepris dans la cour de l'école de la rue Thouret, à 
Rouen, avaient découvert d'importantes constructions 
antiques, je me joignis à mes collègues, Garreta et 
Lefort, pour les examiner. Le 14 décembre, nous 
sommes descendus au fond des fouilles, accompagnés 
de M. Chivet, entrepreneur des travaux. 

A droite de l'excavation, du côté sud, on voyait les 
substructions de l'église N.-D.-de-la- Ronde et les 
sépultures de son cimetière, sur une hauteur de plu- 
sieurs mêtres. À gauche, à l'extrémité nord, les restes 
gallo-romains signalés. 

Ces restes importants reposaient sur un sol limo- 
neux, à près de huit mètres au-dessous du sol actuel ; 
c'était le sol de la prairie avec des traces de petits sour- 
cins {1}. 


(1) L’exhaussement moyen du sol dans les villes a été de neuf 
à dix pouces par siècle, comme l'a remarqué l'abbé Cochet, lors 
de ses belles fouilles du jardin de S.-Ouen en 1871. Les travaux 


60 


Dans ce sol étaient enfoncés de petits pilotis de 
chêne, mesurant environ o m. 50 de longueur et 
0,09 de diamètre. Sur ces pilotis, très rapprochés les 
uns des autres, reposait la première assise de la cons- 
truction découverte ; elle était formée de quatre rangs 
de briques romaines mesurant 0,40 X 0,28 X 0,03 ; 
puis venaient plusieurs rangs de fortes pierres de taille, 
sur une hauteur totale de 1 m. 80, et ensuite une 
nouvelle chaîne de trois rangs de briques. 

Le mur avait une épaisseur de : m. 80. Sa direction 
était à peu près nord-ouest sud-est ; l'extrémité est de- 
meurée engagée sous les constructions ou la cour de 
l'hôtel de Normandie (rue du Bec), qui borne le ter-: 
rain. 

La façade du monument nous a semblé au sud. On 
voyait, sur la face supérieure des blocs de pierre, par- 
faitement équarris, les empochements destinés aux 
crampons métalliques qui les avaient reliés ensemble. 

Notre collègue M. Lefort prit sur son carnet, à la 
date du 14 décembre 1897, la note suivante : « Rue 
Thouret, école Pouchet, briques romaines de 0,40 X 
0,20 X 0,03, mur romain de 1 m. 80 d'épaisseur du 
nord-ouest au sud-est. Quatre rangs de briques, espacés 
de 1 m. 80, de trois rangs supérieurs de briques. La 
première zone (inférieure), à environ 8 mètres du sol ». 

D’après ces indications sommaires, il rédigea une 
petite notice publiée dans l'Architecture et la Côns- 
truction dans l'Ouest, année 1898, page 18. 


de la rue Thouret diffèrent sensiblement de cette moyenne. Peut- 
on présumer ou que la prairie entrevue ici est antérieure à l'ère 
vulgaire, ou que les guerres, les incendies et autres fléaux ont 
singulièrement accumulé les décombres sur ce point du territoire 
rouennnais ‘ (N. d. S.). 


61 


Cette notice contient une petite erreur. Elle attribue 
aux pilotis une longueur de 1 m. 50, alors qu'ils me- 
surent seulement 0,50. J’ai recueilli trois de ces pilotis, 
dont un est intact et entier, que je déposerai au Musée 
départemental des Antiquités. | 

Notre collègue disait én outre, dans sa note, que la 
maçonnerie comprise entre les assises de briques était 
de petit appareil. 

Sur ce point mes souvenirs, très précis, différaient 
des siens. Je lui en fis l’observation, plusieurs années 
après notre visite. Mais son carnet de notes ne préci- 
sant rien et ses souvenirs étant assez confus, M. Lefort 
ne pouvait plus rien affirmer au sujet de la nature des 
matériaux. 

Quant à notre autre collègue, M.Garreta, il avait tout 
oublié du détail que nous cherchions à préciser. 

Je fis alors appel aux souvenirs du directeur et des 
professeurs de l'école Pouchet, qui, ayant assisté à la 
découverte, avaient pu l'examiner à loisir. Aucun 
d'eux n’avait remarqué la nature des matériaux, sauf 
les briques plates. 

Il restait à voir M. Chivet, l'entrepreneur ; maisil 
avait quitté Rouen. J’ai eu la chance de rencontrer 
M. Chivet le mois dernier. Après lui avoir rappelé la 
visite que nous avions faite ensemble en décembre 
1897, je lui ai demandé de rassembler ses souvenirs et 
de m'indiquer la nature des matériaux utilisés entre 
les assises de grandes briques plates. Après quelques 
instants de réflexion, M.Chivet me déclara que c'étaient 
des pierres de taille. Il ajouta même, qu'il se souvenait 
parfaitement que M. Garreta avait appelé son atten- 
tion sur les empochements pratiqués dans les pierres 
pour y loger des crampons. 


62 


Faut-il admettre, pour expliquer la différenceentreles 
souvenirs de M. Lefort et les miens, que certaines par- 
es des ruines découvertes en 1897 aient été en petit 
appareil ? C'est possible, mais peu probable, en pré- 
sence de la note prise sur place par notre collègue, 
dans laquelle la nature des matériaux n'est pas indi- 
quée. 

On peut, en tout cas, affirmer qu’en décembre 1897 
on a mis au jour un des restes les plus importants de 
la cité gallo-romaine et il est très regrettable qu'une 
photographie des substructions découvertes n'ait pas 
été prise. 

[l sera bon de surveiller plus tard les travaux qui 
pourront être exécutés à l’est de la cour de l'école ; car 
on y retrouvera le prolongement de ce monument im- 
portant, situé au cœur de la cité. 

Aucun objet n'a été, à notre connaissance, découvert 
près de ces restes ; rien ne permet d'indiquer la desti- 
nation du monument. Ce n'était certainement pas une 
construction privée, mais plutôt le reste d'un impor- 
tant monument public. à 

La présence de l'église N.-D.-de-la-R onde, une des 
plus anciennes de Rouen, dont les fondations se vo- 
yaient à 3 mètres environ plus haut que le sol de la 
prairie gallo-romaine, dans le voisinage immédiat de 
ces restes remarquables, permettrait peut-être l'hypo- 
thèse que les restes entrevus étaient ceux d'un temple. 


M. Deglatigny ne songeait qu'à déposer cette note 
dans nos archives au nom de M. Lefort et au sien. 
Mais, vu son importance exceptionnelle, la Commis- 
sion en réclame l'insertion au procès-verbal. 


63 


Livres reliés aux armes de princes ou princesses 
de la maison d'Orléans-Longueville. — Notre con- 
frère, M. Garreta, ayant annoncé son intention 
d'apporter, à la réunion du 19 juillet, un volume por- 
tant sur les plats de la reliure les armes d'Anne de 
Bourbon, duchesse de Longueville, le comte Costa de 
Beauregard a, de son côté, présenté trois volumes aux 
armes de divers personnages de la maison de Dunois- 
Longueville, à laquelle il s'intéresse tout spécialement. 


Ï. — Volume de M. Garreta : LA BEAUTÉ DE LA 
VALEUR ET LA LACHETÉ DU DUEL, dédié au Roy, par le 
comte de Druy, Paris, Jean Bessin, 1658, in-4°, sous 
reliure de maroquin rouge. 

Plats décorés d’un double encadrement de filets dits 
à la Du Seuil, les quatre fleurons diagonaux habituels 
du cadre intérieur étant ici remplacés par quatre 
chiffres M D B dorés en capitales entrelacées, le chiffre 
surmonté d’une couronne fleurdelisée ouverte. 

Au centre, écu parti : à senestre, de France, avec 
lambel et bâton péri en barre; à dextre, aussi de 
France, avec bâton péri en bande. L’écu sous cou- 
ronne également fleurdelisée, c'est-à-dire de princesse 
du sang, accompagné de deux palmes. 

Les six entrenerfs du dos décorés d'un semis de lis, 
sauf le second qui porte le titre, et le cinquième, orné 
du chiffre J. M. C,en majuscules cursives entrelacées, 
sommées d’une couronne ducale ordinaire. 

La conciliation des diverses données ci-dessus, con- 
tradictoires entre elles, en vue d’une attribution histo- 
rique indiscutable, a résisté à la science héraldique 
justement réputée de M. Garreta : aussi M. Costa de 
Beauregard prévoit qu'il s'y épuisera à son tour. Voici 


64 


cependant l’opinion qu’après examen attentif de cette 
intéressante reliure, il croit pouvoir donner comme 
admissible. 


Il ne peut s'agir a priori que de deux princesses : 
Marie de Bourbon-Montpensier, première femme de 
Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII : le chiffre con- 
vient (M p 8), mais rien ne justifie le signe de bâtardise 
de la moitié senestre de l’écu, et surtout — la reliure 
ne portant nulle trace de remboîtage, c'est-à-dire de 
réemploi comme couverture d’un volume autre que 
celui auquel elle était primitivement destinée — l’on 
ne saurait attribuer à une princesse morte en 1627 la 
possession d'un volume paru en 1658. 


Deuxième hypothèse : attribution à Anne-Gene- 
viève de Bourbon, duchesse de Longueville. Cette 
fois, les doubles armes conviennent parfaitement, 
mais le chiffre M D B ne saurait plus s'appliquer, 
d'autant que, suivant les sources les plus autorisées, 
l'illustre Frondeuse ne reçut jamais que les deux pré- 
.noms ci-dessus {1}. 


En observant attentivement le chiffre M D B, 
M. Costa de Beauregard a découvert en plus la trace 
certaine d’un À, qui, après dorure, a été soigneusement 
effacé, mais dont un frottis à la plombagine révèle 
l'empreinte mieux que l'usage d’un verre grossissant : 
le doreur ayant sous la main un fer aux quatre ini- 
tiales A M D B, celui certainement d’Anne-Marie de 
Bourbon, Mademoiselle de Montpensier, s'en servit 


(1) Ni le chiffre, ni la date du livre (1658), ni l’écu de droite 
dépourvu de bordure, ne permettent de songer à Louise de 
Bourbon-Soissons, première femme d'Henri 11 de Longueville, 
décédée en 1637. 


65 


pour sa cousine la duchesse de Longueville, faute 
d'autre plus approprié; puis, erreur ou négligence, 
effaça l'A du chiffre au lieu de l’M qui seul était hors 
de propos. Un tel à-peu-près ne surprendra pas à 
l'excès les bibliophiles accoutumés à ces libertés des 
doreurs du xvn: siècle. 

Reste en toute hypothèse à expliquer le chiffreJ MC, 
au dos de la reliure. « Je ne puis ici encore, dit le 
comte Costa, proposer qu'une hypothèse : le chiffre se 
composerait des initiales Julie-Charles, avec l'M et la 
couronne ducale de Montausier ; et alors ce chiffre, 
tout différent de celui des plats, cas dont je ne connais 
aucun autre exemple, attesterait ici le don du volume 
par la fameuse Julie d'Angennes-Rambouillet à la 
duchesse de Longueville : les rapports d’amitié entre 
ces deux dames sont trop connus par la chronique de 
l'hôtel de Rambouillet pour que je recoure pour les 
prouver à un charmant billet signé de l’une et de 
l'autre, aujourd'hui entre mes mains : toutes deux 
J’adressaient ensemble de Coulommiers au duc de 
Longueville qui venait de se signaler dans sa cam- 
pagne d’Italie (1642). 

» Je dois à la vérité de dire que le chiffre dont le 
ménage ducal des Montausier ornait habituellement 
ses somptueuses reliures, tout à fait similaires à celle 
présentée par M. Garreta, diffère de celui que porte le 
dos de cette dernière par l'absence de l°M et par la pré- 
sence de petites palmes latérales; mais les lettres et la 
couronne s'apparentent beaucoup. Il n’est d'ailleurs 
aucunement invraisemblable qu'un livre contre Île 
duel, honoré de l’approbation expresse du Roi et des 
maréchaux de France, ait été offert par Montausier, 
type achevé du gentilhomme chrétien, à la sœur de 

5 


66 


Condé, alors entrée dans les voies austères de Port- 
Royal ». 


Enfin, l'auteur de ce volume, M. Marion, comte de 
Druy, était le cousin germain de Robert Arnauld d’'An- 
dilly, d'Antoine Arnauld, docteur de Sorbonne, et de 
leurs sœurs, les fameuses Mères de Port-Royal, tous 
enfants de Catherine Marion. Celle-ci fut fille et 
épouse des deux célèbres avocats-généraux du parle- 
ment de Paris, au temps d'Henri IV. 


IT. — Reliures aux armes de Jean-Louis-Charles 
d'Orléans-Longueville, dit l'abbé d'Orléans : 


« C'est, continue M. Costa, à ce dernier descendant 
de Dunois, comme fondateur de prix au collège du 
Mont, à Caen, et peut-être dans d’autres maisons 
d'éducation, qu'il convient d'attribuer deux reliures 
entièrement semées de lis, portant l'écu simple des 
Longueville, accompagné de deux palmes : la biblio- 
thèque municipale de Caen contient, en effet, un 
volume aux mêmes armes et identiquement décoré, 
auquel est demeuré annexé le témoignage latin de la 
munificence du jeune prince. Guigard (Armorial du 
Bibliophile, 2e éd., t. I, p. 86) attribue cette marque 
à la duchesse de Longueville : celle-ci, de naissance 
supérieure à celle de son mari, avait moins de raison 
qu'une autre de déroger à l'usage constant pour les 
femmes mariées, d'accoler leurs armoiries personnelles 
à celles de leur époux. 

» En outre, j'ai observé que ces trois reliures ren- 
fermaient des ouvrages en latin, langue que cette 
duchesse, d'une grande intelligence mais de médiocre 
culture, n'a vraisemblablement jamais connue. » 


Ü 67 

[IT. — Reliure aux armes de François d'Orléans- 

Longueville, comte de Saint-Pol, et de sa femme, 
Anne de Caumont-La Force : 


« Ces armés figurent séparément : l’écu du comte de 
Saint-Pol, sur le plat antérieur, l’écu parti Longue- 
ville-Caumont-La Force, sur le plat postérieur d’un 
in-12, égalément couvert de fleurs de lis que je pré- 
sente à nos collègues ». 


M. Garreta pense que le semis de lis ne devait pas 
être d’un emploi banal pour les reliures et que, sans 
les armes même, son emploi peut faire présumer 
l'appartenance à un membte de la maison royale. 

Plusieurs volumes de la bibliothèque de M. Costa, 
où le semis de lis est associé à des armoiries de 
simples gentilshommes ou personnages ecclésiastiques, 
Jui donnent lieu de penser que ce décor héraldique 
pouvait quelquefois être d’un usage moins étroitement 
réservé. 


M. de Vesly, directeur du Musée, à peu près rétabli, 
et rendu à ses chères études, nous fait les communi- 
cations suivantes : 


Monnaie gauloise des Morini.— Il y a quelques semaines 
M. Lefebvre, conseiller général du canton de Blangy et 
ancien maire de Guerville, est venu soumettre à mon exa- 
men deux monnaies d’or. Une était en très mauvais état, 
et me trouvant dans l'impossibilité de me prononcer, je la 
soumis à M. Blanchet qui constata, ainsi que je l'avais 
fait, que la monnaie était en très mauvais état et que son 
attribution était fort difficile, car elle pouvait être de 
Charles-Quint ou de Philippe II d'Espagne. 

L'autre monnaie était un statère d'or des Morini. Cette 


68. 


médaille avait été trouvée dans le jardin de M. Lefebvre, à 
Guerville. Elle présentait, comme toutes les monnaies gau- 
loises de cette peuplade, une protubérance presque ronde, 
dernier vestige de la couronne de laurier très développéeque 
portaient les monnaies des Atrébates, auxquelles les pièces 
des Morini furent souvent attribuées. Du côté opposé ou 
revers se voit un cheval sensiblement pareil à celui des 
monnaies des Atrébates, avec les jambes antérieures dis- 
jointes : au-dessus, des globules et divers traits; au-dessous, 
un globule ou un ou deux S. Ce sont ses similitudes qui 
ont donné lieu aux mémoires de M..A. Hermand (1), 
Lelewel et A. de Witte. Je me rallie à l'opinion de M. A. 
Blanchet (2), qui catalogue la monnaie trouvée à Guerville 
aux Morini, et la rapproche avec raison des trésors d'Hé- 
nouville, de Bosc-Edeline, de Sotteville-sur-Mer, où ces 
monnaies furent trouvées dans des silex creux (3). Ces 
pièces seraient antérieures à l’arrivée des Romains (4). 


Monnaie d'or de Valentinien. — J'ai acquis pour le 
Musée d'antiquités, dit M. de Vesly, un aureus, à fleur 
de coin, trouvé par Mæe Dubuc, dans un petit jardin 
qu’elle possède à Senneville, non loin de la côte des Deux- 
Amants (Eure). 

- Cette monnaie porte à l'A/ le buste diadémé de l’empe- 

reur avec l'inscription : D. N. PLA. VALENTINIANVS. P. F. AVG. 
Au R} vicToRIA AUGGG. Valentinien, debout, de face, 
posant le pied droit sur la tète d’un dragon, et tenant 
une croix et un globe surmonté d’unc Victoire; dans le 
Champ, r. v.; à l’exergue, comos. 


Fer de lance trouvé à Freneuse. — Les rives de la Seine 


(1) Numism. gallo-belge, pp. 97-98. 

(2) Ad. Blanchet, Traité des monnaies gauloises, t. Il, pp. 346- 
347, 592-593. 

(3) L'abbé Cochet, Répert. arch. de la Seine-Inférieure, p.525. 

(4) Dict. arch. de la Gaule, t. 1, p. 89. 


69 
‘sont frêquentées du Pont-de-l’Arche à Elbeuf par de nom- 
breux pêcheurs qui, pour se livrer à leur sport favori, 
marquent leur place sur la berge du fleuve. Un de ces 
chevaliers de la gaule, M. Bailleul, avait remarqué un 
morceau de fer oxydé qui l’intriguait, mais lui servait de 
repère. Il se décida à le retirer du talus et, à sa surprise, 
il reconnut un fer de lance qu’il voulut bien me remettre. 
Et, comme la découverte était curieuse, je me rendis à 
l'endroit où elle avait été faite afin de la préciser. 

Le liéu se trouve.à peu de distance eh aval du passage 
de Criquebeuf-sur-Seine. L’arme était à o m. 40 environ 
en contre-bas du sol actuel de la prairie, qui appartient à 
l'alluvion moderne. L’arme était donc tombée dans le 
marais qui a formé les prairies du Val-Freneuse et dans 
la direction du vallon que l'abbé Cochet fouilla pour 
M. de Girancourt et où il découvrit des sépultures gallo- 
romaines (1). L’arme mesure o m. 33 de longueur, dont 
o m. 20 pour la lance et o m. 13 pour la douille. Celle- 
ci était formée par la plaque de fer composant l’arme et 
qui avait été enroulée sur un mandrin pour lui donner 
la forme tronc-conique. Elle se prolongeait en un renfile- 
ment qui formait arète de la lance. 

Je crois pouvoir dater de l’époque de la Tène (Ile pé- 
riode) le fer de la lance trouvé à Freneuse. Cette décou- 
verte atteste une fois de plus le passage du Vallon et du 
_ Col de Tourville aux époques éloignées de notre his- 
toire (2). 


JETONS DIVERS. — Î. Jetons historiques. — M. Gadeau 
de Kerville, qui s’est tôujours montré généreux envers 
notre Musée, nous a fait don, en juillet 1905, d’un lot de 


(1) Répert. archéol. de la Seine -Inférieure, pp. 331-332 ct 
la Seine-Inférieure hist. et archéol., pp. 228-234. 

(2) M. de Beauregard, consulté, hésite, vu le mauvais état de 
la pièce. Il croirait volontiers à un fer mérovingien. 


70 


monnaies anciennes parmi lesquelles nous avons trouvé 
plusieurs jetons de cuivre ayant un certain intérêt. Nous 
citerons notamment : 


1° Un jeton historique de la ville de Rouen (n° 6272, 
cat. Feuardent, t. II, p. 16). 


À l'A} 1E. SUIS. LA PAIX. FILLE. DE. LA. VICTOIRE. 

Paix debout à droite, tenant une branche de laurier. A 
ses pieds des armes. 

R/ IE. PRENS, NAISSANCE. AV. MILIEV. DE. LA. GLOIRE. 
Une forêt de lauriers, de palmiers, etc... 

Ce jeton a pu être frappé à Rouen, comme jeton banal 
rappelant la Paix des Pyrénées. Un article publié dans la 
Revue Belge, 4° série, t. III, fait supposer à son auteur 
que ce jeton a été copié sur le type parisien et lui paraît 
gravé par la même main et sorti du mème atelier. 


20 Jeton de Bourgogne (Feuardent, p. 349, n° 9,830). 

A} COMITIA. BVRGVNDIÆ. Armes anciennes de Bourgogne. 

R} NON. DEFICIT. ALTER. 1710. Un rameau dont une des 
branches se brise. 

Ce jeton a été frappé à la mort de Jules-Henri de Bour- 
bon-Condé ; la branche restée debout a trait au duc d'En- 
ghien qui succéda à son père. 


Jeton gravé par Hercule Lebreton, graveur du roi. 


. 


30 A/ Marie-Thérèse. — Buste à droite. 

R/ FAMA. SVPER. ÆTERA. NOTA. Colonnade à plusieurs 
étages avec belvédère. Au-dessous, 1673. 

Ce jeton est dessiné dans l’album de Feuardent, mais 
ne sera décrit que dans le tome IIT, non encore paru, où 
. il portera le n° 13,145. 


4° À] Louis XIV et Marie- Thérèse, leurs bustes 
affrontés ; et en exergue : LVD. XIII, ET. MAR. THER. D. G. 
FRA. ET. NAV. REX. ET. REG. 

R} Deux mains unies ou foi. En exergue : FELICITAS. 
PVBLICA. Au-dessous, 1660. 


71 


Ce jeton fut frappé lors des fiançailles de Louis XIV 
avec la fille de Philippe IV d’Espagne, 


50 JETON COMMÉMORATIF. — Jeton du Lyonnais. — Il 
fut frappé pour commémorer la construction du canal de 
Givors, 

A/ LIGERIM. RHODANVS. ARDET. — Le Rhône et la Loire 
assis, se donnant la main et joignant leurs eaux. Signé : 
D. V. 

R| CANAL. DE. GIVORS. 1784, en trois lignes dans une 
couronne. (Feuardent, p. 435, n° 10,797). 


60 Autre jeton de cuivre. 

Chambre des menus plaisirs du Roi. À l'A] Lun. xv Rex. 
CHRISTIANISS. — Le buste du roi regardant à droite et 
signé KR. | 

R| SUPERIS. NON. GRATIOR. USUS. Vase à parfums fumant 
sur un trépied. Au-dessous : menus plaisirs et affaires de 
la Chambre, 1739. / 


Feuardent donne ce jeton catalogué sous le n° 2,873, 
comme une variété du précédent qu'il attribue à Du 
Vivier. | 


Epitaphe honorifique de Jean de Quintanadoine, sieur 
de Brétigny et fondateur des Carmélites, en France. — 
Que des fouilles opérées dans les murs de l’Acropole 
d'Athènes ramènent au jour des stèles et des statues taillées 
avant les guerres médiques: que la démolition de fortifi- 
cations gallo-romaines fassent découvrir des inscriptions 
ou des statues datant des trois premiers siècles de notre 
ère ; rien qui puisse surprendre, puisque l’histoire apprend 
avec quelle hâte les remparts grecs furent élevés contre 
l'invasion des Perses et les fortifications des cités gallo- 
romaine dressées contre les invasions des Barbares. Mais 
découvrir sur le marbre d'une vieille commode l’épitaphe 
élogieuse de Jean de Quintanadoine, seigneur de Bréti- 


72 


gny (1) et fondateur des Carmélites, voilà qui est au moins 
curieux et fort heureux pour l'archéologie. 

Le marbre noir sur lequel était gravée, en lettres d’or, 
l’épitaphe « se trouvait, nous dit Farin (2), au-dessus de la 
grande grille de l’église des Carmélites de Rouen », c'est- 
à-dire, dans le couvent que Jean de Quintanadoine avait 
fait construire, en 1614, et qui était situé entre la rue 
Beauvoisine et celle désignée, encore aujourd’hui, par le 
nom donné aux pieuses filles de Sainte-Thérèse d'Avila. 

Tout le quartier de Beauvoisine était, au xvne siècle, le 
lieu d'élection de religieuses dont les asiles se touchaient. 
Les filles de Saint-Louis habitaient sur la Rougemare; les 
Carmélites sur l'emplacement actuel de la rue Dulong; les 
religieuses de la Visitation, dont le cloître est devenu le 
Musée d’antiquités, à Sainte-Marie; et les dames Augus- 
tines ou de Bellefonds leur faisaient vis-à-vis (3). 

Jean de Quintanadoine était donc incité à jeter les fon- 
dations du monastère qu'il voulait édifier, dans ce quartier 
Beauvoisine et sur la propriété d’un de ses parents, M. de 
Hanyvel, qui lui en avait fait donation. Aussi, pour accom- 
plir le vœu qu'il avait formé, lors d’un de ses voyages en 
Espagne, se mit-il résolument à l’œuvre. L'ardeur de sa 
foi lui permit de mener rapidement à bien l’œuvre qu'il 
avait entreprise à Rouen, après avoir fondé, dès le 17 oc- 
tobre 1604, l'ordre des Carmélites à Paris. 

Il fut, il est vrai, aidé dans son œuvre de multiplication 
des couvents de Sainte-Thérèse par Mgr le Cardinal de 
Bérulle, Mme la maréchale de Joyeuse, la fameuse M"° Aca- 


(1) Brétigny, village de l'Eure, situé sur l’ancienne route 
romaine de Lisieux (Brétigny) à Lillebonne (Juliobona) tirerait 
l'étymologie de son nom du mot Britininus (village du Breton), 
Charpillon, Dict. hist. de l'Eure, t. I, page 450. 

(2) Farin, Histoire de Rouen, t III, pages 427 et suivantes. 

(3) 11 ne reste des bâtiments conventuels que certaines parties 
où se sont installées les Écoles libres dirigées par les Frères de 
J.-B. de la Salle, 


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73 


rie, etc., etc. C’est ce qu’apprennent les historiens comme 
François de Beauvais (1), Rébelliau (2) et notre regretté 
collègue de la Commission des antiquités, M. Paul Bau- 
dry (3). Notre but est de montrer que l'inscription dédiée 
à Jean de Quintanadoine, par son frère Alphonse, n’était 
pas mensongère et rendait un juste témoignage au fonda- 
teur des Carmélites ; aussi, âvons-nous essayé de compléter 
le fragment, en nous aidant du texte de Farin (4). Ce texte 
présente avec l'inscription originale, du moins pour la 
partie déposée au Musée d’antiquités, plusieurs différences 
qu'il nous faut signaler. 


C'est ainsi qu’à la 4° ligne (première du fragment), on 
lit vers Dieu au lieu d’envers Dieu ; à la 3e ligne du frag- 
ment les livres à la place des lettres de Sainte-Thérèse, 
texte de Farin, Une autre variante est à noter : l’historien 
de Rouen et son continuateur font suivre le mot Carmé- 
lites du déterminatif déchaussées et le nom de Jean de 
Quintanadoine, du titre d'écuyer, qui ne sont pas com- 
pris dans l'inscription originale. Le lapicide a mis au genre 
masculin le mot épitaphe c'Esr... Aussi, est-ce une bonne 
fortune que celle de posséder la majeure partie de l’ins- 
cription originale pour constater les différences. La dé- 
couverte fait évoquer également l’intéressante figure de 
Jean de Quintanadoine, classé par l’Église au nombre des 
Bienheureux. 

Le fondateur des Carmélites, descendait d’une famille 
espagnole, originaire de Burgos : son aïeul Jean 1° était 
venu en France avec sa sœur, dame d’honneur d’Eléonore 
d'Autriche, seconde femme de François Ier (5). C’est vers 


(1) Vie de M. de Brétigny, prêtre fondateur des Carmélites 
en France. | 

(2) Etude sur la célèbre Compagnie du Saint-Sacrement. 

(3) Les religieuses Carmélites à Rouen. 

(4) Op. cit., page 427 (t. I). 

(5) Boucher, Vie de Sainte-Thérèse d'Avila. 


74 


l'année 1530 que Jean de Quintanadoine (quinquan me- 
duanus) acheta les seigneuries de Brétigny-sur -Brionne 
et du Bosc-Guérard (1), auxquelles il ajouta plus tard celles 
de Saint-Denis et de Saint-Léonard. La première fut 
acquise de la noble famille des du Bosc, dont elle était la 
propriété depuis la fin du xiv° siècle; la seconde était un 
apanage qui échappa aux mains des Bellemare (2). Ce Jean 
de Quintanadoine mourut en 1550 (3) et fut inhumé dans 
la chapelle des Espagnols, de Saint- Etienne-des-Tonne- 
liers, où sa femme Isabeau de Civille reposait depuis 
l'année 1531. 

De leur mariage étaient nés huit enfants, dont deux 
garçons, l’un Fernandez épousa demoiselle Cavelier de 
Villequier et eut pour fils Jean IT de Quintanadoine, qui 
fait l’objet de cette étude. 

Il était né le 6 juillet 1555, rue Saint-Etienne-des-Ton- 
neliers, dans l'hôtel, croyons-nous, où se trouvent aujour- 
d’hui les bureaux du journal la Dépêche. 

D'un mysticisme exalté, encore augmenté par la lecture 
des lettres de Sainte-Thérèse qu'il avait traduites, son 
enthousiasme religieux le fit entrer dans les ordres à l'âge 
de trente ans, après avoir été frappé de l’ardente piété des 
filles du Carmel d'Espagne. Il fonda des monastères en 
France, et mourut âgé de soixante-dix-neuf ans, dit l’épi- 
taphe. 

Le monastère qu'il avait fondé à Rouen a existé jusqu’en 
1791, époque où il fut vendu et en grande partie démoli (4). 
Encore, là, et par un heureux hasard, en fouillant le 
chœur de l’église des Carmélites, le 10 juillet 1 806 « on dé- 


(1) L'abbé Caresme et Charpillon, Dict. historique du dépar- 
tement de l'Eure, t. 1, page 451. 

(2) L'abbé Caresme et Charpillon, Dict. historique du dépar- 
tement de l'Eure, t. 1, page 571. 

(3) Farin, op. cit., t. Il, page 305. 

(4) Georges Dubosc, Journal de Rouen du 18 juin rgr2. 


75 


couvrit un cercueil de plomb contenant le corps très bien 
conservé d'un ecclésiastique revêtu d’habits d'église » (1). 


C'était celui de Jean de Quintanadoine. Il fut alors porté . 


au cimetière de l’arrondissement ou de la Jatte. Aujour- 
d’hui, de coquettes habitations et des jardins verdoyants 
ont été élevés sur l'emplacement du vieux cimetière et 
cachent peut-être pour toujours la tombe du prêtre qui 
non seulement fonda les couvents des Carmélites, mais fut 
le premier à organiser des missions au Congo. 


Le Secrétaire présente ensuite verbalement quel- 
ques considérations, qu'il a ensuite résumées dans ces 
deux notes. 


Jeanne d'Arc ou? Jeanne Darc. — On n'a pas 
oublié peut-être qu'il y a un certain nombre d’années, 
un de nos travailleurs les plus estimés prit la peine 
d'écrire une petite dissertation pour prouver que la 
seule vraie orthographe était Jeanne « Darc ». 

La thèse fit quelque bruit, parce que bien des gens 
y virent ce qui n'y était pas et ne pouvait y être : un 
argument pour démocratiser la Pucelle. 

Un homme, qui a écrit bien des pages intéressantes 
sur notre héroïne, n'était pas loin d'adopter la nou- 
velle forme qui reparaît parfois çà et là. Mais un sage 
scrupule l’arrêta : il réfléchit que les Léopold Delisle, 
les Ch. de Beaurepaire et autres Maîtres s'en tenaient 
à l'écriture usitée depuis quatre siècles. | 

Peut-être n'est-il pas hors de propos de remarquer 
aujourd’hui que la liturgie, qui a donné à la bonne 
Lorraine une place officielle, écrit résolument en trois 
mots : Joanna DE Arc. 


(1) Nicétas Periaux, Dict. des rues, etc., de Rouen, page 411, 
note, 


76 


L'attrait esthétique des églises. — Nos églises nesont 
pas généralement appréciées à leur juste valeur artis- 
tique, ni par ceux que leur foi y attire fréquemment, 
ni même par les archéologues qui y trouvent un thème 
inépuisable à leurs études. Assueta vilescunt; il en 
faut toujours revenir à cette triste conclusion. Il se 
trouve bien parfois des curés qui ne rentrent dans leur 
église que pour la revoir, comme ils l’avouent à leurs 
amis; cependant leurs fonctions seules pourraient 

‘suffire à inspirer cette complaisance de prédilection. 


Mais qu’un antiquaire, qui n'est pas surtout un 
ecclésiologue, ne connaisse pas le chemin de sa paroisse, 
et se fasse pourtant scrupule de venir à Rouen sans 
visiter la Cathédrale; mieux encore, que d'éminents 
esprits, dont le culte même demeure une énigme, con- 
sentent un écart de route considérable pour revoir une 
basilique et goûtent des jouissances indéfinissables à 
contempler nos églises monumentales, ce sont là des 
faits dignes d'attention, en soi assez peu explicables. 
Car enfin nos vieux architectes n’ont obéi qu’à de 
pieuses préoccupations, sans jamais faire de l'art pour 
l'art, et néanmoins aux aspirations religieuses s'est 
surajouté dans leur œuvre tout un idéal purement 
technique dont les connaisseurs les moins chrétiens 
ne détachent pas sans peine leurs regards et leur admi- 
ration. Volontiers, leur échappe-t-il de dire, 1ls passe- 
raient leurs jours sous ces arceaux séculaires, qui 
n'ont pour eux rien que d'humain. Ne faut-il pas voir 
là ce surcroît promis par l'Evangile aux travaux faits 
avant tout pour le règne de Dicu, et la rectitude de 
pensées qui s’en inspire. | 


Notons aussi d'un mot que cette sorte de fascination 


77 


monumentale semble au secrétaire une suite appro- 
priée aux splendeurs de notre Millénaire. 

Quelques mois plus tard, nouvel incident remar- 
quable. Un architecte américain, après avoir dressé un 
devis d'un édifice considérable sur le point d’être 
achevé, s'était vu demander les plans d’une vaste 
église. Son grand voyage d’études monumentales se 
terminait dans la Seine-Inférieure ; et ce maître de 
l'œuvre, racontant à M. le Curé de S.-Georges-de-Bos- 
cherville combien la Métropole lui semblait admi- 
rable, ne cachait pas que l’ancienne abbaye lui faisait 
une impression plus profonde encore. 


M. le Président estime que la préférence de l’archi- 
tecte américain n'est pas à court d’excuses plus ou 
moins plausibles, outre une sorte de parti-pris pour 
un genre de construction admiré avant tout les autres. 
La Cathédrale d’ailleurs n’a pas cette unité de plan 
qui fait le charme de S.-Georges-de-Boscherville. 


+ Tombeau de S.-Eloi. — M. G. Dubosc souhaiterait 
qu'un petit larmier vint protéger ce joli édicule de la 
Renaissance, dont l’état de conservation laisse fort à 
désirer. Ce souci archéologique est accueilli avec fa- 
veur. 

Dans l'inscription peu banale, M. Garreta verrait 
à peu près l’équivalent de la formule commune : 
« Priez Dieu pour le repos de l'âme » de ce défunt 
dont le corps repose sous cette dalle. 


Quant à l’intéressante maison du voisinage, menacée 
de disparaître par cette passion d’alignement dont les 
méfaits ne se comptent pas, la Commission veut espé- 
rer que les intelligentes intentions du propriétaire trou- 


78 


veront écho dans les vues éclairées de l’édilité rouen 
naise (1). 


S.-Jacques de Dieppe. — M. C. Coche donne les 
meilleures nouvelles de la sollicitude éclairée qui veille 
sur ce beau monument. Le Conseil municipal vient 
encore d’y affecter un crédit de 6,000 francs. De plus, 
un inspecteur des Beaux-Arts a étudié soigneusement 
toutes les restaurations qu’il réclame. Elles compor- 
teraient une dépense d’environ 100,000 francs; et la 
Ville y contribuerait volontiers pour une somme de 
30,000 francs, partagée en trois annuités. Il semble 
bien qu'on peut compter sur un subside encore plus 
élevé du Ministère. Le Conseil général et les généro- 
sités paroissiales feront le reste. 


M. le Président, heureux de ces excellentes mesures, 
tient à féliciter M. Coche de la bonne grille de protec- 
tion dont il a entouré S.-Jacques, et que le marché 
qui se tient sur la place rendait doublement urgente. 

11 lève ensuite la séance à quatre heures un quart. 


A. Toucarp. 


(1) Une réflexion chagrine. En 1827, notre ancien collègue 
E. de la Quérière écrivit environ cent quatre-vingts notes archéo- 
logiques sur trois plans de Rouen, uniquement exécutés pour 
fixer la topographie de la ville. Combien en est-il aujourd’hui 
qui ont conservé leur aspect séculaire ; et à toutes ces retouches 
ou démolitions qu'ont gagné le pittoresque et le charme de la 
vieille cité de nos pères : Que les plus chauds partisans de la 
ligne droite et des jolies façades plâtrées répondent! (N. d. S.). 


79 
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1912 


Elle ouvre à deux heures un quart sous la prési- 
_dence de M. G. Le Breton, vice-président. 

Furent présents : MM. G. de Beaurepaire, Bouctot, 
C. Coche, Costa, G. Dubosc, Duveau, Garreta, Pelay, 
Ruel, de la Serre, Vallée, de Vesly et l'abbé Tougard. 

Se sont excusés : MM. Lefort et Minet. 


Eglise de Virville. — En ouvrant la séance, M. le 
Président s'excuse en quelque sorte de l’avoir convo- 
quée un peu prématurément. Les circonstances l’ont 
ainsi voulu. Informé par M. le Préfet d’une pétition 
déjà ancienne de la commune de Virville, qui sollici- 
tait Le classement à l'Etat de son église, 11 s'est hâté de 
réunir la Commission pour en délibérer. 

Et, tout en déployant sur le bureau plusieurs plans 
et dessins, il explique que cette très modeste église du 
canton de Goderville a été classée au département en 
1874. Ce fut l’un des derniers classements faits par 
Pabbé Cochet, à la prière du conseiller Bréard, beau- 
père de M. Paul Allard. Et M. Le Breton se deman- 
dait si elle était vraiment digne d’un classement minis- 
tériel. Ces Messieurs des Beaux-Arts s’inspirent d’une 
grande bienveillance dans leurs rapports avec la Com- 
mission. L'Administration départementale de son côté 
nous témoigne une déférence des plus honorables en 
prenant notre avis dans ces sortes de décisions. A 
nous de nous montrer dignes d'aussi hautes sympa- 
thies. 

Pour parler en counaissance de cause, M. Le Breton 
a visité dimanche le petit édifice, qu'un voyageur 


-80 


même attentif ne peut guère entrevoir en chemin de 
fer. Son automobile l’ÿ amena au cours d’une fête 
locale. L'église, peu monumentale dans son ensemble, 
vulgaire même dans quelques parties récentes, telles 
que la tourelle d'escalier, est en bon état, sauf une con- 
solidation au support de droite, et un travail minime 
au sommet du clocher. 

Le secrétaire explique qu’un bon curé n'avait pas 
craint de faire exécuter quelques travaux peu justi- 
fiables, en même temps qu'il blanchissait l'intérieur. 
La commune n'a pas deux cents habitants, et il avait 
dû faire une partie des frais. Aujourd’hui, rattachée à 
la paroisse de Houquetot, elle n'a plus de curé, ce qui 
tient l’église fermée, sauf un jour ou deux la semaine. 

En sollicitant le classement, la municipalité a voulu 
obtenir une allocation. Or le service des monuments 
historiques de l'Etat ne dispose que d’un budget de 
1,200,000 francs. Quel sacrifice pourrait-il faire pour 
Virville? et au prix de quelles formalités et de quels 
délais? Le plus simple et le plus pratique serait d’obte- 
nir de la préfecture un subside à prendre sur le fonds 
des Monuments historiques départementaux. 

M. Bouctot demande quel crédit leur est affecté. Il 
est actuellement de 9,000 fr., après avoir été nombre 
d'années de 15,000 fr. L'abbé Cochet l'avait même fait 
porter à 25,000 fr. Quant au reliquat aujourd’hui 
disponible, l'allocation ne semble pas avoir été enta- 
mée, ce qui n'est pas sans exemple. 

M. Ruel croit que les travaux de nos édifices dépar- 
tementaux doivent être dirigés par des architectes des 
Beaux-Arts. Il en a été longtemps ainsi, ce qui ne fut 
pas sans provoquer de légitimes récriminations. Mais 
depuis une dizaine d’années au moins, M. Lefort est 


81 


chargé du service entier, sauf la cathédrale, des monu- 
ments historiques, tant de l'Etat que du département. 
On l’a bien vu aux derniers travaux de l'église de 
Moulineaux. 

La délibération ayant ainsi pleinement étudié la 
question, M. le Président met d’abord aux voix le 
classement au Ministère qu'a demandé la commune 
de Virville. Personne ne lève la main. Il propose en- 
suite un subside à obtenir sur le budget de nos édi- 
fices départementaux. Cette motion est votée à l’una- 
nimité. 

A la séance suivante, M. de la Serre a offert pour 
l’album un intéressant dessin de l’église. Il y a joint 
cette note : 


« Les parties intéressantes de l’église de Virville sont 
la tour centrale, le chœur et l'abside. Ces parties sont 
du xne siècle, roman. 

Le clocher est une tour carrée en pierre, dépassant 
le faîte du vaisseau et terminée par une flèche qua- 
drangulaire en ardoises. Elle est percée sur chaque face 
de quatre ouvertures à plein cintre, les deux centrales 
plus grandes que les deux autres et subdivisées en deux 
lancettes, également plein cintre. 

» Le chœur est éclairé par deux fenêtres, dont les 
archivoltes formées de billettes se prolongent horizon- 
talement de part et d'autre. L’abside, demi-circulaire, 
est soutenue de contreforts plats; sa corniche est ornée 
de têtes grimaçantes. 

» La corniche de la tour est garnie de modillons 
cubiques ». | 


Lecture est alors donnée du procès-verbal de la der- 
nière séance. MM. Costa et Garretta le complètent par 
| 6 


82 


leurs conclusions sur les reliures armoriées qu'ils ont 
étudiées en commun. 


Correspondance imprimée. — Elle se décompose 
ainsi : Notices et Mémoires de la Société archéol. 
de Constantine, 19r1,t. XLV, 1912; — Société libre 
de l'Eure, année 1911. Evreux, 1912; — Société... 
de la Drôme, Bull. 183; octobre 1912(1); — Bull. 
de la Societé de Touraine, XVIII; 1912, ret2; — 
Bull. de la Soc... de Langres, 87, sept. 1912; — 
Revue de l'Avranchin, XVII; 1912, 1, — Bull. de la 
Soc. polym. du Morbihan, fasc. 1 et 2; — Comité. 
de Noyon; l'ancien Noyon, XXIII; — Soc. d'Emu- 
lation d'A bbeville, V ; Documents sur le chapitre et 
l’église S.-Wulfran ; — Société archéol. de Tarn-et- 
Garonne, XXXIX, année 1911; — Société des Anti- 
quaires de l'Ouest, 1912, 1 et 2; — Soc. archéol. de 
Sens, XX VI, 1911; — Ch. Fortin, à propos d'une 
maison de la rue des Emmurées {extrait).— Hommage 
de l’auteur ; — Duveau, Notes archéol. (extrait). — 
Hommage de notre confrère. 


Verrières. — Revenant sur ce passage du procès- 
verba!, M. Garreta déplore les mutilations qui ont spé- 


cialement atteint les fenêtres du côté droit de l’église 
S.-Ouen. 


On fait remarquer qu'à l'étranger des inscriptions 
rappellent aux parents qu’ils sont responsables des 


(1) La Société vient de donner une nouvelle édition (150 pp. 
gr. in-8°; avec notice et planches) de la Bibliographie du chan. 
UL Chevalier, membre de l'Institut. Cette réimpression enre- 
gistre 519 numéros. Les deux tables qui l’accompagnent en font 
un utile recueil d'informations qui rappelle les Bibliographies 
Ch. de Beaurepaire et L. Delisle. 


83 


dégâts commis par leurs enfants. Ces textes commina- 
toires se lisaient aussi sur nos murs autrefois, mais on 
a négligé de les renouveler. | 

Il importerait de dresser un état des vitraux les plus 
remarquables de S.-Patrice, S.-Godard, etc. M. Costa 
signale un jeune travailleur de Rouen, M. Jean La- 
fond, que ses longues études de nos verrières ont rendu 
singulièrement habile dans la description de ces anti- 
quités locales. M. le Président observe que divers 
membres s’y sont aussi appliqués, mais que les 
lumières d’un spécialiste sont évidemment très appré- 
ciables. 


_ Verrières de S.-Vincent. — La protection de ces 
belles œuvres d'art n'est pas une question récente. 
_M. Lefort a promis là-dessus un rapport aux Beaux- 
Arts; et mieux encore la Ville, avec des ressources très 
limitées, a déjà renouvelé plusieurs grillages. Cette 
année, cette utile campagne n’a pas jusqu'alors été 
continuée. 

M. le curé, en fournissant ces renseignements au 
secrétaire le 24 juillet, avoue qu’une autre entreprise 
lui tient au cœur : l'établissement de bonnes grilles 
devant la façade et sur le côté nord, pour protéger les 
murs et surtout les angles des contreforts « contre les 
profanations et les souillures qui tous les jours cho- 
quent l’œil du chrétien, de l’artiste, ou simplement de 
l'homme bien élevé ». | 

Ne conviendrait-il pas que la Commission remer- 
ciât la Ville de ce qu'elle a fait pour S.-Vincent, et lui 
demandât d'étendre sa sollicitude aux autres vitraux 
artistiques, en sollicitant l’assistance du Conseil général 
pour multiplier ces sages mesures de préservation. 


84 
M. Garreta obtient la parole et s'exprime ainsi : 


« Maison de M. de Sainte-Foy, conseiller au Par- 
lement de Rouen. — En parcourant tout récem- 
ment l'Architecture Française, de Jean Marot, à 
Paris, chez Jean Mariette, rue Saint-Jacques, aux 
Colonnes d'Hercules MDCCXX VII, 1 vol. in-folio. 
(Biblioth. de Rouen, fonds Montbret, S. 13), 3 plan- 
ches attirèrent plus particulièrement mon attention : 

» 1° Elévation de l'entrée de la maison de M. de 
Sainte-Foy, conseiller au Parlement de Rouen ; 

» 2° Elévation du dedans de la cour de la même 
maison ; 

» 30 Le dedans du Sallon de M. de Sainte-Foy. 
Elles sont signées toutes les trois : Jean Marot fecit. 

» Je suppose qu'il s'agit de Dominique de Montfort, 
sieur de Sainte-Foy, recu en 1653 Conseiller au Par- 
lement de Normandie. 

» Je signalerai aussi du même J. Marot, I 369 (dj, 
biblioth. de Rouen, pl. 182. | 

» Berceau de treillage de la maison de M. de Ben- 
serade, à Arcueil. Ces noms se rattachent à notre 
région ». 

M. C. Coche se fait alors un plaisir de transmettre 
les pages intéressantes écrites par notre confrère M. Ca- 
hingt pour cette séance, avec deux fac-similés photo- 


graphiques (28 m/m X 91 et 119 X 76). 


DOCUMFNTS SUR LE CANADA (1639-1660) 
Par M. H. CAHINGT 


MESSIEURS, 


Il y a quelques mois, en annonçant le départ d’une 
mission qui allait représenter la France aux fêtes du tri- 


85 


centenaire de la fondation de Québec, notre distingué 
collègue, M. G. Dubosc, exprimait le regret qu'aucun 
Normand n’en fit partie. Rien de plus juste, car les Nor- 
mands avaient été les principaux artisans de la coloni- 
sation. Ils avaient été à la peine, ils auraient dù être à 
l'honneur. 

En effet, dans la Compagnie des Cent Associés, on 
trouve trente noms de Normands (le tiers), et parmi ces 
derniers, principalement des Rouennais et des Dieppois (1). 

Ce fut de Dieppe, que partit définitivement Champlain. 
C'était de Dieppe que, chaque année au printemps, par- 
tait la « flotte du Canada », comme l'appelle le P. Four- 
nier, en son Hydrographie. 

Quoiqu'il en soit, je pensai à rechercher dans les rares 
archives de l’Hôtel-Dieu de Dieppe s’il ne s’y rencontrerait 
pas quelque document sur la fondation de celui de Qué- 
bec. Car, vous n'ignorez pas, Messieurs, que les trois pre- 
mières religieuses qui, à la prière de la duchesse d’Aiguil- 
lon, nièce de Richelieu, allèrent à Québec, sortaient de 
Dieppe (2). 

Grâce à la bienveillance de MM. les Administrateurs et 
du Directeur, qui voulurent bien m'autoriser à fouiller 
dans leurs cartons, j'eus la bonne fortune de rencontrer 
des documents inédits et sans doute inconnus, que notre 
collègue, M. Coche, le distingué président des « Amis du 
Vieux Dieppe », veut bien vous présenter en mon nom. 
Les voici : 


I. — Lettre de Louis XIII, 10 février 1639.— Louis, 


(1) Dieppois de la Compagnie des Cent Associés : Simon 
Dablon, syndic; André Daniel, docteur médecin, Charles Daniel, 
capit. de navire; Michel Jean, avocat ; la veuve de Nicolas Blon- 
del, échevin. Charles Daniel fit plusieurs voyages au Canada. La 
relation en est imprimée à la suite du livre de Champlain (1632). 

(2) Réciprocité touchante! C’est maintenant le Canada qui 
nous envoie des religieuses. Il en est arrivé quatre de Québec 
en 1J12. 

4 


86 : 


par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre, au pre- 
mier huissier ou sergent sur ce requis, salut. Le propre de 
notre puissance royale étant de fortifier les faibles, prester 
ayde et support à ceux qui en sont destitués, et relever de 
misère et de pauvreté ceux qui en sont abattus, nous 
avons toujours eu une inclination particulière au bien et 
soulagement des pauvres et au maintien et support de 
ceux qui les servent, que nous tenons en notre protection 
spéciale. 

Pourquoy avons reçu une grande satisfaction du récit 
qui nous a été fait par plusieurs personnes notables et 
dignes de foi du bon ordre qu'ont apporté nouvellement 
les religieuses hospitalières des hopitaux de nos villes de 
Dieppe et Vannes, lesquelles se dévouant entièrement selon 
leurs instituts et professions au service des hôpitaux et y 
servant les pauvres à leurs frais et dépens, sans rien pren- 
dre des revenus d’iceux pour leur nourriture et entretien, 
lesquels sont dus naturellement à tous ceux qui ser- 
vent, donnant une si bonne odeur et forme de vie à tous 
nos subjects, que leur nombre se multipliant avantageu- 
sement comme il faut, elles pourront subvenir pareillement 
à la plupart des hôpitaux de notre royaume, qui, par leurs 
sains, seront restaurés et rétablis en leur estat et admi- 
nistrés en perfection telle que l’avons toujours souhaité 
pour le soulagement des nécessiteux et infirmes, ainsi 
qu'ils sont destinés. Ce que nous devons espérer d'autant 
plus que nous savons qu'aucunes d'elles, animées d’un cou- 
rage male et viril et transportées de zele et charité, en- 
treprennent de passer en nos pays de la Nouvelle France 
pour y établir l’'Hôtel-Dieu qu'y a fondé notre cousine, la 


Duchesse d’Aiguillon, afin de réduire par les actes d’huma- 


nité et de piété conjointement les sauvages et infidèles à 
vivre en société et embrasser notre foy. Mais connaissant 
que cet ordre naissant et encore dans son berceau a besoin 
de notre support plus proche et immédiat, et que dans le 
désordre des hôpitaux les biens, qui ont été donnés par 


RE RS Re dlee RE CRE CR CG CN AE OR AEES u7 mmm 


87 


nos prédécesseurs, ont été ostés pour la plupart et usurpés 
par les plus puissants voisins, lesquels ne faisant conscience 
de les retenir et qui, pis est, craignant que la sollicitude 
et vigilance des dites religieuses à l’économie et conserva- 
tion d’iceux ne fassent connaître qu'ils en ont diverti depuis 
de longues années, traversent par divers moyens les dites 
religieuses et leurs établissements et accommodements et 
les empêchent et intimident tant en l’entreprise due aux 
hopitaux qu'en l'exercice de leur ministère envers les pau- 
vres. Aussi que l'autorité et crédit des usurpateurs est telle 
sur les lieux que aucun n'ose leur prêter aide et Conseil. 
A quoi voulant pourvoir et donner moyen aux dites reli- 
gieuses de s’exeinpter de la longueur et multiplicité des 
procès que la puissance de leurs parties pourrait faire en 
divers lieux, nous étant toujours réservé, selon les exi- 
gences du cas, de départir nous mêmes directement une 
justice aux misérables que faisons distribuer à nos amés 
sujets par nos officiers ordinaires. 
Pour ces causes et aux bonnes considérations à ce nous 
mouvans, avons, de notre propre mouvement, certaine 
science, pleine puissance et autorité royale, évoqué et évo- 
quons par ces présentes signées de notre main, à nous, 
par notre Conseil, tous les procès et différents mus et à 
mouvoir en nos Cours et Parlements par devant nos amés 
juges esquels, les dites religieuses hospitalières de Dieppe 
venant à Nouvelle-France, auront intérêt pour raison de 
leur établissement es dits lieux de Dieppe, Vannes et 
Nouvelle-France durant le temps de trois ans pour les 
dits procès, avec leurs circonstances et dépendances, être 
par nous jugés et terminés en notre Conseil. Faisons très 
expresse inhibition et défence à nos dites Cours et Juges 
d'en connaître et aux parties d'en faire poursuite ailleurs, 
à peine de nullité, cassation de procédure, dépens, dom- 
mages et intérêts. Et pour cet effet, mandons et comman- 
dons montrer et signifier les dites présentes lettres et faire 
les défences accoutumées à nos dites Cours, afin qu'elles 


88 


n’en prétendent cause d’ignorance. Et à la réquisition des 
dites hospitalières, assignées à certain et compétent jour 
en notre dit Conseil et Cour auquel il appartiendra pour 
y procéder comme de raison de ce faire. 
donné à St Germain le X de février 1639, de notre règne 
le vingt neufvieme. 
Sceau royal encore adhérant. 


Contre sceau aussi adhérent, Signé : Louis. 


II. — Francois par la permission divine Archevesque de 
Rouen, Primat de Normandie, à notre chere fille sœur 
Elisabeth de St François, Supérieure de notre Hostel- 
Dieu de Dieppe, Salut et bénédiction. Sur ce qui nous a 
esté humblement remonstré tant par la Dame Duchesse 
d'Esguillon fondatrice de l'Hospital de Quebec que par 
vous, de ce que la dicte Dame désirait avec zèle et pour le 
soulagement des pauvres sauvages faire passer cette année 
sous mon bon plaisir deux religieuses de votre maison au 
dict hospital de Québec. À quoy inclinant et scachant que 
lesdicts Sauvages ont grand besoin de secours, nous vous 
enjoignons, en vertu de sainte obédience, de faire choix, 
capitulairement assemblées toutes les religieuses de la 
maison, de deux sœurs que vous aurez à conduire sous 
bonne et sure garde au dict lieu de Québec. Tant pour y 
assister les sœurs qui y sont dès l’année passée que les dicts 
pauvres sauvages et y vivre selon leur institut sous la direc- 
tion de celuy que nous avons preposé pour superieur de 
nostre part des dictes religieuses, Vous donnant et à elles 
notre bénédiction. Faict à Rouen en notre Palais Archie- 
piscopal le vingtieme jour de mars mil six cents quarante. 
FRanc., Arch. de Rouen, par le command. de mon dict 
Seigneur, Moranger. 


IH. — Nous soubs signé, Jean Heaumé prêtre, cy 
devant Curé d'Ancourt et directeur de l'hostel-Dieu de 
Dieppe. Suivant la lettre de Monseigneur l’Illustris, et 


89 


Révérendis. Archevesque de Rouen, Primat de Norman- 
die, escrite de sa propre main à Madame la Duchesse 
d'Esguillon dont la teneur ensuit. « Madame, en l'instant 
» que iay receu vos lettres du 25me de ce mois, en sortant 
» de la chaire, iay pris la plume pour vous faire la res- 
» ponce que vous desiriés qui est l’octroys de deux hospi- 
» talieres que vous voudrés choisir a notre hostel Dieu de 
» Dieppe pour aller aider leurs sœurs a fonder la charité 
» xrienne dans cette France que vous vous préparés pour 
» le Ciel. Dieu benit ce zelle heroique que vous avés pour 
» son St temple et la sanctification de son nom dont nous 
» preschons auiourd’huy : je vous supplie seullement que 
» côme vous voies que ie respons en toutes choses et sy 
» promptement à vos intentions, il vous plaise donner 
» ordre que l’on n'imprime plus les relations qui ce fai- 
» ront a ce païs ou Dieu nos associe a son œuvre de 
» l’'Evangille qu’elles ne soient vues et approuvées de nous 
» ou de nos confreres dont il sera fait mention affin que 
» Dieu ne soit pas seullement servys, mais servys en esprit 
» et vérité selon l’ordre qu'il luy a plû establir et pres- 
crire en son Esglise à laquelle servant ie suis Madame 
vostre tres humble serviteur, Francois Archevesque de 
» Rouen, ce 26€ febyrier 1640 ». 


Suivant icelle lettre et conformément à la charge et 
pouvoir que iay dans ce dict hostel-Dieu de Dieppe de la 
part de mon dit Seigneur l’Archevesque iays permis aux 
sœurs JEANNE DE St Marie Religieuse de chœur (1) et 
CATHERINE DE St NicoLas Converse (2) de sortir du dit 
monastère de l’Hostel-Dieu de Dieppe pour s’embarquer 


(1) Jeanne Supli, 27 ans, morte l’année suivante, le 5 mars 
1641, fille unique d'une riche famille de Normandie, d’une 
grande beauté, avait été victime d’un rapt à la suite duquel sa 
santé était restée chancelante. 

(2) Catherine Vironceau, morte en 1687 à 78 ans, est agée de 
31 ans. | 


00 


à la flotte qui est preste a partir de ce port pour Canadas 
dans le vaisseau admiral de la ditte flotte ou commande 
le capitaine Corpon, à la charge que durant leur dit voiage 
sur mer elles seront conduitte et assistée par le R. P. 
René Menard, de la Compagnie de Jesus destiné des Revi’ 
Pres Jesuistes pour la mission en la Nouvelle France, ou 
estant icelles religses arrivées au Monastère de Québec 
présenteront cette obedience a la R. mere de St Ignace, 
supérieure du dict Couvent se soubmettant a elle en toutes 
choses conformement a leur institut et constitutions 
qu’elles ont garde de tout temps à l’hostel Dieu de Dieppe: 
et mesme seront ausy assistees les dittes Religieuses en 
leurs necessités spirituelles de quelques uns des R4 Pres 
Jesuiste iusque a ce que Monseigneur l’'Archevesque y 
puisse pourvoir autrement, auquel elles donneront advis 
de leurs comportements bonne conduitte progres et esta- 
blissement au voiage annuel de la ditte flotte, signé de 
l’un des dits peres Jesuistes pour y pourvoir selon les 
necessités occurentes par mon dit Seigneur l'Archevesque. 
Fait a Dieppe le vingt quatriesme jour de mars l'an de 
grace mil six cent quarante. HEAUMÉ. 


IV. — Memoire de ce qui a esté envoyé a l’hostel Dieu 
de Quebec, le mois de mars de l'année 1640 en meubles 
et provisions pour la nourriture de quinze pauvres (et 
quelques fois plus). Pour le chappellain, Item cinq reli- 
gieuses, une tourière, et sept ouvriers, premierement. Au 
navire du capitaine Corpon, cinq ponçons de farine, 3 p. 
de gru, trois barils de lard, un baril de biscuit, demy baril 
de fruits secs, et trois demy barils de raisins. Au navire 
du capitaine Ancellot, cinq ponçons de farine, trois pon- 
çons de gruheux, demy barils de lard, trois barils de 
lard. Au navire du capitaine Cabot, trois boucaux, un 
poinçon, une gonne et quattre barils pleins de meubles, 
cinq poncçons de farine, un ponçon de houbellon, demy 
poinçon d'orge, un ponçon et un baril de pruneaux, sept 


O1 


barils de pois, un baril de raisin, demy baril de rafrai- 
chissements, deux demy barils d’huile, demi baril et un 
cart d’eau de vie, un cart de miel et un cart de fromage, 
demy baril de ferraille, une caisse aux sierges, deux caisses 
à chandellés. Au navire de St Jacques, cinq poinçons de 
farine, 4 poinçons de gru, 1 ponçon de blé, 7 barils de 
lard, un baril d'orge mondé, un baril de biscuit, un baril 
de drogues pour l’appoticarrerie, demy baril de Ris, un 
baril de pois, un baril de plusieurs sortes de rafraichisse- 
ments (d'eau de vie), deux demy-barils et quattre carts de 
beurre, un baril de pruneaux. 

Signé : Elisabeth de S' François; plus bas, en chiffres : 
165 1.,155s. 

V. — Ma tres chere et tres honorée sœur, La paix de 
N.S. (1). J'ay reçu la vostre et les temoignages des affec- 
tions de votre cœur comme une marque tres sertaine du 
cincere et cordial amour que vous me portes ce quy n’a 
pas peu augmenté les joyes et contentemens dont nostre 
cœur est comble en la Nouvelle France vray paradis des 
religieuses. Vous m'obliges extremement de m’ecrire avec 
la liberté que vous aves faict, je crois que vous ne cerez 
pas moins satisfaicte que je fasse le mesme. Je benis et 
loue Dieu de tout mon cœur de ce quy vous a donne 
n. Rie Mere pour superieure. Je n’en ay pas reçu peu de 
contentement, encor qu'il me soit bien dificile de sup- 
porter son absence; il n’y a que celle quy sont separée de 


(1) Lettre autographe de Marie Guénet de St Ignace, la pre- 
mière Supérieure de l’Hôtel-Dieu de Québec. Elle avait 29 ans. 
Sur un fragment d'obituaire, on lit « la mère Marie Guenet de 
S: Ignace a prins l'habit le 7e de mars 1627, a faict profession 
le 19° de mars 1628; elle a esté envoyée en Canadas le 
18e d'avril 1639, où elle est décédée en naudeur (sic) de St teté 
(sic), 5 novembre 1646 (36 ans) ». 

Etait parente, peut-être la fille, d’un des Cent Associés, riche 
banquier de Rouen. Admirable femme sur laquelle on n’a que 
peu de documents. 


02 


mille ou douze cents lieux quy experimentent combien 
cette mortification est sensible. 11 est vray que les grans 
biens que nous recevons de son assistance, nous oblige a 
vouloir avec vous qu’elle demeure en l’antienne France, 
ou je voudrois trouver quelqun quy la remerciat et recon- 
nut pour nous tous les travail qu'elle prend a nous acom- 
moder. Je m'atens, bien chere sœur, que vous le faicte le 
plus cordialement qu'il vous est possible; mais ce n'est 
rien en comparaison de ce que merite sa charité que, 
toutes les personnes quy en ont eu connaissance en la 
Nouvelle France, admirent, nous tenant heureuses d’avoir 
une si bonne mere. Sans elles nous aurions des peines 
extresmes a subsister en ce pays ou l'on {n’] advance qu'a 
proportion du secours que l’on reçoit de l’antienne France. 

Je ne trouve point estrange que vous vous estonnies 
que j'aye faict les demandes que vous me mandés, mais je 
ne say comme vous aves pu pencer qui m'en soit venu la 
moindre ydée. Sy jamais creature fut estonnée ce fut moy, 
quand l'on me dit qu’il venait des professes, et encore 
plus des conditions. Je pense qu’il y a quelque chose de 
caché la dessous, que vous ny moy n’entendons, encor 
que nous en pencions plusieurs façons. Je n’avois garde, 
ma bien aymée sœur, d’escrire une relation à Monsei- 
gneur l’Archevesque. Vous scaves que je n’ay point d’abi- 
tude pour cela et de plus les occupations que nous avions 
pour la quantité de malades. qu’il nous falut assister, l’in- 
firmité asses grande ou nous sucombames toutes trois 
l'une apres l’autre, a force de travail, les provisions qu'il 
faloit recevoir et visiter, la maison que nous fesions acom- 
moder a nostre usage ne nous donnoit pas seulement le 
temps de pencer sy nous estions en Canadas, et ce que 
nous y fesions. Cette année, j'ay envoye a Sa Grandeur 
un recueil de choses les plus particulieres quy se soient 
passee en nostre hospital. Je ne pence pas neanmoins que 
cela le contente : car, a ce que je puis entendre, il desi- 
reroit la relation de ce pays mais elle n’est pas en ma dis- 


93 


position. Je n’ay rien de fermé a ma R% et très chere 
Mere de St François quelle ne puisse ouvrir facilement, je 
ne pouvois pas faire autrement l'an passé; mais puis quelle 
estoit nostre Rde M., il m’a semble qu'elle me devoit tres- 
ter en cela comme sa fille. Je me la tiens tout autant que 
celle quy ont le bonheur d’estre en sa compagnie, je luy 
manderay bien. 

Je ne say quelles sont les liberallites dont vous me 
mandes que j'ay eue envers les matelots; je n’ay donné 
que ce j'ay suplie n. Rd Mere de faire bailler a Dieppe. Je 
n'avois chose quy soit qune douzaine dimage et 2 de cha- 
peles de bois que j'ai portes a Kebec j'estois sortie de la 
maison sans que l’on meuts donne un seul agnus. Je nen 
avois pas peu de confusion. Les R Rd: Meres ursulinnes (1) 
n'estoient pas de mesme; tout lequipage se ressentit de 
leurs liberallités en livres, reliqueres, chapellès, moy je 
les renvoyay tous a n. Rdquy n’a pas manque de les 
contenter, en quoy elle nous oblige fort : car quand nous 
avons affaire de ces bonnes [gens] ils sont tout pres a nous 
donner contentement. J'en ay sarge un de lestre que je 
desire estre donne a main propre; peut estre vous baillera 
t-il celle sy ou a n. Ré Mere. Que ma sœur Anne du tout 
ne les rebute point : une autre fois il ne nous voudrois pas 
faire le plaisir que nous leur demanderions. 

Je ne manqueray pas de faire ce que vous desirés envers 
mon pere, J'en avois deja pris la resolution devant la lec- 
ture des vostres. J’ay recu tous les Agnus que n. Rî 
Mere nous envoie, exepte les petites coquilles que juse 
Bien aymee sans agnus pour les Sauvages quy ne sont 
point baptises. Il ne se faut pas mettre neanmoins en 
peine den faire a l’advenir de sans : car tous ou peu s’en 
faudra des Trois Rivieres et Sillery (2) seront baptises 


(1) Par le même navire étaient aussi parties trois religieuses 
ursulines. 


(2) Village dans la banlieue de Québec. 


94 


l'année prochaine. Je vous dirois plusieurs particularités 
de la foy et devotion de ces bons neophites ; mais jespere 
que vous verres la relation et en recesveres ce contente- 
ment plus acompli que je ne le pourrois pas vous donner. 
J'ay cru que vous recesveries du contentement d’aprendre 
ma disposition, voilla telle quelle est en sincérité. 

Je suis en ausy bon point comme j'estois avant que je 
crachasse le sang, cela ne (m’en) pesche pas que l’escriture 
ne m'en aye faict jeter moderement, de huit jours je qui- 
tay pour quinze cet exercice et se mal me laissa libre pour 
le faire facillement. Vous voyes la nescescite que nous 
avons de papier, 

L'estude de la langue nous a tout faict consommer et 
bien d'autre que le R. pere Superieur nous a preste. Cette 
estude est la plus grande crois de Canadas. Je suis résolue 
di employer toute ma vie quelque temps et sy apres cela 
il faudra que je souffre destre une vraye ignorante. Je 
nuse jamais pence quil eut este sy nescescere de scavoir le 
parler sauvage, et lon ne croiroit pas la difilgulte de cette 
langue. J'ay parle lun de ces jour a un des R. P. passés 
cette annee : il m'a dit quil auroit plustost apris lebreu, 
le grek, lalemant, que le langage des sauvages. Sy jay le 
temps jen escriray quatre lingnes a n. Rd Mere et luy 
envoiray tout les quantiques quy se chante en cette lan- 
gue. Les chant sont facilles a trouver et cest tout ce que je 
puis envoier de ce pays. J’ay faict toute la diligence quil 
_ ma este possible pour avoir les petites raretés que vous 
me mandes; nous voila au quizieme d’Aoust, et sy lon ne 
men a point envoye je pourois trouver du poil (1); mais 
la priere qua faict le R4 pere Lalemant au RR. peres de 
ne faire paser aucun m'a fortifiée dans la resolution que 
j'avois de faire le mesme, il y a plus d'honneur. 

Je salue toutes celles a quy je n'ay point le temps d’es- 
crire, les supplians de croire que je les voudrois enbraser 


L 


(1) Fourrures ? 


95 


en nostre chair pays avec autant de joye et jubilation de 
cœur que je fis nos tres cheres sœurs de Ste Marie et de 
St Nicollas et vous plus particulierement comme estant de 
cœur et affection tres sincere, 

Ma tres chere et bien aymée sœur, 

Vostre tres humble servante et plus affectionnée sœur 


en NS. 
MaRie DE St IGNACE, R. I. 


De Kebec, ce 15° jour d’Aoust 164 (0). 

J'oubliois a vous dire, chere sœur, que je ne pouvois 
pas mander ce que je ne prevoiës pas touchant ce que vous 
scavés. Je voudrois que nostre communaute vit les sincere 
affection de mon cœur. Je n'ay garde vouloir ofencer 
celles avec lesquelles jay une éternité a demeurer. 


A ma tres chere et honoree sœur, 


SŒur MAGDELEINE DE S'-XAVIER. 


VI. — Ma RK. Mère. La paix de N. S. (1). La Mère de 
Ste Marie et la sœur de St Nicolas sont arrivées en bonne 
santé, grâce à Dieu. Mais la premiere est tombée malade 
peu de jours après son arrivée, et n'est pas encore bien 
guérie, et de longtemps ne pourra soulager vos bonnes 
sœurs; du reste elle est telle que vous la dépeignez, d’une 
très bonne humeur et très vertueuse, comme est aussi la 
sœur de St Nicolas, qui a cela par dessus qu’elle est forte et 
robuste. Dieu soit loué de tout, il a fait tout pour le 
mieux et vous aussi. 

Je pense que vous devez songer, si les occasions se pré- 
sentent, de filles commodes et un peu riches, à peupler 
médiocrement cette maison icy pour bien des raisons : 
1° cela soulage les religieuses dans le travail qui est grand 


(1) Le P. Vimont, qui écrit cette lettre, avait pour mission de 
convoyer les religieuses qui passaient ou repassaient de France 
en Canada. 


96 


en ce pays surtout aux malades et aux [trois mots illisi- 
bles]; 2° cela sert à l'observance des règles et a la consola- 
tion d'une communauté; 3° une ou deux peuvent tomber 
malades et mourir; et que deviendraient deux ou trois 
pauvres filles parmi ces vastes contrées et deserts ? Je 
n’écris à aucune fille et Jaisse tout cela à votre prudence 
et charité et a votre Communauté. On aurait besoin d’une 
fille qui sache bien écrire et fut propre entre temps aux 
comptes et aux affaires et à être dépositaire; la mère supé- 
rieure les entend très bien, mais elle est seule. 

Ni vos sœurs ni moi n'avions écrit à Madame ni a autre 
personne pour avoir des professes de peur d’'incommoder 
votre maison, faisant venir la pension. Je vous avais écrit 
le contraire si vous vous en souvenez; j'avais même écrit 
à Madame pour des filles novices : mais Dieu, à ce que je 
vois, en a voulu disposer autrement. Cette année, on n’en 
écrit d'ici rien qu'a vous, on vous laisse tout le choix pour 
qui et quand vous voudrez. 

Vos trois sœurs, qui étaient ici, ont trés bien fait, et 
pour les règles, et pour la vertu, et pour les pauvres; elles 
ont contenté les Français, et les sauvages et nos pères; 
j'en ai eu une très particulière satisfaction. Outre ce que 
j'ai dit, elle se sont montrées fort dociles. J'ai prié le R. 
P. Le Jeune de les assister avec moi aux choses spiri- 
tuelles. J'ai voulu qu’elles eussent le contentement de cette 
consolation. Vous le connaissez de longtemps, vous fiant 
sa vertu et sa prudence. La R. M. de St Ignace a eu par 
intervalles de petites maladies ; elle se porte pourtant 
mieux qu’en France, et avec bien du courage et de la 
charité pour les pauvres. Catherine (1) ne me semble avoir 
aucunement l'esprit propre pour la religion, et outre cela 
a l'esprit bien faible. Je n'ose me hasarder à lui donner 


(1) Catherine Chevalier, servante qu'elles avaient amenée. Elle 
fut atteinte pendant quelques mois de folle, et massacrait les 
animaux de la basse-cour. 


97 


l'habit, cela ferait tort à votre maison. Je pense qu'il 
faudra s’en défaire avec le temps; voyez ce que vos sœurs 
vous en écrivent. 

Le prêtre qu’elles avaient ici (1) a continué chez elles 
et continuera encore comme je crois, et même pourra en- 
tendre leur confession ordinaire, ou moins souvent, notre 
R. P. Général et notre R. P. Provincial le désirent. Il 
serait bon qu'il eut quelque pouvoir par écrit pour ses 
confessions ordinaires de Mgr l’Archevèque de Rouen, ou 
plutôt de M. Heaumé de sa part. Voyez le R. P. Lalle- 
mand là-dessus. 

Si la fondation n’eût été augmentée, vos sœurs n’eussent 
pas pu subsister, et encore auront-elles bien de la peine. 
Elles se font bâtir à Sillery auprès de nous et des Sau- 
vages, qui ne veulent pas aller à Québec quand ils sont 
malades. Il a fallu qu'elles se soient hâtées de bâtir, et par 
conséquent prendre plus d'hommes; car le feu ayant brûlé 
l’église de Québec (2) on n’a pu trouver autre lieu pour 
servir d'église que la salle des malades. Et ainsi, sans un 
bâtiment nouveau, vos sœurs fussent demeurées sans 
maison et sans exercice, et le peuple sans église. Faites 
bien entendre ceci au P. Lallemand et a Madame mème. 

Leur bâtiment a été commencé en juillet dernier. La 
Mère de Ste Marie y vint mettre la première pierre. Il est 
a chaux et a sable, a 50 pieds de longueur en dedans 
œuvre, et elles y pourront loger au printemps, Dieu ai- 
dant. Six de nos gens de Sillery y travaillent avec les leurs. 
Je les leur ai fait prêter, avec nos bœufs pour porter la 
chaux et la pierre. Elles n’en nourrissent que deux, autre- 
ment leurs provisions ne suffiraient pas. Cela se rendra 
doucement à leur commodité, et peut etre que Madame à 
qui nous écrirons, sans rien lui demander, suppléra pour 
vos sœurs. 


(1) L'abbé Lesueur, de Thury-Harcourt (Calvados) ? 
(2) Chapelle des Jésuites, qui étaient arrivés en 1633. 


7 


98 


Ce que les Messieurs de la Compagnie de la Nouvelle- 
France vous demandent, et à vos sœurs, est le prix de la 
charpente du bâtiment qu'elles font, avec environ seize 
cents de planches, pour le mème sujet, dont le marché 
avait été fait et accordé, et même les matériaux préparés 
avant la première arrivée de vos sœurs en Canadas. M. le 
Gouverneur (1) redemanda ici, à vos sœurs, cette somme 
qui va haut, et m'en parla; mais nous lui remontrames 
que cela s'étant fait et payé mème par le magasin de çes 
Messieurs avant l’arrivée de vos sœurs, ils devaient faire 
cette aumône aux pauvres du pays ou la demander à 
Madame leur fondatrice, Et en effet ils se sont adressés à 
Paris, et elle nous écrit qu'ils lui ont donné parole que 
vos sœurs n'en payeront rien. Et nous en écrirons encore 
a Madame, afin que la parole qu'on lui a donnée soit rati- 
fiée et exéçutée. Pressez cette affaire doucement pourtant, 
çar elle est d'importance : elle absorberait demi année et 
plus du revenu de vos sœurs et forcerait fermer l'hôpital 
une année et quitter tout. Les Messieurs comme seigneurs 
du pays, doivent contribuer au soulagement des pauvres, 
et Madame les oblige assez par ailleurs. \ 

Nous travaillons aux ratifications de l'écrit que vous 
désirez pour vous les envoyer et a M. Cramoisy (2). Ce 
sera bien fait de procurer quelques omônes pour la cha- 
pelle de vos sœurs qui est bien pauyre. Vous leur avez 
envoyé un beau calice, grâce à Dieu; elle manque de 
ciboire, mais en ces ornements allez médiocrement. 

Il faut songer fortement au logement et défrichement 
pour la nourriture des pauvres et des religieuses. J'ai fait 
cette année tout le possible pour le soulagement spirituel 
et temporel de nos sœurs et des pauvres, Priez Dieu qu'il 
me donne le moyen de pouvoir continuer, Elles auraient 


(1) M. de Montmagny. 


(2) Libraire de Paris, membre de la Compagnie des Cent 
Associés. | 


99 


besoin d’un menuisier qui puisse aussi un peu charpenter. 
Cela leur est entièrement nécessaire, pensez y bien. Car 
l'an prochain, trois de leurs maçons s’en vont. Le bâti- 
ment étant achevé, ce qui sera l'été prochain, il faudra 
absolument ne prendre des hommes qu’à proportion du 
revenu. Il faut patienter et s’efforcer encore cette année, 
vous voyez comhien moi même j'y fais contribuer. 

Vous avez bien marqué ce qui était en chaque navire; 
mais vous n'avez pas envoyé aucun mémoire de ce qui 
était en chaque pièce, boucault, poinçon, caisse et cart, et 
ce dernier est nécessaire, Le P, Lallemand nous soulage 
infiniment par cette façon, il la vous expliquera. 

Il y a ici un honnête homme (1) et qui est des gens de 
M. le Gouverneur qui fait tous les actes et les pièces né- 
cessaires pour vos sœurs, On ne sait que lui présenter. 
L'argent n’a point de cours ici et n’y en a point ou fort 
peu. Si vous pouviez lui envoyer un petit cart de 7 ou 8 
pots de vin d'Espagne, cela serait bien expédient et même 
agrérait à M. le Gouverneur, lequel continue à servir de 
père et protecteur à vos sœurs en ce pays. Continuez, je 
vous prie, à le remercier. 


Nous prions ici Dieu pour votre affaire de Dieppe ; je 
l'appréhende, car elle est extrêmement d’importance et 
pour votre maison et pour votre ordre. Nous en écrirons 
encore à Madame, mais cela, comme je crois, sera inutile 
car elle sera jugée. J'écris encore à M. de la Bidière (2) 
pour désapprouver son opinion et l'en blamer ; je n'écris 
rien du tout à M. Dablon, il ne m'a pas écrit, je ne lui 
avais pas écrit; ce qu'il fait en cela ne me plait pas, sa 
poursuite est mauvaise. J’appréhende cette affaire, j'ai 
peur de vos lettres l’an prochain. L'amour pourtant qui, 


(1) Jean Bourdon, de Rouen, arrivé au Canada en 1634; 
arpenteur, ingénieur de M. le Gouverneur. 

(2) Des Landes de la Bidière, maître des requêtes à Paris, 
bienfaiteur de l’Hôtel-Dieu de Québec. 


+ LES 


CP ZX 7) 
. 


100 


je sais, le porte aux pauvres et à la vie religieuse, me fait 
bien espérer. Vous nous en écrirez. 

J'ai reçu celles qu'il a plu à la R. Mère de la Croix de 
m'écrire; celle ci servira bien de réponse. Je ne lui dirais 
que les mêmes choses. Je la salue de cœur. 

Vos sœurs écrivent une petite relation à Monseigneur. 
Elles vous en envoient copie. 

Vos sœurs sont logées à présent en une maison qui 
appartient à un habitant du Canada, entre Sillery et Qué- 


bec, en attendant l’achevement de leur bâtiment. Car si 


elles fussent demeurées à Québec, n'ayant aucun lieu du 
tout pour recevoir un seul malade, elles fussent demeu- 
rées cet automne et cet hiver sans aucun exercice. 

Plusieurs blament leur demeure à Sillery, mais elle 
était nécessaire entièrement pour le présent, nous ne pou- 
vons pas répondre du futur, il n’y a que Dieu qui le sait. 
Elles eussent été du tout inutiles à Québec. Le bâtiment 
de Sillery coûte moins à faire de plùs de mille livres, que 
celui de Québec n’en coûte à achever. Il n'était avancé 
que jusqu'aux poutres de la cave; ce n’était rien, et la 
pierre trop difficile à avoir. Ce qui est commencé ne sera 
pas perdu. 

J'ai fait faire cette année deux maisons à Sillery pour y 
retirer quatre familles sauvages. Nonobstant tous ces tra- 
cas dans les incertitudes d’un nouveau pays, 1l se faut 
déterminer à quelque chose. 

Les Ursulines n'ont encore ni maison ni terres; elles 


ont reçu quantité d’aumônes de pieuses personnes de 


France. Il serait bon que le père Lallemand fit entendre 
ceci doucement à Madame en quelqu'occasion, afin de voir 
si elle en pourrait faire tomber à vos sœurs. 

On continue le défrichement des terres de vos sœurs à 
Québec et non à Sillery. La terre est meilleure à Québec 
mais les Sauvages se plaisent de résider à Sillery. Il n'y a 
pas encore plus de six arpents de terre de défrichés pour 
vous en tout. Cela n'a pas laissé de soulager vos sœurs et 


IO1 


le soulagera encore cette année. Mais enfin, croyez moi, 
c'est une chose étrange des grands frais qu'il faut ici pour 
faire peu. Avec le temps, les difficultés se diminueront. 
Jé me recommande à vos S. S. prières et de toute votre 
communauté. J'en ai un grand besoin dans ces affaires 
incertaines et difficiles au possible et surtout parmi les 
imperfections auxquelles je me vois sujet. 


Ma KR. Mere, 
V. Tres humble serviteur en J. Christ, 


B. VIMONT. 


A Sillery, ce ser septembre 1640. 


J'oubliais de vous dire que nous avons obligé vos reli- 
gieuses, le P. Le Jeune et moi, a prendre l'hiver des robes 
de chambre sur leurs habits, tant pour s’aider contre le 
froid rigoureux que pour ce qui coûte encore bien avec 
cela. Je leur ai même donné un peu d’étoffe pour ce 
sujet. Pourvoyez-y a l'an prochain, car cela est nécessaire 
ici l'hiver, et ne change rien à l’habit qui demeure entier. 
Ces robes s’otent incontinent après le froid. 


A la R. Mère, la M. Elisabeth de St François, 
Supérieure des Religieuses hospitalières, à Dieppe. 


VII. — Ma Révérende Mère, la paix de nostre Seigneur 
et son humilité pour salut (1). 

J'ay leu vos lettres avec plaisir. Ie vous ay tousiours 
aimée en celuy qui est le vray amour ; il est vray que ie 
vous verois volontiers icy mais votre maison a besoin de 
vous. Ce n’est pas que vous soiés plus saincte et plus ver- 
tueuse que les autres; mais vous avés plus de cognois- 
sance de vos petites affaires : aimons Dieu, ma fille, n’épar- 


(t) Du P. Lejeune, né en 1592, envoyé au Canada en 1632, 
mort le 7 août 1664. 


102 


gnons rien pour son service, qu’il soit béñy à larmais. le 
vous iroy chercher dans son cœur si ié vous veux voir; 
mais parlons d’affaires. 


10 Vos trois sœurs se sont tres bien comportées toute 
l’ainée. La mere dé St Ignace a quelques infirmités, mais 
encor me semble-t-elle plus saine qu’en France. Une 
bonne santé est icy bien nécessaire. Cette bonné mere ést 
docile, franche et candide. Tant que vos sœurs garderont 
cet esprit elles ne manqueront point de secours, des 
esprits couverts gasteraient tout. Le R. P. Vimont n'obmet 
rien pour les ayder. Je me persuade que vous croiés assés 
que ie ne leur manque pas au besoin; Îay l'œil que l’in- 
térieur aille bien, ien suis satisfaict. 

20 La mere de Ste Marie et la Sœur de St Nicolas sont de 
bonnes religieuses. Celle la est tombée malade bien fort 
après son arrivée, elle n'a point de santé, c’est un agneau 
qui ne m'attristeroit guere s'il s’en alloit dans le bercail 
du vray Berger (1). Pour la sœur de St Nicolas, elle ren- 
dra de bons services. 


30 Les François et les Sauvages aiment vos sœurs. Les 
Sauvages les appellent les bonnes, les charitables, les libe- 
rales, ie prie Dieu qu'il continue sa benediction sur ceste 
nouvelle maison. Tout est si changeant én cesté vie qu’on 
se doit deffier de tout, et plus de nous mesmes que de 
toute autre chose. 


4° Vos sœurs auront un bel hospice a Sillery des cet 
hiver; les sauvages les ont désirées proches d'eux, Cela 
estoit nécessaire pour l'exercice de votre institut et pour 
la consolation des uns et des autres; madame d’Aiguillon 
l'avoit désiré. Le lieu est fort commode; un ruisseau pas- 
sera dedans la maison. 


5° N'’envoiés point de chappelain : celuÿ qui est icy est 
desja fait au païs et rend de bons services à vos sœurs. 


(1) Morte l’année suivante, 5 mars 1641. 


103 


60 La mere de St Ignace ny vos sœurs n'ont fait aucune 
plainte de votre maison ny a Madame ny a personne ; on 
les a estonnées et nous aussy quand a mandé quelles 
s’estoient plaintes de leurs bonnes sœurs. Peut-être que 
ceux qui retournerent l'an passé, voiant lé peu de meubles 
quelles avoient pour lé grand nombre de leurs malades, 
firent des plaintes d’eux-mesmes : car vos sœurs scavoient 
bien qu’elles n’avoient apporté que pour six malades, et 
ainsy elles ne se plaignoient pas. 


7° Vos sœurs n’ont point demandé de professes à Mada- 
me d'Aiguillon; elles ont été bien estonnées quand elles en 
ont veu une. C’est moy qui vous avois demandé à Madame, 
vous nommement, en cas que vatre affaire avec M. Dablon 
fut terminée. Peut-estre que Madame voiant que vous ne 
pouviès venir a demandé une autre professe. On n’en de- 
mandait point d'autre que vous, et ce n’estoient pas vos 
sœurs mais un pauvre pescheur qui vous Era icy pour 
l'intérest de vostre nouvelle maison. 


8° J'ay recommandé encor ceste année vostre affaire à 
Madame la Duchesse d’Aiguillon, ie veux dire le procès 
avec M. Dablon. 


g° Si vous envoiés des novices, il ne faut pas avoir 
égard a la seule docilité mais a un bon dot, a un esprit 
capable d'apprendre la langue des sauvages et capable destre 
dépositaire, d’escrire et conduire vos petites affaires et a une 
forte santé. La mere de St Bonaventure est d’un excellent 
naturel, et une ame bien disposée aux dons de Dieu, si 
elle se forçoit un peu plus. 


C'est ussés pour ceste annee. Adieu jusques au ciel. 
J'avois demandé à Dieu la conversion de dix familles sau- 
vages devant ma mort; il a plus faict que ie ne deman- 
dois. Si sa bonté vouloit faire une affaire que ie recom- 
mande à vos prières, ie vous pourrois peut etre voir encor 
une fois en France, mais en passant car ce ne seroit pas 
pour y subsister. le salue toute vostre communauté. Pries 


- 


104 


pour un pescheur qui vous est a toutes et a vous particu - 
lièrement, 


Ma Re Mere. 
Tres humble et obeissant serviteur selon Dieu, 
Paul LE JEUNE. 


A Sillery, 2 de septembre 1640. 


A la Reverende mere, la R. mère Elisabetz de St Fran- 
çois, Superieure de l’Hospital a Dieppe. 


VIIT. — La paix de N. S. ma Re Mère. C'est en ceste 
charge ou vous este retournee, grâce a Dieu, que je vous 
souhaittois il y a long temps, et je vous y ayme mieux 
qu’icy, n’estoit que vous peussiés estre en deux endroicts. 
Combien que vos bonnes sœurs et moy avons parlé de 
vous le long de ceste année! Dieu soit loué de tout. J'ay 
receu en nostre magasin toutes les provisions de mes 
bonnes filles, et ay bien reconneu qu'elles avoyent esté 
faictes par une personne toutte de cœur. Je prie Dieu qu’il 
vous le donne aussy grand comme je vous le souhaitte. 


Vous ne scauriés croyre la joye que nous avons eu tous 
a l’arrivee de vos bonnes sœurs, qui nous ont appris ou 
plustost confirme l’ardeur et l’affection que vous avés pour 
ce païs, et d'autre part elles ont esté fort consolées de voir 
le proffit qui reussit de l’hospital : nostre joye a esté un 
peu rabatue par la maladie de la mere Ste Marie qui a esté 
en danger; mais maintenant elle commence a se mieux 
porter. C’est une fille bien simple, et bien docile ; j'espere 
qu'elle fera bien. La bonne sœur de St Nicolas est telle 
qu'il faut en ce païs, vertueuse et bien active. N'y a til 
point de filles assés courasgeuses pour venir icy faire leur 
novitiat. J'en souhaitterois une dèémi-douzaine. Je ne vous 
mande point de nouvelles, car vous les apprendrés touttes 
de vos bonnes sœurs que je tascheray de servir en tout ce 


105 


quy me sera possible. Je me recommande a vos sainctes 
prières, et vous suis de cœur et affection, ma Re Mère, 


Serviteur bien humble en N.S. 
Claude QUANTIN. 


De Kebec, ce 24 Aoust 1640. 


A la Re Mère, la M. Elisabeth de St François, Supérieure 
des Religieuses de l’hospital à Dieppe. 


IX. — Antoine Gaulde, ptre, docteur en Sorbonne, 
Chantre et chanoine en l’Eglise de N.-Dame de Rouen et 
Vicaire g! de Mgr l’Illustrissime et Reverendissime Arch. 
de R. Primat de Normandie à N. Chere Sœur la Supe- 
rieure du Monastere des filles de la Misericorde de Dieppe, 
salut en N. Seigneur. 

Sur la remonstrance qui a esté faicte par vous à mondict 
Seigneur de la necessité en laquelle se trouvent les reli- 
gieuses de vtre monastère qui sont en la Nouvelle France 
pour satisfaire à la grande multitude de malades et du 
besoin qu’elles ont d’estre aydées et soulagées de deux 
autres religieuses de votre dict monastère, de l’auctorité de 
Monseigneur et de son special mandement nous vous 
avons permis et permettons par les présentes d’envoier en 
la ditte Nouvelle-France et faire conduire sous bonne et 
sure garde la sœur de Ste Geneviefve et de St Joachim (1), 
que votre communauté a jugées les plus propres et les 
plus capables pour ce glorieux employ ; de ce faire vous 
donnons permission. Fait à Rouen au palais Archiepis- 
copal le r9° jour de mars 1648. GauLpes. 


X. — Lettre autographe de M. de Harlay. — Pour 
servir d'ordre a la Superieure et communauté de nos filles 


(1) Marthe Sermontos, Marie Deschamps, embarquées à Dieppe, 
une arrivées le 15 août 1648. 


106 


di 


de l’Hostel-Dieu de nostre ville archiepiscopale de Dieppe, 
d'envoyer au plus tost et sans delay la Sr de l’Assomption 
a la tres illustre, tres honoree et tres pieuse dame Mar- 
quise de Seneley Dame d’honneur de la royne, pour estre 
par elle proposée à Sa Majesté comme élue et destinée pour 
la fondation et repeuplement de la maison hospitaliere de 
Canada, ainsy que par ordre de sa dicte Majesté, la dicte 
Dame nous a tesmoigné. Et ce avec toute l'édification ét 
bienséancé et seureté requises à l’embarquement prochain 
qui se doit faire à la Rochelle et sous la direction du vene- 
rable P, Vymont, qui a receu notre benediction et mis- 
sion pour cet effect, selon l’ordre que nous en avons donné 
aù R. P. Recteur de notre Collège Archiepiscopal de la 
Compagnie de Jesus, son supérieur, représentant notre 
personne et auctorité. Lequel escrit servira d'ordre à la 
Communauté, d’obedience à la religieuse et de pouvoir à 
notte missionnaire. Fait et ordonné sous peine d’encourir 
nôtre indignation et en vertu de notre obedience en notre 
audience archiepiscopale en notre chasteau archiepiscopal 
de Gaiïllon, ce 13 mars 1648. 


F., Archevesque de Rouen. 


Par le commandement de Monseigneur, EsPrir. 


XI, = Jay soussigné, Marguerite de Ste Gertrude, supe- 
rieure du monastère de la Misericorde, estably à l'Hostel- 
Dieu de Dieppe, suivant le pouvoir et commission ex- 
presses qui m'a esté donné par Monseigneur l'Ilustrissime 
et Revérendissime Archevesque de Rouen, Primat de 
Normandie donne obedience à notre très honorée Mère 
Anne de l’Assomption (1) religieuse professe de notre dit 
monastère de Dieppe, capitulairement et juridiquement 
élue par nostre communauté pour aller à la Rochelle 


« 


attendre l’embarquement et de là passer à la Nouvelle- 


(1) Anne Leriche, arrivée au Canada le 19 août 1648. 


107 


France, selon le desir de la Reverende Mère Marie de 
St Bonaventure, superieure de l’Hostel-Dieu de Québec et 
autres religieuses de la maison pour les soulager dans le 
grand travail que leur petit nombre souffre, a raison du 
‘ St employ que leur donnent les Sauvages. Et testifie que 
la ditte religieuse mérite d’estre receue et assistée charita- 
blement par tout où elle passera comme notre tres chere 
et bien aimée Mère. Je ne luy marque point son gite et 
ne lui taxe point ses journées, m'en remettant à la pru- 
dence du KR. pere Vimont de la Compagnie de Jesus lequel 
a ordre de mon dit Seigneur pour cet effect. fait en notre 
dit monastère de la Misericorde de Dieppe, le 17e de mars 


1648. 
MaRGUERITE de Ste Gertrude. 


XII. — L'an 1648, ce jeudy 16° jour d'avril, devant 
moi soussigné Adrien Hue, ptre, notaire apostolique, juré 
et immatriculé suivant l’edit du roy ou dioceze de Bayeux, 
furent presentes la Révérende Mere Marie de la Con- 
ception, supérieure du monastère de la Miséricorde esta- 
bly au dit Bayeux et les mères Marie Magdeleine de 
St Augustin assistante, Barbe de St Paul maîtresse des 
novices, Catherine de St Joseph dépositaire tant pour elles 
que pour et au nom de toute la d. communauté compa- 
rantes au parloir du dict monastère. Lesquelles ont dé- 
claré que Sœur Catherine Simon dicte de St Augustin (1), 
novice dans le d. monastère ayant esté élue pour aller a 
Kebec en Canada dans un monastere de leur ordre n’au- 
roit pu faire sa profession avant que de partir de leur dit 
monastère, veu que le temps de l’embarquement presse et 
que s’estant capitulairement assemblées au son de la clo- 


(1) Catherine Simon de Longpré, d’une illustre famille du 
diocèse de Bayeux, morte le 8 mai 1668 en odeur de sainteté, 
surnommée la Ste Thérèse du Canada, Les catholiques du 
Canada attendeht sa canonisation, 


108 


che elles avaient résolu et arrester de nommer et consti- 
tuer la vénérable mère Anne de l’Assomption, religieuse 
professe du monastère de Dieppe du même ordre, ou la 
supérieure d’un autre monastère du dit ordre, pour recevoir 
et accepter au nom de la ditte communauté les vœux et 
profession que la dicte sœur Catherine Simon de St Au- 
gustin pretend faire après son aage accomply devant 
Monseigneur l’illustrissime et reverendissime évesque du 
lieu ou pour lors elle se trouvera, sans neanmoins que la 
ditte sœur Catherine de St Augustin puisse estre censée 
professe d'autre monastère, en vertu de la profession faite 
ailleurs, que dans celui de Bayeux, afin que si, ce qu'a 
Dieu ne plaise, la maison de Kebec tomboit en ruines 
ou qu'autrement la dicte sœur fut obligée de revenir 
en France, elle ne puisse aller en autre monastère pour 
y vivre le reste de ses jours que dans celui de Bayeux, 
dont elle sera censée professe ; et à ceste fin ont donné et 
donnent pouvoir à la superieure d'un autre monastère 
de leur ordre d'accepter au nom de la communauté de 
Bayeux les vœux et profession de la dicte sœur Cathe- 
rine de St Augustin. En témoignage de quoy elles ont 
signé en présence de vénérables personnes Maistres René 
Forestier et Thomas Huëé, ptre demeurant au dit Bayeux, 
appelé pour témoings. 


XIII. — Copie collationnée à Kébec du contrat de fon- 
dation des « coches et carosses » entre Paris et Soissons, 
sur quoy la Duchesse d’Aiguillon avait gagé les 3000 I. 
de rente qu'elle donnait aux hospitalieres de Kebec (1639). 
Collationné par nous Martial Peraube, commis au greffe 
du tabellionnage de Québec en la Nouvelle-France l'an 
1641, le 18 septembre. M. Peraube. 


XIV. — Quittance des religieuses de l’hotel-Dieu de 
Quebec, a ete fait par devant Guillaume Audouart, secre- 
taire du Conseil estably par le roy à Quebec, notaire 


109 


2 


royal en la Nouvelle-France, en presence de Marie de 
St Bonaventure de Jesus superieure, Marie Renée de la 
Nativité (1) dépositaire. — La mère de St Jean Baptiste 
superieure du couvent de Dieppe. 


Fait et passé au parloir extérieur du dit couvent à Qué- 
bec, le 20° jour d’aoust 1658 ; en presence de Julien Mar- 
tin et Pierre le Febvre, tesm. soussignés : 


Signatures de G. AUDOUART, J. MARTIN, P. LEFEBVRE. 


Marie de St Bonaventure de Jesus, — Anne de St Ber- 
nard, — Marie Renée de la Nativité, — Jean Lebey, 
prestre. 


XV. — Quebec (2) le meme jour reçut deux grands pré- 
[sents : 


L'un fut un hospital pour les pauvres familles, 
| L'autre une école pour ses filles. 
Depuis les riches dons se sont passé cent ans. 
De leurs saintes institutrices 
Ces deux saintes maisons ont conservé l'esprit ; 
Et de là ce pays en a tiré le fruit 
Que s’en estoient promis leurs nobles fondatrices. 


XVI. — Memoire de ce que les filles qui passent doi- 
vent fayre (3). 

Il faut qu'elles prennent un petit garçon habitué sur 
mer, pour leur aller querir leurs necessités dans le vais- 
seau. 

Quelles fassent provisions de vin pour le passage; 
20 bonnes bouteilles pour chaque personne. 

Pour chaque personne 4 pots de vinaigre le plus fort, 


(1) Renée Boulic venue de Quimper le 14 juillet 1654. 
(2) Vers sans date ni signature. 
(3) De la main du R. P. Ménard, 


110 


De la perce-pierre et des capres, 

De l'eau de canelle, une bouteille pour chaque fille, 

Des tablettes avec tériacques et essence de perles, 

Quelques odeurs divertissant celui du goudron. 

Les plus chétifs habits et matelas, ce sont les meilleurs 
pour le passage des rafraichissements en quantité, plus 
aigres que doux et confortatifs. 

Des agnus, chapelets, etc., pour distribuer aux matelots. 


M. de Vesly reprend, pour ne plus l’interrompre, 
espérons-le, le cours de ses notices si intéresantes : 


[. — Trésor monétaire de la ferme Cotelle. — Le 
4 septembre dernier, les journaux de Rouen annoncérent 
que le pont Cotelle avait été dynamité et les bâtiments de 
la ferme du même nom démolis pour la construction des 
voies da garage entre les stations de Saint-Etienne-du- 
Rouvray et de Sotteville, sur le chemin de fer de Paris. 

Dans ces travaux, les ouvriers découvrirent un trésor 
monétaire caché dans les murailles de la ferme. Les 
monnaies étaient enfermées dans un vase en terre dont 
l'intérieur et le col étaïent vernissés d’un ton vert tandis 
qu’une poterie grossière et brune servait dé couvercle. 

Point n’est besoin d'écrire que le vase fut brisé et que 
les ouvriers se partagèrent le butin dans lequel se trou- 
vaient plusieurs pièces d’or. 

La découverte de la cachette monétaire serait restée 
ignorée sans le récit des journaux ; car elle s'était pro- 
duite en dehors de la surveillance des chefs de chantier 
et leur avait été soigneusement dissimulée. 

Dès que la nouvelle en fut publiée, M. Martin, ingé- 
nieyr principal des chemins de fer de l'Etat, s’employa à 
recueillir les monnaies en la possession des ouvriers de 
l'entreprise Girard; mais déjà, les pièces en métal pré- 
cieux avaient disparu, et un des ouvriers avait abandonné 
le chantier le jour mème, mais les poches remplies. 


Lit 

De mon côté, j'avais fait les démarches pour retrouver 
le trésor. À mon approche, les lèvres restaient closes 
et les bouches muettes : c'est alors que M. Martin 
voulut bien me confier pour les examiner et les inven- 
torier 406 monnaies, formant le reliquat du petit trésor de 
la ferme Cotelle. 

Je n'y ai trouvé aucune pièce d’or, mais 30 monnaies 
d'argent parmi lesquelles je citerai : un demi-écu de 
Charles VIIT, un autre de François It, un teston de 
Henri II et des quarts d’écu à l'effigie de ces rois ainsi que 
de Charles X, cardinal de Bourbon, archevêque de 
Rouen. 

La majorité du trésor, 367 pièces, était composée de 
244 douzains (billon saucé) et de 123 doubles tournois 
(cuivre). 


Voici la répartition de ces monnaies : 


1° Douzains de Henri III...,........ . 117 

— Henri IV......,.... 100 

— Charles X.......... 27 

— Pape Clément VIII... 66 

Divers ou illisibles...,..,,.......... 34 
244 244 douz. 


20 Doubles tournois de Henri III1.... 68 
— Henri IV.... 19 
ne frustes ou illisibles. 36 


DRE 


323 23 d. t. 


Soit un total de.............. 367 pièces 

de peu de valeur sur 406 inventoriées. 
D'après les millésimes de frappe, on peut admettre que 
le trésor de la ferme Cotelle a été caché un peu avant 


l'année 1604, et renoncer à l'hypothèse qui en fait un 
dépôt opéré lors des guerres de la Ligue et du siège de 


112 


Rouen par Henri IV (1590), puisque l'émission la plus 
récente reconnue est de 1603. 

Le vase n’a pu être reconstitué, de nombreux débris 
ayant été dispersés. 


II. — Avyaries au Chêne-Chapelle d'Allouville. — Dans 
la nuit du 30 septembre au 1er octobre, le vent soufflant 
en tempête arracha, brisa, coucha sur le sol un grand 
nombre d'arbres du plateau de Caux. Le chène d’Allou- 
ville, ce colosse végétal, qui depuis mille ans, subit l'assaut 
des éléments, dut payer son tribut à l'ouragan. 

Une des grandes branches N. N. O. de la couronne 
(voir la carte en A) fut éclatée près du tronc (en B), sans 
se détacher complètement. La municipalité d’Allouville 
prit immédiatement des mesures pour réparer les dégâts et 
prévenir les accidents : la branche fut ramenée dans la 
position normale au moyen de crics et de leviers, puis des 
étais furent placés en B, C et D. 

Deux branches E F furent abattues, puis les poteaux 
fixés. Ces mesures de protection d'un arbre célèbre, 
richesse du pays et visité par de nombreux touristes, 
méritent nos félicitations puisqu'elles ont assuré temporai- 
 rement la conservation du monument historique. 


Cependant, il me paraît préférable, dans mon incompé- . 


tence en arboriculture, de faire visiter le chène d'Allou- 
ville par un agent forestier qui donnerait son avis sur les 
moyens à employer pour conserver la branche mutilée (1). 
Tel est le résumé, ajoute M. de Vesly, de la lettre 
que j'ai adressée à M. le Préfet. 


III. — Coffret de fer de Varimpré. — Appelé à exa- 
miner les divers meubles et objets rares réunis dans le 
château de Varimpré, aujourd’hui propriété de M. le 
vicomte Pierre de Kergaradec, je crois devoir signaler le 
beau et rare coffret de fer pouvant dater de la fin du 
xue siècle. Ce bijou fut offert à M. de Girancourt par 


(1) La branche a été enlevée par le bücheron. 


1.0 

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LE CHÊNE D’ALLOUVILLE 


Après la tempête de la nuit du 30 septembre 1912 


113 


J.-M. Thaurin, son collègue à la Commission des Anti- 
quités. 

J.-M. Thaurin, on le sait, fut non seulement l'investi- 
gateur infatigable du sol de Rouen, mais également un 
véritable fureteur dans toute l’acception du terme. C'est 
grâce à son opiniâtreté, jointe à ses connaissances en 
archéologie, qu’il put réunir la collection entrée au Musée 
en 1877, et dans laquelle, outre les objets réunis lors des 
grands travaux de voirie de notre cité, se trouvent de 
nombreux bibelots ramassés dans les départements de la 
Seine-Inférieure et de l'Eure. Aussi le témoignage qu'il 
donne de sa découverte du coffret, contenu dans sa lettre 
d'envoi à M. de Girancourt, nous est-il doublement pré- 
cieux. C’est pourquoi il nous paraît bon de citer la lettre 


en entier : 
«a Rouen, le 13 mars 1866. 


« Monsieur de Girancourt, daignez agréer l'hommage 
que j'ai l'honneur de vous faire du coffret en fer qui 
accompagne ma lettre. Je le crois très ancien; et, si Je 
ne me trompe, on peut sans exagération rapporter au 
xue siècle le style roman des nombreuses figures et des 
ornements très caractéristiques qui le décorent. 

» Ce coffret faisait d’ailleurs partie d’une grande quantité 
de ferrailles provenant, les unes, de la commanderie de 
Renneville, sur la route de Conches (1) (Eure), et les 
autres, de Sainte-Vaubourg et de la Neuville-du-Bosc (2), 
près du Champ de bataille, canton de Beaumont-le-Roger, 
où se trouvent de nombreuses constructions romanes... 
et romaines. 

» Ces ferrailles, au nombre desquelles se trouvaient de 


(1) Localité où le fer fut travaillé dès la plus haute antiquité. 
La flèche de la Cathédrale de Rouen a été fondue à Conches. 

(2) Des chapiteaux, provenant de l’église démolie de la Neu- 
ville-du-Bosc, se trouvent au Musée de Rouen, salle Cochet, 
no 112-114. 


E14 


magnifiques serrures, furent acquises à l’époque de lila 
Révolution par un vieux serrurier du pays dans la forge 
duquel on les vit longtemps. 

» C'est du petit neveu de ce vieillard que je tiens le cof- 
fret dont j'ai l'honneur de vous faire hommage ici. 

» Comme toutes choses anciennes ce petit meuble, que 
J'on n'a heureusement pas trop frotté encore, a néanmoins 
reçu quelques adjonctions de mauvais goût, la serrure par 
exemple, qui est toute moderne, 

» Je suis honteux de vous présenter ce coffret avec sa 
garniture dans l’état où elle se trouve; mais il m’a été im- 
possible de la rendre plus propre, bien que j'aie fait à cet 
égard un essai qui n’a pas réussi. | 

> [ne me reste plus, Monsieur, qu'à vous prier, etc... 

_ Signé : J.-M. THAURIN DE LAVOISIER >. 


Telle est l’origine bien établie du coffret, aujourd'hui en 
la possession de M. le vicomte de Kergaradec. 

Maintenant il faut étudier le rare bibelot. 

Il est en fer doux et malléable, permettant l'étampage et 
la gravure. Sa forme prismatique pour le corps mesure en 
longueur o m. 23, en largeur o m. 105 eto m. 06 de hau- 
teur, ce qui donne à l’objet une hauteur totale de o m. 165. 

Le couvercle est relié au corps du coffret par une char- 
nière qui en prend tout le bord extérieur. 

Les deux faces latérales présentent le même parti déco- 
ratif avec les mêmes motifs en médaillons. 

Dans le médaillon de gauche, une cigogne, au col replié, 
occupe le centre ; dans celui de droite se voit un cavalier, 
ses bras lui servent de bridon pour diriger l’animal qu’il 
chevauche, dont la queue se développe en volutes et en 
feuilles digitées. 

Le médaillon central montre deux animaux fabuleux ; 
un grand et un petit, grimpant l’un sur l'autre. Le plus 
grand tient un bouclier et sa queue se termine en un 
cnroulement caractéristique. | 


115 


Ces trois médaillons sont reliés entre eux par une tête 
formant boucle et par des nœuds de feuillages remplissant 
les vides des rosaces. 

La mème décoration est appliquée sur la face posté- 
rieure. Néanmoins, dans la face principale, le trou percé 
dans la tête de l'animal pour le passage de la clé indique 
bien, comme l’a écrit M. Thaurin, que la serrure a été 
placée postérieurement et qu’il y a là une addition. 

Pour les faces latérales toujours décorées de médaillons, 
celui de gauche est rempli par un cavalier présentant un 
fruit à un oiseau grimpant sur la courbe supérieure du 
médaillon, tandis qu’à l’opposé, un autre oiseau se hisse 
les ailes éployées pour remplir l’espace laissé vide ; sous le 
cheval un saurien se traîne jusqu’au feuillage et à un fruit 
pomiforme, semblable à l’arum des chapiteaux de Vezelay. 
Un chevalier, armé d’un bouclier carré avec umbo, com- 
bat dans la face latérale de droite un oiseau symbolique 
qui, lui aussi, est porteur d’un bouclier rond et rosact à 
huit cantons. Ainsi que dans les précédents motifs, des 
rinceaux à feuillages complètent l’ornementation. 

Pour le couvercle, la décoration se développe dans la 
forme trapézoïdale des faces et le médaillon semble aban- 
donné. Dans la face antérieure ce sont deux oiseaux qui 
évoluent en X et dont la partie inférieure se termine en 
rinceau comme le basilic du moyen âge. Pour la face 
postérieure, deux animaux, nés dans l’imagination de 
l'artiste, se tournent le dos, et sur leurs ailes accouplées, 
une femme nue est assise. De ses cuisses s'échappent des 
rinceaux qui se croisent et vont s'épanouir en volutes 
dans les angles du coffret. 

Pour la petite face trapézoïdale gauche du couvercle, le 
médaillon est de nouveau adopté, mais pour donner pas- 
sage à un motif floral tracé sur un diagramme de la fleur de 
lis avec pétales s’enroulant gracieusement. Deux oiseaux 
affrontés occupent le centre du médaillon. à 

La petite face de droite comprend un animal passant à 


116 


travers des rinceaux à feuillages retombant et incurvés. La 
partie rectangulaire et supérieure du couvercle est décorée 
d’un diapré losangé, dont chaque figure est ornée de 
feuilles caractéristiques de l'époque romane. Sur les marges 
et les rampants sont tracées des frettes ou bâtons rompus. 

Je ne connais, dans aucun des musées que j'ai visités, 
nul objet semblable au coffret détaillé ci-dessus. 

Ni le Louvre, ni Cluny, ni aucune des collections des- 
sinées par Claude Sauvageot (1), par Labarte (2); les 
exemples donnés par H. Havard (3) et L. Roger-Milès (4) 
ne présentent de modèles identiques au coffret de 
Varimpré. 

Les petits meubles reproduits par les auteurs cités plus 
haut sont des coffrets en or, en argent ou en ivoire, enri- 
chis de métaux et de pierres précieuses, ou bien encore 
des petites châsses en émail. 

C'est aux motifs de l’architecture et de la décoration 
romane qu'il faut en appeler. Tel, par exemple, le tombeau 
du prieur Guillaume, dans le cloître de Nouaillé ou encore 
au tombeau de Javarsay au Musée de Niort. 

En résumé le coffret de Varimpré présente les carac- 
tères architectoniques des monuments de la fin du 
xue siècle, et je n'hésite pas à le dire une œuvre de la 
période romane secondaire. 


IV. — La croix Saint-Christophe à Freneuse. — Lors- 
qu’on jette les yeux sur une carte de la Seine-Inférieure, 
on s'aperçoit qu’une des boucles les plus fermées du fleuve, 
dans son cours inférieur, forme la presqu'île dite de Tour- 


* 


ville-la-Rivière. C’est un promontoire allant de l'est à 


(1) Art pour tous. 

(2) Art industriel au moyen age. 

(3) Dictionnaire de l'imeublement et de la décoration, par 
H. Havard. 

(4) Les arts et la curiosité. 


117 


l’ouest, un éperon du plateau de Boos descendant de la cote 
144 mètres à celle de 14 mètres, voisine du pont suspendu 
d'Elbeuf. La crète de ce promontoire est à plein jalon et 
ne subit d’inflexion que vers le col de Tourville pour se 
relever jusqu'au carrefour de Saint-Christophe, sommet 
de la côte de Freneuse. 

On jouit en cet endroit d’un des plus jolis et remar- 
quables points de vue de la région. On y aperçoit de 
chaque côté le cours de notre beau fleuve, les riches cul- 
tures de Freneuse et de Martot et les frondaisons des 
forèts de Bord et de Rouvray. Aussi s'explique-t-on que ce 
point fut choisi par les Normands pour surveiller l'ile 
d'Oissel et par les Allemands pour y établir un poste 
en 1870 (1). 

Est-ce à cette position que le calvaire de Saint- 
Christophe doit tant de souvenirs et de superstitions si 
lointains qu’on n'en connaît point l'origine? Les nour- 
rices viennent y amener les jeunes enfants pour assister à 
leurs premiers pas. Le laboureur examine avec inquiétude 
le crucifix lorsque gronde l'orage qui menace de détruire 
ses récoltes : car la croix de Saint-Christophe éloigne les 
nuages, les sépare, et les renvoie déverser la pluie et la 
grèle sur Elbeuf, Pont-de-l'Arche et Oissel (2). 

Le villageois, qui croit toujours au merveilleux, tient de 
ses ancêtres qu'une cloche remplie d'argent est cachée 
dans le tertre sur lequel la croix est plantée ! Aussi, lorsque 
le service vicinal fit ouvrir, il y a quelques mois, la nou- 
velle route reliant la gare de Tourville au coteau de Fre- 
neuse, tous les yeux étaient:ils fixés sur les pioches des 
terrassiers. 

Or, malgré les entailles faites dans le piton crayeux 


(1) Les gardes mobilisés rouennais du commandant Randon 
avaient occupé ce poste d'observation avant les Allemands. 

(2) Léon de Vesly, Superstitions et vieilles coutumes (Bul- 
letin de la Société libre d'Émulation, année 1905) 


118 


pour réunir la voie nouvelle au chemin du Gal à celui 
des Tilleuls descendant vers le village de Freneuse, 
aucune découverte ne fut faite. 

Cependant il ne fallait pas désespérer de trouver en ce 
point les vestiges d’une petite chapelle mentionnée dans 
des titres anciens, rappelés par MM. Ch. de Beaure- 
paire (1) et Saint-Denis (2). C'est pourquoi je me décidai 
à pratiquer des fouilles au carrefour Saint-Christophe. 

Après examen du terrain, J'eus le bonheur de frapper au 
bon endroit, car il était visible que le calvaire n’avait été 
planté ni sur l'emplacement d’une chapelle et encore moins 
sur celui de l'autel démoli. 2 

Une tranchée ouverte à 3 m. 5o vers le sud et dans 
le prolongement du dé, sur lequel repose la colonne 
en fonte du calvaire, me permit bientôt de reconnaître les 
remblais formés avec les démolitions du petit sanctuaire. 
Cependant une découverte des plus intéressantes m'atten- 
dait : les pioches, après avoir trouvé les silex prove- 
nant des murailles écroulées, rencontraient toujours des 
matériaux de remblais, et bientôt je reconnus que les 
ouvriers se trouvaient sur une crypte ou caveau creusé 
dans la craie pure. Le fond fut atteint à une profondeur 
de 2 m. 45 au-dessous du sol actuel. 

Le caveau était carré et mesurait 3 m. 75 de côté avec 
angles arrondis de o m. 20 de rayon. Un escalier de 
o m. 60 de largeur, également entaillé dans la craie, don- 
nait l’accès. L'examen du terrain indiquait, par une 
inflexion du coteau, qu’un ancien chemin ou piste con- 
duisait de Frencuse au petit édicule, 

Il me fut impossible de retrouver le plan de la chapelle 


(1) Devis des réparations à faire à la Muette de la garenne de 
Cléon, en 1397. — Bulletin de la Commission des SL Qu 
année 1893, pp. 347 et suivantes. 

(2) Essai sur les origines de la topographie d'Uggate, 
PP. 119, 121, etc, 


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120 


qui s'était élevée au-dessus de la crypte ou caveau : car, 
ainsi que le montrent les figures annexées à cette descrip- 
tion, la chapelle n'avait pas été construite exactement sur 
le caveau. Un mur, dont les substructions furent retrouvées 
en À, un autre mur découvert en B, permettent d'affirmer 
que la chapelle était de très petites dimensions mais ne 
permettent pas de rétablir un plan ayant quelque pré- 
cision, 

D'ailleurs les charbons et les traces d’un feu violent 
relevés sur les parois de la crypte indiquent que la cons- 
truction fut détruite par un incendie, et l’examen des 
substructions proclame qu’une chapelle relativement 
moderne fut construite sur les remblais du premier édi- 
cule, lequel devait renfermer le caveau. 

Les terres retirées des fouilles ont fourni un gros os ou 
canon d'ongulé, des fragments d’ossements humains, une 
spatule de fer et un double tournois de Louis XIII au mil- 
lésime de 1620. Cette monnaie appartenait-elle aux rem- 
blais du fond de la crypte ou à ceux provenant de la partie 
supérieure ? Je ne saurais être affirmatif, puisque les 
fouilles ont été pratiquées en tranches verticales par 
suite de la nature de la découverte; et chacun sait que 
l'opération menée par tranches horizontales est la seule 
méthode rationnelle pour fixer les gisements des objets 
rencontrés. 

Je n’omettrai pas de rappeler qu’en 1892 j'avais recueilli, 
au carrefour de la Croix Saint-Christophe, une dalle tumu- 
laire, aujourd’hui placée dans la partie basse du clocher 
de Freneuse par les soins de M. Bazard, curé de la 
paroisse (1). 

Et maintenant que le résultat de l'exploration est connu 
il me reste à exposer ce que l'examen des pièces d’archives 
a pu indiquer. [Il n'existe pas de ruines ayant donné lieu 


(1) Bulletin de la Commission des Antiquités, année 1892, 
pp. 251et 261. 


121 


à plus d’attributions que celles de Saint-Christophe de 
Freneuse. 

M. Saint-Denis, qui a beaucoup étudié les environs 
d’Elbeuf et montré une grande sagacité, a cru retrouver, 
dans les textes de procédure de 1774 et 1775, mention d’une 
tour ronde ou d’un fanal ou signal antique au carrefour 
de Saint-Christophe (1). 

Cependant cet érudit est revenu de son erreur en 
lisant les termes du devis de 1397 cités par M. de Beau- 
repaire pour la réparation de la Muette de Cléon (2). 

M. Saint-Denis reconnaît également les témoignages 
apportés par le savant et regretté archiviste du départe- 
ment : 1° chapelle de Saint-Christophe figurant sur la 
carte de l’ancien archevêché de Rouen, puis le nom donné 
au triège sur lequel était édifié la chApelle (plan du 
xvine siècle), etc., etc. (3). 

Cependant c’est à l’année 1774 qu’un jour nouveau 
éclaire la question, sans parvenir toutefois à la résoudre 
complètement, et que les fouilles exécutées par nous en 
septembre 1912 jettent encore plus de lumière. 

Dans le dernier quart du xvine siècle, Nicolas Landry, 
sieur de Freneuse et de Saint-Aubin, importuné par 
la vue des ruines du haut de la côte de Freneuse, résolut 
de les démolir. L'autorisation ne pouvait être accordée 
que par l’archevêque de Rouen, puisque la tradition vou- 
lait qu’au carrefour de Saint-Christophe se fût élevée une 
chapelle. 

Des enquêtes furent en conséquence prescrites et une 
information menée concurremment par le curé du Manoir. 
L'accession des lieux se fit le 15 juillet 1774 par Me Ber- 
nard, bailli de Freneuse, accompagné de Me Colombel, son 


(1) Op. cit., chap. XII, p. 124. 
… (2) Bulletin de la Commission des Antiquités, année 1893, 
p. 349. 

(3) Op. cit., p. 348. 


122 


greffier, et du procureur fiscal. Ils reconnurent que sur 
le haut de la côte et près d’une croix se voyait « une 
enceinte de murailles en pierre et moellons de forme 
ronde mesurant 5 toises de diamètre sans apparence de 
comble ni d’entablement pour le recevoir... et que dans 
cet état l'édifice ne peut être d'aucun usage pour les céré- 
monies du culte ». 

L'enquête faite par le curé du Manoir (1), délégué de 
: Mgr de La Rochefoucauld, donne les mêmes conclusions, 
en faisant remarquer toutefois qu'il existait une chapelle 
dans laquelle les aïeux des villageois avaient entendu la 
messe et à laquelle ils donnent le nom de « four » (2). Le 
curé du Manoir ajoutait qu'il y avait lieu d'autoriser la 
démolition, car les ruines pouvaient servir de repaire à des 
voleurs et à des gens de mauvaise vie. 

La tradition paraissait bien établie puisque l’abbé Liot, 
dans une lettre du 13 mars 17575 à M. Landry, receveur 
des finances d'Auvergne et sieur de Freneuse, écrivait 
qu'après avoir visité les murailles de Saint-Christophe il 
aurait pu dire, ainsi que le curé du Manoir, qu’il y avait 
apparence de chapelle en ce lieu. Néanmoins, il ajoutait 
qu’il croyait aussi qu'un officier ou soldat aurait pu être 
persuadé que cette tour avait servi autrefois de guérite ou 
de corps de garde (3). Enfin, le 18 mars suivant, Mgr de 
La Rochefoucauld donnait l'autorisation de démolir les 
vestiges de la chapelle de Saint-Christophe (4). 

Tel est le résumé des textes connus de nous. 


Les fouilles entreprises peuvent-elles apporter quelque 
lumière et amener à émettre des hypothèses ou à se pro- 


(1) Le Manoir-sur-Seine, canton de Pont-de-l'Arche. 

(2) N'existe-t-il pas là une faute de copie, et ne doit-on pas 
lire Tour ? 

(3) Dans une récente manœuvre de cadre, les officiers d’état- 
major s'établirent au calvaire de Saint-Christophe. 

(4) Archives départementales, G. 8584. 


123 


noncer avec certitude ? Nous répondrons, ce qui est évi- 
dent : 

10 Qu'un feu intense a brûlé dans le caveau, d'où le 
nom de « four », sous lequel il était désigné à la fin du 
xviie siècle: 

20 Que ce caveau a dû servir de sépulture, si on en 
juge par les fragments d'ossements humains rencontrés 
dans les fouilles; 

30 Que cette probabilité est encore affirmée par la dalle 
tumulaire ramassée par nous en 1892 et aujourd’hui placée 
dans la partie basse du clocher de l’église de Freneuse. 

Cette dalle tumulaire fixerait la création du caveau 
vers 1523 (1); | 

4° Qu'’une construction fut élevée au-dessus de la crypte 
ou caveau, postérieurement à son remblaiement, ainsi que 
le montrent les vestiges de fondations ne se superposant 
pas exactement aux parois de ce caveau ; 

5° Que l’édicule, dont le plan n’a pu ètre déterminé, 
était d’une construction peu soignée et aurait été élevée 
sous Louis XIII (1629), date du millésime du double tour 
nois trouvé ; 

6° Enfin ce fut bien une chapelle dédiée à Saint-Chris- 
tophe qui se voyait au carrefour du haut de la côte de 
Freneuse, ainsi qu’en témoignent le devis de 1397 et la 
carte de l'ancien archevêché de Rouen au xvine siècle. 


V. — Armoiries modernes des villes. — C’est au hasard 
de la découverte d'un parchemin sur lequel sont peintes 
les armoiries de la ville de Bolbec, que je dois de faire 
aujourd’hui une communication. 

Avant la Révolution, peu de localités possédaient le 


(1) Le nom de Mgr de Coquinvillier, évêque de Vérience, 
viendrait encore appuyer cette date, car on sait que ce prélat 
fut coadjuteur de Georges d’Amboise, et fit, à ce titre, plusieurs 
dédicaces d'église, ct notamment de celle de Freneuse, en 1526. 


124 


symbole appelé « blason communal ». On ne peut guère 
citer dans notre département que Rouen, Arques (13253), 
Aumale (1308), Blangy (1482), Dieppe (1309), Eu (milieu 
du xure siècle), Fécamp ? — Gournay (xint), Harfleur (1404), 
Havre (xvie), Longueville (1365), Montivilliers ? — Neut- 
châtel (1491). 

Les autres villes ou bourgades n'avaient (en général) 
pour armoiries que celles des seigneurs qui possédaient les 
paroisses ; telles les paroisses de Bacquerille, qui portaient 
les armes des Martel; de Pavilly, qui arborent le blason 
des de Dreux ou des d’Esneval. Yvetot eut successivement 
pour écu celui des rois ou seigneurs de sa principauté : 
les Villaine, les du Belley, les d’Albon, etc. (1). Elbeuf a 
possédé jusqu’à la Révolution les armes de la maison de 
Lorraine; et Saint-Valery portait et portera encore, d'après 
une délibération du Conseil général, l'écu de Gaultier de 
Saint-Valery, qui prit part à la première croisade, en 1066. 

C'est à la veille de la Révolution que M. Brianchon fait 
remonter les armoiries de la ville de Bolbec (2) que je 
mets sous vos yeux et qui ont servi à faire peindre et 
adopter les armes de la petite cité cauchoise. 

On ne saurait douter de la découverte du savant archéo- 
logue qu'a été M. Brianchon, puisque ce fut précisément 
à la fin du xvinte siècle que plusieurs villes se donnèrent 
des armoiries. C'est également vers cette époque que de 
nombreux bourgeois ajoutèrent à leur nom patronymique 
celui d'une petite propriété érigée ainsi en fief seigneurial 
avec armoiries pour leur possesseur. 

Le même mouvement s'était bien produit cent ans aupa- 
ravant; mais La Galissonnière, La Chesnaie des Bois, 
Toustain de Frontebosc avaient procédé à leurs enquêtes 


(1) Yvctot a maintenant pour écu 2 gerbes de blé d'or sur 
champ d'azur posées en chef et 2 navettes croisées en pointe. 

(2) 22 février 1792, date d'une pièce conservée aux archives 
municipales de Bolbec. 


(sambnuy ,p s2snu ne mu panofne) uoqpuvuig ‘IN E INAINE ivd HO 


KAVANOVT 4Q MININT Ad 


129 


sur le maintien des familles nobles, et d'Hozier avait véri- 
fié les armoiries et taxé les blasons : il en fut ainsi notam- 
ment pour le « Moustier » de Montivilliers. 


A la Révolution les armoiries disparurent avec la 
royauté. Cependant, elles ne furent pas complètement 
abandonnées, car aux emblèmes seigneuriaux succédèrent 
les symboles du civisme : les branches de chêne tressées 
en couronne, entourant les faisceaux de licteurs, la pique, 
le bonnet phrygien (1) avec les légendes : Comité de sur- 
veillance et de Salut public. 

C’est cette couronne au centre de laquelle se trouve ins- 
crit le nom de la commune ou de la ville, encore en usage 
pour les sceaux des mairies. 

Les localités importantes, qui se sont développées grâce 
à l’industrie moderne, ne se sont pas contentées de 
ces simples cachets. Sous le second empire, vers 1860, 
elles demandèrent et obtinrent des décrets pour faire sculp- 
ter un blason sur le fronton de l'édifice municipal ou pour 
le graver en vignette sur le papier officiel. 


Trois types furent alors choisis : le premier, complète- 
ment historique, rappelait les faits locaux de la bourgade ; 
le second partageait le champ de l’écu entre les armoiries 
anciennes et les meubles symboliques de l'industrie; le 
troisième comportait simplement des armes parlantes, 
c'est-à-dire un écu formé des outils industriels ou agricoles 
faisant la prospérité de la ville ou de la bourgade. 

Au premier de ces types appartient le blason de la ville 
de Caudebec-lès-Elbeuf (fig. 1), qui est parti de deux : au 
premier de gueules chargé d’une branche de gui avec la 
faucille d’or, accompagné en chef d’un bouclier avec 
casque ailé, glaive et francisque : et en pointe d’un dol- 
men sur la table duquel se lit le mot : ESVS, 


(1) À Can:l, Armorial des villes de France, 2° éd., p. 432. 


t2Ô 


Au second d'azur au bouclier 
chargé d’une enseigne et d’un 
faisceau de licteur posés en croix; 
en pointe d’une statue de louve 
sur le piédestal de laquelle est gravé 
le mot ROMA. En légende : 
KALT-BEC et WAEL-BVS, 

Ce blason est de pure fantaisie; 
il n’est ni héraldique ni scienti- 
fique, car avec les attributs qui 
en décorent le champ, il faudrait au moins lire sur la 
légende le nom de UGGATE qui fut celui de Caudebec 
pendant l'ère gallo-romaine. 


Elbeuf, sous le second empire, 

avait repris la ruche aux abeilles 
d’or sur champ d'azur, par allusion 
aux paroles de Napoléon Ie : 
« Elbeuf est une ruche; tout le 
monde y travaille ». Cette ville 
_blasonne aujourd’hui ses armes 
par un parti dans lequel se trouve 
avec la ruche bourdonnante, la 
croix de Lorraine et le cep de vigne grimpant qui est l'écu 
de ses anciens seigneurs, les ducs d’Elbeuf, qui avaient 
la devise : TALI FVLCIMINE CRESCET (fig. 2). 

C'est un blason de même type que celui de Bolbec, dont 
je présente l’aquarelle, peinte par Lagneau, héraldiste 
sous Napoléon III (1). Bolbec, évoquant son passé féodal, 
a adopté un parti coupé de deux traits pour figurer les 
armoiries de ses anciens seigneurs : Gauthier Gifard, 
Hugues de Boulebech, Emalleville, Martel-Fontaine, Har- 


(1) Ce dessin, provenant de la collection Brianchon, appartient 
aujourd’hui au Musée d’Antiquités, 


129 


court et Béthune-Charost, Puis sur le tout de gueules, à 
trois navettes d’argent, posées 2 et 1 au chef d'azur chargé 
de trois fleurs de lis d’or. Cimier : une couranneé murale à 
cinq créneaux d'argent. Supports : à dextre, génie ailé de 
la noblesse, de carnation, à l’écharpe de pourpre semée de 
fleurs de lis d’or, tenant une épée d'argent abaissée. A se- 
nestre, génie ailé de l'industrie, de carnation, à l'écharpe 
de sinople semée d’abeilles d’or, la main appuyée sur une 
roue à engrenage d’or (1). 


La ville de Darnétal a voulu un 
blason tout moderne. Pour le 
composer elle n'a employé les 
armoiries ni des familles ni des 
abbayes qui lui donnèrent des 
seigneurs; les moines de Saint- 
Ouen ou les Montmorency-Lu- 
xembourg. Elle a créé ses armoi- 
ries avec les emblèmes de l’indus- fig. 3 
trie locale et la figuration du cours 
d'eau faisant tourner ses moulins et lui apportant prospé- 
rité et richesse (fig. 3). 

C'est sous Napoléon III que Darnétal obtint l’autori- 
sation de sculpter au fronton de ses monuments et de pla- 
cer en vignettes sur le papier officiel de la municipalité, 
un blason qui peut être ainsi décrit : de gueules, à la 
rivière ondée en face d'argent, accompagnée en chef de 
deux roues d'engrenage aussi d'argent, et, en pointe 
d'un maillet d'imprimeur accosté à dextre d'une navette 
de tisseur avec sa bobine, et à senestre d’une navette à 


(1) Dès 1789 les emblèmes de la noblesse et du Tiers sont 
peintes de chaque côté d'un cartouche tenu par un petit génie, 
sur le drapeau de Martincamp, avec inscription de la fière 
devise : « Vivre libre ou mourir ». Musée d’Antiquités (Seine-In- 
férieure). 


l28 


drap avec un chardon, le tout d’or. A dextre, le franc 
quartier des villes de seconde classe avec N et une étoile à 
sept rayons (1). 

L'écu sommé d’une couronne murale à cinq créneaux 
d'argent traversé d'un caducée contourné du même, est 
orné de rubans de pourpre et d'azur soutenant des chutes 
de chène et de laurier. Il n’y avait pas de tenant. 


La ville d’Yvetot a renoncé, 
elle aussi, aux armoiries de ses 
Rois, chantés par Béranger, et 
à timbrer son écu de la couronne 
posée par Jeanneton : la capitale 
du pays de Caux a revendiqué 
la couronne murale et pris pour 
symbole les riches moiïssons de 
la contrée et le tissage des coton- 
nades, sources de sa richesse. 
Yvetot a aujourd’hui pour blason (fig. 4) : un champ 
d'azur à deux gerbes de blé d'or, posées en chef et deux 
navettes croisées en pointe. | 


Cette exposition très sommaire suffira, je pense, pour 
constater les transformations subies par les armoiries des 
villes et faire remarquer les tendances modernes à substi- 
tuer les emblèmes de l’industrie et du travail aux symboles 
féodaux. N'est-ce pas d’ailleurs les principes de la Révo- 
lution française ? 


VI. — Collection de M. de Girancourt. — Je ne veux 
pas terminer mes communications, dit M. de Vesly, sans 
faire connaître à nos collègues le beau et précieux présent 


(r) Ces armoiries, accordées par décret du 9 juin 1869, ont été 
modifiées par la suppression du franc quartier à l'N par un 
autre décret du 28 juillet 1885, signé Jules Grévyÿ. 


129 


que M. le vicomte P. de Kergaradec, capitaine breveté 
d'artillerie, vient de faire au Musée d’antiquités. 

Cetofficier, pour perpétuer le souvenir de son grand-oncle, 
M. de Girancourt, a voulu que les objets collectionnés au 
château de Varimpré soient exposés au Musée départe- 
mental. La plupart proviennent de découvertes faites en 
collaboration avec l'abbé Cochet, qui fut l'ami et l’hôte de 
M. de Girancourt, lors des explorations de la basse forêt 
d'Eu. Aussi, le désir de M. de Kergaradec est-il de voir la 
collection de son oncle exposée non lain des belles décou- 
vertes faites à Douvrend, à Tourville, et de tant d’autres 
qui sont la gloire de l'abbé Cochet. 


Je ne détaillerai pas les nombreux et si divers objets de 
la collection qui vient d’ètre offerte au Musée; ils ont, 
pour la plupart, été reproduits dans les ouvrages du savant 
abbé. J'aurais désiré les faire admirer dans la vitrine qui 
doit les contenir; mais cette installation demande le 
secours d'ouvriers que je n'ai pu avoir. Néanmoins, je 
viens vous proposer, mes chers collègues, de vouloir bien 
vous associer à moi pour demander à notre Président de 
voter des remerciements à M. de Kergaradec. 


C'est un devoir déjà accompli dans la séance du lundi 
ser courant, par le Conseil général (dont M. de Girancourt 
fut membre). — [a Commission réitère avec empresse- 
ment les remerciements. 


M. Vallée, que ses premières communications sur 
Sandouville et Mélamare mirent en si haute estime 
parmi nos plus anciens confrères, revient à ses meil- 
Jeures traditions dans les petits mémoires qu’on va 
lire: 

Ï. — Fanum des « Cateliers » à Vatteville-la-Rue. — Les 
travaux exécutés par le service vicinal en 1911 pour l’amé- 
lioration du chemin de grande communication n° 65, 
d'Aizier à Duclair, aux environs du village de Vatteville- 


9 


130 


la-Rue, ont provoqué la mise à jour de substructions an- 
tiques au lieu dit « les Cateliers ». 


Prévenu par M. l’agent-voyer Houguer, de Caudebec- 
en-Caux, chargé de la direction des travaux du chemin, 
je me suis rendu immédiatement sur les lieux et y ai re- 
connu, après quelques recherches hâtives, un petit fanum 
dont je donne sur le plan ci-annexé la situation exacte : 

Ce monument est situé sur le sommet des « Cateliers » 
à 300 mètres de l’église de Vatteville-la-Rue, et c’est l'é- 
crêtement de ce sommet, utile à l'amélioration du chemin, 
qui a permis de retrouver ces ruines. [Il se compose d’une 
cella orientée, de 6 m. 30 sur 5 m. 80, formée de murs de 
1 mètre d'épaisseur, et circonscrite à 3 mètres d’écarte- 
ment et parallèlement par un mur de même épaisseur. La 
maçonnerie montre des parois en tuf à face rectangulaire 
et le point romain dans toute sa conservation; le tout est 
très soigné. 


Notre honoré collègue M. de Vesly, que j'avais informé, 
a bien voulu venir sur place et confirmer l'identification 
de ce petit monument, absolument semblable à ceux qui 
ont fait l’objet de son savant et intéressant ouvrage sur les 
fana de la région normande. 

A une trentaine de mètres vers le sud, l'élargissement 
de la voie a permis d’apercevoir d’autres substructions que 
des sondages à la pince ont suivies dans le verger voisin 
ainsi que l'indique le plan. Ces murailles par leur étendue 
paraissent appartenir à une ancienne villa. Les maçonne- 
rics vues sont de même facture soignée que les précé- 
dentes et composées des mêmes matériaux. Je ne puis 
mieux comparer cette facture qu'à celle du théâtre romain 
de Lillebonne. 

Une partie de la cella du fanum a pu ètre déblayée, 
mais il n’y a été récolté aucun objet; seule a été reconnue 
la mince couche de marne pilonnée sur laquelle devait re- 
poser le pavage, dallage, ou la mosaïque. Cette couche se 


, 


131 


trouvait au niveau d’un retrait de o m. 075 qu'accusent 
les murailles, retrait formé sur la maçonnerie des soubas- 
sements. 

Les ouvriers de l'entrepreneur, à qui j'avais demandé 
d'apporter le plus de soins et de vigilance possible dans le 
déblai du chemin, m'ont remis les objets qui en sont sor- 
tis et dont l'Énumération suit : 

10 Plusieurs ferrures en croix montrant au centre un 
gros clou (ou rivet) permettent de supposer qu'il s’agit là 
de ferrures de portes ou de coffres; 

2° Un petit morceau de marbre rose-gris, veiné de brun, 
présentant une forme méplate, de o m. 035 de largeur et 
de o m. 013 d'épaisseur; 

3° Un pavé de marbre gris-rose, également veiné de 
brun, formant carré de o m. 108 de côté avec une épais- 
seur de o m. 019; 

4 Un anneau de o m. 061 de diamètre intérieur en 
potin; 

5° Un anneau de o m.o72 de diamètre intérieur en 
cuivre (ou laiton) présentant en trois points (à égale dis- 
tance) des traces de brasure. S'agit-il d’une couronne de 
trépied ayant supporté une cassolette à parfum pareille à 
celle qu’a donnée le théâtre de Lillebonne ? Je ne puis en 
voir la destination autrement; 

6° Une sorte de petit barillet creux en cuivre avec trou 
à pas de vis au centre de la face antérieure ; celle-ci plus 
étroite que la base postérieure. Ces faces sont ornées de 


dessins concentriques; 
7° Un clou en bronze à tête conique d’une longueur de 


Oo M. 115 sans pointe, qui ne pouvait être qu'un clou 
votif; 

8° Une monnaie en bronze, très épaisse et fruste où on 
peut lire .….ANvS, puis cos. Tète nue à droite. R/ femme de- 
bout tenant de la main droite une flèche ? et de la gauche 
un arc. S. C.; 

9° Üne autre monnaie moins épaisse, tête radiée à droite, 


132 


exergue illisible. R/ femme debout tenant de la main 
gauche une corne d’abondance et de la main droite...? 
Si CS | 

109 Une médaille (jeton ou tessère) en bronze, très 
mince. Tête radiée à gauche; en exergue on peut lire 
...ESAR DIVI AUGUSTUS. R/ écusson portanten pal les lettres 
sr et surmonté d'une couronne de marquis. En exergue : 
INSIGNI CIVITATIS ROM. ; 

Et enfin une clef forgée à panneton assez compliqué, 
qui n’a rien de romain, mais que je crois néanmoins très 
ancienne. 

Je suis en pourparlers avec le propriétaire des terrains 
contigus pour qu'il m'autorise à continuer les fouilles chez 
lui. J'espère y parvenir afin de compléter ce premier 
compte-rendu. — 10 ocl. 1912. 


IF. — Chêne-chapelle d'Allouville. — Sous les rafales de 
la tempête du 30 septembre dernier, une des maîtresses 
branches du chêne multicentenaire d’Allouville-Bellefosse 
a subi un écartélement à sa fourche, présentant une fis- 
sure de o m. 12 à o m. 15 de largeur paraît-il. La munici- 
palité a immédiatement pris des mesures pour étançonner 
cette branche, en même temps que des chaînes-tirages 
étaient placées pour en éviter la chute complète. Elle a, 
de plus, demandé que l'Administration préfectorale veuille 
bien désigner un homme compétent — en l’espèce un ins- 
pecteur des forêts — pour examiner ce qu’il y a lieu de 
faire en vue de la reconsolidation. 

Je rappelle que ce chêne est reconnu monument histo- 
rique de 2e classe au titre départemental, depuis 1867, et 
que déjà en 1903, dans une dépense de 1970 francs néces- 
sitée pour les mêmes causes, le département a accordé une 
subvention de 800 francs. | 

Il y a lieu d'espérer que le département voudra bien, 
après la visite de M. l'Inspecteur des Forêts, accorder une 
nouvelle subvention à la commune pour l'aider, si cela est 


133 


nécessaire, à réparer l’outrage — qui, je veux le croire, 
n’est pas irréparable — fait aux ans de ce sympathique et 
vénérable vieillard, tout couvert de cicatrices, mais dont, 
contrairement au chène du fabuliste, la tète des cieux est 
encore voisine et dont les pieds touchent toujours à l'em- 
pire des morts. — 11 octobre 1912. 


III. — Album des membres de la Commission. — Dans 
la séance du 27 avril 1909, M. le Président a souhaité que 
les membres de la Commission complètent la collection 
de portraits de nos confrères. 

A ce sujet J'ai l'honneur de proposer qu’une édition soit 
faite d'un fascicule contenant la photographie de chacun 
des membres depuis la fondation; on pourrait la faire 
suivre de la date de naissance, du décès et de l'indication 
des divers travaux effectués par le membre. — 11 oc- 
tobre 1912. 


Pavés à dessins. — M. Costa présente deux modestes 
produits céramiques, qu'il avait réservés dans la crainte 
que le temps ne fit défaut. Ce sont des pavés rouges, de 
10 cent. carré sur 15 m/m d'épaisseur, recueillis à 
Auppegard {au Pougard, en langage local). L'un, très 
rare, porte les léopards de Normandie; l'autre est ar- 
morié d'une grande fleur de lis. M. le Président rap- 
pelle que la forme de cette fleur suffit pour dater l’objet 
où elle figure. 


Eglises diverses. — M. Pelay offre à l'album de la 
Commission dix-neuf cartes postales qui reproduisent, 
outre deux châteaux, des églises assez voisines de 
Dieppe. M. Bouctot et d’autres collègues souhaitent 
qu'il se forme des collections aussi complètes que pos- 
sible de ces cartes postales. M. l'abbé G. Thillard, curé 


134 


de Saint-Aubin-sur-Mer, s'est fait relier le Répertoire 
en trois volumes interfoliés avec cartons pour les vues 
d'églises et autres monuments ou antiquités. Il se pro- 
posait d’abord de photographier lui-même, mais 
l’abondante publication des cartes postales l'a déchar- 
gé de ce soin. Actuellement, il possède entre six cents 
et sept cents illustrations, et ne cesse à l'occasion d’en- 
richir sa collection. D'autres prêtres ont aussi recueilli 
les églises, mais sans y joindre le Répertoire, qu'ils 
ignorent peut-être. 


Voici le détail du lot de cartes que nous devons à 
M. Pelay : Eglise de Neuville; — église d'Arques, la 
nef; — église d'Arques, le jubé; — Arques, le manoir 
d'Archelles; — église de Varengeville: — Varenge- 
ville, église et cimetière; — église de Pourville; — 
Pourville, église et calvaire ; — Pourville, la croix ; — 
Berneval, nef de l'église ; — Berneval, façade de 
l'église; — église de Saint-Aubin-sur-Mer; — cha- 
pelle du Bois-Hulin; — église de Hautot-sur-Mer; — 
église d'Ouville-la-Rivière ; — église de Gueures; — 
église de Quiberville; — église de Dampierre; — chàâ- 
teau de Saint-Aubin-sur-Mer. | 

M. Pelay fait circuler une curieuse brochure : Sot- 
teville-sur-Mer. Extrait des registres de l'état-civil, 
par M. Jacques, instituteur, qui l’a écrite, rédigée et a 
su l’imprimer lui-même (1908). 


Afichage. — M. G. Dubosc se félicite que des me- 
sures administratives préservent nos monuments de 
cette plaie de la réclame moderne. A son avis, il serait 
bon d'étendre la défense à un certain périmétre des 
édifices; et son avis est goûté. 


135 


Maison de P. Corneille à Rouen. — Malgré cer- 
taines appréhensions qui ne semblaient que trop fon- 
dées, cette demeure si riche en précieux souvenirs va 
enfin devenir la propriété de la ville de Rouen. M. Pe- 
lay le constate avec bonheur, et se plaît à croire que la 
municipalité y réservera la salle d'un musée cornélien 
après avoir rétabli l’ancienne façade. Tel est du reste 
le programme que nos édiles se sont eux-même tracé 
en annonçant l'heureuse conclusion de l'entreprise 
commencée il y a six ans, lors des fêtes du troisième 
centenaire natal, 

M. le Président rappelle qu'il y a vu la fameuse 
trappe qui, au dire de l’abbé Voisenon, servait à Tho- 
mas pour passer des rimes à Pierre. On aura grand 
soin de la conserver. 


Il est quatre heures trois quarts quand la séance est 
levée, 


A.Touaarp. 


136 


SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1912 


Elle ouvre à deux heures, sous la présidence de 
M. Gaston Le Breton, vice-président. 

Membres présents : MM. Auvray, C. Coche, Costa 
de Beauregard, Coutan, Delabarre, G. Nubosc, Du- 
veau, Garreta, Lefort, P. Le Verdier, Mgr Loth, 
Pelay, Ruel, Sarrazin, Barbier de la Serre, Vernier, 
de Vesly et l'abbé Tougard. 

Se sont excusés : MM. de Beaurepaire et Minet. 


En ouvrant la séance, M. le Président a le regret 
d'informer la Commission que toute sa délibération 
au sujet de l'église de Virville est non avenue. Il rap- 
pelle que les égards dus aux membres du Comité et à 
l'Administration départementale étaient entrés pour 
beaucoup dans nos considérants, aussi bien que la 
situation financière faite au service des monuments 
historiques, comme enfin l'urgence des travaux. Ainsi 
tout semblait prévu. Voici pourtant la réponse de 
M. le Préfet, en date du 14 courant : 


« L'article 2 de la loi du o décembre 1905 a sup- 
primé des budgets de l'Etat, des départements et des 
communes, toutes les dépenses relatives à l'exercice 
des cultes; et par suite la demande de subvention est 
irrecevable. 

» En résumé, la commune de Virville ne peut point 
compter sur l'aide du département pour assurer la 
conservation de son église, tant que cet immeuble 
n'aura pas été classé monument historique de l'Etat, 
le seul classement qui soit légal aujourd'hui (article 16 
de la loi du 9 décembre 1905). » 


137 


La Commission n'a pas à tevenir sur sa précédente 
discussion, si bien préparée et dirigée par le zèle de 
son président. Elle peut seulement regretter de n'avoir 
pas encore été officiellement informée de cette loi de 
1905 qui a, d'un trait de plume, anéanti sa sérieuse 
organisation de 1867 (Bulletins, I, 67). Près d'un 
demi-siècle a permis d'en apprécier les bienfaits, et 
c'est grâce à elle que la Seine-Inférieure doit être l'un 
des départements où les églises sont en meilleur état 
de conservation. 

M. Lefort explique que la sollicitude de l’adminis- 
tration supérieure vient de mettre à sa disposition un 
subside qui doit être spécialement affecté aux dépenses 
courantes des monuments historiques. De plus, sa ten-. 
dance actuelle est de faire participer aux avantages du 
classement non seulement les édifices que recommande 
leur valeur architecturale, mais même les églises aux- 
quelles se rattachent des souvenirs historiques. 

M. P. Le Verdier ajoute que la gestion des affaires 
départementales a su tenir compte de la nouvelle juris- 
prudence administrative, de manière à pourvoir le 
mieux possible au bon entretien des édifices. | 

Les anciennes dispositions en faveur des monu- 
ments historiques départementaux étant devenues ca- 
duques, M. le Président met aux voix la demande du 
Conseil municipal de Virville en vue d’un classement 
à l'Etat. Elle est appuyée à l'unanimité. 

La Commission décide en outre qu'une large propo- 
sition de classement soit préparée pour être soumise au 
ministère. 

{Il est alors donné lecture du procès-verbal de la der- 
nière séance. Après de menues observations, il est 
adopté. 


138 


Correspondance imprimée. — Une dizaine de 
pièces la composent : Bulletin historique...du Co- 
mité, 1911, n°5 3 et 4; — Bull. de la Soc... de Sois- 
sons, 1910; — Annales de la Soc... de Chateau- 
Thierry, 1911; — Bulletins de la Soc. Dunoise, 
168-171, janvier-octobre 1912 ; — Société... de l'Or- 
léanais. Bull. 202; — Mémoires de la Soc... de 
Langres; — Mém. de la Soc... de Chälons-sur- 
Saône, IV et XII; — Soc... de Chélons-sur-Saône, 
catal. des collections. Archives: — Soc. Jersiaise. 
Actes des Etats, juin 1785-avril 1788, Journal de 
F. Chevalier, fasc. VI. 


Croix du Tréport. — Un fâcheux accident de voi- 
ture a renversé un calvaire historique de 1610, « de 
toute beauté » dit un article. La population en est 
affectée, encore que quelqu'un ait eu le bon goût d'en 
proposer le remplacement par un urinoir. Les débris 
en ont été recueillis avec soin, et sa restauration ne 
fait plus de doute. Il ÿ aurait lieu d'examiner si un 
autre emplacement ne serait pas préférable, et le clas- 
sement serait peut-être à proposer. 

M. le Président verrait avec plaisir qu'une Com- 
mission composée de MM. Lefort, Coche, Coutan et 
Costa de Beauregard s'entendiît avec la municipalité 
sur les mesures à prendre. 

Croix d'Archelles. — A cette occasion, M. Costa 
appelle l'attention sur le mauvais état de cette croix, 
digne d'intérêt. 

Vieux-S.- Paul. — M. Coutan signale la restaura- 
tion très urgente que réclame la couverture de cet 
édicule, qui fit l'admiration de Langlois et des autres 
archéologues du commencement du xixt siècle. 


139 


Millésimes. — M. Duveau offre à notre album 
quelques millésimes qu’il décrit dans la note suivante : 


I. — Le millésime 1619, dont j'offre un dessin à la 
Commission des antiquités, se trouve sculpté sur le 
portail de la maison qui porte le n° 11 de la rue de 
l'Epicerie, et fait l’encoignure de la rue des Four- 
chettes. Au rez-de-chaussée il ÿ a deux pilastres en 
pierre sur la rue de l'Epicerie, sur celui de gauche est 
gravé en creux le nom de la rue. Entre ces pilastres, 
un bureau de tabac. Sur la rue des Fourchettes, il y a 
trois pilastres aussien pierre avec chapiteaux toscans; 
sur celui de droite est gravé en creux le nom de la rue. 
Le socle est en pierre et au-dessus une forte pièce 
d'appui en bois. Sur cette façade il y a une fenêtre et 
deux portes : celle de gauche a une barre d’imposte et 
quatre barreaux en fer barbelé. Sur les deux façades 
le poitrail qui règne au-dessus du rez-de-chaussée est 
orné d’une frise composée de rectangles en saillie de 
différentes longueurs, alternant avec des fleurs ovales, 
des roses et quelques anses de panier entre-croisés. 
Cette frise est encadrée en haut et en bas par de fortes 
moulures. 


C'est sur le rectangle du milieu du côté de la rue de 
l’Epicerie que se trouve le millésime dont ci-dessus le 
dessin. 

Les deux premiers chiffres sont séparés des deux 
derniers par un monogramme formé des lettres N et 


140 


P encadré de deux branches de laurier. Les chiffres, 
lettres et feuillages sont gravés en creux en onglet 
carré. 


Au-dessus du rez-de-chaussée s'élèvent trois étages 
en galandage avec charpente apparente. Du côté de la 
rue de l’Epicerie il y a deux fenêtres. par étage et la fa- 
çade se termine par un pignon. Du côté de la rue des 
Fourchettes il y a trois fenêtres par étage; celle du mi- 
lieu est plus large et son chambranle contenait une fe- 
nêtre double, comme cela se voit encore au second 
étage, où il existe encore, comme au troisième étage, 

des fenêtres à guillotine de l’époque de la construc- 
tion. 


La façade est couronnée par une assez forte saillie 
du toit, interrompue au milieu par une lucarne avec 
allège en galandage et toiture en croupe. 


Au-dessus et au-dessousdes fenêtres règnent, à chaque 
étage, des bandeaux ornés de moulures. En plus, les 
montants ou colombes dans la hauteur des allèges sont 
ornés de balustres sculptés, de différents modèles; 
ceux du bas étant les plus fouillés. Toutes les fenêtres 
sont encadrées de chambranles moulurés avec cros- 
settes en haut et en bas. Sous les crossettes du haut il 
y a de petites volutes formant console. 


Sur la façade sud on voit en plus des poteaux d'en- 
coignure et de celui de gauche deux autres poteaux 
avec les têtes des sommiers qui les traversent à chaque 
étage. Il est intéressant de noter que ces têtes de som- 
miers sont en forme de claveaux. 


En somme ce vieux logis est un type très carac- 
térisé des maisons en bois du commencement du 
xviie siècle, 


141 


II. — Le deuxième millésine 1732 se trouve sculpté 


sur Je portail de la maison portant le n° 56 de la rue 
du Bac. 


Les chiffres sont d’un modèle plus simple tout en se 
rapprochant du genre usité à cette époque. Ils sont en 
saillie sur un fond creusé dans le bois. Ce creux laisse 
en haut et en bas des listels en saillie qui sont réunis à 
chaque extrémité du millésime par des demi-cercles de 
même largeur, formant cadre. Au-delà de ces cercles, 
le creux se continue et se termine par une espèce d'ac- 
colade. Cette partie est remplie par un fleuron à trois 
feuilles placé horizontalement en prolongement du 
demi-cercle. 

La maison n'offre rien de remarquable. Elle a trois 
étages en galandages avec bois apparent, deux fenêtres 
à chaque étage; au sommet une corniche en bois sur- 
montée d’une lucarne à pignon. 

Au rez-de-chaussée se trouveune boutique encadrée 
de deux pilastres en pierre avec chapiteau toscan. Ces 


pilastres supportent le poitrail en chêne sur lequel on 
voit le millésime. 


ITT, — Le troisième millésime, également de 1732, 
a été mis à jour tout dernièrement {fin octobre der- 
nier), lorsqu'on transforma la devanture de la bou- 


tique de la maison portant le n° 32 de la rue de la 
Grosse-Horloge. 


142 


Les deux premiers chiffres sont écartés des deux 
derniers, et au milieu il y avait un écusson ovale sur 
un cartouche couronné. 


Malheureusement l’écusson a été haché et ne pré- 
sente plus aucune trace d’armoirie. La couronne a été 
aussi très mutilée. 

Les deux premiers chiffres sculptés en saillie ont au 
milieu une perle avec un petit fleuron à trois feuilles 
vers le haut et le bas. Les deux autres chiffres sont plus 
ornés. Le 3 a une perle à la boucle du milieu d'où 
partent des boucles du feuillage qu'enveloppent les 
deux courbes du chiffre sur la moitié de leur lon- 
gueur. 

Le chiffre 2 a aussi une perle à sa boucle, d'où par- 
tent des branches à plusieurs feuilles qu'enveloppent 
presque entièrement les deux membres du chiffre. 

Ce millésime a été autrefois fortendommagé, la par- 
ue du bas a été complètement enlevée et on y a même 
creusé un trou rectangulaire. La nouvelle devanture 
cache maintenant de nouveau cet intéressant millé- 
sime, 


IV. — Au n° 5 de la rue Neuve-Massacre se trouve 
une maison construite probablement vers 1806, lors 
du percement de cette rue à travers l’ancien Hôtel-de- 
Ville qui aboutit à la rue de la Grosse-Horloge. 


143 


Au-dessus de la grande porte à deux vantaux don- 
nant sur la rue Neuve-Massacre qui a été tout récem- 
ment murée, il y a une grande grille d'imposte en fer 
forgé de 2 m. 59 de longueur sur o m. 61 de hauteur, 
composée de barreaux en fer rond, surmontés d’une 
traverse et d’arcades en fer plat formant sept motifs de 
chaque côté. Le milieu est occupé par un mono- 
gramme des lettres I.B.V. entrelacées, qui me semble 
être en fonte. En dessus et en dessous de ce mono- 
gramme sont deux rectangles avec grillage losangé en 
fer plat (1). 


LYYYYYY> 


ÆEdD 


À droite de cette porte, il y en a une autre, plus 
étroite dont l'imposte en plein cintre est fermée par un 
grillage en fer rond, formé de rayons se réunissant par 
le bas sur un demi-cercle en fer plat, qui contient Ie 
même monogrammce que celui de la grande porte, 
mais d'un modèle moitié plus petit. 

Une grille d'imposte semblable existe sur la fenêtre 
du pan coupé et sur la porte à l'extrémité de la façade 
donnant sur le passage de l'Hôtel-de-Ville. Les quatre 
autres fenêtres de ce côté ont aussi des grilles rayon- 
nantes; mais le demi-cercle du milieu contient, au 


CNY NN NY A = 


= = 


(1) D’après M. Ed. Pelay, l'immeuble dont il s’agit appartenait 
au commencement du xixe siècle à M. Jean-Baptiste Viel. 


144 


lieu du monogramme, deux barres de fer qui le di- 
visent en trois secteurs. 

La maison a trois étages et est construite toute en 
briques. 


Anciens imprimeurs de Rouen. — Au nom de 
M. Poussier, notre confrère, M. G. Dubosc commu- 
nique deux anciennes listes d'imprimeurs rouennais. 
Le secrétaire observe que les almanachs du temps les 
ont publiées, et qu'il convient de se borner, dans le 
procès - verbal, aux particularités significatives (les 
pièces entrant dans nos archives). 


La première, «liste des Maîtres de la communauté des 
Imprimeurs-Libraires et Relieurs de Rouen (1 feuill. 
in-fol. de 31X19, sans date ni nom d’imprimeur) 
donne qüarante-deux noms sans aucune spécification. 


La seconde, plus intéressante, est la copie manus- 
crite peu correcte d’un imprimé sortant des presses de 
Jacques Ferrand, et tiré au mois d'août 1771. Au- 
dessous des armes de Miromesnil, suivies de ce vers de 
Santeuil : Nil timet alma Themis, tali secura Pa- 
trono, on lit : Album Ty pographorum et Bibliopo- 
larum in urbe Rothomagensi. 


Les quarante-sept noms cités sont partagés en huit 
sections. | 

I. Munifices (?) Prœpositi : Jacques Ferrand, li- 
braire, imprimeur, syndic; Abraham Lucas, libraire, 
premier associé; Jacques-Joseph Le Boulenger, impri- 
meur du roi et libraire, second associé; Jacques Be- 
songne, libraire, troisième associé, 

II. Ex Syndici : des dix noms, les six premiers 
sont de simples libraires; suivent : Laurent Dumesnil, 


149 


libraire et imprimeur; Abraham-François Viret, im- 
primeur de la ville et de la bibliothèque; Jacques Du- 
mesnil, libraire et imprimeur; Richard -Gontran ‘Lal- 
lemant, imprimeur du roi et libraire [trop connu par 
ses faux mémoires sur les anciens Lallemant). 


III. Societ. Beneficiarii : dix noms dont huit li- 
braires ; Etienne-Laurent Machuel, libraire et impri- 
meur ; et Pierre Seyer, imprimeur de l'archevêché et 
libraire. 


1V. Immunes, au nombre de douze libraires, dont 
le dernier seul est aussi imprimeur. 


V. Viduæ Typ. et Bibl : cinq maîtresses de maison 
dont les quatre dernières ne font que la librairie. 


VI, Un fondeur en caractères [Ty-pographicarum 
litterarum fusor) : Henri Vaussi, rue du Maulévrier. 


VIT. Deux femmes Bibliopolæ adventitiæ. 
VIII. Trois relieurs, Bibliopegi approbati. 


Le tout est contresigné : Amiot, Apparttor, rue du 
Chien-Jaune. 

A chaque nom est joint la date de l'établissement et 
la rue du domicile. 


Vues d'églises. — Continuant ses largesses à notre 
album, M. Pelay lui offre trente-trois photographies 
d'églises des arrondissements de Rouen, Le Havre, 
Yvetot, Dieppe, savoir : 


Bapeaume (commune de Canteleu); Oissel, Notre- 
Dame - de - Franqueville, Sahurs, Sotteville, Saint- 
Adrien (à Belbeuf. Ne fut jamais qu’un ermitage); 
Lescure (portail démoli, à Amfreville-la-Mivoie), 
Bardouville, Grand-Couronne, Grand-Quevilly 


10 


146 


(2 vues), la Bouille {2 vues), Moulineaux {2 vues), 
Petit-Quevilly, Darnétal (Longpaon), Darnétal (Car- 
ville, 3 vues), Graville, le Mesnil (à Lillebonne), Gru- 
chet-le-Valasse, Norville (4 vues), Radicatel (Saint- 
Jean-de-Folleville), Montivilliers. 

Chapelle de Barre-y-va (Caudebec), Saint-Nicolas- 
de-Bliquetuit, Vatteville (2 vues), Eu (chapelle du col- 
lège). 


M. de Veslÿy nous apporte, selon son habitude, le 
riche contingent que voici : 


[. Statuette de l’'Anadyomène. — Un ouvrier briquetier, 
M. Carpentier, rue de la Haic à Boisguillaume, est venu 
me soumettre une petite statuette de la Vénus anadyomène, 
trouvée par lui, dans la couche d'argile qu’il exploite à la 
briqueterie de Saint-Jacques-sur-Darnétal. 

La statuette en terre blanche appartient au type bien 
connu. 

Elle était en bon état de conservation sauf le piédouche 
qui avait disparu. L’intérèt qu’elle offrait résidait particu- 
lièrement dans la position qu’elle occupait dans la masse 
d'argile où elle fut trouvée isolée et à 1 m. 50 en-dessous 
du niveau du sol naturel. Cette constatation n’est pas la 
première, ni la seule qui ait été faite; car, notamment 
lors des travaux de percement de la rue Paul-Ansoult, à 
Darnétal, il fut trouvé une houe en pleine masse d'argile 
et à 1 m. 20 de profondeur, ce qui n’a pu s'expliquer que 
par un glissement de la partie supérieure de l'argile. 

A Darnétal également, dans un terrain situé près de la 
propriété Waddington, et alors exploité pour la fabrica- 
tion de la pouzzolane, on trouva au-dessous d’une masse 
d'argile provenant de la partie supérieure du plateau et 
dans les sables du loess, des armes et des outils de l'époque 
moustérienne. Cette station paléolithique a été décrite par 


147 


M. Benner (1) et visitée par le congrès de l'A. F. A.S. 
réuni à Rouen en 1884. 


IT. Four antique. — M. Robert, briquetier à Saint- 
Léonard, a découvert près de la route du Havre, au triage 
de la « Croix-Bigot » commune de Saint-Léonard, un four 
antique de potier. 

C'est en extrayant de la terre pour son industrie que 
M. Robert a fait la découverte d’une masse cylindrique de 
4 mètres environ de hauteur, sur une longueur approxi- 
mative de 2 mètres, au 1/3 inférieur terminé en cul de 
four. 

Le cylindre affleure le sol dans sa partie supérieure, le 
reste est enfoncé dans la terre argileuse. Les parois, dont 
une partie seulement a été mise à nu, sont formés de terre 
cuite de couleur rouge brique. Dans la zone inférieure des 
fragments sont revètus, d’un côté, une couche assez 
épaisse de vernis. 

Tout en dessous de la masse, une couche assez large de 
bois incomplètement brûlé a été mise à jour, preuve 
évidente de la présence d’un four à cuisson de poterie. 

La découverte est assez intéressante pour que lorsque 
des travaux seront entrepris cet hiver par M. Robert, je 
me rende à Saint-Léonard, ajoute M. de Vesly, pour com- 
pléter les renseignements envoyés par M. A. Petit, rédac- 
teur au Journal du Havre, et qui ont déjà été publiés 
dans « La Brise normande ». 


III. Inscription funéraire d’une religieuse de Saint- 
Amand (Nord). — J'ai trouvé dans le dernier recueil des 
Mémoires de la Société des Antiquaires de France (séance 
du 21 janvier 1912) (2), une curieuse étude sur deux ins- 


(1) Bull. de la Société d'Emulation, 1859-80, page 52. 
(2) Mémoire par M, Louis Serbat ; associé correspondant na- 
tional, 


148 


criptions funéraires de religieuses recluses de Saint-Amand 
(Nord), le célèbre et important « Monasterium Elno- 
nense ». ‘ 

Ces deux inscriptions gravées sur deux lames de plomb 
furent recueillies, en 1820, dans l’abbaye fondée par saint 
Amand vers le milieu du vue siècle au pays de Pévèle. A 
cette époque, on arrachait les dernières constructions de 
la principale église. Je ne parlerai pas de l'inscription fu- 
néraire d'Olarde qui n’est cependant pas sans intérêt, afin 
de réserver mon étude à celle d'Emma qui regarde spécia- 
lement notre localité. 

En voici d’abord la transcription exacte : je la ferai 
suivre du texte in-extenso. Mais d’ores et déjà je remar- 
querai que la lame de plomb porte l'inscription au recto 
et verso. 


Recto Verso 
HIC IACET EMMA XXX.VI. ANNIS. DO. SER. 
RECLVSA. ECCLE. SCI VIENS. VIXIT. MORTVA. HIC. 
AMANDI. ROTOMAGE ET. SEPVITA. QUIESCIT. 
NSIS. MONIALIS. QUE. IN ANNO. AB. INCARN. DNI. 


LE. EIVSDE. SCI. PRESENTIE. H| M.C.XX.III.11I. NON. DECB 
VC. FELICIT. CO/MIGRAVIT. F/RA. INT, OBIIT. EMMA. 
HOC. IN. LOCO. INCI.USA. 


Hic jacet Emma reclusa, ecclesie sancti amandi Roto- 
magensis monialis, que inde, ejusdem sancti presentie, 
huc feliciter commigravit. Hoc in loco inclusa, XXX VI an- 
nis, Deo serviens vixit. Mortua hic et sepulta quiescit, 
anno ab incarnatione Domini M.C.XXIIII, III non. de- 
cembris. feria IV. obuit Emma. 


Comme on le voit, il s'agit là d'une recluse : Emma, qui 
venait d'assez loin, ajoute M. Louis Serbat. Poussée par sa 
dévotion envers saint Amand, elle avait quitté, pour une 
vie plus austère, le monastère auquel elle appartenait : Mo- 
nialis sancti Rotomagensis, elle était donc religieuse de 


149 


l’abbaye bénédictine de Saint-Amand, à Rouen, fondée 
vers 1040, dans une église ayant autrefois dépendu des 
moines de Saint-Ouen. 

Des relations assez suivies existaient au xue siècle entre 
les deux abbayes placées sous la protection du même 
patron, l'inscription funéraire d'Emma en est une nou- 
velle preuve, on les connaissait déjà par une longue lettre 
que Marsilie, abbesse de Saint-Amand de Rouen, adressa 
en 1107 à Hugues, abbé d’Elnon. Cette lettre publiée 
plusieurs fois (1) se trouve dans certains manuscrits à la 
suite des miracles de saint Amand par Gislebert (2); elle 
donne, en effet, la relation d’un miracle arrivé dans l'église 
de l'abbaye rouennaise. L'intercession de saint Amand 
amena la guérison d’une femme dont la maladie paraît 
avoir été ce que les médecins modernes appelleraient des 
crises d’hystérie, 

M. Serbat, auquel j'ai emprunté les citations précédentes, 
ajoute qu'il est regrettable qu'un fragment d'inscription 
sur pierre, trouvé également dans les ruines de l’abbaye 
de Saint-Amand, en 1820, et signalé par M. Le Glay, dans 
le Cameracum Christianum, ait disparu. Car, aujourd’hui 
qu'il est égaré, les deux lames de plomb trouvées dans les 
sépultures des recluses Olarde et Emma sont les deux 
monuments épigraphiques que nous a laissés la célèbre 
abbaye de Saint-Amand-les-Eaux. 


IV. Découvertes de Monnaies d'or rue de la Savonnerie 
à Rouen. — On a mené grand bruit, et non sans quelque 
raison, autour de découvertes de monnaies d'or trouvées 
dans les travaux de transformation en cinématographe 
d'un immeuble possédé par M. Delamare, situé entre les 
rues de la Savonnerie, Potard et place du Gaillarbois. 


(1) Dans la Neustria pia et dans les Acta sanctorum. CF. His, 
toire littéraire de la France, t. IX, p. 383. 

(2) Notamment aux manuscrits de Valenciennes 459 bis et 461 
du catalogue Maugeart. 


150 


Il s'agissait, en effet, de deux cachettes découvertes en 
creusant une muraille de 1 m. 17 d'épaisseur pour y loger 
des poutrelles de fer. Les cachettes avaient été pratiquées 
à 5 ou 6 mètres au-dessus du sol en enlevant les pierres 
d'appareil puis les dégrossissant et les reposant, après que 
les monnaies y avaient été déposées. Aussi quel fut l’éton- 
nement des ouvriers lorsque leur pic fit apparaître les 
pièces d’or. Ils se jetèrent dessus, se les partagèrent, et çe 
fut une véritable fièvre, un vrai délire. Aujourd’hui c'est 
le procès !... 

Connaîtra-t-on jamais combien les cachettes renfer- 
maient de nobles à la rose et de saluts d'Henri VI? — Je 
ne le crois pas. Je tiens d’un témoin oculuire qu'il dut y 
avoir 200 saluts et 53 nobles, mais ces chiffres ne sont 
qu'approximatifs. 

Le 17 octobre, j'ai écrit à M. de Sapincourt, architecte, 
chargé de la direction des travaux, afin de pouvoir dresser 
un inventaire de la découverte. M. de Sapincourt vint 
m'apporter au musée 30 saluts et 6 nobles d'or. 

Leur examen m'a permis de reconnaître les ateliers 
où ces monnaies avaient été frappées, et en voici la des- 
cription : 


1 Salut au différent de l’agneau, frappé à Amiens, 


1 — du St-Suaire — Dijon, 

8 — a lacouronne — Paris, 

2 Es fleur de lis — Saint-Lô 
18 — au léopard — Rouen. 


Total... 30 Saluts et 6 nobles. 


21 saluts et 3 nobles furent mis en vente par les com- 
missaires-priseurs le 5 novembre, mais cette vente simulée 
m'a permis de me rendre compte qu’à ce jour 51 saluts et 
9 nobles des cachettes étaient connus; car les monnaies 
présentées à la Salle des ventes n'appartenaient pas au lot 
que M. de Sapincourt avait soumis à mon examen. J'ai, 


151 


en effet, présenté à notre collègue, M. Pelay, 4 saluts au 
différent de l'Etoile, frappés à Nevers ; type qui ne se 
trouvait pas dans le lot dit « du propriétaire ». Plusieurs 
saluts m’ont été offerts par des antiquaires, mais les prix 
qu'ils en demandaient, fixés par ceux atteints à la vente 
fictive du 5 novembre, étaient si exagérés que je n'ai pas 
acheté. D'ailleurs, un huissier s’est chargé, en vue d’un 
prochain procès ouvert entre MM. Delamare, le proprié- 
taire, Julio et Bremy, les locataires et consorts, de re- 
cueillir le trésor. Hélas! sa tâche ressemble à celle de la 
réunion de plumes qu’aurait emportées le vent. 


Découvertes archéologiques à Caudebec-lès-Elbeuf., — 
La municipalité de Caudebec ayant décidé Ja construction 
d'aqueducs sur le territoire de cette antique cité, je me 
suis mis en rapport, dès le mois d'octobre, avec le maire 
de la ville et l’agent-voyer chargé de la direction des tra- 
vaux, 

Je reçus le meilleur accueil de M. Prevel, maire de 
Caudebec-lès-Elbeuf, et le concours le plus dévoué de 
M. Gaudray, agent-voyer principal : leur çollaboration 
ne m'était pas inutile, car chacun sait qu’on ne peut 
piocher le sol de l'antique Uggate sans faire une décou- 
verte archéologique ; et malgré les précautions prises, 
plusieurs objets furent dérobés et ravis à nos études. 

C'est au début du mois d'octobre 1912, que les travaux 
commencèrent dans les rues Gambetta et Emile-Zola, 
mais ils ne donnèrent que des ossements d'animaux 
modernes et quelques menues monnaies ne datant pas 
de plus d’un siècle. 

Il n'allait pas en être de même pour les rues Leriche 
et Alfred, lesquelles sont comprises dans un cercle de 
400 mètres de rayon dont le centre serait placé au carre- 
four de l'Eglise. Or, l’abbé Cochet (1), qui a fait, après 


(1) Sépultures gauloises, romaines, etc....., pp. 98-110; 


152 


Guilmeth (1) et Deville (2), une étude approfondie du sol 
archéologique de Caudebec, n'hésite pas à fixer à 1,000 
mètres, le rayon du cercle dans lequel sont rencontrées 
les antiquités romaines de l'antique Uggate. 

Le 20 octobre, les terrassiers commençaient les tran- 
chées dans la rue Leriche et, à 30 mètres vers le sud, de 
l'angle de la rue Romaine (3), rencontrèrent un puisard 
de 2m5$0 d'ouverture et de 2m25 de profondeur. Il était 
formé de pierres sèches. Un fossé, dont le profil était 
encore parfaitement reconnaissable, amenait dans le pui- 
sard des eaux venant de l’ouest. Je dirai ici que les tran- 
chées pour l'installation des aqueducs avaient toutes 2" 50 
de profondeur sur 1 "50 de largeur. Ces tranchées ont 
permis de reconnaître une couche de terrain noirâtre de 
1 »m 30 de profondeur moyenne, formé d’humus, de cendres 
et de charbons, restes de violents incendies. Au-dessous 
de ce sol remanié se trouvait une couche d’argile vierge, 
dans laquelle et de place en place apparaissait un mince lit 
de petits galets. | ; 

Afin de donner aux découvertes que nous allons décrire 
plus de précision nous les avons indiquées sur le plan 
annexé (page 153); car combien nous a paru difficile, 
impossible même le plus souvent, la tâche de reconnaître 
l'emplacement des trouvailles faites antérieurement. 


RUE LERICHE 


Le 24 octobre, un vase de terre rouge de 0 m 20 de dia- 
mètre était découvert à o®60 de profondeur au droit du 
no 27 (Voir le plan en B, fig. F de la planche). Ce vase 


Normandie souterraine. — La Seine-Inférieure historique et 
archéologique, p. 218. 

(1) Guilmeth, Hist. de la ville et du canton d’Elbeuf. 

(2) Deville, Revue de Rouen, 1846, 2° semestre, p. 379. 

(3) Op. cit., p. 216. 


153 


4 


CUHREXTEL 


te 


Plan d’une partie de la ville de Caudebec-lès-Elbeuf 


indiquant le tracé des aqueducs 


154 


paraissait avoir contenu des cendres, mais sans aucun 
autre objet. Il offrait cette particularité d'avoir été modelé 
dans un des ateliers de La Haye-Malherbe, localité située 
sur le plateau dominant Caudebec et sur lequel des 
fabriques de céramique ont existé dés la plus haute anti- 
quité (1). 

Dans les environs de ce vase furent recueillies deux 
monnaies de bronze, l’une à o" 20, l’autre à 0"60 de pro- 
fondeur, mais trop oxydées pour pouvoir être lues. 

Au droit de l'immeuble n° 22, un vase de terre noire 
de om14 de hauteur fut trouvé à 1 "30 de profondeur 
(Voir le plan en C, fig. b ou pl. b). Ce vase contenait avec 
des cendres un M. 8. de l’empereur Commode. Au R/ 
PIETAS AVG, Couteau de sacrificateur, aspersoir, vase, bâton 
d’augure et simpule (frappé en l'an 75 de J.-C.). 

A quelques mètres vers le sud, et toujours au droit du 
n° 22, un autre vase de terre noire (pl. fig. a) fut égale- 
ment trouvé à 1"30 de profondeur : le vase a une hau- 
teur de 0m20. 

Au droit du n° 27, toujours rue Leriche, on reconnut 
des débris d’une grande amphore. Nous fimes des essais 
pour rassembler les morceaux ; mais après avoir reconnu 
l'absence de plusieurs parties du vase, notamment du col, 
des anses et constaté qu'il ne s’y trouvait aucun sigle de 
potier, nous abandonnäâmes les débris. 


RUE LOUIS-BLANC 


L'aqueduc devant collecter les eaux de la rue Alfred 
empruntait pour son raccordement une longueur de 
6o mètres à la rue Louis-Blanc et 70 mètres environ à la 
rue Etienne-Dolet. 

A l’angle des rues Leriche et Louis-Blanc (Voir le plan 


L] 


(1) Voir Bulletin de la Commission des antiquités. Note de 
M. Drouet et les communications de MM. Quesné et L. de Vesly. 


"1onsnon np ad ‘apriei xo1S (x ‘ousmofpruy j ap anomeis sp quatuBru,j (t ‘stoines oseA (4 
fauretuoi autT (5 ‘Sqioulen-24tH eI ap 104 (} ‘ o1tou aujod us aseA (e ‘azuoiq us asur (p : 2[P19AN03 no 
spndnn) (9 ‘ spoutoT ap ateuuowu aun ueanon 9s fonboy suep ‘ps (q ‘ sutou ouaiod us sseA (e 


ZIGI NA ANANIA SAI-DAMAUNAVI V SLUHANODGU S11(a0 


155 


en E), une fosse de 3 à 4 mètres de diamètre fut reconnue. 
Elle avait la forme d'une calotte sphérique renversée et 
était remplie d’une terre noire avec charbons. Malheu- 
reusement l'ouverture de la tranchée ne passant pas par 
le centre de la fosse, il fut impossible de vérifier si on 
venait de rencontrer un fond de cabane ou l’un de ces 
bûchers funéraires élevés dans la propriété du défunt (1). 
Ce sont de semblables foyers qui se voient lors des ébou- 
lements dans les falaises du littoral et dont les débris sont 
quelquefois aperçus au milieu des galets de la plage (1). 

En F du plan fut trouvée l’anse en bronze (Voir la fig. d 
de la pl.). Cette anse, de o"o75, peut se reçcourber en cro- 
chets; l’un d’eux est brisé, mais à celui encore existant est 
appendu le rivet indiquant que l’anse devait servir à porter, 
soit un petit coffret, soit un petit vaisseau de bois. 


RUE ÉTIENNE-DOLET 


A l'endroit précis où la tranchée était creusée dans la 
rue Etienne-Dolet (G du plan), un puits ou une citerne 
fut découvert. La maçonnerie du cylindre qui le formait 
était grossière ; il n’y eut aucune découverte et la physio- 
nomie générale indiquait une citerne moderne. 


RUE ALFRED 


Au droit du n° 4 de la rue Alfred (H du plan), on trouva 
un vase en terre noire qui fut séparé en deux morceaux 
par le coup de pioche de l'ouvrier. Le vase d’un profil 
rustique mesure o"12 de hauteur, omo8 d'ouverture et 
présente un diamètre de om10 à la partie la plus large de 
la panse. Il ne renfermait aucun objet. 

Aux points I et K du plan furent reconnues des fosses 
circulaires avec fond en argile plastique. Aucun objet 


(1) Commission des antiquités, t. XV, p. 360. 


156 


n'étant venu confirmer l'hypothèse qu'elles avaient été 
destinées à recevoir de l’eau ou affectées à l'usage d’un 
potier, nous ne nous y arrêterons pas davantage. 

A l'emplacement désigné par la lettre J du plan, au droit 
du n° 24, l'ouvrier Carpantier trouva à un mètre de profon- 
deur une lance en fer de o"27 de longueur (PI. fig. g). Dans 
le voisinage un M. 8. à l'effigie d'Octave Auguste fut égale- 
ment recueilli. Il portait à l’A/ CÆSAR AVGYSTVS DIVI. F. 
PATER PATRIÆ. La tête laurée à droite et au R/un autel 
orné de figures entre deux colonnes surmontées chacune 
d’une victoire. C’est l'autel de Lyon et une pièce frappée 
l'an XI de J.-C. 

Enfin en L, vis-à-vis le n° 16, fut découvert par l’ouvrier 
Riberprey, un vase fort curieux indiqué sur la figure par 
la lettre h. Il présente les dimensions suivantes : hauteur, 
om21;: ouverture, o0mM09; plus grand diamètre de la panse, 
0®13; au rétrécissement de la hase, om04 et omus au 
pied. 

Ce vase, d’une cuisson inégale et de couleur grise, peut 
appartenir à la dernière période de la tène et être contem- 
porain de la conquête. Il offrait de plus une certaine curio- 
sité par les trois fragments d'ivoire qu’il renfermait et que 
j'ai pu réunir pour former un os de près de o"19 de lon- 
gueur, 

Ces morceaux d'ivoire (fig. h de la pl.) devaient provenir 
d’un bois de cerf travaillé, et je crus tout d'abord qu'ils 
avalent appartenu à un bâton de commandement. Les 
naturalistes n’ont pas admis mon opinion, car ils ont voulu 
reconnaître, dans les fragments soumis à leur examen, les 
débris de la partie supérieure d’un os de narval ou licorne 
de mer. Ce fut pendant tout le moyen âge, l’amulette, le 
talisman rare, recherché des rois et des princes; le fétiche 
dénonçant les breuvages empoisonnés. 

Pour terminer l'examen des objets découverts à Caude- 
bee, je citerai un grand éclat de silex de l’époque mous- 
térienne (K); un fragment d'une statuette de la Vénus 


em qe 


157 


anadyomène, en terre blanche de l'Allier (I), et une 
petite ampoule en terre noire servant de couvercle à l’une 
des urnes (C). 

Je ne saurais non plus passer sous silence plusieurs 
monnaies de bronze trop oxydées pour pouvoir être lues. 
Une de ces monnaies était coupée, et d’ailleurs les deux 
plus intéressantes ont été décrites plus haut. 


NoTa. — Le journal l'Elbeuvien a annoncé, dans son 
numéro du 28 novembre 1912 qu’en outre des objets décrits 
ci-dessus, il avait été trouvé dans les mêmes tranchées un 
petit pilon en terre cuite et des débris de poterie rouge : 
sur un fond de vase aurait été vu la marque cENTAr. Fr. (1), 


- mais la lecture de ce sigle est-elle bonne ? C’est ce que 


nous n'avons pu vérifier ; car l’auteur de ces rapts n’a eu 
garde de se faire connaître. 


Manoir de Trouville - Alliquerville. — Enfin 
M. Vernier donne lecture de l'intéressante lettre qu’il 
a reçue le 17 courant : 


4 
. 


« Monsieur, comme suite à notre conversation de 
jeudi dernier à la réunion du Comité de l'Histoire de 
la Révolution, je vous adresse ci-dessous les rensei- 
gnements demandés sur la maison de Trouville-Alli- 
querville, appelée à disparaître dans cinq ans à l’expi- 
ration du bail de mon beau-frère. 

» Ce petit manoir est en colombage à poutrelles 
apparentes, à un étage, et est couvert en chaume. Il 
appartenait depuis trois cents ans à la famille Aron- 
del, de Rouen. Il a été vendu dernièrement à un mar- 
chand de biens, lequel l’a revendu. à Mne Dorange, 
confiturière, voisine de la ferme, et qui se fait bâtir en 


(1) CENTA FF — Corpus insc. lat.,t. XII, p. 184. No 538. 


158 


ce moment une maison neuve destinée à remplacer le 
manoir actuel. 


» Les deux portes extérieures et le sommier en léger 
encorbellement du premier étage sont remplis de 
sculptures. A droite de la porte de la cuisine sont 
sculptées les armes des seigneurs, au-dessus desquelles 
j'ai pu déchiffrer ces lettres BETH/MONT. Est-ce 
Bethmont? Jusqu'à présent, je n'ai pas encore pu 
trouver la famille possédant les armes ainsi frappées 
sur la porte. 


» Je signale également une très ancienne plaque de 
cheminée dans la cuisine, portant ces mots Aollandia 
Pro Patria, et représentant un homme assis, coiffé 
d’un caudebec {chapeau Louis XIV), tenant en main 
une lance surmontée d’un chapeau. Cet homme est 
assis sur un tertre entouré de gabions. Devant lui est 
un lion debout sur ses pattes de derrière, et lui tour- 
nant le dos. Cette plaque, sans date apparente, pourrait 
bien provenir de Hollande, au moment de la guerre 
de Louis XIV contre ce petit pays, et annoncerait bien 
le logis d'un gentilhomme protestant. 


» Je tiens à signaler également les quatre cheminées 
à colonnettes, et faites avec de petites tuiles et des 
briques plates. 


» De ces quatre cheminées une seule a été très 
bien conservée, c’est celle du grenier. Les autres ont 
été défigurées pour les besoins modernes, mais on 
voit les colonnettes noyées dans le plâtre qui les re- 
couvre en partie. 


» Avant que ce vieux manoir vienne à disparaitre, 
je vous prie, M. l’Archiviste, de vouloir bien le signa- 
ler à la Commission départementale des Antiquités, 


RU D - re 


159 


pour qu'elle puisse en faire prendre des photographies, 
et le sauver ainsi de l'oubli. 

» J'ai illustré ma lettre de quelques croquis, gros- 
sièrement traités, d’après les croquis que j'avais faits 
moi-même sur nature il ÿ a quelque temps. 

» Excusez le décousu de cette lettre que j'écris du 
premier jet, au milieu de mes nombreuses occupa- 
_tions, et afin de tenir ma promesse. Je n'ai pas visé au 
style, mais à vous donner des renseignements utiles, 
aussi fidèles que me le permettent mes souvenirs per- 
sonnels. 


» Veuillez agréer. l’Instituteur de la Frenaye, 


«a À. LEFEBVRE ». 


L'original de la lettreest entré dans l'album, à cause 
de ses croquis. 


Avant de lever la séance, M. le Président remercie 
nos confrères d’y être venus si nombreux, et prend 
avec cux rendez-vous pour le 20 décembre, Il est 
quatre heures un quart. 


A. Toucarp. 


160 


SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1912 


À deux heures vingt minutes, elle est ouverte par 
M. G. Le Breton, vice-président. 

Etaient présents : MM. Costa de Beauregard, 
Duveau, Garreta, Lefort, Le Verdier, Mgr Loth, 
Minet, Pelay, Ruel, Sarrazin, B. de la Serre, Vernier, 
de Vesly et l’abbé Tougard. 

Se sont excusés : MM. Auvray, C. Coche et 
D: Coutan. 

La lecture du procès-verbal de la précédente séance 
amène M. de Vesly à remarquer que la monnaie d'or 
citée a été volée au Musée, Sur quoi M. le Président 
rappelle que l'enquête qu'il a provoquée à cet effet n’a 
obtenu aucun résultat utile, quoique très habilement 
menée. On constate également la récente liquidation 
de la grande succession Dutuit; mais la bienveillance 
des deux célèbres collectionneurs n’est pas demeurée 
assez constante pour remplir toutes les espérances 
qu'on avait pu concevoir. 


La parole est ensuite laissée au secrétaire sur deux 
questions dont la Commission s’est déjà occupée. 


Eglise d'Etretat. — Le 28 août, M. le curé d’Etre- 
tat a demandé au secrétaire une lettre à joindre à un 
petit dossier que des Parisiens se proposent de sou- 
mettre aux autorités compétentes de la capitale. 

Dès le lendemain il a reçu cette lettre. 

Et le 4 décembre, M. l'abbé Hébert lui transmet ces 
nouvelles informations. 

A la fin d'août, M. le maire Flory (président du 


161 


tribunal civil de la Seine) ordonnait à l'architecte 
communal d’Etretat de visiter l’église et de lui faire un 
rapport. 

Entre temps, sur les instances des protecteurs pari- 
siens de l’église, M. Bérard, sous-secrétaire d'Etat aux 
Beaux-Arts, demandait un rapport à M. Lefort lui- 
même. 

Le 11 novembre, M. le Maire annonçait que ce 
rapport renferme un devis des grosses réparations 
(couverture et contrefort, transept nord) nécessaires. 
Elles s'élèvent à 9,858 francs. Le contrefort signalé 
menace ruine, « chose grave à laquelle il faut remé- 
dier de suite ». 

Le maire a mis au courant des suites de l'affaire son 
Conseil municipal dès la séance du 29 novembre, « et 
il a promis de s'employer activement à faire heureuse- 
ment aboutir les démarches ». 


L'Armorial Biochet. — Le 14 novembre, l’excel- 
lent libraire, M. Ernest Dumont, en donnait au secré- 
taire ces nouvelles : 


« Je n'ai pas cessé de m'en occuper depuis dix-huit 
mois que j'ai en mains tous les éléments nécessaires. 
Les matériaux amassés comptent plus de deux cent 
cinquante mille fiches ; ce qui reste à faire pour les 
employer, demandera bien du temps, mais je m'y 
emploie avec courage et même avec un grand plaisir. 

» J'ai déjà la matière d’un gros volume ; mais impos- 
sible de mettre sous presse avant que l'ouvrage soit ter- 
miné, car il faut à tout instant faire des reports d'une 
famille à une autre ». 


Correspondance imprimée. — Elle se borne aux 


162 


pièces suivantes : Bulletin de la Société... de Semur- 
en-Auxois, 1910-1911; XX XVIT, Semur, 1912; — 
Bull. de la Soc... de Nantes et... de la Loire-Infe- 
rieure, LITT, 1012, 1sem.; — Bull. hist. et scientif. 
de l'Auvergne, janv. à avril 1011; n° 1 à 4, 3 fasc. — 
Antiquaires de Picardie, dictionnaire hist. et archéol., 
cantons de Corbie, Harnov et Mellinis-Vidame ; 
in-80. — Jtem, fondation H. Debray, Bulle de 
Benoît III pour l'abbave de Corbie, par Brunel, 
Amiens-Paris, 1912; gr. in-4°; — Jtem, fondation 
Soyez. Doullens, Ville et canton, par Ph. des Forts, 
1912;in-4°. 


Enfin M. le Président donne lecture de la circulaire 
relative aux Assises de Caumont, dont la V°‘session se 
tiendra à Caen au mois de juin prochain. Le rappor- 
teur du mouvement littéraire prie instamment d’adres- 
ser les communications à M. Edouard Dupré, profes- 
seur honoraire de l'Université, à Reville (Manche). 


Correspondance manuscrite. — Par sa lettre du 
29 novembre, M. le Préfet a transmis à M. Le Breton 
la demande de classement de l'église de La Cerlangue 
formulée par le Conseil municipal de cette commune 
dans sa séance du 16 novembre. Le maire se plait à 
reconnaître que, dans cette circonstance, la municipa- 
lité « s'est faite Le fidèle interprète de la population tout 
entière ». 

A l'unanimité, la proposition est très favorablement 
accucillie par la Commission, d'autant mieux que La 
Cerlangue figurait déjà dans un avant-projet de clas- 
sement dont 1l va être délibéré tout-à-l’heure. 


Plat à barbe armorié. — M. Garreta fait circuler 


163 


un plat à barbe en cuivre argenté, « aux armes : De... 
à un lion rampant de... qui est ? Accolées. D'or au cerf 
gisant au naturel. Au franc quartier une main de... 
qui est Scott. Couronne de marquis. 

» Malgré nos recherches, conclut notre confrère, 
nous n'avons pas réussi à rencontrer ni à déterminer 
cette alliance avec une Scott (de la Mésangère ou de 
Fumechon :) 


Cimetière protestant non signalé (1}.— « Le même 
membre fait cette citation du ms Ÿ? du fonds Martain- 
ville : Au jardin de Gaillardbois, cimetière de la reli- 
gion prétendue réformée, gist noble homme M° {[pré- 
nom laissé en blanc) Brinon, conseiller du roy,en sa 
cour de parlement de Rouen, qui décéda le 2 oc- 
tobre 1603. 


« ]1 s’agit, explique M. Garreta, de Nicolas de 
Brinon, sieur de Vaudichon, qui, après avoir été con- 
seiller au présidial de Bordeaux, fut reçu conseiller au 
Parlement de Rouen, le 22 mars 1572. 

» [l résigna, étant mourant, le 1e° octobre 1603. Il 
avait épousé Jcanne de Noyelle, veuve de Jean de 
Miraulmont », 


Propositions de classement. — M. le Président 
remet au secrétaire un avant-projet de classement qu'il 
lui avait soumis il y a environ trois semaines. L'abbé 
Tougard s'était à peu près borné, commeil l'annonce, 
à composer cette liste à l’aide des ci-devant édifices 
départementaux, aujourd’hui dépouillés de leur droit 
à des allocations spéciales. On a seulement négligé d’y 


(1) Peu de jours après, la presse a cité dans la rue de la Rose 
un groupe de sépultures de réformés (N. d. S.). 


164 


faire figurer quelques classements récents, comme peu 
considérables. 


Voici cette liste provisoire : 


AVANT-PROJET DU NOUVEAU CLASSEMENT A PROPOSER 
AU MINISTÈRE 


ARRONDISSEMENT DE ROUEN 


Darnétal. — Eglise de Longpaon. 
Blosseville-Bonsecours. — Eglise Notre-Dame. 


Grand-Couronne. —- Eglise. 
La Bouille. — Eglise. 
Blainville-Crevon. — Eglise. 


Buchy. — Chœur de l'église. 

Jumicges. — Eglise. 

Pavilly, — Eglise. 
—  — Ancienne chapelle. 

Limésy. — Eglise. 

Mont-aux-Malades. — Eglise. 

Rouen. — Salle capitulaire et cloître de la Cathédrale. 
— Eglise Saint-Nicaise (chœur). 

Les Authieux. — Eglise et vitraux. 

Bosc-Bordel. — Porche de l’église. 

Caudebec-lès-Elbeuf. — Tour du clocher. 

Epinay-sur-Duclair. — Porche et calvaire. 

_ Isneauville. — Eglise et vitraux. 
Ry. — Porche de l’église. 
Rouen. — Abside de l’ancienne église Saint-Paul. 


: ARRONDISSEMENT DE DIEPPE 
Auffay. — Eglise. 

Bourg-Dun. — Eglise. 

Envermeu. — Eglise. 

Criel. — Eglise. : 

Dieppe. — Eglise Saint-Remi. 


Sainte-Marguerite-sur-Mer. — L'abside et l'autel. 


Neuville. — Le chœur. 

Ancourt. — Les vitraux de l’église. 
Avremesnil. — Clocher de l'église. 
Sainte-Foy. — Clocher de l'église. 
Varengeville-sur-Mer. — Eglise. 


ARRONDISSEMENT DU HAVRE 


Le Havre. — Eglise Notre-Dame. 
Fécamp. — L’Abbaye. 

— Eglise Saint-Etienne. 
Norville. — Clocher de l’église. 
Beuzeville. — Eglise. 
La Cerlangue. — Eglise. 
Etainhus. — L’abside de l’église. . 
Gainneville. — Clocher de l'église. 
Graimbouville. — L'abside de l'église. 
Montivilliers. — Cloître et calvaire du cimetière, 
Sainneville. — Nef de l’église. 
Saint-Eustache-la-Forêt. — Eglise. 
Saint-Laurent-de-Brèvedent. — Le clocher. 
Virville. — Eglise. 


ARRONDISSEMENT DE NEUFCHATEL 


Neufchâtel. — Notre-Dame. 
Aumale. — Eglise. 

Blangy. — Eglise. 

Bures. — Eglise. 

Sigy. — Le chœur de l’église. 
Neufmarché. — Eglise. 


Saint-Saëns. — Le clocher de l’église et ses vitraux. 


Vatierville. — Clocher de l'église. 
Villedieu-la-Montagne. — Clocher de l'église. 


165 


ARRONDISSEMENT D'YVETOT 


Allouville. — Le chêne-chapelle. 
Blosseville-ès-Plains. — Vitraux de l'église. 
Vaticville. — Eglise. 

Veulettes. — Eglise. 

Boudeville. — Eglise. 

Ingouville. — La nef de l'église. 
S.-Wandrille. — Eglise. 


Sasseville. — Le calvaire du cimetière. 
Veules. — Le clocher de l’église. 
Villequier. — L'église et les vitraux. 


Dressé selon le vœu de la Commission des Antiquités du 
22 noOY. 1912. 


M. Lefort regrette d'entendre nommer une ou deux 
églises, absentes de la liste de notre Bulletin. En con- 
séquence, on supprime à la lecture : Grand-Cou- 
ronne, La Bouille, Limésy. | 


N.-D. du Havre y avait pris place en tant qu'église 
principale de l'ancienne ville. La vaste église de 
S.-Laurent-en-Caux mériterait la mème faveur, ne 
fût-ce qu’en souvenir du cardinal de Bonnechose. Il 
l’estimait, avec N.-D. d'Eu, le plus monumental des 
sanctuaires qu'ait contemplés sa dernière visite pas- 
torale. 


A propos de Pavillv, Mgr Loth y fait remarquer, 
pour sa vénérable antiquité, l'anciennne chapelle, 
particulièrement digne de ce témoignage d'intérêt. Elle 
est aussitôt ajoutée à la liste. 


167 


M. le Secrétaire signale que son état actuel est 
lamentable; la sacristie, notamment, tombe en ruines. 
Il serait donc urgent de remédier le plus tôt possible 
à cet état de choses. 


On entend dire parfois : « La Seine-Inférieure pos- 
sède cent belles églises »; statistique non moins som- 
maire que le jugement qu'elle formule. Objecter que 
les églises absolument laides ou simplement insigni- 
fiantes sont chez nous en petit nombre, ne suffit pas 
davantage à satisfaire {a curiosité de notre temps. Les 
circonstances réclament une informätion aussi précise 
que possible. 


M. Lefort signale tout près d'ici l'aspect monu- 
mental des clochers de Canteleu et de S.-Aignan. Il 
espère du dévouement de nos confrères le précieux 
complément de renseignements nécessaire à la rédaction 
définitive de la liste. L'architecte en chef souhaiterait 
que l'on s'inspirât des instructions données pour le 
classement des objets mobiliers. 


En conséquence, M. le Président met au point un de 
ces portefeuilles du mobilier et s'emploie activement à 
constituer les premiers groupements de nos collègues 
pour l'étude des cinq arrondissements. On pourra 
s'éclairer des avis d'amateurs compétents, spécialement 
des présidents du Vieux Rouen, du Vieux Dieppe, 
du Vieux Caudebec et du Vieux Fécamp. 


Vues d'églises. — M. Pelay aime à prolonger la 
série des cartes postales que lui doit notre album. 
Aujourd’hui dix-sept cartes y font entrer huit sanc- 
tuaires nouveaux, SaVOIT : 


Canteleu, Duclair, Caudebec {2 vues), Sainte-Ger- 


168 


trude, Bolbec (5 vues), Lillebonne (5 vues), Harfleur, 
Tréport. 


Suivent ces trois mémoires de M. de Vesly. 


Butte du Muguet. — Atelier préhistorique (commune du 
Héron). — M. l'abbé Loisel, curé du Héron, voulut bien 
me faire connaître des antiquités rencontrées dans sa 
paroisse et m'inviter à venir les visiter. D'un autre côté 
J'avais été informé que des substructions antiques (?) 
avaient été désignées comme carrières à un entrepreneur 
de routes. Les substructions étaient situées au triage des 
« Hameaux ». — J'écrivis à M. de Pomereu, propriétaire 
des terrains désignés, pour obtenir l'autorisation de prati- 
quer des fouilles et je fis des démarches afin qu’une autre 
carrière fût désignée à l'entrepreneur. Enfin, je me ren- 
dis au Héron avec notre collègue, M. Deglatigny, et, 
accompagnés de M. l'abbé Loisel, nous atteignimes le 
triage de « Clanquemeule et la Butte du Muguet. » 

Dans les champs de Clanquemeule, M. l’abbé Loisel a 
recueilli plusieurs outils de l’époque néolithique : ciseaux, 
grattoirs, poinçons, dont je place quelques types sous les 
yeux des membres de la Commission. Nous avons constaté 
que de nombreux éclats provenant de la taille du silex se 
trouvaient à cet endroit où un atelier de l’époque préhis- 
torique a dû exister. 

La Butte du Muguet tire son nom de la jolie fleur prin- 
tanière : elle a été coupée vers son milieu, lors de la cons- 
truction du chemin vicinal se dirigeant vers Saint-Lucien. 
A cette époque M. de Stabenrath l'avait signalée à la Com- 
mission des Antiquités. Malheureusement il n’est resté 
que la mention faite alors par cet archéologue (1); et au- 
jourd’hui il est difficile de préciser si la Butte du Muguet 
fut un tumulus, puisque le chemin en la traversant a 


(1) Séance du 5 juillet 1832, t. I, p. 169. 


169 


détruit la partie centrale et que la mémoire des vieux pay- 
sans ne révèle l'existence que d’un ancien moulin à vent. 


« 


La fouille sommaire à laquelle nous avons procédé 
nous a en effet conduits à conclure qu’une tour s'était 
élevée en cet endroit et que l'époque de sa construction 
ne pouvait remonter au delà du moyen âge, puisque nous 
n'avons rencontré dans les déblais que des tuiles à crocs. 

Néanmoins une nouvelle exploration s'impose pour 
découvrir le caractère des substructions du triage des 


« Hameaux ». 


Le Manoir de la Groudière (commune de Trouviile- 
Alliquerville). — Le mercredi 27 décembre dernier, après 
une visite au Théâtre romain de Lillebonne, nous réso- 
lûâmes, M. Lefort et moi, de nous rendre au Manoir de la 
Groudière signalé à l’attention de la Commission, dans la 
séance du 22 novembre dernier, par les indications de 
linstituteur de La Frenaye. 

Nous quittämes Lillebonne par un soleil hivernal pro- 
metteur d'une belle après-midi; et, par la route d’Alvi- 
mare, nous gravimes la charmante vallée du Radicatel. La 
petite rivière qui alimentait les Thermes du Juliobona a de 
nouveau vu capter ses sources pour alimenter d’eau la 
ville de Lillebonne; et les travauxmModernes ont fait ren- 
contrer l’aqueduc romain (1). D'ailleurs dans le riant val- 
lon, il n'est aucun point qui ne révèle la présence de Rome : 
ici, près des sources murmurantes, voici « la Lionnière » 
où les belluaires entretenaient les animaux destinés aux 
jeux du cirque; là-bas, sur le coteau de La Frenaye, c’est 
le cimetière reconnu dès 1807 et que l’abbé Cochet fouilla 
en 1858 (2). 

Nous devisions de découvertes archéologiques, lorsque 


(1) Bull. de la Société d'études préhistoriques, année 1904. 
(2 L'abbé Cochet. — Répertoire archeol. de la Seine-Infé- 
rieure, p. 134. 


170 
le ciel se couvrit tout à coup. Nous fûmes bientôt enve- 
loppés dans une tourmente de neige et de pluie nous for- 
çant à nous blottir dans la voiture, et c’est ainsi que nous 
arrivämes à La Groudière. 

Ce lieu, indiqué sur la carte d'état-major à la cote 152, 
ne présente, de prime abord, que l'aspect d’une ferme cau- 
choise. En pénétrant dans l’herbage et approchant de 
l'habitation, on s'aperçoit du caractèce particulier de la 
construction faite de bois et d’une maçonnerie de remplis- 
sage où grimpent des clématites et des chèvrefeuilles : 
un toit de chaume abrite Ie vieux manoir. Deux portes 
s'ouvrent dans sa façade : celle de droite donne accés à la 
cuisine ou ancien fournil, celle de gauche à une salle. Le 
linteau de la porte de droite se raccorde aux potelets par 
deux arcs de cercle: au-dessus, sur l’about d’une grande 
poutre, se voit un Ccusson. Les ans et les rameaux des 
plantes en ont effacé le champ et les meubles des armoiries 
des seigneurs de la Groudière. 

Aussi est-il difficile de les déterminer et notre savant et 
regretté collègue M. Biochet y a renoncé. Cependant, 
je crois qu'elles peuvent se lire ainsi : d’hermine à trois 
annelets posces un en chef et deux en pointe ?... 

La seconde porte, celle de gauche, présente la même 
ouverture que la porte à droite, mais les potelets et le lin- 
teau sont ornés d'entrelacs, et un arc en accolade en 
forme le couronnement. Les crochets, ainsi que l'épa- 
nouissement de cette partie d'architecture ont, pour la plu- 
part, disparu, mutilés par les hommes et les intempéries 
des saisons. 

A l'intérieur du manoir, quatre grandes cheminées ac- 
colées dos à dos ont été édifiées pour assurer le chaut- 
fage; trois sont cachées derrière des murettes ou des lam- 
bris; et, seule, la cheminée de la cuisine a été conservée 
ainsi que le four à cuire le pain qui lui est contigu, encore 
celui-ci est-il aujourd'hui en partie dissimulé. Cette che- 
minée de la cuisine est un vaste fover avec une lourde cet 


171 


large hotte en encorbellement, soutenue par deux colon- 
nettes à chapiteaux épannelés, à bases moulurées dans le 
style de la fin du xve siècle. 

L'escalier et tous les appartements ont été profondément 
modifiés. Ils ont perdu leur caractère pittoresque. Cepen- 
dant, M. Lefort aurait pris un cliché de la cuisine et de la 
cheminée, si la pluie et les nuages n'avaient plongé la 
pièce dans une obscurité que les petites fenêtres ne parve- 
naient pas à éclairer : il nous aurait fallu recourir au 
magnésium que nous ne possédions pas. 

En résumé, le manoir de la Groudière avec les plantes 
grimpantes, qui, l’été, tapissent sa façade vétuste en y 
jetant des notes colorées, peut présenter un Joli motif pour 
un aquarelliste, mais n'offre pas à l’archéologue le grand 
intérêt signalé par le correspondant de M. Vernier. 


Théâtre romain de Lillebonne. — M. de Vesly, 
ayant préparé un graphique sur le tableau noir, déve- 
loppe les principales découvertes faites au cours de 
l’année qui s'achève. Elles consistent principalement 
dans la reconnaissance de deux voies qui se super- 
posent, et indiquent avec précision deux incendies et 
certainement la reconstitution au moins partielle du 
théâtre. Les travaux ont également permis de recon- 
naître la construction de la barricade élevée à l'entrée 
ouest. Malheureusement les pluies tombées en abon- 
dance depuis le mois d'août n'ont pas permis de 
pousser plus avant les sondages projetés par M. de 
Vesly : celui-ci se propose de les poursuivre, dès que 
la saison le permettra, et rédigera alors un compte 
rendu complet de ses explorations. 


Lillebonne — Son changement de nom. — A pro- 
pos de la savante exploration archéologique de M. de 


172. - 


Vesly, notre collègue, M. P. Le Verdier, fait cette inté- 
ressante observation : le nom primitif Juliobona se 
recommandait du fondateur présumé de la ville. Celui 
de /nsula bona, qu'y substitua le moyen âge, ne semble 
pas l’effet d’une pure altération, comme il arrive d’or- 
 dinaire. On tint à y consigner le rôle plus ou moins 
important qu'eut la ville dans les relations maritimes 
de l’époque. 

Quant aux anneaux d’amarrage, dont l'emploi peut 
laisser des doutes, les auteurs du xix* siècle n'en par- 
lèrent que par tradition. Mais les rédacteurs du Mer- 
cure de France, comme l’a vu le secrétaire, les avaient 
connus en place. 


M. Georges Dubosc a la parole pour la communi- 
cation suivante : 


L'ANCIEN GRENIER A BLÉ DU GRAND MOULIN 


A propos de plusieurs photographies exécutées pour 
l'album de la Commission des Antiquités, 11 m'a été donné 
de réunir quelques notes sommaires sur un coin très 
ignoré du Rouen ancien. 


* 
» » 


Dernièrement, dans le courant du mois de février 1913, 
quelques travaux entrepris dans l’ancien moulin Fouré, 
place Barthélemy, dont sont propriétaires MM. Duchesne 
et Masson, dans le voisinage de l'église Saint-Maclou, ont 
permis de connaître ce que fut autrefois le Grand Moulin 
de la Ville, sur le Robec. 

Il existe encore là une très ancienne construction à plu- 
sieurs étages en pierre, avec fenêtres carrées, placée paral- 
lèlement au cours du Robec, sur la rive droite et parallè- 
lement autrefois à la vieille rue des Prêtresses ou des 


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Le Grand-Moulin sur le Robec 


Façade du « Grenier à blé » sur le Robec 


Etage en charpente du « Grenier à blé » 


Salle du rez-de-chaussée du « Grenier à blé » 


173 


Savetiers, qui suivait une direction à peu près semblable 
à celle de la rue de la République. Ce bâtiment en pierre 
est supporté, au rez-de-chaussée, par plusieurs lourdes 
colonnes en pierre, dont quelques-unes ont été offertesau 
Musée d’Art normand. Les étages sont en charpente, avec 
poteaux de soutènement et poutrelles. 

A notre humble avis, ce vaste bâtiment très ancien, à 
peu près ignoré du public car il n'est point visible des 
rues avoisinantes, est un des anciens greniers à blé de la 
Ville de Rouen, ainsi indiqués par Farin : 


« Il y a trois greniers de la Ville : un au Grand Moulin, 
» l'autre au Petit Moulin et le troisième au Moulin du 
» Petit Paon. Il faut que les fermiers mettent le blé à 
» blanc dans un grenier séparé et le bis dans un autre. 

» Les boulangers ne peuvent mettre le blé au grenier, 
» sans congé de la Ville et du Clerc siégé des Moulins, de 
» peur qu’ils n’aillent moudfre ailleurs qu'aux moulins de 
» la Ville. J1 y a des brancards pour faire peser le blé avant 
» de l’engrener, ou il faut le faire repeser quand il est 
» moulu. » 


Il y avait en tout dans la ville de Rouen douze moulins 
à blé, dont onze sur Robec et un sur l’Aubette. Cinq de 
ces moulins appartenaient à la Ville, depuis que saint 
Louis, par une charte octroyée en 1262, les lui avait don- 
nés avec l'emplacement des Halles et du Marché de la 
Vieille-Tour, moyennant une redevance annuelle de trois 
mille livres tournois. 

Quatre moulins de la Ville étaient sur le Robec et sur 
l’Aubette. Sur le Robec, elle possédait devant Saint- 
Maclou le Grand Moulin qui porta aussi le nom de Mou- 
lin-Raoul-Labbé, du nom d’un nommé Raoul Labbé, sieur 
de la Mothe, qui fut conseiller au Parlement en 1597; 
puis, au-dessous de l’ancienne rue Caquerel ou Claquerel, 
le Petit Moulin, dans la rue Malpalu, où se trouvaient, en 
descendant vers la Seine, le Moulin du Petit-Paon, dit 


174 


aussi de Cantepie ou Seminel, à hauteur de la rue Saint- 
Denis, et le Moulin neuf, au-dessous de l’église et du ccu- 
vent des Augustins. 

Par la charte de 1262, saint Louis avait également donné 
à la Ville de Rouen la propriété des rivières de Robec et 
d’Aubette. 

Le moulin dont dépend le Grenier à blé, le Grand 
Moulin, était situé très près d'un autre — à deux ou trois 
roues prés dit Farin, — appelé le Moulin de l'Agonie. Le 
Grand Moulin, qui avait d'abord appartenu à l'archevèque 
de Rouen, puis était passé dans le domaine royal, devait 
remonter à une date très ancienne. Suivant Île registre des 
Délibérations de la Ville, on fit, en 1404, « de grandes 
» tâches de charpenterie au Grand Moulin de la Ville, 
» dirigées par le maître de charpenterie bien connu, Jehan 
» de Socteville ». On peut penser que ces tâches de char- 
penterie se rapportent aux charpentes intérieures si 
curieuses du Grenier à blé. 

Les échevins se préoccupèrent, du reste, toujours de 
leurs moulins avec grand soin, et le Journal de leurs 
délibérations en témoigne à maintes reprises. En 1596, on 
y remet des meules et on les répare parce qu'ils sont 
« mal entretenus ». En 1605, on obtient une sentence 
contre le Chapitre qui prétendait y avoir privilège. En 
1626, le Roi veut y exercer des droits et la Ville défend 
« le plus ancien privilège dont elle jouisse qui ne luy a 
» jamais été disputé, au temps même, dit l’échevin Peu- 
» chot, où les Anglais occupaient cette province ». En 
1644, quand la Ville est encore menacée d'être dépos- 
sédée de son privilège par le pouvoir royal, l’Assemblée 
des Vingt-Quatre envoie une députation au Roï pour 
demander, moyennant 200 livres par an, de ne pas perdre 
ce qu'elle appelle son « héritage ». 

En 1662, l’échevin Duquesne dans son rapport disait : 
« Nous avons eu grand soin de nos moulins comme étant 
» le meilleur revenu de la Ville, Le rétablissement de la 


175 


» plupart d’iceux en meules et autres pièces principales 
» commencé par nous en fait foi. Tel moulin fait actuelle- 
» ment cinq mines de blé à l'heure, qui n'en faisait jadis 
» que trois. » 


Le Grand Moulin de la Ville dut, à travers les âges, 
être compris dans toutes cesaméliorations. C’est au Grand 
Moulin que, chaque année, devait se rendre le fameux 
cortège de l'Oyson bridé, qui, partant du Moulin de Saint- 
Ouen, très voisin, — actuellement le Moulin de la rue du 
Père-Adam — devait, en conduisant un oison par les rues, 
apporter aux fermiers du Grand Moulin, au nom des 
moines de Saint-Ouen, « deux cruches de vin, deux gros 
poulets, deux pièces de bœuf et deux plats de beignets », 
le dimanche après la Saint-Barthélemy, cortège bizarre qui 
se maintint jusqu’en 1602. 

Le Grand Moulin subit, par la suite, de nombreuses 
modifications, particulitrement à l'époque où il fut occupé 
par M. Caron, meunier. L'abbé Ouin-Lacroix, dans son 
Histoire de l'Eglise Saint-Maclou, rapporte qu'on fit vers 
1850, pour 60,000 francs de travaux au Grand Moulin. 
[l constate que la force hydraulique du moulin était de 
quinze chevaux et qu'il fournissait alors 12,000 sacs de 
blé. 

La Ville louait directement ses moulins à des fermiers 
pour trois années. En 1304, on trouve comme adjudica- 
taire Jean Mallet, moyennant 60 livres et, en 1511, 
Jacques Dubosc. 

Les meuniers, fermiers de la Ville, jouissaient seuls du 
droit de moudre les blés employés en ville par les bou- 
langers. Un règlement du maire Robert Lemaître, en 1350, 
détermine la somme à payer pour la mouture aux mou- 
lins de la Ville par les boulangers urbains et fixe la taxe 
des marchands apportant des farines par la Seine. Ces 
taxes étaient payées en nature, Sçavoir : un comble de 
blé et un comble et un rez de farine, pareille à celle du 


176 


Grand Moulin, par chaque somme. Les blés venant par 
mer payaient dix deniers par mine, ainsi que les farines. 

D'après ces statuts de 1350, tous les boulangers de l'in- 
térieur de la ville devaient faire moudre aux moulins de la 
Ville, même ceux du faubourg Saint-Sever et de Martain- 
ville en dehors de l'enceinte, sauf quelques maisons ou 
fiefs, comme le fief de la Geôle. Par contre, « ceux qui 
demeurent hors la porte Cauchoise, dit le règlement, 
doivent moudre à Déville ». Ceux qui demeurent « à la 
Croix-de-Pierre, ou dans la rue devers Coquereaumont » 
— la rue des Capucins actuelle —- doivent faire moudre 
au Moulin de Carville, à Darnétal. 

Etaient encore exemptées de cette obligation de moudre 
aux moulins de la Ville, six boulangeries de Saint-Ouen 
qu'on appelle les franches aires. Pour surveiller l'entrée 
et la sortie des blés, le rang et l’ordre dans lequel chacun 
devait moudre, il existait un surveillant spécial, le Clerc 
siégé des moulins, qui exerçait cette fonction à l'Hôtel des 
Plaids de Robec, dans une vaste salle située dans la rue 
Eau-de-Robec et où fut aussi la Salle ou l'Hôtel des 
Libraires. Les bords du Robec étaient bien choisis comme 
siège de cette juridiction, car ce petit ruisseau a joué un 
rôle très important dans la vie industrielle de la cité, 
réunissant les Teinturiers et les Meuniers, comme le rap- 
pellent ces vers de Grisel : 


Tinctorum utilitas hæc maxima, magna rotarum 
Quæ populo Cereris spicea dona terunt. 


En compensation des droits qu’ils possédaient, les meu- 
niers de la Ville devaient de nombreuses gratifications à 
des personnes privilégiées, notamment à l’Archevêque 
au Chapitre, aux Echevins. Annuellement, ils donnaient 
quarante mines aux religieuses de Saint-Paul, soixante 
aux religieux du Mont-aux-Malades, quatre-vingts livres à 
l’abbaye de Saint-Ouen, dix sols au prieuré de Saint-Lé, 


177 


cinq livres à la Cathédrale. En plus ils devaient moudre 
gratuitement pour le gouverneur de la Ville, l'Archevèque, 
le Chapitre et pour les Echevins, auxquels ils offraient, à 
Noël, des chemineaux ; aux Rois, des gâteaux; à Pâques, 
des norolles et en août, du pain de blé nouveau. 

Cette banalité des moulins de Rouen eut de graves 
inconvénients. Par suite des obligations qu’elle imposait 
aux boulangers, en les forçant à entreposer leurs blés ; 
elle entraina souvent la hausse du prix des farines et du 
pain. Aussi ce droit fut-il supprimé par un édit de 
Louis XVI, en 1774, daté du jour même de son sacre. La 
Ville s'y opposa, prétextant qu’elle avait acquis ce privi- 
lège de saint Louis à titre onéreux. Elle demanda même 
qu’on lui fit remise de 12,747 livres qu’elle avait payés à 
l’aliénataire des octrois imposés sur la province. 

On finit par s'entendre, et pour rémunérer la Ville de 
Rouen des revenus que lui rapportait ce privilège très 
ancien des moulins, on la déchargea de l'obligation de 
loger le Gouverneur, l'Intendant et le Prévôt de la Maré- 
chaussée. 

Le privilège de banalité supprimé, la propriété elle- 
même des moulins par la Ville devait disparaître à la 
Révolution. Du même coup que la banalité, disparut aussi 
la Corporation des mesureurs et porteurs de blé, qui 
compta plus de trente membres. Les porteurs avaient leur 
confrérie dite de Sainte-Avoye, en l’église des Augustins, 
ce qui s'explique par le voisinage des moulins sur le Robec. 
L'existence du Four banal, dans le même quartier, tient 
aussi à la même cause, 


Tels sont les quelques souvenirs qu’il nous a été possible 
de réunir sur le Grand Moulin et sur l’organisation géné- 
rale des moulins municipaux, qui ont dû tenir une large 
place dans l’histoire d’une grande ville comme Rouen, qui 


1-8 


/ 


fut, ne l’oublions point, pendant plusieurs siècles, une 
ville forte, éprouvée par les sièges, les investissements et 
le manque de vivres. 


M. le Président remercie M. Georges Dubosc de son 
intéressante communication. Il compte, d'ailleurs, 
l'illustrer par des planches, insérées dans le Bulletin, 
d’après les photographies qu'il avait fait exécuter pour 
l'album de la Commission. 


La séance est levée à quatre heures un quart. 


A. TouGaro. 


PRINCIPALES MATIÈRES DU BULLETIN 


J. — Saint-Georges-de-Boscherville ......... nr 
Centenaire de l’abbé Cochet............. 5:79 
PérIOnNerle sions disseractessocces 12, 

11. — Protection du Mont-Saint-Michel.,............ 
Eglise dela Heuze:.s,.:158 ee és 

Respect des œuvres d’art........,..... 21, 41, 
Fontaine d’Aréthuse............ soda 22, 
Ornementations diverses ................. 27, 

Eauplet : Souterrains et maïsons........... 28, 
Gerville : Manoir.......... 

IT, — Passion de l’alignement..................... 
Le négociant Th. Legendre.................. 

IV. — Constructions antiques....... TT : 
Reliüres armoriées.;...:5s%éuueitsseuse 
Monnaies et jetons............. 7 à 9, 67, 69, 

J. de Quintanadoine. 4:43 

| L’attrait esthétique des églises..........,..... 
V. — Eglise de Virville........... Mises ina 
VITRE in de amas lisiue nent 58, 
Documents sur le Canada... sise: 

Chêne d’Allouville..............,...... 123, 

Fanum des Cateliers....,......,............. 

Vues d'église. ss ete. 134, 145, 

VI. — Classement départemental supprimé....,...... 
Millésimes. ....... Re ee 
Anciens imprimeurs de Rouen................ 

VII. — Propositions de classement à l'Etat...,....... 
Le grand Moulin de Rouen et son Grenier..... 


110 


PROCÈS-VERBAUX 


DE LA 


COMMISSION DES ANTIQUITÉS 
DE LA SEINE-INFÉRIEURE 


PENDANT L'ANNÉE 1913 


9 , 
SEANCE DU or FÉVRIER 1013 


Elle ouvre à deux heures un quart, sous la pré- 
sidence de M. G. Le Breton, vice-président ; M. le 
Préfet, président, excusé de ne pouvoir y assister. 


Furent présents : MM. Auvrav, C. Coche, Du- 
veau, Garreta, Minet, Pelayv, Ruel, Sarrazin, de 
la Serre, Vernier, de Veslv et l'abbé Tougard. 

Se sont excusés : MM. Costa de Beauregard, 
Delabarre, Poussier et G. Dubosc. 


En ouvrant la séance, M. le Président se lève 
pour déplorer la grande perte qu'a faite la Com- 
mission au commencement de cette année dans la 
personne de son doyen d'âge et de promotion, 
Mgr J. Loth, que M. l'abbé Cochet v avait fait 
entrer en 1866. En ces dernières années 1l était 
assidu à nos séances, et M. Le Breton ne peut se 
défendre d'une légitime émotion en rappelant 


182 


qu'il était venu s'asseoir à ses côtes dans notre 
dernière réunion, et avait pu y défendre les inte- 
rêts archéologiques de Pavilly, paroisse qui avait 
eu les prémices de son ministère. « Aimable, 
ajoute le président, bienveillant, accueillant, s'm- 
pathique à tous : véritable ange gardien de la 
population si digne d'intérêt réunie sous sa hou- 
lette pastorale », 1l laisse après lui « un souvenir 
très précieux », dont nous aimerons à nous ins- 
pirer. . 

Nous avons eu heureusement, depuis, quelques 
compensations à ce deuil poignant. La décoration 
de M. Lormier est venue récompenser le zèle et 
l'activité que notre confrère témoigne si Justement 
aux grands intérêts de l’agriculture de la région. 
Puis la distinction justifiée dont M. Jacquelin a 
été l'objet, ne peut nous laisser indifférents après 
tous les soins dont il entoure les albums et les 
archives de la Commission. -— M. Jacquelin se 
trouvant alors dans la salle, des applaudissements 
soulignent ce juste hommage du président. 


« Serrons les rangs », conclut-il ; et, dans la 
lutte pacifique pour le maintien des traditions 
artistiques, pour la protection de nos richesses 
archéologiques, redoublons nos efforts pour ré- 
pondre aux vues qui ont inspiré l'établissement 
de la Comnnssion. 

Le procès-verbal de la dernière séance (20 dé- 
cembre 1912) est lu et adopté sans observations. 

M. de Vesly insiste sur les remarques qu'il à 
faites à propos de Radicatel. De son côté, M. Gar- 
reta fait remarquer que ce village est surmonté 


183 


du Lieu dit « Le Gatelier » : en sorte ‘que l'origine 
de son nom semble bien être Radix castelli. 

Sur quoi M. le Président relève l'étrange défor- 
mation du nom le plus historique de nos origines 
normandes. Il à plu à Dudon de Saint-Quentin de 
latiniser, pour les besoins de son histoire, le con- 
quérant de notre province, en l'appelant Rollo. 
Sous cette forme, il est profondément inconnu 
dans les pays scandinaves, où il est toujours 
nommé /tolf, de la même famille que Rodo/phus 
et Raoul. 


Correspondance imprimée. — Trois publica- 
tions seulement en forment le dossier : Mémoires 
de la Société des Antiquaires du Centre, 1911 ; 
vol. XXXIV, in-8°, Bourges, 1912 ; Société de 
l'Orne, Bulletin XXXITI, 1, Alençon, 1913 ; -— An/i- 
quaires de la Morinie, Bulletin 244 ; 1912, 4. St- 
Omer, 1913. 


Supplément à l'ancien classement ministériel. 
— M. le Président revient sur cette importante 
question. Il présente quelques feuillets imprimés, 
qu'il suffira de remplir et qui assureront l'unifor- 
mité de rédaction. Il reprend quelques idées pré- 
cédemment émises sur les meilleures conditions 
de cette opération considérable. 


M. Vernier met sur le bureau un feuillet in-8°, 
type adopté par le ministère. M. Le Breton estime 
que le format in-4° est plus commode à consulter 
et d'une conservation plus sûre. Après quelques 
réflexions, il est décidé que l'envoi à Paris se fera 
sur le format officiel, mais que la minute à déso- 
ser dans les archives de la Commission demeurera 


{84 


conforme à nos feuilles d'essai. On s'occupe égale- 
ment des meilleures conditions de la couverture. 

Quant à l'ordre du classement, M. de Vesly est 
d'avis de commencer par les églises, puis d'y 
ajouter le mobitrer, spécialement pour les objets 
susceptibles de disparaitre. 

M. Pelay s'inquiète des croix de cimetière et 
des calvaires de carrefour. À quoi on répond que 
des mesures ont été déjà prises en leur faveur. 


Collection Dubus, à Neufchütel., — M. le Prési- 
dent a reçu la semaine dernière, de M. À. Dubus, 
ancien économe de l'hospice du Havre, aujour- 
d'hui retiré à Neufchâtel, une lettre qui lui offre 
pour le Bulletin une liste en quatre grandes pages 
in-4° des antiquités recueillies par feu Courtin, 
photographe et bibliothécaire de Neufchâtel ; elles 
ont maintenant enrichi les belles suites archéolo- 
giques formées au Havre par M. Dubus. | 


La Commission ne croit pas à propos d'impri- 
mer intégralement cet inventaire, si intéressant 
qu'il puisse être, ne fût-ce que pour éviter un 
précédent. Le secrétaire jugerait du moins utile 
d'insérer au procès-verbal les noms de lieu ; et 
M. G. Le Breton lui confie le soin de tirer le meil- 
leur parti possible de l’obligeante communication 
de M. Dubus, qui méritera une place honorable 
dans les archives de la Commission (1). 


(1) M. Dubus a d'ailleurs fait ses preuves lan dernier. La 
Société géologique de Normandie a recu de lui un important tra- 
vail sur FEpoque du Bronie, dont elle à fait un extrait de 55 pp. 
avec carte et 6 pl. dont plusieurs doubles, (Nos archives en 
doivent un exemplaire à M. Deglatigny.) 


185 


Son cabinet doit être l'un des plus riches du 
département en antiquités préhistoriques. Car les 
récoltes de M. Courtin y ont fait entrer deux cent 
trent: objets appartenant aux époques paléoli- 
thiques, néolithiques et à l’âge du bronze. Une 
quarantaine de localités se partagent l'honneur de 
ces découvertes. 


La capitale brayonne en revendique cent dix 
pour sa part. Elle a fourni aussi de nombreux 
produits céramiques des six derniers siècles 
(environ 200 pavés) et un dessin de son château 
fortifié, avec un grand nombre de photographies 
des monuments de la ville et des environs, chà- 
teaux,. manoirs, etc. 


Voici les autres communes où M. Courtin 
récolta des vestiges préhistoriques : Aumale — 
Bellozane — Bosc-Geffroy — Bouelles, très riche 
— Bully — Bures — Campneuseville — Conteville 
— Esclavelles — Forges — Fresnoy-en-Val — 
Gaillefontaine — Gournay — Haussez — Londi- 
nières — Lucy — Mesnières — Mesnil-Mauger — 
Montrôty — Montérolier — Nesle-Hodeng — Quié- 
vrecourt — Sainte-Geneviève — Saint-Germain- 
d'Etables — Saint-Saëns (au Thil) — Saint-Saire 
— Vieilles-Landes — Vieux-Rouen — Entre Saint- 
Vaast et Arques. 


Céramique : Série de vases à bossage (Escla- 
velles), encriers, bénitiers, vases pharmaceuti- 
ques. 


Numismatique : Monnaies romaines, françaises, 
provinciales, etc., en certaine quantité ; quelques 
eachets de communauté, un eachet de Ja com- 


186 


mune de Maintru (à Saint-Valery-sous-Bures), un 
faisceau d'armes. 

Mélanges archéologiques : Superbe plaque de 
. cuivre relatant la consécration de la chapelle de 
l'abbaye d’Auchv, près Aumale. — Inscription 
commémorative de la consécration de la chapelle 
du manoir de Tourpes, à Bures — ce n’est qu'un 
fragment, dont l'autre moitié serait, dit-on, chez 
M. Cahingt, à Londinières (V. Bulletin de 1912, 
p. 9). — Plan sur parchemin (0,86 x 0,70) daté des 
. 6 et 17 août 1601, de la Grande et de la Petite 
Bataille, lieux dits voisins de Gaillefontaine. On 
v a dessiné les restes du vieux château de ce 
bourg. Nombreux fossiles du Port-Londien, re- 
cueillis surtout au Mesnil-Mauger : râpe à tabac 
en ivoire sculpté, etc., etc. 

Auparavant, M. Dubus avait déjà grossi sa 
propre collection des épaves locales préhistoriques 
et archéologiques rencontrées à Neufchâtel et à 
Gournav par M. Achille Hoart, avec ses cahiers 
de notes locales, IT considère comme un devoir 
de faire connaître ce que sont devenus tous ces 
souvenirs présentant quelque intérêt pour la 
l'écion. 

La très longue énumération que l'antiquaire 
de Neufchätel a pris la peine de nous adresser 
amene M. le Président à déclarer qu'il considère 
comme une lâche extrêmement difficile une clas- 
sification parfaitement méthodique de pièces 
préhistoriques. 

[ se demande si les pièces coupées que les 
fouilles rencontrent parfois, ne sont pas un simple 
expédient d'hommes peu fortunés qui veulent 


187 


diminuer de moitié la valeur de leur cex-voto. 
N'a-t-on pas vu nos quêtes d'église rendre un ou 
des liards sur le sou qui tombait dans le plat des 
pauvres ? | 


Porche de l'église de Beurreuil. — M. de la 
Serre en offre à notre album un charmant dessin 
qu'il a exécuté assez récemment. Il l'accompagne 
de cette description 


« Je voudrais appeler l'attention de la Commis- 
sion sur ui petit monument fort modeste dans 
ses dimensions et son architecture, mais qui est 
cependant digne d'intérêt : c’est le porche de 
l'église de Beuvreuil. 

» Beuvreuil est une ancienne paroisse supprimée 
à la Révolution ou depuis, et réunie à la com- 
mune de Dampierre-en-Bray. Elle a conservé son 
église qui à été construite au xI° siècle, mais fort 
remaniée aux XVI‘ et XVI". Un porche en bois et 
maçonnerie est accolé au portail ouest : il est ou- 
vert sur trois faces et couvert d’un toit à deux 
rampants, encadrant, sur le pignon, une ogive 
dont le tvmpan est entièrement occupé par une 
sorte de mosaïque formée de briques ou de tuiles 
émaillées coloriées en noir, en jaune et en vert 
Clair. Ces tuiles se présentent par leur tranche 
et sont disposées par série alternativement dans 
le sens vertical et le sens horizontal, de manière 
à former des espèces de zigzags. 

» De petits murs à hauteur d'appui entourent 
les trois faces du porche et présentent le même 
décor en tuiles vernissées, noires, jaunes et vertes. 

» La charpente est encore bonne, mais la ma- 


188 


connerie est fort dégradée. Il serait regrettable de 
laisser dépérir ce joli monument de la fin de 
l'époque ogivale, et que je crois presque unique 
en son genre. 

» J'ai essayé de reproduire la physionomie de 
ce carrelage dans le dessin ci-joint, que je suis 
heureux d'offrir à la Commission. » 


« Les Amys du Vieux Dieppe ». — Leur prési- 
dent, M. C. Coche, offre à nos archives leur pre- 
mier Bulletin qui vient de paraître. Les docu- 
ments sur le Canada, communiqués par notre 
collègue M. Cahingt, ont singulièrement intéressé 
les lecteurs. Puis M. Coche nous console un peu 
de l'absence de notre autre confrère M. Costa de 
Beauregard, en nous offrant un aperçu de la b'lle 
conférence que ce savant antiquaire a-donnée au 
Vieux Dieppe sur d'importantes découvertes qu'il 
a faites dans l'Ariège. M. Coche loue enfin avec 
complaisance les belles séries archéologiques qu'il 
a empruntées à ses vitrines de Sainte-Foy pour la 
satisfaction des Dieppois. 


M. de Veslv fait alors les cinq communications 
suivantes : 


1 — Noms de Poliers gyallo-romuains. — Quoique les 
fracinents de poterie portant des sigles que M. Deslo- 
“es m'avait demande de déterminer, n'aient pas été re- 
cueillis dans le département de la Seine-Inférieure, leur 
connexité avee des vases portant leS niénies marques et 
déposés ait musée dé Rouen nrenvage à vous entretenir 
de ces découvertes, 


Elles furent faites à Rugles, localité du département 


189 


de l'Eure, traversée par un chemin perré et citée com- 
me ancienne par Charpillon (1). 

M. Desloges, qui fouille et observe depuis vingt-cinq 
ans les terrassements exécutés dans Son pays natal, 
vient encore d'affirmer l'existence de Rugles à l'époque 
proto-historique et gallo-romaine, par Ia découverte de 
silex taillés, de puisards, de fosses, de glacis qu'il à 
reconnus au dieu dit « Enclos de La Bove ». Des débris 
‘de vases, avec marques de potiers, precisent encore da- 
vantage la période de la Gaule romaine, 

Le plus grand des fragments soumis à mon examen 
est un grand bol à figures en relief et à métopes, classé 
par M. J. Déchelette sous la forme 37. (PI. IX, n° 3 (2). 

Le sigle du potier PATERNVS occupe le milieu du frag- 
ment et est placé au-dessous d'un demi-médaillon sur 
lequel se voit un cvgne nageant. A la gauche, un génie 
aile, puis un personnage s'avancant vers le motif cen- 
tral Celüai-ci, avons-nous dit, comporte un demi-mé- 
daillon et te nom écrit en relief et en rétrogradant. 


A la droite, un génie ailé dans la méme attitude que 
celui de gauche et un guerrier combattant. 


Le nom du potier PATERNVS est depuis longtemps connu. 
Déja, en 1S60, M. de Caumont (3), empruntant une cita- 
tion au memoire publié par M. Hucher dans le Bulletin 
monumental (fn), le considérait Comme un fabricant de 
moules. NL. J. Déchelette Semble confirmer cette opinion 
par les tableaux publiés dans Son onvrage Sur les vases 
ornés de la Gaule romaine {5}, où il donne douze mon- 
les connus de ce potier, dont onze à Lezoux. Plus de 
deux cents pièces déposées dans les musées de France, 
d'Angleterre, d'Allemagne et d'Italie {5:. 


Le second vase porte la marque MICIO FECIS (sir). Ja 


(1) Dictionvaire du Département de FEure. p.727. 

(2) Lee vases ornés de la Gaule romaine, TE. 

(5) Abécédaire d'archéologie. 2 éditions Ere gallo-romaine, 
p,. 004. 

(4) Bull. monumental, T. XXVNE pp. 967, 

€) Op. cit, p. 173-199, 


190 


Musée de Rouen possède le fond d’un grand bol ayant 
le même sigle, mais cependant avec une légère va- 
riante MICCIO. F. (1), le nom du potier est écrit avec 
deux C et la lettre F pour le not FECIO. | 


On ne saurait s'attarder à cette différence d'orthogri- 
phe, car le pottier MICCIVS a des produits de sa.fabrica- 
tion exposés dans de nombreux musées et présentant 
de nombreuses variations de son sigle (2). Ce qu'il faut 
retenir de la découverte de M. Desloges, c'est qu'elle in- 
dique une nouvelle collection renfermant le nom de 
MICIO suivi de l'abréviation FECIC et atteste de nouveau 
l'antiquité de Rugles (Eure). 


Il. -- Cimetière franc de Blengre. — Voici l'exposé des 
découvertes faites dans le cimetière franc de Blengre 
{commune dn Bourg-Dun), dont la Commission à déjà 
été informee, | 

On se rappelle que cette nécropole fut trouvée en ex- 
trayant des cailloux pour l'entretien des routes environ- 
nantes, Les ouvriers n’attachèrent que peu d'importance 
à la découverte et se contentaient de céder à bas prix 
les objets qu'ils recueillaient, C'est par M. Lecellier, 
d'Yvetot, que le Directeur du Musée d'antiquités connut 
les faits et qu'il s'empressa de faire une première ré- 
colte, laquelle romprenait : une grande épée, des fran- 
uisques, des scramasaxes, un G. B. et nn morceau de 
poterie avec le sigle, 


La carriere cessa d'être exploitée : mais, aujourd'hui, 
elle est de nouveau livrée aux onvriers, et c'est à Ja di: 
ligence de M. Jacques, instituteur à Sotteville-sur-Mer, 
que je dois les objets que j'ai l'honneur de placer sous 
les veux de mes collègues de Ja Commission 


To ARMES. —- E a été recueilli, depuis Ja réouverture 


(1) Provient de Ja collection Fhaurin, aujourdhui au Musée de 
ionen, — À été recueilli en 4859, lors du percement de la mme 
de impératriée, aujourd'hui rue Jeanne-d Me, 

(2) Corpus tuser. lat, FT, NUIT, Vascula gallica, p. 292. 


191 


du chantier, deux francisques : l'une à talon et à tail- 
lant recourbé ; l'autre se rapprochant de la cognée du 
bücheron. | 

Ces types se sont déjà rencontrées plusieurs fois dans 
le département et récemment au Fontenil (1). 

Un scramasaxe, c'est le seul à signaler aujourd'hui, 
quoique les couteaux aient été trouvés en nombre à 
Blengre, mais ils ont été dispersés par les ouvriers. 
 L'arme la plus curieuse est la lance ou plutôt l’épieu, 
semblable à celui trouvé à Parfondeval et signalé pour 
la première fois par l'abbé Cochet (2) et depuis trouvé 
plusieurs fois dans notre département et à Charleval 
(Eure). 

Les Francs de la région auraient donc possédé cet 
armement spécial. 


20 OBJETS D'HABILLEMENT OU D'ÉQUIPEMENT. — Plusieurs 
boucles de ceinturon ont été recueillies par M. Jacques : 
elles sont en bronze et du type dit à queue de poisson. 
Leur ornement se compose de mappes et des rivets d'at- 
tache. Ponr l’une d'elle, cependant, « l'œil de perdrix » 
est tracé sans symétrie apparente sur la contre-plaque. 

Une plaque en fer pour ceinturon a été également 
trouvée : mais, ainsi que tous les objets de mème mé- 
tal, l'oxydation a produit des boursouflures et chassé: 
les incrustations d'argent des alvéoles les renfermant. 

Le grand intérêt des découvertes de Blengre consiste 
selon nous dans la fibule styliforme avec olive : elle 
mesure 0m/55 de longueur (fig. I). I] en a été trouvé le 


ER 0" 155 PNR Re 


semblables à Montceau-le-Neuf : mais jé ne crois pas 
qu'il en ait été enrore rencontré dans notre départe- 


(1) Bull. de la Comm. des Antiq.. T. NV, page 
(2) La Seine-nférieure hist. et archéol., p. 35. 


192 | | 


ment ; et cette découverte se complète par le crâne du 
sujet auquel avait appartenu le bijou. 


39 VASES. — Quatre vases, dont trois d'une poterie de 
ton gris clair et le quatrième d'un ton noir, sont à si- 
gnaler. Leur dimension en hauteur varie entre 77 et 
J8m/m; la longueur de leur circonférence, prise au sail- 
lant du profil, qui est en carene, sont respectivement 
0m230, 0m315, 0m360 et 0440. Le vase le plus caractérisé 
est celui de ton gris, de 0®3$ de hauteur, dont le profil 
est ferme et dont la panse est décorée de petits carrés 
tracés à la molette. 

Il à êté également trouvé un chandelier de fer : mais 
cet objet est-il de Pépoque franque ? Je ne le crois pas. 
Dans tous les cas, il faudrait que sa position dans la 
terre Soit bien déterminée, car il a existé à Blengre, au 
Moyen-Age, une léproserie. La torche ou chandelle, 
trés probablement obtenue avec de la filass et de 
la résine, ainsi que j'en ai vu l'usage en Bretagne, dans 
les environs de Redon, peut être du XIII ou du xXIv® 
siecle, 

Le résumé des découvertes faites récemment à Blen- 
pre est nécessairement sommaire, car il est impossible 
d'apporter de la précision dans une description faite 
sur le gisement d'objets retirés au hasard par des ou- 
vriers souvent peu serupuleux. Aussi, je me propose de 
me rendre aux beaux jours à Blengre pour déterminer 
et étudier l'emplacement de Ta nécropole franque. Je me 
suis déjà assuré, avee le concours de M. Jacques, l'ap- 
pui de M. Chatain, imaire du Bourgdun, qui s'applique 
à eviter Ja dispersion des objets sortis de la carriere et 
en possession des ouvriers. 


TITI. -— Juseriplion obiluaire de Jean Lonoy. — XI y a 
peu de mois encore, se vovait au n° 109 de la route 
nationale, dans la traverse de La.Mivoie, une petite mé- 
tairie. La mode à fait transformer la ferme en habita- 
tion bourgeoise, en villa selon le terme consacré. Pour 
opérer ce changement de décor, des travaux ont été ef- 
fectués., La cour, formée par un remblai réunissant la 


193 


route au Vorger joignant la eine, à vu sa pente, dimi- 
nuce, adoucie, Un parterre est venu égaver de ses fleurs 
la partie centrale. C'est en dressant le terrain, en le 
crensant pour les plantations, que la pierre obituuire de 
Jean Lonony à été trouvée au milieu d'autres décombres. 

Cette pierre mesure 075 de Long Sur Om3R de hauteur 
et une épaisseur movenne de 0207; cette dimension est 
irrégulière, la pierre retournée a dû servir de marche 
avant de tomber dans le rembhlai d'où elle à été retirée. 

L'inscription qu'elle porte, écrite en seize lignes et 
en beaux caractères gothiques du XVe Siècle, est ainsi 
Conçue : 


En rheste église de ST Denis de Rouen devant l'autel 
St Pierre gist Joh. Lonoy, jadis bourgeois de ladite ville 
qui trépassa l'an mill CCCC...... lequel Lonoy bailla, etc. 


On remarquera que le millesime datant le décès n'est 
pas complet. A quelle cause faut-il attribuer cette ab- 
" sence ?... Je ne serais pas loin de croire que l'obituuire 
de Jean Lonov ne fut jamais placé : car, si nous con- 
sultons Farin, cet historien rapporte : « Que l'église 
» St-Denis fut entièrement brûlée par l'incendie de 1203, 
» qui détruisit une partie du quartier de Ja Vieille-Tour. 
» Elle fut vite réparée, lorsqu'un second incendie, arrivé 
» l'an 1210, la consuma entièrement. Elle demeura très 
» longtemps dans cette fâcheuse situation, ajoute l'écri- 
» vain rouennais : et, ce ne fut qu'en l'an 15098 que l'on 
» commença d’édifier cette éclise fout de neuf, sur ses 
» anciennes ruines. On y travailla des le mois de jan- 
» vier. » 


IV. EGLISE ST-NICAISE DE ROUEN. — Grand tableau 
de Guillaume Baudouin. — L'Eglise St-Nicaise de Rouen, 
l'une des plus pauvres de la ville, possède plusieurs 
grandes toiles de l'Ecole francaise du xXvrie siècle, que 
nos Collègues, MM. Deglatigny, Garreta, ainsi que moi, 
nous remarquâmes lors de la visite de classement des 
objets d'art, opéré le vendredi 21 janvier 1908. 


194 


Les six tableaux places contre la muraille de la grande 
nef sont 


Côté sud : 19 Grand tableau carré représentant l'Ado- 
ration des Mages ; 

29 Tableau en hauteur avant pour sujet les Nuces de 
Can« ; | 

Côté nord : 3° Grand tableau en hauteur : La Présen- 
tation au Temple ; 

49 La Pentecôte ; | 

5° Tableau toujours en hauteur représentant l'Adora: 
tion des Mages ; 

60 Jésus enfant au milicu des Docteurs. 


Tous ces tableaux sont curieux. C'est ainsi que dans 
l'Adoralion des Mages on observe qu'un des rois porte 
un manteau rouge, tandis que l'autre est revétu d'un 
manteau bleu foncé avec broderies d'or. Le mage Bal- 
thazar est remarquable. 

Le tableau de la Pentecôte est également très eu- 
rieux. Î porte dans l'angle inferieur de droite les ar 
mes du donateur, qui l'aura offert à une de nos églises 
ou couvents désaffectés. Cet écusson est d'azur à 3 éeus 
d'argent plein, à la fleur de lis en abime. 


Dans la toile sur laquelle Jésus est représenté au mni- 
lieu des Docteurs, on Croit reconnaitre, ainsi d'ailleurs 
que dans le précédent, des personnages, notamment des 
portraits de conseillers au Parlement. Cependant, Île 
fait le plus intéressant de ce dernier tableau, c'est qu'il 
porte à l'angle inférieur droit Ja signature de l'artiste 
FE où G ? Baudouin fecit, 16414. 

M. Gruzelle à bien voulu me signaler cette particu- 
larité et je me suis livré à quelques recherches avec 
l'aide de M, Schneider, professeur d'histoire de l'Art à 
la Faculté de Caen. En voici les résultats 

Bénezit, dans son Dictionnaire {1), indique qu'un 
peintre, Gnillaume. Bandouin, travaillait à Caen au 


(D) Dictionnaire des Peintres, Seulpteurs, ete... (Roger et Cher- 
noviz, 1911). 


196 


AtII siècle, et serait mentionné dans les archives de 
cette ville de 1614 à 1622. 

Le Dictionnaire des Peintres d'Isabelle Errera, le der- 
nier venu {1), donne bien deux artistes du nom de Bau- 
douin (Guillaume et Mathieu), tous deux vivant au 
xXviie siècle, mais sans aucune indication autre que celle 
lue dans Benezit. 

Isabelle Errera renvoie à propos des Baudouin à 
l'Allgemeines Lerikon der bildenben Kitünstler, de Thie- 
me de Becker, où elle a pris leur nom. Mais le Lexikon 
n'est possédé, ni par la bibliotheque de la Faculté de 
Caen, ni par celle de la ville de Rouen. 

M. Schneider, pour s'assurer si les Baudouin étaient 
Caennais, à fait appel à l'érudition des archivistes et 
des bibliothécaires de la ville, sans obtenir plus de ré- 
sultats que ceux négatifs constates en feuilletant les ou- 
vrages de Benet (2), du Marquis de Chennevières (3) 
et les Bulletins de la Socicté des Beaux-Arts de Caen. 

Les notes biographiques sur le peintre G. Baudouin, 
l'auteur du tableau Jésus au milieu des Docteurs de 
l'église St-Nicaise, sont ainsi fort incomplètes. Il ne 
m'en a pas moins paru intéressant de signaler un nom 
à peine connu et retrouvé grâce à la signature d'un ta: 
bleau. 

D'ailleurs je me propose de poursuivre mes recher- 
ches avec le concours si dévoué et empressé de MM. Gru- 
zelle et Schneider. 


M. de Vesly termine ses communications par la 
mention de cette découverte faite à Sotteville-sur- 
Mer : 


V. — Médaille de Turenne. — Il a été frappé peu de 
médailles du grand capitaine, qui, aver Napoléon, par- 


(1) Pihan de la Forest, Catalogue drs poinrons. rte... du Musée 
monétaire, Paris, 1855. ù 

(2) Trésor de Numismatique, Les médailleurs francais... PI XXIT 
fig. 9, page 91. | 

(>) Ibidem. PI. XVI, fig, 2, page 15. 


196 


age les honneurs de la chapelle des Invalides. Un coin, 
dti à Auguste, conimemore la translation des cendres de 
Turenne, d'abord déposées à Saint-Denis par ordre de 
Louis XIV. Cette médaille dite des Honneurs rendus à 
Furenne, porte en exergue : Na gloire appartient au 
peuple français ; au R}. Translation, etc... par les ordres 
du preinier consul Bonaparte, le 5° jour complémentaire 
an VIIT, 17 année du Consulat (1). 

Une autre médaille est celle gravée par Bernard, où 
le buste du Maréchal de Turenne occupe le droit et dont 
le R. montre un arbre chargé de couronnes que frappe 
la foudre, avec cette inscription : NON LAVRI MILLE TVENTVR, 
ot Ja date M. D. €. LXXXIII, allusion à la tradition anti- 
que qui prétendait que le laurier n'était jamais atteint 
de la foudre. 

Enfin, la troisième médaille est celle communiquée par 
M. Jacques, instituteur à Sotteville-sur-Mer. Cette mié- 
daille de bronze, de 0m030 de diametre, a été trouvée, en 
ISO, dans les racines d'un arbre abattu sur la propriete 
de M. Nimon, maire de Sotteville-sur-Mer. Elle porte à 
l'Aë Je buste à gauche de Turenne, couronné de Jau- 
riers : sous le bras on Jit HAMERANVS, nom du graveur, 
et en exergue l'inscription PR. HENR. A TVR. R. V. VIC. 
TVREN., qui se complète ainsi : l’rinceps Henricus a Turr. 
Arverniaca, Vicecomes Turennii Au R;. les trois figu- 
res sVinboliques de Ja Valeur, de l'Honneur et de la Jus- 
tice, avec Les mots VIRTVS, HONOS, .EQVITAS. | 

La découverte de cette médaille méritait de ne pas 
rester iguorée, et il faut remercier M. Jacques de lavoir 
fait connaitre. 


Hommages par M. Poussier. — M. Vernier offre 
ensuite, de la part de M. Poussier, à notre album 
la photographie d'une porte latérale de l'église de 
La Cerlangue, donnée en 1866 par le curé, l'abbé 
Hattenville, à notre ancien collègue M. Brian. 
chon, M. Poussier offre aussi au musée départe- 


497 


fiental deux monnaies trouvées à Gouv. M. de 
Vesly en fait la détermination suivante : l'une est 
un M. B. de Tibère, et porte au revers l'autel de 
Lyon. Elle aurait été frappée dans cette ville en 
362 «le Rome, 10 de J.-C. L'autre est un G. B. d’An- 
tonin. Au revers SALVS AUG. S. C. La Santé debout 
nourrissant un serpent enroulé autour d'un autel, 
et tenant un gouvernail posé sur un globe (893- 
896 ; de J.-C. 140-143). Les deux pièces sont décla- 
rées communes par Cohen (1). 


Notes direrses. — Enfin le secrétaire prolonge 
un peu la séance, sur la sollicitation réitérée de 
M. le Président qui l'encourage à épuiser un petit 
dossier de notes réunies en ces dernières années. 
Néanmoins, la plus développée reste au fond de 
l'enveloppe avec cinq lignes empruntées à la 
Revue des Questions historiques. 


Anciens tableaux d'église à Rouen. — Les 
cartons de Haillet de Couronne conservent une 
note, qui semble être autographe. Notre confrère 
M. G. Dubosc a conseillé au secrétaire d'en pren- 
dre la copie que voici : 


« Dans l’église S.-Patrice à Rouen, il v a huit 
tableaux de Martin de Vos. Scavoir si on pouroit 
les acheter. Ce seroit un grand coup. On pouroit 
proposer deux louis de chaque. Ils sont couverts 
de poussière. » M. Dubosc croit que quatre de ces 


(1) Cohen Description des monnaies frappées dans l'Empire 
romain, À, 125, n° #5 ; Il, 585, n° 738 (fre éd). 


15 


198 


tableaux sont au musée de Rouen. Ils représentent 
l'histoire d'Abraham. 


« Dans l'église S.-Pierre à Rouen {laquelle ?), 
un beau tableau de Legnenion, copie d'après Ru- 
bens. M. Descamps père en a offert huit louis. 
Scavoir si par la suite on ne poura pas l'acheter. 
I vaut bien vingt-cinq louis. I] y aurait peu de 
chose à y faire : le décrasser et le nourir un peu. » 


Jusqu'où sait s'ingénier l'imagerie populaire. — 
Un prêtre, originaire des environs de Rouen, a 
communiqué au secrétaire une feuille de marron- 
nier (0,22 x 0,105) peu banale, sinon absolument 
unique. 

Sur cette feuille, encore bien verte, on a gravé 
un Napoléon I* à cheval. Plus ou moins artis- 
tique, cette œuvre se recommande non moins par 
son àge que par son procédé, puisqu'elle doit être 
plus que séculaire : car ce ne furent assurément 
pas la retraite de Russie ni les désastres ultérieurs 
qui l'inspirèrent. 


Rouen. — Son importance intellectuelle au 
xV* s/pcle. — Au conseil de la Société de l'Histoire 
de Normandie qu'il présidait exceptionnellement, 
M. Emile Picot, membre de l'Institut, a fait, le 
27 mars 1911, une déclaration que la Commission 
des Antiquités a presque le devoir d'enregistrer, 
parce qu'il s’agit d'une conclusion qui n'est pas 
déduite de documents écrits (car on l’eût formulée 
depuis longtemps), mais surtout de l'étude des 
œuvres artistiques et des monuments archéolo- 
giques, qui se perfectionne chaque jour. 


199 


Donc, M. Picot éstime qu'au xv° siècle la véri- 
table capitale intellectuelle de la France n'était 
pas encore Paris, mais bien notre ville de Rouen. 
On ne saurait opposer à ce sentiment le préjugé 
naturel du Rien n'est si beau que mon hameau, 
puisque le savant académicien n'est pas né à 
Rouen. M. G. Le Breton se plaît à louer la mé- 
thode de travail de M. Picot qu'il a pu apprécier 
sur ses matériaux ; et, en effet, dans l'allocution 
_adressée à M. Picot lors de l'assemblée générale 
de l'Histoire de Normandie, notre très regretté 
Mgr Loth a pu parler de trois cent mille fiches. 


D'ailleurs, comme l'a remarqué M. J. Guiraud, 
l'éminent professeur de Besançon, Paris ne comp- 
tait au x siècle que quarante mille habitants 
environ. | 


A propos de l'archéologie préhistorique. — 
Affirmations odieuses. — Dans le Bulletin de la 
Société de Géographie de Paris, M. Martel a re- 
marqué, le 15 août 1909, que l'industrie des Aus- 
traliens actuels continue à façonner des objets 
éolithiques, paléolithiques et néolithiques. Et 
l'Egypte donnerait lieu à des conclusions sem- 
blables. 


Là-dessus, un travailleur, agacé par les exagé- 
rations de certains archéologues, s'est avisé de 
définir la préhistoire : une science sans documents 
et sans chronologie. Plus laconiquement, Momm- 
sen l’appelait « la science des illettrés ». 

Il y a quelques semaines, disait l'Univers du 
12 mai 1912, à Ipswich (Angleterre), a été trouvé 


200 


uu squelette humain de l'époque glaciaire, en tout 
semblable aux squelettes modernes. 


Rapport des anciennes monnaies arec les mon- 
naies actuelles. — Voici une équivalence bien 
extraordinaire, donnée par un érudit tout à fait 
compétent : 

Vers le début du vr siècle, M. P. Allard évalue 
à 1.800 francs les « vingt sous » cités par le concile 
d'Agde (Revue drs Questions hist. XCI, 9). Il 
ajoute que ce capital suffisait alors apparemment 
à la subsistance d'un travailleur. Voilà qui 
trouble toutes nos idées. 

Et ce qui n'est pas pour les éclaircir, c'est qu'en 
1876 on à cru que la monnaie au commencement 
du xv° siècle devait se multiplier par six pour être 
ramenée au taux actuel (F, Lecaron, Essai sur les 
Travaux publics de Paris, p. 37); tandis que, 
quatre-vingts ans plus tard, Deville évalue à une 
dizaine de francs la valeur de Ja livre tournois 
(Comptes de Gaillon). 

Dans un discours à la Société de l'Histoire de 
France (4885), M. L. Delisle estimait qu'en 1401, 
la somme de 4.600 francs représentait en valeur 
intrinsèque, 45.000 francs d'aujourd'hui. 

A en croire l'abbé de S.-Pierre, en 1223, sous 
Louis VIIT, le marc d'argent valait 50 sous, au lieu 
qu'il vaut présentement 50 livres. Sur ce pied-là, : 
100 sous valaient 100 livres d'aujourd'hui. 

On fait remarquer que l'article Monnaie de 
Du Cange contient sur ces difficiles questions 
d'utiles renseignements. Sur quoi le secrétaire 


2p1- 


aimerait à voir instituer des comparaisons entre 
l'édition originale, les additions de D. Carpentier, 
comme aussi les évaluations des dernières réim- 
pressions : enfin le pouvoir de l'argent au com- 
mencement du xx‘ siècle avec celui de 1850. Le 
problème n'en serait sans doute guère simpli- 
fié (1). 


Les balcons, objets de Lure. -- Certains aména- 
gements de nos demeures, imaginés pour la com-. 
modité et l'agrément des habitants, se transfor- 
meérent bientôt en motifs de décoration, en sorte 
que souvent l'utilité fait place au luxe. 

La philosophie de cette évolution plutôt fà- 
cheuse est tout entière dans cette phrase qu'une 
lettre de Bossuet adressait, le 19 septembre 1686, 
à son abbesse de Faremoutiers : 


« Quant au balcon sur lequel vous souhaitez que 
je vous fasse réponse, je vous dirai franchement 
que ces ornements mondains ne Conviennent pas 
à la.simplicité d'un monastère, et que vous ne les 
devez pas souffrir. » (Correspondance, XII, 306. 
Paris, 1910 ; in-8°). 

Ainsi les religieuses ne purent prendre le frais 
à leur aise sur une œuvre artistique, comme elles 
l'eussent fait sur un simple couloir en planche. 


Morgny. —— Inscription commémorative. — Le 
secrétaire s'est vu communiquer par un confrère 


ÉD) D v à longtemps quil sollicite jet la curiosité. On en à la 
preuve par le petit mémoire de Anglais TJ. Selden <ur l'évaluation 
des monnaies grecques et romaines, qui fut unmprimé à Pouen 
vers le nulieu du xvne siéele et ce fut sur l'impression rouennaise 
que se Gt la quatrième édition donnée en 1682. 


202 


‘la copie d’une inscription qui se lit dans une cha- 
pelle du xvrr' siècle, élevée pour remplacer celle 
que la Géographie de la Seine-Inférieure signale 
comme détruite. 


Ce petit monument épigraphique présente cet 
intérêt particulier qu'il détermine le nom correct 
du hameau, défiguré souvent en Mondétour. L'al- 
tération, du reste, n'est pas récente, puisqu'elle se 
trouve déjà dans Cassini, au moins en son dernier 
tirage. La forme exacte se lit au xv° siècle. 


L'AN DE GRACE MDCCXXXI ° 
LE 40° JOUR D'AVRIL 
S. M. LOUIS XV ÉTANT ROY DE FRANCE 
ET DE NAVARRE 
MGR LOUIS DE LAVERGNE DE TRESSAN 
PRIMAT DE NORMANDIE, ARCHEVESQUE DE ROUEN, 
CETTE CHAPELLE 
CONSTRUITE EN MDCCXXX 
PAR MESSIRE PIERRE DU VAL, SEIGNEUR DE MAUDÉTOUR 
A ESTÉ BÉNITE, 
DÉDIÉE A SAINTE MARGUERITE 
ET LA PREMIÈRE MESSE Y A ESTÉ CÉLÉBRÉE 
PAR MAISTRE LE BAILLIF, PRESTRE, 
DÉLÉGUÉ PAR LEDIT SEIGNEUR ARCHEVESQUE DE ROUEN. 


La seigneurie de Maudétour {que le savant édi- 
teur n'a pu localiser) se lit en effet (Bulletin de 
ÜHistoire de Normandie, XI, 227), en 1496, dans 
lénumération des biens de Jean d'Estoutteville, 
seigneur de Torcy, qui fut lun des personnages 
notables de son temps. 


203 


Inscriptions et Sentences. — M. le chanoine La- 
chèvre, doyen du Chapitre et ami du secrétaire, a 
eu l'heureuse inspiration de Jui faire lire un 
petit recueil de sentences épigraphiques qu'il tient 
de feu M. Coache, artiste horloger, rue Beffroi, à 
Rouen. 

Une intéressante conclusion s’en dégage tout 
d'abord. Il n’est jamais hors de propos d'examiner 
soigneusement ces vestiges du passé, quoiqu'ils 
aient fait l’objet de maintes investigations : car 
il semble bien que personne n'ait encore relevé 
les textes qui sont offerts aujourd’hui à la Com- 
mission. 


I. — Fontaine S.-Filleul à l'Hôtel-Dieu 
1. Polum cibumaque ministrat. 


Faut-il supposer que la fontaine faisait alors 
tourner un petit moulin ? Ou est-ce que l'eau en 
était si bonne qu'elle réconfortait ses buveurs ? 


2. Hic dispensat aquas sanis ægrisque salubres 
Nympha latens ; lateant sic tua dona, monet. 
Cette morale imprévue nous charme. I] faut que 
la place ait manqué, pour que le graveur se soit 
avisé de couper ce distique en trois lignes. 


IT. — Moulin de S.-Ouen 


Plaque de cuivre trouvée à la démolition 


On y semble avoir encore été à l’étroit. Notons 
en outre la mutilation et l'incorrection du beau 
vers d'Ovide : 


204 


3. | Quid mollius undé ? 
Dura {tamen] molli saxa cavantur aqué. 


Autre accident aux deux hexamètres suivants, 
dont le premier mot (Quam ou U{1?) fait défaut : 


4. ..Celeres validis, tardæ languentibus horæ : 
Afflictis lentæ, celeres gaudentibus horæ. 


IT. — Cadran solaire à l'église 
S.-Etienne-du-Rouvray : 
5. Oculis loquor tacens, moneo omni hord. 
La pensée supplée à la poésie. La phrase est 
signée : | 
Fecit D. J. Letellier, 1769. 
IV. — Sur une cuvette de montre : 
6. Te præsente, hora ruil ; te absente, monet. 
S'agit-il de cette vérité que nous ne connaissons 
le temps que par la mesure que nous savons en 
faire ? Ou ne serait-ce qu'une délicate flatterie au 
futur possesseur de la montre : « Avec vous, le 
temps passe trop vite ; Sans vous, qu'il est long ! » 
V. — Lycée de Rouen 
7. Hic labor, hic requies musarun pendet ab 
[hord. 


Ce n'est guère moins banal que la dernière cita- 
tion 

8. Sictransit gloria mundi. 

Mais il en est une intermédiaire bien différente : 

O. Ulliman time. 

10. Quod tune, far nunc. 


205 


Bien que les deux lignes soient séparées par un 
filet, l’anonyme n'a-t-il pas voulu dire : « Mettez 
dès maintenant à profit les pensées de la dernière 
heure »; (quel bonheur pour la France, si 
Louis XIV eût mis en pratique cet avis !) Autre- 
ment, le conseil a encore son prix : « Fais dès 
maintenant ce que tu es résolu à exécuter ». 


VI. — Palais de Justice de Paris 


11. Machina quæ bis sex tam juste dividit horas, 
Justitiam servare monet, legemque.tueri. 


Les silencieux avertissements de l'horloge du 
Palais sont toujours utiles au public, et même aux 
juges. 


12. Petis quota hora sit ? 
Dum petis, ipsa fugit. 


Cette sorte de dialogue, et surtout cette remar- 
que que la réponse ne sera plus l'instant où se 
posait la demande, laissent loin derrière elles le 
vers de Boileau : 


Le moment où je parle est déjà loin de moi (1). 


(1) On me pardonnera d'ajouter er une maxime trés remar- 
quable (Joseph Nealiger, Vie d'Ausone, 1559) et tout à fait ignorce. 
malgré Ses quatorze où quinze siceles : 


« L'homme heureux, ce n'est pas celui qui à ce quil désire, 
mais bien celui qui ne désire pas ce qu'il na point. » 


Pour divertir quelques amis. il en fut fait ces joursei une appli 
cation toute d'actualité, et Lt Commission sourit en Fentendant 
répéter, Mais Lout ce qui se dit ne S'imprime pas, et le procés- 
verbal se défend de linsérer : car ce serait Savénturer sur un 
terrain que la Commission ne peut fouler, 


206 


Calvaire d'Oherville. — Le secrétaire croit à 
propos d'insérer dans l’album de la Commission 
le calvaire qui se voit à Oherville, au bord de la 
grande route de Cany. Ce n’est pas qu'il soit fort 
monumental, ni qu'il se recommande par son âg, 
puisqu'il n’a qu'environ trente-cinq ans. Mais 1l 
est remarquable par une particularité unique : 
c'est que, pour l'établissement de sa grille de clô- 
ture, il a été dessiné, forgé et monté par le curé 
de l’époque, M. l’abbé E. Ridel, depuis doyen de 
Boos et, aujourd'hui, supérieur de la maison de 
Bonsecours. Il a employé une année de ses loisirs 
à ce travail de ferronnerie, d'un développement 
d'une dizaine de mètres et dont la solidité ne s'est 
pas démentie. 


M. le Président remercie les membres présents 
de leur excellent concours et lève la séance à 
quatre heures et demie. 

Mais il retient près de lui les auteurs des des- 
sins pour aviser en quelle proportion sera possible 
insertion de gravures qui rehaussent si heureu- 
sement l'intérêt des mémoires. 


À, TOUGARD. 


207 


SÉANCE DU 25 AVRIL 1013 


Elle ouvre à deux heures vingt, sous la prési- 
dence de M. Gaston Le Breton. M. le Préfet, pré- 
sident, s'excuse de ne pouvoir y assister. 


Furent présents : MM. Auvray, Bouctot, Costa 
de Beauregard, de la Serre, G. Dubosc, Garreta, 
Lefort, Pelay, Ruel, de Veslv et l'abbé Tougard. 


Se sont excusés : MM. Coche, Coutan, P. Le 
Verdier, Poussier et Vernier. | 


Le procès-verbal de la dernière séance (21 fé- 
vrier) est lu et adopté sans observation. 


Correspondance imprimée. — Une dizaine de 
pièces en forment le dossier, savoir : Société des 
Amis des Sciences naturelles de Rouen, Bulletin 
1911 ; — Comité hist... du Cher, t. XXVI, 1912 ; 
— Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, 
Mémoires, 1911-1912 ; t. XVI, 2 ; — Soc. d'Arch... 
de la Drôme, Bull. 185 ; avril 1913 ; — Soc. ar- 
chéol. de Touraine, oct.-déc. 1908 ; XVI, n° 8; — 
Soc. archéol. de Nantes, LIT, Bull. 1912, 2 se- 
- mestre ; — Soc... de l'Orléanais, Bull. 203: 
t. XVI, 1912, 3 et 4; — Soc. hist. et archéol. de 
l'Orne, t. XXXII, 2 livr.: -- Bull... de l'Aurer- 
gne, 1912, 2 ; — Soc. des Antiquaires de Picardie, 
Bull. 1912, 3° et 4° trim.: — Société Jersiaise, 
Bull. annuel, XXX VIII, 


208° 


Echange. — M. Doucet, dont M. le Président à 
loué si justement naguère l'étonnante activite, 
fait aujourd'hui à la Commission une proposition 
plus honorable encore qu'avantageuse. [1 sollicite 
comme une faveur l'envoi régulier de notre Bul- 
letin en cours de publication avec les précédentes 
années disponibles, et sera heureux de mettre à 
notre disposition son répertoire et les autres re- 
cueils similaires qui pourront faire suite. Un vif 
et reconnaissant empressement accueille la propo- 
sition. Malgré de graves difficultés, nous possé- 
dons aujourd'hui la suite de son répertoire. 


Correspondance manuscrite. -— M. Dubus à 
bien voulu remercier M. le Président de laccueil 
fait dans la précédente séance à son tableau sta- 
tistique. | 


Ici seulement est donnée lecture de l'excellente 
note de M. G. Dubosc sur le Grand Moulin de 
Rouen. Les quatre photographies prises à la de- 
molition avaient fait souhaiter qu'elles pussent 
ètre insérées au Bulletin de 1912, Les retards 
d'une force majeure ont permis au dernier mo- 
ment qu'il en füt ainsi. 


Les feux cheminots. - Quelques détails d'ali- 
mentation ameéenent M. Pelar à remarquer que la 
pâtisserie populaire, bien connue à Rouen sous 
le nom de cheminots, à totalement disparu en 
1913. Le mot n'était pas de langue commune, sans 
être non plus exclusivement rouennais, puisque 
l'abbé Maze l'a cité dans son Langage des enri- 
rons du Havre. Quand il fut imprimé il + à dix 


209 


ans, où ue parlait guère des cheminots qu'au 
passé. Ils semblent désormais du préhistorique (1). 

Dans le même ordre d'idées, M. le Président 
signale une sorte de biscuit, bizcocho, qui se sert 
à Séville en facon de pâte mousseline de forme 
cubique entouré de papier à bords rabattus, que 
l'on offre avec du chocolat mousseux et qu’on 
n'est pas médiocrement surpris de retrouver à 
Forges-les-Eaux. Seraient-ce les Espagnols, con- 
temporains de la pleine renommée des eaux, qui 
auraient acclimaté parmi nous ces gâteaux ? 

En parlant des cheminots, dont il est intéressant 
de conserver le souvenir, M. le Président cite « le 
Groed », qui date des premiers temps de la Nor- 
vège et se mangeait comme mets national, à la 
table des Vikings, servi par des jeunes filles blon- 
des. | 

C'était une bouillie de gruau, qui se dit, comme 
on le sait, pour la fleur de farine. 

On offre encore actuellement « le groed » dans 
les fermes et les chalets, à l'avènement des rois de 
Norvège, dans les fêtes où banquets donnés en 
leur honneur. 

C'est ainsi que l'usage de la bouillie de farine 
avec du lait existe encore actuellement en Nor- 
mandie. 


Atleslations mensongères. — Divers membres 
protestent avec raison contre les notes absolument 


(1) Nos cheminots devaient être les successeurs plus où moins 
dégénérés des semineaur (gäteaux de fleur de farine), mentionnés 
U y a trois siècles au coutumier de la cathédrale d'Evreux que 
M. l'abbé Blanquart a publié en 1906 pour l'Histoire de Normandie 


(N. d. S.). 


210 


injustifiables que le commerce emprunte volon- 
tiers à la chronique scandaleuse pour rehausser 
ses cartes postales et allécher la curiosité. Par 
exemple, le logis du square S.-André devenu « la 
maison de Diane de Poitiers » ; ou encore « la 
vieille maison de la rue S.-Romain » proclamée 
« la maison de Jeanne d'Arc ». Ne croirait-on pas 
que la libératrice de la France est venue à Rouen 
pour un voyage d'agrément ? 

En fait de souvenirs non moins authentiques 
qu'intéressants, M. Garreta aime à rappeler que 
la demeure la plus artistique peut-être, que n'a 
pas su conserver la Grand-Rue, fut celle de Scott 
de la Mésangère. | 


Ces audacieuses libertés sont d'autant plus con- 
damnables, que les mêmes vues rendues à leurs 
légitimes souvenir ne mériteraient plus l'attention 
publique. M. le Président s'associe volontiers à 
ces réclamations, en rappelant que ces faux histo- 
riques ne peuvent justifier ce mot charmant d'un 
homme d'esprit : les erreurs sont comme les 
momies ; quand le temps ne les détruit pas, il les 
embaume. 


Les mesures pour le classement: — En excusant 
son absence, M. Le Verdier avait soumis à M. le 
Président diverses réflexions sur le rôle et les 
attributions de la Commission. M. Le Breton, en 
le remerciant de ses vues, qu'avait d'ailleurs pro- 
voquées la question de Virville, expose à la com- 
pagnie qu'il n'avait pas manqué de soumettre à 
M. le Préfet les délibérations que les circonstances 
nous avaient en quelque sorte imposées d'office 


211 


aux précédentes séances. M. le Préfet leur a ré- 
servé en principe le meilleur accueil, et la Com- 
mission n'en saurait recueillir à cet égard un té- 
moignage plus satisfaisant que la lettre bienveil- 
lante de M. le Secrétaire général dont elle entend 
la lecture. 

Il importe de poursuivre les études qui permet- 
tront de signaler à l'Etat les églises dignes de son 
classement. Vu l'encombrement qui va se pro- 
duire au ministère, il convient, en effet, observe 
M. Lefort, de procéder par petits lots, sinon par 
unités, plutôt que par quantités, dans nos pro- 
positions. Mais, dans les trois catégories à établir, 
par laquelle commencer ? Les avis sont partagés. 
Après examen, les églises paraissent devoir ouvrir 
les investigations, où suivront les objets d'art mo- 
bilier, et que termineront les bâtiments civils et 
les propriétés particuhères, soumises à une juris- 
prudence spéciale. 


Le classement départemental établi en 1867, 
comprenait quinze sections. Il n'avait point à s'in- 
téresser aux monuments historiques de l'Etat, 
sans pouvoir néanmoins les négliger. Pour ne pas 
multiplier les subdivisions, on imagina d'inter- 
caler dans le classement départemental les monu- 
ments de l'Etat, moins nombreux, en les mar- 
quant d'un astérisque. Les dix années qui suivi- 
rent furent l’âge d'or de la restauration de nos 
églises. En regard des allocations ministérielles, 
l’abbé Cochet présentait au Conseil général, qui 
approuvait ordinairement, un avant-projel de l’af- 
fectation des subsides départementaux. Le crédit 
de l'exercice ou même des exercices suivants per- 


212 


mettait de continuer sans nouvelle enquête les 
travaux de longue haleine. Il y eut à la porte de 
Rouen un résultat significatif. En dix-huit ans, 
l'église du Mont-aux-Malades put dépenser, grâce 
au patrimoine du curé, une somme de 92,000 fr. 
La transformation fut telle (rien peut-être que 
par la verrière de 38 m. c. qui éclaira le chevet) 
qu'un ami du vieux sanctuaire ne put retenir ses 
larmes en l'admirant.' En 1874, l'abbé Cochet avait 
préparé le dossier d'un nouveau classement mi- 
nistériel ; la mort l'arrêta (1). 

Notre liste de 1867, réimprimée dans tous les 
volumes du Bulletin (ou peu s'en faut), y fut tenue 
à jour le mieux possible. C'est ainsi qu'on sup- 
prima l'astérisque à quelques articles dont des 
difficultés d'entreprise avaient fait obtenir le dé- 
classement à Paris. 

Malgré cette transformalion de services, la 
Commission doit envisager l'avenir avec con- 
fiance.En peut-il être autrement quand elle se rap- 
pelle la sollicitude éclairée dont l’administratior. 
départementale entoure nos moindres sanctuaires 
depuis un demi-siècle où elle n'a guère omis 
d'églises qui n'aient bénéficié de travaux considé- 


(1) Mais le triomphe monumental de Pabhé Cochet fut Jorcqne, 
aprés des efforts inutiles, Fachat du chäteau d Arques hu offnit 
l'occasion inespérée de réonie en quelques mois a Somme de 
20.000 francs pour la restauration de K.Jacqnes de Dieppe. © Et 
méme, concluaitst avec enthousiasme, ces erédits doivent être 
employés en trois ans ! Hé bien dans trois ans nous recommen- 
cerons, » Avant one les subsides aient été absorbés, Fabbé m'était 
plus ! 

ect vrai que Viollet-e-Due eût préféré une église neuve à 
Dieppe, comme plus économiene, HN fallait entendre Labbé réduire 
à sa juste valeur cette théorie utilitaire ! 


213 


rables. Et le Conseil général, protecteur-né de nos 
richesses historiqu'::s et archéologiques, ne saurait 
faillir à cette mission, non moins honorable que 
distinguée. 


Emprunt à la ville de Rouen par Louis XIV. — 
M. Costa de Beauregard signale un intéressant 
document d'histoire rouennaise, donnée en son 
numéro d'avril 1913 par la Revue des Autographes 
(G. Charavay, Paris) : 


« N° 250. ROUEN. — Pièce signée par Abel Ser- 
vieu, marquis de Sablé ; Nicolas Fouquet, vicomte 
de Melun ; Etienne d'Alègre ; Jacques Barillou, 
seig" de Morangis ; Claude Menardeau, seig” de 
Champré ; Daniel de Priensac et Denis Marin ; 
Château du Louvre, 27 Avril 1655 ; 12 p. in-fol. 

» Curieux document. Emprunt de cent mille 
livres fait à la ville de Rouen par Louis XIV 
« pour les dépenses que nous sommes obligés de 
» soutenir pour l’entretient de nos armées qui 
» sont telles que nos revenus ordinaires n'y peu- 
» vent suffire, étant beaucoup diminués par les 
» désordres de la guerre civile. » 


Après la Guerre de Trente ans, la Fronde et la 
continuation de Ja lutte contre les Espagnols 
avaient à cette heure épuisé le trésor ; la corres- 
pondance de Mazarin, imprimée par Chéruel, fait 
de continuelles allusions à cette pénurie de res- 
sources. 

La publication de cette pièce, qui a malheureu- 
sement échappé à M. Costa de Beauregard, serait 
désirable de la part de l'acquéreur qui l’a de- 


14 


214 


vancé : on aimerait, en effet, connaître les clausés 
du contrat et les gages offerts par les hauts signa- 
taires de l'emprunt roval. 


Quelques fragments du collectionneur R. de S.- 
Victor. — M. Costa de Beauregard signale égale- 
ment des lettres écrites en l'année 1771 par le 
Président de St-Victor, antiquaire et numismate 
rouennais bien connu, à M. Bucquet, procureur 
du roi à Beauvais (1). 


Elles nous montrent la convoitise des « cu- 
rieux » du xvIr' siècle aussi ardente déjà que celle 
des plus acharnés collectionneurs d'aujourd'hui ; 
mais le goût des antiquités était alors le partage 
d'amateurs peu nombreux dont le public parlait, 
semble-t-il, du moins à Rouen, non sans irrévé- 
rence : « ... Puisque vous êtes un des initiés dans 
nos mystères, je vous invite avec instance à venir 
quelque moment visiter le temple que j'ai cons- 
truit dans ma maison de Rouen, et que j'ai consa- 
cré à la vénérable antiquité. Je vous introduirai 
avec le plus grand plaisir dans Îles lieux les plus 
secrets de ce sanctuaire, dont j'ai soin d'écarter 
tout profane, c'est-à-dire où je ne laisse entrer 
personne. Car je suis environné d'infidèles qui 
tournent en ridicule l’objet de notre culte numis- 
matique et traitent fort dérisoirement le temple 
et le pontife. Aussi je vous avoue que je suis d'une 
joie extrême, lorsque je rencontre un de nos fre- 
res, Ce qui m'arrive on ne peut plus rarement... » 


(1) P. Bordeaux, Procés-verbaur des séances de la Societe fran- 
caise de Numismalique, 1909, p. EXXI et simivantes. 


215 


Le temple, dont parle si agréablement M. de 
S.-Victor, se trouvait rue des Maillots, qu'a fait 
disparaître la création du jardin de Solferino. 
L'érudit président passait la belle saison en son 
château de St-Victor-l'Abbave. 

Un autre passage nous montre le peu de cas que 
faisaient les numismates du xvVIHr* siècle des mou- 
naies gauloises dont la valeur d'art est incontes- 
tablement faible ou nulle, mais dont les types sont 
dignes d’être étudiés et repérés sur la carte, ainsi 
qu'on le fait si soigneusement aujourd'hui : « Ge 
sont [là] des médailles des rois gaulois, auxquelles 
on n'A pu encore rien déchiffrer, qui ne sont d'au- 
cune utilité et dont on garde tout au plus quelques 
échantillons dans les cabinets. Elles ne valent 
précisément que le poids... » 


M. lie Président aime à rappeler que Îles collec- 
tions de M. de St-Victor firent l'objet, en 1822, 
d'un important catalogue (plus de 200 pp.). Elles 
se vendirent à Paris, plus d’un demi-million, 
somme considérable pour l'époque. Et leur réu- 
nion, fruit de soixante années de recherches, cons- 
tituait l’un des plus précieux cabinets de la ville 
de Rouen. 


M. de Vesly n'a garde de faillir à ses bonnes 
habitudes, comme le prouvent les pages suivan- 
tes : 


I — Vase du Ve sièrle, — Un de mes anciens élèves, 
M. André Clamageran m'a offert, pour le Musée, un 
très joli vase à peintures rouges et datant dn ve siècle 
avant notre ère. 


216 


Ce vase mesure Om32 à l'ouverture et 014 de hauteur. 
Le médaillon qui le décore à l’intérieur montre deux 
silènes dansant et s'amusant autour d'une coupe, tan- 
dis que dans un angle une amphore est renversée. Les 


—… 


sujets des revers comportent des scènes de palestre. 
Dans la première scène, des jeunes gens Ss'exercent avec 
des javelots, ou courent, sous la direction et la surveil- 
lance d'un pé‘dotribe appelé rhabdophore à cause de la 
baguette qu'il tient en main et avec laquelle il fustige 
les récalcitrants et les indisciplinés. Dans la seconde 
scène du revers, des éphèbes, sous la surveillance d'un 
professeur, qui, appuvé sur son bâton, semble inviter 
un aède à s'approcher, tandis qu’un autre homme barbu, 
un assistant du professeur, amène un éphèbe s'incli- 
nant avec respect et que suit un jeune homme portant 
un filet rempli de provisions. La symétrie de la scène 
et le balancement des figures se trouvent assurés. Ces 
conditions esthétiques furent de règle chez les peintres 


217 


de vases pendant le ve siècle. Mais, était-ce à Euphro- 
nios, à Douris, Hiéron où Brygos, ces illustres fabri- 


cants où décoratenrs de vases, qu'il fallait attribuer la 
belle Coupe entree au Musée ? 

Question embarrassante, puisqu'ancune estampille, au- 
eune formule, aucun nom ne se Hit sur la panse, le pied 


218 


ou l'anse du vase, ainsi que c'était d'usage à peu près 
‘constant chez les céramistes grecs avant fait partie de 
cette pléïiade de potiers qui, entre l'expulsion du tyran 


(310 av. J. C.) et les guerres médiques (490-440). 


Hippias 
à son point cubhminant 18 fabrication des vases 


a porte 
atheniens. 


219 


Le dessin de l’intérieur de la Coupe montrant les deux 
silènes s'amusant autour d’un vase à boire, m'incitait à 
nommer Douris ou Brygos, comine en étant l'inventeur. 
Cependant Douris qui a peint une scène du Thiase 
Dionysiaque Sur un des vases du Musée britannique, 
ne s'est point arrêté dans la représentation de ces sui- 
vants de Bacchus faisant des tours funambulesques 
Douris a tracé leurs indécentes postures que M. E. Pot- 
tier a retranchées de la planche 14 de son livre (1). Tan- 
uis que Brygos, dans la planche 15 où Iris et Héba sont 
aux prises avec des Ssilènes, n'a représenté aucune in- 
decence (2). 

Fallaitl chercher l'auteur parmi les peintres des pa- 
lesties ? Autre difficulté, puisque tous les artistes du 
céramique d'Athènes, pendant le ve siècle, ont employé 
des scènes empruntées à l'éphéhé. 


Dans mon embarras, j'ai fait appel à la bienveillance 
du savant maître, M. E. Pottier, lequel a bien voulu 
me répondre après avoir examiné les calques que j'avais 
jointes à ma demande 


« Ce qui ne frappe davantage, c'est cette sorte de 
fleur, une espèce de feuille de pampre que je vois dans 
un°des revers, derrière un des éphèbes, comme aussi la 
palmette qui figure dans le petit segment placé sous 
les personnages de l'intérieur. On connaît quelques va- 
ses avant pour particularité ce motif végétal, que l'on 
attribue à un autre fabricant du ve siécle (de nom in- 
connu). M. Hurtwig, qui l’a étudié, l'appelle « der preis- 
ter unt Ranke » le Maitre an fleuron. I me semble que 
cette coupe pourrait appartenir à cette serie (3). On y 
voit aussi des silènes S'amnsant et jonant avec leurs 
vases à boire (#4). 

» C'est donc un fort bon spécimen — si le style en est 
beau, ce que je ne puis juger d’après des calques — de 


(D) Douris et les peintres de vases grecs. pr NAT. 
(2) Op. cit, Coupe de Brvgos, au Musée britannique, 
(4) Die griech Meisterchalen. pl. 72 74. 

(#) Op. cit., p. 73. 


220 


la Céramique antique, pendant la meilleure période de 
fabrication, et le Cadeau est digne d'intérêt. » 


M .E. Pottier à ajouté en post-scriptum que si l'on 
pouvait avoir quelques bonnes photographies des dé- 
tails de la coupe, il serait heureux de les posséder pour 
la bibliothèque du Louvre. 


Ai-je besoin d'ajouter, dit en terminant M. de Vesly, 
que Île désir du savant conservateur a été entendu et 
que des photographies lui ont été envoyées. 


IT. — Dérourverte à Lillebonne de cubes de mosaique 
— Au mois de juillet dernier, pour donner de l'intérêt 
à l'eXcursion que læ Société d'Etudes préhistoriques pro- 
jetait à Lillebonne, M. Noël Denize, architecte dans cette 
ville, prit l'initiative de faire exécuter un sondage dans 
l'impasse séparant sa propriété de celle de Mne veuve 
Portier, rue de la Volonté. 

On savait que dans la propriété Denize, un balnéaire 
et de nombreuses substructions gallo-romaines avaient 
été vus (1), et cet architecte était à peu pres certain 
que des résultats analogues seraient obtenus dans le 
sondage projeté, Une excavation fut donc pratiquée sur 
3 metres de longueur, parallèlement à la rue de la Vo- 
lonté, et sur 2K0 de profondeur. Tout d'abord la pioche 
ne rencontra que des remblais divers Sur 0m10 de pra- 
fondeur, avant d'atteindre Fancienne couche végétale, 
laquelle avait 0®20 d'épaisseur. Dans ce travail, un 
mur de 060 de largeur se présenta, selon la direction 
N.-E. SO: on le suivit à l'intérieur comme à l'exté- 
rieur sur On80 de profondeur, et on reconnut qu'à l'in- 
térieur et à 070 de sa crète, se trouvait une marche de 

- US 24 Re 

(D Cest dans cette propriété que M. Denise à réédifié, sur un 
soubassement, a belle charpenterie du Manoir d'\ineourt et a 
découvert Les subétrnetions d'un balnéaire, Une des salles avait 
es muriulles revêtues de tablettes de marbre blanc. Seulnté de 
boucliers. de fenillages. d'oiseaux. ete... aujourd'hui au Musée 
d'antiquités. — Ct Expérandiens Poeeneil des bas-reliefs. statues... 
de la Gaule romaine, T. IV. No 5129, p. 205, 


221 


0®10 de largeur sur autant de longueur. A l'intérieur, 
une couche de gypse coloré recouvrait la muraille, tan- 
dis que sur la face externe, le parement était grossier 
et irrégulier. On recuüeillit dans les déblais, sur (m40 de 
profondeur, des fragments de marbre et des débris de 
peinture aux colorations rouges, vertes, jaunes très vi- 
ves, ainsi qu'il S'en rencontre d'ailleurs dans toutes les 
constructions gallo-romaines. 


La plus curieuse découverte fut celle d'une couche de 
cendres de 0109, au-dessous de laquelle se trouvaient 
des cubes de mosaïque (2?) en pierre de liais, déposées 
en tas dans un des angles pour ètre placés sur une aire 
en mortier dressée à O0®80 en contre-bas du niveau du 
sol actuel. C'est là une preuve évidente que l'incendie 
devastateur du monument a été allumé avant que les 
mosaistes n'aient achevé leur travail qui était préparé 
(Voir la Coupe). 

D eût été à désirer qu'une pièce de monnaie se fût 
trouvée au milieu des cendres pour fixer, au moins 
approximativement, la date de l'incendie qui a ravagé 
cette partie du suburbaïin de Juliobona. 


III. — Monnaies romaines fausses. — Parmi les nom- 
breuses monnaies dont l'acquisition m'a été proposée, 
dit M. de Vesly, j'ai rencontré plusieurs médailles et 
jetons présentant nn intérêt numismatique que je désire 
exposer. 

Le lot offert par M. Mare m'a notamment donné 


lo Un petit denier de Didia Clara Aug. Son buste à 
droite, au revers Hilarilas : T'Allégresse debhont à gau- 
che tenant une longue palme et une come d'abondanre,. 
Poid : 9 gr. 50. 

20 La même monnaie en P. B. 


Les médailles de Didia Clara, fille de Didé Julien et 
de sa fenmune Manlia Scantilla, sont très rares : Cohen 


(1) Ia été extrait de la fouille plus un hectolitre de petits 
cubes de pierre dont les uns étaient blanes et quelques-uns gris. 


222 


n’en fait aucune mention dans son ouvrage sur la des- 
cription des monnaies de l'Empire romain. Il en est 
de même pour A4rradius, qui a régné en Orient (395-409), 
tandis que son frère Honorius (395-423) régnait en Occi- 
dent. 


Sur cette monnaie se lit : DN ARCADIVS PF AVG. L'empe- 
reur couronné, portant le paludament et regardant à 
droite. R/. (CONCORDIA AVGGG) Guerrier tenant la haste He 
la main droite et le houclier de la gauche. Au-dessous : 
CONOR. Poids de la pièce 4 gr. 50. La légende CONCORRDIA 
AVG66G, Ce dernier mot écrit avec trois G n'existe pas sur 
les m. des E. gaulois. Je ne m'étendrai pas davantage 
sur ces monnaies, qui sont de plomb très noirci et qui 
ont été plarées dans la collection d'un amateur pour le 
tromper. 


Seule la monnaie de bronze DIDIA CLARA est vraie. En- 
core le doute est-il permis devant la production de faux 
monnayeurs qu'il faut toujours Signaler. 


Cependant si le classement des monnaies soumises à 
mon examen amena la constatation de pièces fausses, 
je fus assez heureux pour rencontrer des médailles qui 
pouvaient enrichir et compléter les collections du Mu- 
sée., C'est ainsi que j'ai reconnu une pièce d'argent, de 
l'époque gauloise, que M. Ad. Blanchet (1), adoptant l'Es- 
sai de E. Lambert (2), attribue aux Redones, et déter- 
mine (fig. 212) à l'A’. une tête laurée et au R/. l'andro- 
céphale avee une roue sous Panimal et laurige dont 
"les guides retiennent un ornement quadrilatéral. Quelle 
que soit la difficulté rencontrée pour le classement de 
ces pièces, on ne peut douter qu'elles appartiennent à 
l'Armorique, et avec M. Ad. Blanchet on peut les attri- 
buer aux Redones qui avaient frappé monnaie pendant 
longtemps. 


IV. — Tiers de son d'or mérorinqien. — On connaît 
les difficultés rencontrées par les numismates pour iden- 


(1) Traité des Monnaies gauloise, T. 1, p. 912-019, 


(2) Essai, T. IT, p. 21. 


223 


fier et classer les monnaies mérovingiennes. Le mon- 
nayage des différents peuples établis en Gaule ; limi- 
tation et la déformation des monnaies romaines, les 
nombreux ateliers religieux et laïcs, aux multiples lé 
gendes, formaient un chavs inextricable auquel la 
science des Lelewel, des de Belfort, des Ponton d’Amé:- 
court, etc., a porté la lumière, et que l'érudition et la 
patience de MM. Prou ont rendu brillant (1). 


Aussi me suis-je adressé à M. Prou pour n'aider à 
- déterminer un tiers de sol d’or, que je soupçonne prove: 
nir du cimetière franc de Criel. C'est, m'écrit le savant 
professeur de l'Ecole des Chartes, un autre exemplaire 
du n° 1119 du cabinet des médailles. Je l'ai attribué au 
Vimeu et donné cette description 


A/. Restes d'une légende illisible. Buste diadémé R'. 
SVNO (On peut re ainsi que je l'ai fait dans le 
catalogue de la Bibliothèque nationale, NVS, et on a 
alors la fin d'un nom monétaire au nominatif). R/. Deux 
croix sur des globes, séparées par une étoile, le tout 
sur deux degrés. 


« Votre exemplaire offre, sur celui du Cabinet des 
Médailles, l'avantage que du côté de la tête on voit la 
partie supérieure du buste proprement dit. Au revers, 
entre les croix, Se distingue nettement une étoile, tan- 
dis que sur l'exemplaire de la B. N. l'étoile est écrasée, 
“e qui fait que je l'ai prise pour un simple globule. 


u Ni j'ai attribuée cette monnaie, dont Jles légendes 
rognées Sont indéchiffrables, à Patelier Vimeu, c'est 
que le Cabinet des médailles (2) possède deux autres 
tiers de sol, exactiment des méimes types, sauf que la 


(D) M. Prau, Catal. de Ja Bibl. Nat. p. 243 (Le Vimen). 

Voir également M. Ad. Blanchet, op. cit. p. 551, Prino, 

V. Ad. Blanchet vient de résumer, avec sa méthode toujours 
claire, les différents travaux des savants immismates, dans son 
Manuel de Numrsmalique (Monnaies franpées en Gaule). 

(2 De Belfort. Description générale des monnaies mérorin- 
giennes, n° 6493. 


224 


tête est d'un meilleur dessin et sur lesquels on lit 
VIMINAO, et comme nom de monétaire PIPERONE (3). » 


Le sol d'or soumis à la Commission, ajoute M. de 
Vesly, offre donc un certain intérêt pour notre région, 
puisque l'ancien Vimeu, compris entre la Bresle et la 
Somme, est situé aux confins nord de notre départe- 
ment. Il à permis de plus de fixer une variété de la 
monnaie mérovingienne. 


V. — Chausse-trape et cadenas du Moyen-Age. — M. de 
Vesiy continue, avec l'approbation du président, la série 
de ses communications. 


Les 30 et 31 janvier dernier, avait lieu à la Salle des 
commissaires priseurs de Rouen, la vente de la collec- 
tion de M. Ch. Loquet, maitre-serrurier. Les objets comm- 
posant cette ferronnerie artistique étaient bien connus 
par L'Essai sur la Serrurerie à travers les âges, dans 
lequel notre collègue, M. Ed Duveau, avait décrit les 
serrures et les clefs, les cadenas et vertevelles, les heur- 
toirs et les coffrets et ces mille bibelots qui avaient fait 
de l'appartement de M. Loquet le rendez-vous de nom- 
breux amateurs. 

Aussi, malyré les cessions consenties, depuis quelque 
teups déjà, par le vieux ferronnier, le catalogue com- 
prenait-il encore cent soiXante-quatorze pièces de choix. 
Divers objets avaient dû être laissés au vieux fer ou 
abandonnés au successeur de M. Loquet 

Parmi ees objets, dont quelques-uns sont rares, je 
citerai notamment 


19 Une chausse-trape ; un cadenas de grosse dimen- 
sion destiné à relier les chaînes employées pour barrer 
la nuit les portes de ville ou les canaux et rivieres. 

La chansse-trape (stilnus cœcus) fisgurée sur les monu- 
ments antiques et qu'a reproduite Anthony Rich (1), se 
compose de quatre pointes fixées sur une sphère occu- 
pant le centre de gravité du tétravdre enveloppant, les 


(A) Diet. des Antiq. rom., traduction de M. Chéruel, 


225 


pointes dirigeëés suivant Les bisééctrices des angles : car 
il s'agissait d'assurer Ja stabilité d'un engin de défense 
destiné à blesser à l'improviste les pieds des chevaux. 
A cet effet, la chausse-trape, placée dans l'herbe, pré- 
sentait toujours une pointe, quelle que fût la position 
prise sous le sabot du cheval. 


La chausse-trape acquise pour le Musée ne comporte 
pas la petite sphère centrale, mais les quatre dards ou 
pointes sont tonjours réunis vers le centre de gravité de 
l'engin. Is mesurent 0®05 de longueur et leur écarte- 
ment d'une pointe à l'autre est de 0m09. 


Quoique Viollet-le-Duc n'ait pas compris la chausse- 
trape dans son dictionnaire ({rmes et Armements\, 
parce qu'il là considérait comnie un engin et non une 
arine de défense, cet objet fut en nsayre au Moyen-Age, 
puisque le mot le désignant est compris dans l'histori- 
que des termes usités au Xv° siecle {1). La chausse-trape 
présentée à pu appartenir à la fin des temps médiévaux. 
Elle n'est plus en usage dans la guerre moderne, où elle 
est remplacée par les chevaux de frise, les trous de 
loup et les fils de fer barbeles ou ronces artificielles. 

Dans le même lot de ferraille abandonné par feu 
M. Loquet à son successeur, M. Lancelevée, il a été éga- 
lement trouvé un très intéressant cadenas destiné à 
tendre ou à relier les chaînes qu'on plaçait au-devant 
des portes de villes ou à empêcher la navigation des 
rivières on canaux : c'est ainsi que la rue de la Chaîne 
et plusieurs autres rues, places et carrefours de Rouen 
étaient fermées par une chaine (2). La Seine était égale- 
ment barrée par une chaîne reliant le port du Gravier 
et d'Orival à la rive droite du fleuve à Cléon (3) pour 
assurer la perception des droits dus à l'abhave de Saint- 
Ouen (4) * et, aujourd'hui encore, à Amiens, une chaîne 


(1) Littré. Dict. de la langue francaise, T. I, p. 582. 

(2) Nicétas Périaux, Dict. des Rues et Places de Rouen. p. 106. 

(5) Farin, I, 471, édition de 1668. — « Après la reddition de lu 
ville, en 1418, à Henri V, roi d \ngleterre, les gens prirent une 
grande partie des chaines qui étaient en travers des rues. » 

(4) Ch. de Beaurepaire. La Vicomité de l'Eau. 


226 


empêche la circulation noctume Sur les cañaux des 
hortillonnages. 


Le cadenas provenant de la collection du vieux ferron- 
nier rouennais comprend trois pièces : 1° le corps du 
cadenas proprenrent dit avec anneau de fermeture ; 
2° la clavette autoclave, et 3° la clé à fourchette. 


Le corps est un Cylindre perforé en fer. Il est ouvert 
à lune de ses extrémités pour laisser pénétrer la clavette, 
tandis que l'autre extrémité est close par une simple 
fente ménagée pour le passage de la clé. Sur ce corps 
ou canon, une tige triplée forme la charnière de l’an- 
neau s'engageant dans le cadenas et qui perforée vers 
son extrémité reçoit la clavette ou autoclave munie de 
ressort. La clé se compose d'une double fourchette ve- 
nant s'introduire dans les rainures de l'autoclave et qui 
faisant pression sur les ressorts obligent ceux-ci à lais- 
ser la liberté à la clavette, laquelle légèrement poussée 
par l'opérateur, abandonne le cylindre et donne l'ouver- 
ture à l'anneau. 


Cet ancien système présente une grande analogie avec 
le moyen employé par les joailliers pour la fermeture 
des colliers. Ici, seulement, c’est la pression des doigts 
qui facilite l'ouverture du systèmé : mnais il est à re- 
marquer que dans les deux cas il s'agit de chaîne ; que 
celle-ci soit composée de gros maillons de fer ou deffils 
d'or, les moyens sont identiques. 


VI, — Dérourverte archéologique du Bois-Cany. — Une 
Société financière ayant acquis le bois dit de Cany, une 
des dépendances du château de Grand-Quevilly, pour 
établir un aérodrome, des essarts furent entrepris. La 
combinaison ingénieuse adoptée par les financiers con- 
sistait à abandonner le bais à quiconque viendrait l'abat- 
tre. Ce fut alors une véritable armée de bûcherons im- 
provisés qui, partie des communes de Petit et Grand- 
Quevilly, se dispersa sur le terrain du futur aérodrome. 

Dans cette population d'une mentalité spéciale, il ne 
fut bientôt plus question que de découverte de {résors. 
Le souvenir des découvertes monétaires faites, l’année 


227 


dernière, à la ferme Coteille de Sotteville et rue de la 
Savonnerie à Rouen, hantait tous les esprits ; sous les 
racines de chaque arbre un trésor devait être caché. 
Aussi, dès qu'une monnaie ou deux eurent été trouvées, 
ce fut un vase renfermant des médailles qui aurait été 
trouvé et encore, la découverte prenait encore plus d’im- 
portance qu'elle était accompagnée d'un poignard. Une 
légende était créée et s'accréditait. Je me mis à la re- 
cherche de la vérité et après de multiples démarches, 
je fus assez heureux pour trouver chez M. Gagniard, 
architecte, chargé des travaux d'aménagement du nou- 
vel aérodrome, un bienveillant accueil. 

Cet architecte mit à ma disposition deux monnaies 
recueillies dans les travaux. 

L'une est un douzain de François Ier, ou plutôt une 
variété de cette monnaie de billon : elle porte à l'A/. 
FRANCISCVS + FRANCORVM : REX. Ecu de France entre trois 
coronelles, dans une rosace. R. + SIT : NOMEN : DNI : BE- 
NEDICTUM. Croix cantonnée de deux coronnelles et de 
deux fleurs de lis, dans une rosace. Le type a été frappé 
à Paris. Dans tous les cas, c’est ne monnaie de peu 
de valeur. 

La seconde est plutôt un jeton seigneurial dont les 
légendes sont effacées, et les armoiries dont il est frappé 
sont trop frustes pour être identifiées. Cependant je 
crois reconnaitre à l'A/. le lion de Belgique et au R/. un 
écu timbré d'une couronne de marquis, et qui indique- 
rait que ce jeton était seigneurial. 

Tant qu'au poignard possédé par M. Gagniard : c’est 
la lame d'une baïonnette primitive, laquelle se fixait 
à un cylindre de bois qu'on introduisait dans le canon 
du fusil. Et, encore cette lame a-t-elle été retirée des 
dragages de la Seine !.…. 


Je me suis étendu sur ce simple fait divers pour évi- 
ter que la légende du Bois-Cany n'éveille l'attention de 
quelque numismate et lui fasse entreprendre des re- 
cherches inutiles ! 


Je ne veux pas terminer mes communications, dit 
M. de Vesly, sans ajouter quelques paroles de remercie- 


228 


ment à l'adresse de M. Ë. Duchemin, lequel en lisant 
le rapport présenté par M. Bouctot au conseil général, 
Alans sa dernière session, a offert spontanément pour 
le Musée d'antiquités nn Noble et un Salut d'or de 
Henri-VI. Ce don est prélevé sur la part qui lui a été 
attribuée comme propriétaire de l’inmeuble de la rue 
de la Savonnerie où fut découvert, l'année deruière, 
le trésor imonétaire. 


M. Garreta aimerait que la Commission remer- 
ciât M. Clamageran et les autres bienfaiteurs du 
Musée qui viennent d'être nommés. Sa motion 
recoit immédiatement satisfaction. | 


Un souvenir à M. Armand Requier. — Le senti- 
ment public, remarque le secrétaire, a rendu un 
juste hommage à la mémoire de cet homme de 
bien, qui demeure un bienfaiteur insigne des 
communes du Mesnil-Esnard et de Bonsecours, 
par la création du pittoresque tramwav, dû à son 
initiative personnelle et qui lui a fait appliquer 
avec raison le Jusfuim el tenacern propositi virum. 


Il fut question, paraît-il, de placer son buste à 
quelque endroit propice du parcours de ses voi- 
tures. L'idée ne mérite-t-elle pas aujourd'hui 
d'être reprise pour entrer dans le domaine des 
faits ? 

Il appartient à la Commission de conserver un 
souvenir du travail obscur mais si utile qui occupa 
une grande partie de la longue carrière de A. Re- 
quier. Durant une trentaine d'années, sinon plus, 
sous la direction de l’architecte Eugène Barthé- 
lemv, notre ancien collègue {il présida même 
notre Compagnie pendant une maladie de M. de 


221 


Beaurepaire), ce très habile entrepreneur pour- 
suivit la restauration extérieure de la cathédrale 
depuis le portail des Libraires jusqu'à la Tour de 
Beurre, en contournant le chevet. La continuité 
régulière des travaux, par la même équipe d'hom- 
mes rompus à cette besogne spéciale, amena une 
excellente exécution avec une économie très ap- 
préciable. Il importait d'en conserver tout le mé- 
rite au créateur du tramway de Bonsecours. Ce 
soin serait superflu pour ses travaux vulgaires, 
qu'il à signés par ces briques où une empreinte 
rectangulaire (115 m'm x 25) fait lire A. REQUIER. 

A. Requier, d'ailleurs, raconte le Bulletin reli- 
gieur, n'avait fait que poursuivre la grande tâche 
commencée par son père sous les ordres d'Ala- 
voine. Ils ont été de vrais bienfaiteurs de notre 
basilique. 


Après quelques mots aimables aux membres 
présents, M. le Président lève la séance à cinq 
heures moins le quart. 


‘A. TouGaARD. 


15 


230 


SÉANCE DU 13 JUIN 1913 


Elle ouvre à deux heures un quart, sous la pré- 
sidence de M. G. Le Breton, vice-président ; M. le 
Préfet, président, excusé de ne pouvoir y assister. 


Furent présents : MM. C. Coche, Deglatigny, 
G. Dubosc, Duveau, Garreta, Lefort, Pelay, de 
Vesly et l'abbé Tougard. 

Se sont excusés : MM. G. de Beaurepaire, Dela- 
barre, Le Verdier, Poussier, Vernier. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu 
et adopté sans observations. M. le Président pro- 
pose d'y ajouter deux ou trois notes, 


Bulletin. — X1 distribue ensuite les procès-ver- 
baux de 1912 qui forment la première livraison 
du tome XVI. 


Classement noutrean des églises. —- En excusant 
son absence, M. P. Le Verdier se déclare prêt à 
dresser la liste des églises à proposer pour le clas- 
sement. [Il souhaiterait d'avoir au commencement 
de juillet les formules imprimées, afin de pouvoir 
les remplir durant ce mois et le suivant. 


Dalle de Choinet. — À Son excuse, M. Vernier a 
joint quelques mots sur ce curieux monument 
épigraphique dont la Commission s'est plusieurs 
fois préoccupée. La mumicipalité l'a fait sceller 


231 


haguëre au mur du vestibule de la mairie, en 
lentourant d'un cadre de protection en bois. Ce 
n'est pas exactement ce que la Commission avait 
souhaité ; du moins cette disposition a-t-elle 
l'avantage de mieux mettre en évidence cette Dies 
intéressante d'histoire locale. 


Correspondance imprimée. — Six pièces en for- 
ment le dossier : Mémoires de la Société. de 
Cherbourg, XIX, 1912; — Bulletin de la Se 
de Soissons, 1911 ; — Bulletin de la Soc. F7 
Langres, n° 88, t. VI, avril 19143; — Bulletin. 
des Antiquaires de Picardie, 1913, 1 ; — Bulletin 
de la Sor. d'Emulation d'Abbeville, 1913, I ; 
Antiquaires de la Morinie, Bulletin 241, t. XIIT ; 
1913, I. 


Dessins. — M. Duveau mérite les remercie- 
ments de la Commission en offrant à notre album 
la jolie collection de dessins dont voici la liste : 


Offert à La Conunission départementale des antiqui- 
Les : 


1. Hontleur, rne Saint-Léonard, 1899. 
2 — rue Bourdet, 1N99. 
3. — rue Gambetta, 1809. 
3. Château de Tancarville, 1900. 
5. Maisons, n° 13-15, rue Ganterie, 1903. 
6. Maison n° 20, rue Dinanderie, 1903. 
5. Oriol, place de la Purelle, 1901. 
— rue Grand-Pont, 1901. 
S. Escalier, Hôtel de Houppeville, 1903. 
Balustre et poteau, 1903. 
9, Rampe d'escalier, fer forgé, 1903. 
10. Lettre grise, porte de la maison n° 134, rue Fanu- 
de-Robec, 1904. 


- 232 


11. Frise seulptée sur le linteau de la porte ci-dessus, 
1904. 
12. Clef du cintre sur la porte id., avec millésime 1601: 
1904. | 
» Clef du cintre de la porte du n° 47, rue Saint-Vi- 
vien, 1904. 
13. Enseigne du Vase-d'Or, place de la Calende, 1904. 
» Balcon en fer forgé et enseigne, place de la Cathé- 
drale, 1904. 
14. Impostes en fer forgé de l'ancienne pharmacie Me- 
saize, 1904. 
» Millésime 1676, rue St-Etienne-des-Tonneliers, 1904. 
15. Porte de l'ancienne abbaye de Saint-Amand. 
16. Pentures du portail des Libraires. 
_—- portail Saint-Jean. 
17. Judas de la porte du monastère des Ursulines, rue 
Morand, 1906. 
IS. Judas de la tourière du monastère des Ursulines 
rue Morand, 1906. 
19. Judas de la porte du monastère des Ursulines 
de Ja rue des Capucins, 1906. 
20. Maison, rue Beauvoisine, à l'encoignure de la rue 
Beffrov, 1906. 
21. Maison, rue des Boucheries-Saint-Ouen, 1906. 
2. Cheminée à Lisieux, Grande-Rue, 29-31. 
23 Sarcophages de l'esplanade de l'église Saint-Ger- 
vais. 
Grilles d'imposte, rue Beffroy, 34. 
. rue des Charrettes, 127. 
—- rue aux Ours, 46. 


La ferme des Hospices à l'Aulnay. — La maf- 
tresse communication de cette séance est celle 
qu'a savamment préparée M. G. Dubosc. La pré- 
sentation en est faite à la Commission par notre 
confrère M. Garrela qui s'exprime en ces termes : 


La Charte de donation du Grand-Aulnay pur le duc 
Richard Cour de Lion. — Au moment où l'añministra- 


233 


tion des Hospices de Rouen vient de vendre pour un 
million cinq cent mille francs l'ancienne ferme de l'Aul- 
nav, au Grand-Quevilly, qui avait été donnée à l'Hôtel- 
Dieu de la Madeleine de Rouen, en 1195, par Richard 
Cœur-de-Lion, roi d'Angleterre et duc de Normandie, 
il est peut-être intéressant de donner quelques détails ” 
sur les circonstances et sur le fait de cette donation. 

On sait que Richard Cœur-de-Lion, après avoir pris 
une part brillante à la troisième croisade en Palestine, 
à son retour jeté sur la côte d'Istrie, fut fait prisonnier 
par Léopold, duc d'Autriche, livré à l'empereur Henri VI 
d'Allemagne, qui le mit en captivité à Mayence, à 
Worms, puis au château de Tréfels, dans le Tyrol. 

Sa retraite ayant été découverte, Richard Cœur-de- 
Lion fut conduit devant la diète de Hagueneau, en 1193, 
où l'on tit son procès. En payant une forte rançon, il 
put reconquérir sa liberté : et le 13 mars 1194 il débar- 
quait à Sandwich, en Angleterre. Il passait bientôt en 
Normandie où il rerommencçait la lutte contre son ad- 
versaire ordinaire, Philippe-Auguste, roi de France, qu'il 
battait à Gisors, le 24 octobre 1194. 

A parür de cette date, Richard Cœur de Lion fit de 
nombreux séjours en Normandie. Aux fêtes de Noël 1194, 
il était à Rouen qu'il quittait pour aller à Chinon au 
moins de février 1195. Vers le mois de juin 1195, date 
à laquelle est faite la donation de l'Aulnay, Richard 
Cœur-de-Lion dut séjourner à Rouen avant de prendre 
part, en juillet, aux conférences du Vaudreuil avec son 
adversaire Philippe-Auguste. 

D'après la Chronique d'Hoveden, t. III, p. 275 (édition 
anglaise), Richard Cœur-de-Lion se trouvait alors müû 
par de vifs sentiments de pénitence et de charité. I] 
avait reçu la visite d'un ermite qui l'avait vivement im- 
pressionné. Il avait fait de grands dons aux pauvres et 
les introduisait dans son palais pour leur donner à man- 
“er. En ménre temps, il faisait distribuer à toutes les 
églises des calices d’or et d'argent. C'est vraisemblable- 
ment en cet état d'esprit qu'il fit la donation de la terre 
de l'Aulnay à l'Hôtel-Dieu de la Madeleine de Rouen. 


234 


Déjà, du reste, Richard Cœur-de-Lion s'était montré, 
quelques années avant, antérieurement à son depart 
pour Ja Terre Sainte, fort générenx envers notre hôpital 
rouennais. Sous le prieur Guillaume de Cliponville, il 
‘avait aumôné à l'Hôtel-Dienu de la Madeleine, les églises 
et dîmes de Vattetot et Bénouville, les dimes de la Forèt 
de Valognes et de Saussemesnil, la baronnie de La Londe 
et la terre séigneuriale du Grand-Quevilly et 40 livres de 
rente sur la Vicomté de Rouen. 

Sa nouvelle donation de l'Aulnay à Quevilly est affir- 
mée dans la Charte suivante, faisant partie du fond des 
archives des Hospices de Rouen, conservé aux archives 
départementales. 

Voici le texte de cette charte de donation, écrite en 
cursive sur parchemin de 18 centimètres de longueur 
sur 15 de hauteur. et rédigée suivant le formulaire ordi- 
naire de la Chancellerie des ducs-rois normands : 


ë Rivcardus, dei gratia rex Anelorum, dux Normannorum et 
\aqoitanorum., comes \ndegavorum., archiepiscopis, episcopis. abba- 
hibus. conntibus. haromibus, justiciarnis, vicecomitibus, senesealis, 
prepositis, balle et omnibus ministris et fidelibus suis, SALT- 
TE. 

Seiatis nos dedisse ef concessisse et presenti earta nestra con- 
firmasse pro anima et antecessorunr et Successornm nostroruim, 
Deco et hospitals Kanete Marie-Macdalene BRothomagensis. ainetum 
ul, cum pertinents. onod habebans juxta Sequanam Sub magno 
Chevilliaco, de sieut fossatum de Kieluiz et fossatum Godefrrd 
produeuntur à Nequana versus nemus. Quare volumus et firnni- 
ter preciphuus unod prefatum hospitale et pauperes ibidem con- 
\ersites prefatum  alnetuim, cum perbnentis  sicut lud  habe- 
baunus, Habant et feneant bene el in pace. hbere, quiete, integre 
plenarie et honorifice, cum omnibus Hbertatibus et liberis consue- 
fulinibus suis. Testibug Wilhelmo fiio Radulphi, tune senexeallo 
\ormannie : masistro Valtero, Capellano nostre : Magistro Mau- 
certe, thesaurario Normannie : Gaufride Cambiatore et pluribhus 
LITE 

Data per mantum Willefimi, episcopi, Cancellarii nostri, prima 
die juni, apud Rothomagum, \nno sexto regni nostri. » 


Au dos, cette charte porte quelqnes indications de 
classement ; Carta Alueti: la ferme de PAulnay : Grand- 


‘(G6FE) arpueur1on ap 3np ‘ouoja|fuy,p toi ‘uolT-2p-IN207 pIEUJIY Jed 


“AITTAOND-puein nb AtUINY,[ 2 29 EL ap uanoY 9p na1q- P)9H.I & UOrjeuop ap oueu) MAITRE 1 
sa "H 910$ 
es Le = à. LE - ‘« : : co —— No 
<Q SE us L CT ro NN pren à / PPTrA *"2INHHIAJUI-AUTS EI 9p 
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235 


Aulnay n° 13 existe dans le dossier de la ferme de 
l'Aulnay un vidimus de cette charte, daté du 3 juin. 
1545. 

La charte de donation de Richard Cœur-de-Lion mé- 
rite de retenir un instant l'attention par quelques parti- 
cularités, On y relevera, par exemple, l'emploi de la for- 
mule Dei gratia, qui n'est employée que depuis 1172, 
sous Henri Il, dans les actes de la Chancellerie, puis 
l'usage de deux autres formules religieuses : « pro ani- 
ma et _antecessorumt 61 SUCCESSOFHM ROoSÎTOTUmM », et en- 
suite « Deo et hospituli.... ». 

On notera aussi la précision avec laquelle le lieu de 
l'Aulnay est désigné « près de la Seine, sous le Grand- 
«e Quevilly, des fossés de Kieluiz et Godefroy vers la 
« Seine jusque vers Jan. forêt ». Cette désignation se 
retrouve dans une piece, datée de 1279, et concernant 
également lPAulnay. 

La date, suivant l'usage habituel, n'est point indiquée 
par un millésime, mais par l’année du règne du duc- 
roi : anno Serlto., Pour déterminer à quelle date corres- 
pond cette annee, on ne peut mieux faire que de s'en 
référer au chroniqueur contemporain Hoveden qui dit 
« {nano millesino centesinmo nonagesimo quinto, qui est 
annus Sertus regni Ricardi ». La sixième année qu 
reune de Richard Cœur-de-Lion correspondait donc bien 
a l'année 1195. 

Plusieurs incisions dans le parchemin montrent que 
cette petite charte avait recu un sceau sur cordelette. 
Malheureusement, ce sceau en cire est disparu. On peut 
Se rendre compte cependant de Ce que pouvait être ce 
sceuu, Bien que Hoveden ait indiquée qu'à son retour 
de Ja Palestine, Richard Cœur-de-Lion ait changé son 
sceau, M. Deville, qui à particulièrement étudié les 
sceaux de Richard Cœur-de-Lion, dans une étude publiée 
par les Mémoires de la Société des Antiquaires de Nor- 
mandie (TT. V., p. 65), a montré que l'on a trouvé Île 
sceau primitif de Richard Cœur de Lion sur des chartes 
du 9 novembre 1193, postérieures à la charte de donation 
de l'Aulnay, et de 1197. Ce sceau représentait Je duc-roi 
à eheval, avec li cotte de mailles, le easque à nasal et 


236 


l'épée et la mention : « Ricardus, Dei gratia, rex Angl- 
rum » à l'avers, et, au revers, le duc sur un trône, 
tenant d'une main l'épée et de l'autre le glohe couronné 
d'une croix, flanqué de deux croissants, avec la légende : 
« Richardus, dux Normannorum et Aquitanorum, et Cu- 
invs AndeGUTOTUM. » : 

1. 

Un des points les plus curieux de la Charte est le 
nom des témoins qui évoquent tous le souvenir d'hon- 
mes d'Etat, qui ont été liés à l'histoire de la Normandie. 

Le premier, «< Wilhelimus filius Radulphi », est celui 
de Guillaume Fils-Raoul, qui est un homme de très 
grande valeur, dont la vie a été retracée par M. Léopold 
Delisle dans le ARecnueil des Actes dHenri IT (p. 481). 
Rompu aux affaires, il fut un des plus hauts magistrats 
appelées par Henri IT au gouvernement de Normandie. 
Dés 1165, il figure dans les Pipe-Rols et, à partir de 
1170, il est Vicomte de Nothingham. Il fait ensuite partie 
-des juges itinérants et prend part à la grande ‘tournée 
de ces juges à travers tons les comtés d'Angleterre : :il 
rentl ensuite Ja justice, de 1178 à 1179, dans les comtés 
de Norfolk et de Suffolk : enfin, en 1177, il est désigné 
pour remplacer Richard, évéque de Winchester, com- 
me Sénéchal de Normandie. De 1180 à 1200, bien que 
dans un âge avancé, Guillaume Fiis-Raoul parcourt la 
Normandie en tous sens, tenant partout la Cour du Roi, 
tenant deux fois l'Echiquier à Rouen. 

Serviteur tres fidele du Duc-Roï, malgré lexcommauni- 
cation lancée contre lui, il interdit l'entrée de la terre 
hornmande aux légats du Pape, afin d'obéir aux ordr?s 
de Richard. Lorsqu'à Noël 119, entre Trye et Gisors, 
Philippe-Auguste veut S'emparer de Gisors et du comté 
d'Aumale, le Sénéchal Fils-Raoul, malgré les menares 
les plus violentes, se refuse à livrer les places récli- 
inees, Sans ordre de son souverain. 

Quand Richard est retenu captif, son frère Jean, traî- 
tre à son roi, pactise avec Philippe-Auguste : mais Île 
Seneéchal et son conseil réunis à Alencon, se refusent 
û lui jurer fidélité « esperant, dit Richard Hoveden 


231 


{p. 554). que Dieu leur renverrait sain et sauf leur sei- 
yneur, le roi Richard Cœur-de-Lion ». 


Une des dernières chartes, signées par Guillaume Fils 
Raoul, est un accord passé à l'Echiquier de Caen (Hotuli 
Nornutnniæ. Vol. I, p. 6). Parmi les innombrables pièces 
des règnes d'Henri IT et de Richard Cœur-de-Lion, où 
figure Je nom de Guillaume Fils-Raoul, nous croyons 
devoir citer : les Statuts des Moulins de Rouen, repro- 
duits par Teulet dans le Trésor des Chartes ; la Charte 
du prieuré «du Plessis-Grimoult, pres de Caen : la charte 
‘le 1190 Concernant l’abhave de Saint-Amand : la charte 
de 1190 concernant l'échange fait par l'abbaye de Saint- 
Ouen de Rouen, du village de Poses et de la lande de 
Limay, citées dans le Calendar of Documents, publié 
par Horace Round, 1899. 


Le successeur de Guillaume Fils-Raoul, Guérin Gla- 
pion, dans les fonctions de Séneéchal de Normandie, fut 
nomme, le 26 avril 1200 (Rotuli Normanniæ, p. 6). Guil- 
liume Fils-Raonl eut plusieurs fils : Robert, qui fut 
archevêque de Notingham et assista à deux assises ‘le 
l'Echiquier de Caen, 1185-1190 : Guillaume, qui fut un 
des hauts chanoines d'Evreux (Second Cartulaire du 
Chapitre dErrenr), Comme on le voit, Guillaume Fils- 
Raoul fut un des plus grands servitenrs de la puissanre 
normande. 


Nous n'avons point trouve pnention du-Chapelain Gau- 
tier : « Waltero Cappellano nostro ». En 1197, une piève 
citée dans le Calendar donne les noms suivants de cha- 
pelains : Robert, Balduin et Josello. Par contre, le nom 
du treSorier Mauger, Magister Maugerius thesaurarinus 
Normanniv est plus connu. Jusqu'à présent on n'avait 
rencontré son nom que dans deux chartes. Le 17 avril 
1197, Mauger est témoin avec Guillaume Fils-Raou] dans 
une charte de Richard, confirmant d'autres chartes ren- 
dues en faveur du prieuré du Plessis-Grimouilt, En 1198, 
il est également cité dans une charte de Guillaumie-le- 
Maréchal (dont la vie a été retracée dans un poème 
publié par M. Paul Mever!, charte octroyant la dime 
des porcheries de la forêt dueale et Je droit de la forêt 


238 


de Rouvray. Cette charte, où figurent Mauger, trésorier 
de Normandie, et le Chapelain Eustache, se trouve dans 
le Cartulaire de l’abbaye de Foucarmont (Bibliothèque 
de Rouen, p. 82 (3) et a été reproduite dans le Calendar 
of documents de Horace Round, p. 1099. 

La charte de donation de l'Aulnay fournit donc une 
troisième mention de l'existensce du trésorier de Nor- 
mandie, Maître Mauger, mention qui, jusqu'à présent, 
n'avait point été signalée. 

Geoffroy Le Changeur, Gaufridus Cambitor ou Cam- 
biator, qui figure parmi les témoins, semble aussi avoir 
été un personnage considérable, au temps de Richard 
Cœur-de-Lion. Il semble être particulièrement Rouen- 
nais. C'est ainsi que Gaufridus Cambitor est cité, après 
le maire de Rouen Robert, dans la convention entre les 
citoyens de Rouen et Philippe-Augnste, traitéchirographe 
scellé du sceau de la ville le 1% juin 1204 (Trésor des 
Chartes, par Teulet). Il y figure parmi les jurés et bour- 
geois de la commune, après Robertus maior, et Matheus 
Grossus, Mathieu Legros qui fut aussi maire, et Hugo 
filius Vicecomitisse, et Husues, fils de la Vicomtesse. Le 
due Richard, d'après une pièce des rôles de l'Echiquier, 
publiés par Stappleton (T. I, p. 305), lui donna le siège 
des moulins de Martainville, avec toutes les libertés et 
tous les droits qui v afféraient. Constamment, presque 
dans tous les comptes de l'Echiquier, publiés par Stap- 
pleton, on voit apparaître le nom de Geoffroy Le Chan- 
weur, pour Ja vente de la forèt de Lillebonne, pour des 
droits de mueson de vin, pour des droits sur les ha- 
rengs. TN dut avoir également des parents charges de 
fonctions semblables: car dans ces mêmes comptes de 
l'Echiquier, on rencontre Sylvestre, Roland et Gislebert 
Le Changeur. 

Enfin, le grand Chancelier, Guillaume, évèque, Wit- 
lelinus episcopus cancellarius, est aussi très connn. C'est 
Guillaume de Lonsehamps, évéque d'Elv, vice-rai d'An- 
gleterre, sur lequel ont été publiée diverses études par 
M. Boivin-Champeaux (Société historique de l'Orne, 1889, 
TONI, p. 53-783: por M. Caillemer dans le Précis de 
l'Académie de Caen, 1883, p. 197-226 : par M. Hauréau, 


239 


Histoire litéraire de la France, 1881, T. XXVIII, p. 498. 


Légat du Pape, Guillaume de Longchamps administra 
le royaume normand pendant le séjour de Richard 
Cœur-de-Lion en Palestine. Ennemi de Jean, frère du roi, 
qui trahissait la cause normande, il fut destitué, em- 
prisonné, puis ayant été rendu à la liberté, sur l'inter- 
vention du Pape qui paya sa rançon, il passa en Nor- 
mandie et assista au couronnement de Jean-sans-Terre. 
Son nom et son titre, episcopus Eliensis, figurent dans 
nombre de Chartes. Une d'entre elles porte la même date 
d'année que la charte de donation de l’'Aulnay. C'est la 
charte datée du Vaudreuil, 15 janvier 1195, où Richard 
Cœur-de-Lion confirme les biens de l’abbaye Saint-Tau- 
rin d'Evreux. Elle porte également les noms du Chan- 
celier Guillaume de Longchamps et du Sénéchal Guil- 
laume Fils-Raoul, deux grands serviteurs de la Monar- 
chie normande. 


Après avoir étudié la charte de donation de l’'Aulnay, 
il nous sera permis d'indiquer que ce petit domaine 
devait faire partie du domaine roval de Quevilly, fondé 
par Henri I, ainsi que l'indique ce texte cité par Léo- 
pold Delisle : « Mansionem regiam fecil circa [ustes 
plantatos apud Chevilleum, justa Rothomagum ». (Noir 
Historiens jles Gaules, année 1161, Er Roberti de Monte 
Appendice ad Sigebertum., T. XII, p. 306, cité par Léo- 
pold Delisle, Etat des vlasses agricoles, p. 347). 


* 
k + 


Quel était eet Aulnav. Le livre de la propriété des 
choses va nous l'indiquer en ces termes : | 


« Aulnay est un bois d'Aulnes, une petite riviere envi- 
se ronnee d'arbres qui est ainsi appelée pour sa beauté. 
« Pres de là croissent les arbres, plantes médicinables 
« en grande quantité et abondance et les ovSennix san 
a vage y font leur nv, cvines, hérons, bihoreaux, » 


L'Aulmay faisait partie du pare royal de Rouvray que 
possédaient très anciennement les dues de Normandie en 
cet endroit ét qu'il ne faut pas confondre avec Je Pare 


240 


de Rouen, situé dans le faubourg Saint-Sever. Le parc 
de Rouvray consistait en une partie de la forèt, ferimée 
par une enceinte palissadée de branches entrelacées, 
d'espèces de chevilles, clavicula, d'où est venu le nom 
de Quevilly : Cavilla, Kuvilla, Kevilla, Cavilly, Cacil- 
lim, Cavilenm, Kevilly, Civilly, Chivilli, Cherillensm, 
Cheviliatum. 

Guillaume-le-Conquérant, amator nemorum, ami des 
bois, y résida souvent et y apprit même le couronne- 
ment d’'Harold (Chronique de Normandie. Recueil des 
Histariens de France, T. XIII, p. 225). Guilaume-Lon- 
gue-Epée y fit venir son fils Richard, d'après Dudon 
« Mfisit domigenus secreti sui conscius ut ad villam quæ 
dicitur Chevillei clam deportaretnr », où il le remit à 
Boshion, qui devait lui apprendre le danois. Quevillr 
figure encore dans la charte de donation de l’abbaye de 
Saint-Amand, « prala vero quie sunt apud Chevilly » 
(Histoire de l'abbaye de Saint-4mand, par Dom Pom- 
meraye, p. 71), puis dans une charte de Ausfroy, fils 
d'Osberne, vicomte d'Eu, en faveur de l'ahbaye de la 
Trinité-du-Mont « inter Chevilly et Corolm, duo prali 
iugera eCinter uninus villas, id est Chevilly, unum prati 
agrum ». On voit que déjà on faisait la différence entre 
les deux Quevilly. 

Ceux-ci sont aussi rappelés dans la charte où Her. 
luin donne à l'abbaye du Bec, en 1035, la troisième par- 
tir de sa terre de Quevilly, fertiam partem terræ de Ka- 
cilleio. (Voir : Chronicon Beccénse (Bibliothèque natio- 
nale, lat. 12884, fo 4) : Le Recueil de D. Jourelin (Bibliot. 
hat. lat.: 13905, fo 22) ; Les {nnotaliones 7. Picardi, in 
epistola 5. Anselimi 46. I. 6p. 28 (édit. Gerberon, p. 554: 
Neustrit pi, p. 437, Opera Lanfranci, édit, d'Achérv, 
p. 241: Gallia Christiana, T. XE col. 218. Herluin, fon- 
dateur de l'abbaye du Beer, avait donné cette partie de 
sa terre de Quevilly du consentement de Ses deux frè- 
res « astantibus et landantibus fratribus suis Alberto et 
Ranulfo », Albert et Renouf qui étaient aussi seigneurs 
de Quevillr. 

Quevilly est encore cçité dans la Chronique du Ber 
« super terrain et hereditatent monasterii Beccensis in 


$4l 


rampis, inter Chevilleium et Ermentrudis villam » (Chro- 
necon Beccense ; Neustria pia, p. 613). Herluin, abbé du 
Bec, avait, en effet, racheté la troisième part de la terre 
de Quevilly appartenant à son frère Eudes, pour la don- 
ner à l'abbaye et compléter sa première donation. « Par- 
tem quam habebat idem Odo in ecclesia et decima Chi: 
relei el Surcei, remit prædictus dominus abbas ab eo 
in prædium ecclesi®æ S. Mariæ (Biblioth. nationale lat. 
13905, f° 22, et lat. 12884, fo 5). D'autre part, un autre 
frère de Herluin, Roger, vendit pour le prix d'un che- 
val, estimé 100 sols, sa part allodiale de Quevilly et de 
Bourneville. « Hogerins vendidit [fratri suo, Domino Her- 
luino abbalti, quicquid alodii habuit in Burnevilla et 
Carilleio, acceplo- pro prelio ab eo equo uno centum 
solidis appreciato (Bibl. nat. lat. 12884, fo 176 vo). Ces: 
diverses donations eurent lieû en 1037. 


Cette terre de Quevilly, possédée par les religieux du 
Bec, fut aliénée par eux avec ses revenus en 1309, à 
Gervais des Saulx et à sa femme. Elle fut rachetée en- 
suite moyennant 800 livres par l'abbé Geoffroy Harence 
(Voir Inventaire des titres du Bec, p. 1269 et Chronique 
du Bec, p. 69). 


Eu 1183, Heori II, duc de Normandie, qui avait agrandi 
son manoir de Quevilly, en disposa pour les lépreuses 
de Quevilly, pour la maladrerie des filles nobles ou Salle 
aux Pucelles, qui existe encore et qui est devenue la 
Chapelle Saint-Julien. Sciatis me dedisse fœminis lepro- 
sis de Kevily claustrum meum domorum mearum apud 
Kevilli, ubi mansionem meam construri et pratum quod 
Martinus de Hosa essartavit et pasturam bestiarum mea- 
rum in foresta (Monasticon anglicanum, T. II Cœnob. 
gallican, p. 1013). (Voir aussi Biblioth. nat. Mss. lat. 
10057, fo 223%, Voir Actes d'Henri II, par Léopold Delisle, 
p. 551). 


Le pré de Martin de la Heuse était près de la Seine, 
vers laquelle s'étendait alors la forêt. On sait qu'en 
1366, Charles V réunit à son tour l'église et le prieuré 
de la Léproserie de Quevilly à l'Hôtel-Dieu de la Made- 
leine de Rouen. 


249 


Ce pré de Martin de la Henze faisait partie de 300 acres 
de landes qu'Henri I lui avait données avec droit 
d'usage dans son bois de Rouvray, pour les hôtes qu'il 
y placerait. En 1260, l'Echiquier décida que ce privilège 
he pouvait s'étendre aux habitants des nouvelles hotises 
fondées par Martin de la Heuze, héritier du premier 
coucessionnaire (Olim, T. 1, p. 502. Léopold Delisle, Etu- 
des sur la condition de la classe agricole, p. 408). 


Henri Il, dont le nom est lié si intimement au do- 
maine ducal de Quevilly, a daté de ce endroit une dou- 
zaine de chartes de 1165 à 1172, parmi lesquelles on 
peut citer : la donation de la terre de Bretteville-l'Or- 
gueilleux à l'abbaye de Saint-Etienne de Caen : la dona- 
tion de l'église de Beuzeville aux lépreux du Mont-aux- 
Malades ; la donation d'une maison à Dieppe à l’abbaye 
de Beaubec ; la confirmation des biens et franchises à 
l'abbaye du Bec ; la concession des coutumes le Ver- 
“heuil aux hommes de l’Evèque d'Evreux, la donation à 
l'abbaye de Boxley; la concession aux Templiers de 
leurs maison de Sainte-Vaubourg : Ia concession d'une 
foire aux lépreux du Mont-aux-Malades : une sauvegarde 
pour le prieuré de Saint-Martin-de-Sigv : une confirma- 
tion d'une dohation de Guillaume Longue-Epée du ma- 
noir de  Martin-Eglise ; un ordre aux baïillis d'Ar- 
ques de maintenir les chanoines de Rouen dans leurs 
biens : une exXemption de droit de péage accordée aux 
seigneurs de Bedfort. 


Par une charte donnée an Vaudreuil, sans date, 
Fenri IF avait donné .aux religieux du Bec, dont nous 
avons vu l'installation à Quevillv, le droit de prendre 
dans la foret de Rouvray le bois nécessaire pour la répa- 
ration de leur manoir, ainsi que la Libre pâture pour 
leurs pores dans tous les bois et forèts de la Norman- 
die, Cette charte est citée dans Ja Nenustria pid, p. 485, 
et en partie dans les Grands roles de l'Echiquier de 
Normandie, 17 partie, 167. Elle fut confirmée par Saint 
Louis en 1256, dans une charte datée de Pont-Audemer 
{{nrentaire des titres du Bec, p. 24. An sujet de cette 
coutirmation, le Coutumier des forêts s'exprime ainsi : 


248 


« Les religieux abbé el couvent de Notre-Dame du Bec- 
Héluin, à cause de leur hostel de Quevilly, ont eu la 
forest de Rouvray par la confirmation de prince de 
noble recordation Loys, par la grâce de Dieu roy de 
France régnant l'an mil CCLV, en mois de mars, d'un 
don fait aux diz religieux par Henry, roy d'Angleterre, 
duc de Normandie, d'Aquitaine et comte d'Anjou, de 
toutes les choses qui leur sont nécessaires pour leur 
hebergeage faire et reffaire, bois pour ardre suffisam- 
ment, sans Wast par livrée, etc. » (Cité par Léopold De- 
lisle, Cartulaire normand, p. 327, n° 1191). 
Ar 

L'Aulnay du Grand-Quevilly donné par Richard Cœur- 
de-Lion à l'Hôtel-Dieu de la Madeleine de Rouen et qui 
n'était qu'une plantation d'aulnes, devait être augmenté 
par les relisieux. Cet aceroissement devait même entrai- 
ner un procès devant l'Échiquier vù fut citée la Charte 
de donation de 1195. La pièce suivante que nous résu- 
mons indiquera le fond de ce’différend, survenu en 
1279. 


« À tous ceux qui ces présentes lettres verront, le bailli de 
Rouen, salut. Pour notre seigneur le Roi, le prieur et les frères 
de Pospital de la Magdeleine de Rouen, sur ce qu'ils ont étendu 
et élargi sur Seine, plus qu'ils ne devaient, un Aulnay qu'ils 
avaient lez Seine, sous le Grand-Quevillv, ainsi que le Fossé de 
Quevilly et le Fossé Godefroy se porportent, en faisant une aseraie 
sur la rivière de Seine, là où Hs ne pouvaient, ni ne devaient et 
contre la droicture du Roy, ainsi qu'il le disoit. 

Si que le prieur et lesdits frères du devant dit hospital disent 
qu'ils avaient faicte ladicte oseraie là où ils pouvaient et devaient, 
selon leur charte qu'ils avaient scelée du Roy et charte de l'Aul- 
nav devant dit, et avoit été longtemps en saisine... 

La charte oye dudit Grand-Aulnay, il fut décidé de nos maistres 
de l'Échiquier, que ledit Aulnay et ladite oscraye demeureraient 
audit prieur et aux frères de l'ospital du lieu dt, en l'estat et en 
point où ils estoient et rendroient à tous jours, sans eslargir 
plus désormais sur Seine. En témoins de laquelle avons mis Île 
sceau de la baillie de Rouen. Ce fut faict de l'Echiquier de la 
Saint-Michel, qui fut à Rouen l'an de grâce CCLNXX et nœuf (1279), 
le dimanche devant le pardon de Naint-Romain. » 


244 


I est bien certain que les juges de l'Échiquier, el 
rendant cette sentence, s'inspirérent de la charte de 
donation de Richard Cœur-de-Lion à lHôtel-Dieu de 
Rouen, en 1195, et de ses intentions charitables. Au imo- 
ment où la donation du due-normand, dont le cœur 
repose dans la Cathédrale de Rouen, va assurer aux 
pauvres et aux malades de notre ville une large somme 
pour secourir de nombreuses misèéres, il nous à paru 
utike de rappeler les origines de cette donation et d'évo- 
quer le souvenir de ceux qui y prirent part. 


GEORGES DUBOSC, 13 juin 1913. 


M. le Président se félicite que notre procès- 
verbal ait recueilli une pièce aussi importante. 
Elle y prendra place reproduite non seulement 
avec fidélité, mais avec le charme du fac-similé. 
Sur quoi M. Le Breton relève des formes du 
même nom qu'on croirait non moins qu'homo- 
nymes (Gotfridus, Galfridus, etc.), qui se résol- 
vent au nom moderne Geoffroy. 


Les immeubles qui vont disparaitre ne semblent 
guère antérieurs à deux siècles. Il serait bien à 
souhaiter qu'on püt conserver une vue générale 
de la ferme, privée de terres labourées, mais qui 
vendait, 11 v à un quart de siècle, 17.000 francs de 
lait par an. L'inscription moderne qui surmonte 
l'entrée principale entrera sans doute dans un de 
nys musées. Mais M. Pelay veut en outre espérer 
qu'on obtiendra que les futurs bâtiments indus- 
triels soient ornés d’une plaque commémorative 
qui perpétue dans la mémoire de nos arrière- 
neveux un souvenir reconnaissant pour le Cœur 
de Lion qui fut si pitovable aux Rouennais hospi- 
talisés. 


245 


Le triptyque d'Acqui. — M. Duveau distribue 
alors à ses confrères une vingtaine de pages qu'il 
a publiées l’an dernier sous ce titre dans la So- 
ciôté d'Emulation. C'est la traduction d'un mé:- 
moire italien de Fr. Pellati, imprimé à Rome en 
1707, sur cette œuvre d'art du xv° siècle, trop peu 
connue, qui orne la sacristie de Ia cathédrale 
d'Acqui. Deux intéressantes gravures de notre col- 
lègue reproduisent ce triptyque. 


Par la variété non moins que par l'attrait de 
ses communications, M. de Vesly est toujours en 
possession de l'estime de ses confrères. Ses notes 
suivantes en fournissent la preuve. 


Sceuu de négociant, — Ce fut un usage pour les négo- 
ciants pendant le Moven-Aze, de timbrer les marchan- 
dises qu'ils expédiaient d'un sceau on cachet de plomb 
apposé par les maîtres de la corporation à laquelle ils 
appartenaient. 

C'est à cet usage que se rapportent les deux plombs 
que M. L. Deglatigny vient d'offrir pour le Musée des 
Antiquités. Is ont appartenu à M. Goujou, de N.-D.-du- 
Vaudreuil, un collectionneur récoltant les antiquités 
dans les localités voisines. Aussi ne serais-je pas sur- 
pris d'y reconnaitre la marque d’un fabricant de Lou- 
viers ;: mais ce n'est là qu'une hypothèse puisque jus- 
qu'à ce jour je n'ai pu trouver aucune pièce justifica- 
tive. , 

Le sceau est circulaire et rnesure 38 mm de diamètre. 
Sur le marli de %®/m on lit : + S'AMÆL FILLÆ NICHOL. AU 
centre un rameau de quatre branches opposées, trifo- 
liées à leur extrémité. On observera que les caractères 
employés pour le C de Nichol et les E d’Amel et de filie 
sont encore des Caractères wothiques. Aussi faut-il attri- 
buer ce sceau à la première moitié du xvi® siècle. 


16 


246 


Jetons, += Ceux qui présentent un intéréf sont les sui- 
vants : 


1, Jeton du sacre de Louis XIII, en cuivre jaune, 
frappé à Nuremberg (n° 7884 du Cat. Feuardent) à l'A}. 
LVDO. XIIT. D. G. FRAN. ET. NAVA. REX. CHRISTIANISS. Le buste 
plus court que dans les jetons gravés par Nicolas Briot 
et Ja Signature H. Kk. Au R/. Main celeste tenant la sainte 
ampoule au-dessus de la ville de Reims ; à l'exergue 
Rheiis, 1610. Il est regrettable qu'un barbare ait per- 
foré le jeton à lendroit des yeux. 


2. Jeton de Louis XIV (en cuivre jaune), ne figure pas 
au catalogue Feuardent. A/. LVDOVICVS MAGNYS. REX. Buste 
du roi regardant à droite ; R/. LABOR. ALITIS. AVFERT. Un 
arbre sur lequel un oiseau est perché, tenant dans ses 
serres un agneau. Au pied de l'arbre deux loups s'éloi- 
nent en regardant l'oiseau et se tournant le dos. 


3. Jeton orltogone de l'ordre de Saint-Louis, en argent, 
variété dite de Lorthior. LVDOVICVS. XVI. REX. CHRISTIA- 
NISS, signé Lorthior. F., sous le bras. R/. LUD. MAGNUS. 
INSTITUIT. 1693. LUD. XVI. ILLUSTRAVIT. 1799. Sur une ban- 
derole : BELLICÆ VIRTUTIS PRÆMIUM. Croix de Saint-Louis 
avec son collier cerné de deux palmes. 


4. Jeton populaire de Louis XVI. LVD. XVI. D. G. FR. ET. 
NAVAR. REX. Le buste du roi avec la croix de Saint- 
Louis. R/. OMNIBVS, NON SIBI. Un bassin avec jet d'eau, 
et 4ati-GSSOUS IETTON. 

Le dernier jeton que je désire soumettre à la Com- 
mission, ajoute M. de Vesly, est celui frappé par la 
cour de Napoléon : ce jeton de cuivre jaune, porte à 
l'A/. le buste de l'Empereur tourné vers la droite et en 
exergue NAPOLEON EMPEREUR ; au R}/. Un autel carré sur 
lequel est déposé Ja couronnne impériale, le sceptre et 
la main de justice. A l'entour la devise HONNEUR ET PATRIE 
et en dessous : COUR. II. FRIM. AN XIII. Ce jeton n'est pas 
signé. | 

IH m'a semblé intéressant de le rapprocher du jeton 
de l'ordre de Saint-Louis, puisque sur celui de Napo- 
léon se lit la belle devise que l'Empereur fit inscrire sur 


PEN TROR 


247 


fa eroix de la Légion d'honneur et sur les drapeaux de 
ses crenadlers. 


Lance ou pique des Cadets Messins. — Parmi les ob- 
jets trouvés au hasard des rencontres, termine M. de 
Verlv, j'ai été assez heureux pour acquérir une lance 
où piqne assez curieuse par sa forme et sa profenance. 

Cette arme mesure 0843 de lame et 1236 de bois, soit 
une longueur totale de 1279. La lame qui est à section 
triangulaire porte deux fois cette inscription en deux 
lignes : « NSpol fourbissenur des Messieurs les Cadets 
qentilhomames à Melz, » Ces caractères tracés dans :e 
stvle de l'époque de Louis XIII. 

Le bois de Ja hampe est orné de trois bagues d’un 
metal argentifére et Se termine par une pointe où pilum 
destinee à planter Ja lance ou à la maintenir dans 
letrier, Des inscriptions à l'encre ont été tracées sur 
ce bâton, mais elles n'ont laissé que des lettres très effa- 
cees et illisibles. Je ne crois pas que cette lance fût des- 
tinée à la cavalerie : elle était plutôt une arme de pied, 
une pique d'importation espagnole dans la ville de Metz. 
J'attends, pour me prononcer, les réponses que j'ai sol- 
licitées au Musée de PArtillerie à Paris et aux archives 
de la ville de Metz. 


Calvaire du Tréport. — M. Coche obtient la 
parole pour rendre compte de la mission dont la 
Commission lPavait investi en faveur de Ta recons- 
litution de cette croix mise en pièces par un acci- 
dent de voiture. La négociation a pleinement 
réussi. La municipalité s'est associée à nos désirs ; 
et la main experte qui à remis debout l’édicule 
en à fait une œuvre tout à la fois habile et heu- 
reuse, en se servant de goujons en cuivre, bien 
préférable au fer qui, venant à s'oxyder dans la 
pierre, Y cause souvent de redoutables ravages, 
comme on vient de le constater au clocher de 
Bonsecours. 


M. Lefort se demande si on s'est préoccupé 
d'assurer au ciment le plus de résistance possible 
aux intempéries des saisons, et surtout aux fu- 
reurs des tempêtes. 


Eglise S.-Pierre-du-Chätel.-- M. G. Dubosc la 
croit en très mauvais état ; et même un bruit, qui 
n'est peut-être qu'une rumeur sans fondement, 
croit la tour du clocher menacée de démolition, 
pour parer à un entretien toujours coûteux. Cette 
église, maintenant affectée aux services acces- 
soires des Nouvelles Galeries, est intéressante en 
diverses parties, notamment par ses belles portes 
et ses jolies voûtes. Quel en est aujourd'hui le pro- 
priétaire ? Klle appartint jadis aux familles Bien- 
court et Mauduit. 

On souhaiterait un classement. Mais il ne faut 
pas oublier que, dans ces conditions, le classe- 
ment suppose toujours le consentement préalable 
du propriétaire. 

Ce qui semble le plus opportun dans la cir- 
constance, c'est de se renseigner auprès de M. Loi- 
sel, l'architecte des Nouvelles Galeries. En évitant 
d'abord tout froissement, puis en exposant tout 
l'intérêt de ce terrain, l’un des plus historiques du 
vieux Rouen, puisque là furent construits le châ- 
teau et la chapelle des anciens ducs de Norman- 
die, on peut espérer la conservation des parties 
encore existantes du vénérable sanctuaire, ce qui 
en suppose une restauration intelligente. 


Baptistère de Sauchay-le-Haut. — Notre con- 
frère M. H. Cahingt a tenu « à examiner plus à 
loisir » cette œuvre tout à fait rare qui paraît être 


249 


du xIv° ou du xv° siècle. IT en à pris à la hâte un 
croquis sommaire qu'il a adressé au secrétaire. 

Ce prisme hexagonal est orné sur chacune de 
ses faces qui mesurent 35 cent. de hauteur sur 
28 de largeur. 

La face principale représente le Christ en croix 
avec la Sainte Vierge et Saint Jean. Les faces laté- 
rales portent des reliefs de saints, et la face pos- 
térieure est celle que le croquis a reproduit. 

Huit inscriptions en lettres onciales entourent 
autant de médaillons dont le centre a été mutilé 
au ciseau., La lecture en semble difficile, d'autant 
que la lumière fait défaut. Quatre de ces inscrip- 
tions décorent la face principale, et le reste est 
partagé sur deux autres faces. 

Cette toute petite église, que ces fonts et l'autel 
rendent si intéressante, possède en outre un saint 
Hubert et toute une série de statues dignes d’atten- 
Lion. Elle mérite une monographie qui tentera 
certainement quelque membre du vieux Dieppe. 


Caudebec. — Les échafaudages établis l'an der- 
nier autour de l’église y sont demeurés sans em- 
ploi. C'est ce qu'ont constaté avec surprise des 
promeneurs qui en ont fait la remarque au secré- 
taire. La Commission n'y peut rien de plus que 
notre confrère : 1l importe du moins que ce ren- 
seignement lui soit transmis. 

M. le Président explique que le cas n'est 
malheureusement pas isolé, mais que le remède à 
y apporter n'est pas à la disposition de tous. 


Eglise de Bonsecours. -— L'abbé Tougard est 
heureux de pouvoir opposer à ce regrettable état 


250 


de choses, ce qui fait honneur à l'architecte chargé 
de la restauration du clocher de Bonsecours. 


Un coup d'œil sommaire avait évalué le devis 
à 4.000 francs environ. L'étude définitive l'a fait 
monter jusqu'à 10.000 francs. Cette somme est 
disponible. Le maitre de l'œuvre regardait comme 
providentiel que les parties qui menacent ruine 
n'aient pas été ‘ietées au bas du portail par quel- 
que coup de vent qui eût pu faire bien des vic- 
times. 


Le remplacement intégral de plusieurs cloche- 
tons prouve l’état lamentable de la construction 
primitive qui n'a guère plus d'un demi-siècle. 

La croix et le coq ont été dorés, le paratonnerre 
vérifié et les échafaudages supérieurs ont disparu. 
Quatre ouvriers seulement ont suffi à ce travail 
d'élite. Bref, tous ceux qui s'intéressent au pieux 
sanctuaire ne ménagent pas leurs éloges. Ici, du 
moins, Péchafaudage ne s'éternisera pas. Que 
celte restanration mérite un souvenir reconnais- 
sant à M. le chanoine Delafontaine, qui à marqué 
les derniers Jours de son ministère à Bonsecours 
par cette utile entreprise. 


Tour S.-Laurent. — Plusieurs chutes récentes 
de pierres, dont une d'environ deux Kilos a en- 
domimagé Ta toiture, semblent indiquer qu'une 
revue attentive de cette tour S'impose en faveur 


de la sécurité publique. Les alentours de l'église 


sont tres fréquentés, tant par les visiteurs du 
Musée d'Art normande que par les amateurs qu'at- 
birent les bouquinistes. IT + a vraiment urgence. 


Le mardi suivant, notre collègue M, G, Dubosc à. 


— 


251 


inséré au Journal de Rouen un instant appel aux 
pouvoirs publics. 


Enfin quelques notes héraldiques de M. Garreta 
terminent les communications : 


Sceau ovale en cuivre (25 mill. sur 21 mill.) 
du xviiIr" siècle, aux armes de Martin de Ratabon, 
évêque de Viviers, mort à Rouen, âgé de 74 ans, 
le 9 juin 1788, qui portait : 

« D’azur, au léopard d'or, accompagné de trois 
croissants d'argent. » 

Sceau ovale en cuivre doré (21 mill. sur 17 mill.) 
du xvr' siècle, aux armes de l’abbaye de Cluny. 

« De gueules, à deux clefs d'argent en sautoir, 
traversées d’une épée de même en pal, la garde 
d'or ». Le cartouche ovale est surmonté de la mitre 
et de la crosse. 


Médaillon en bronze de forme ronde (0,05 c/m.) 
présentant le profil tourné à gauche de Jean-Louis 
de Lavalette, duc d'Epernon, pair et amiral de 
France et colonel de l'infanterie française. 

Autour du buste se lit la légende : 


I0.LVD.DE.LA.VALETTE.DVX.ESPERN. 
PAR.ET.TOP.PED.FR.PRÆFEC. 

Au revers un volcan en éruption, au milieu des 
flots agités ; les quatre: vents, deux par deux et 
affrontés, soufflent de chaque côté ; au sommet, 
une nuée rayonnante. | | 

Légende : CLARIVS.ADVERSIS, 

Au bas : POI. 1606 F, 


202 


On lit dans Farin que le duc d'Epernon fit son 
entrée à Rouen, le 3 mai 1588, en qualité de gou- 
verneur, avec cérémonie. Il entra par la porte 
Saint-Hilaire ; les rues furent ornées de tapisse- 
ries et, en divers endroits, on éleva des théâtres 
et des portiques avec plusieurs emblèmes et de- 
vises. On lui présenta un dais qu'il refusa. Le 
hHeutenant-général le complimenta à l'entrée de 
la porte au nom de la ville ; il fut aussi compli- 
menté au même endroit par le premier président. 
Le lendemain il soupa en lhôtel commun de la 
ville avec plusieurs seigneurs de marque. 

Les mécontentements des grands, les émotions 
du peuple et les barricades de Paris, qui arrivè- 
rent depuis en la mème année 1588, lui firent 
remettre le gouvernement de Normandie entre les 
mains de Henri IT qui y pourvut. 


La séance est levée à quatre heures un quart. 


A. TOUGARD. 


253 


SÉANCE DU 10 OCTOBRE 1913 


Elle commence à deux heures et demie, sous la 
présidence de M. G. Le Breton, vice-président ; 
M. le Préfet, président, excusé de ne pouvoir y 
assister. 


Membres présents : MM. G. de Beaurepaire, 
Bouctot, Cahingt, Deglatignv, G. Dubosc, Duveau, 
Garreta, Pelay, Sarrazin, de la Serre, de Vesly et 
l'abbé Tougard. 


Se sont excusés : MM. Coche, Labrosse, Le Sau- 
nier, P, Le Verdier, Poussier, Ruel et Vernier. 


En ouvrant la séance, M. Le Breton se lève pour 
annoncer avec bonheur la nomination de deux 
nouveaux membres : MM. Labrosse, administra- 
teur des Bibliothèques de la ville, et M. Le 
Saunier, archiviste paléographe, conservateur des 
Archives municipales. Il regrette de ne pouvoir 
leur souhaiter la bienvenue. M. Labrosse est re- 
tenu par des affaires de famille. Quant à M. Le 
Saunier son absence est encore plus regrettable, 
parce qu'elle résulte du deuil cruel que lui cause 
la mort de sa femme. 


M. le Président tient à dire un mot aimable à 
M. Cahingt, qui a bien voulu nous venir de 
Dieppe, maleré des devoirs professionnels souvent 
assu]Jettissants,. | 


\ 


254 


Correspondance imprimée. — L'une des plus 
nombreuses que nos procès-verbaux aient jamais 
enregistrées, elle compte plus d'une trentaine de 
pièces, savoir : Mémoires de la Société de l'Aube, 
LXXVI, 1912 ; — Mémoires de la Soc. d'Archéol. 
de Beaune, XXXV, 1911 ; — Bulletin de la Soc... 
de la Drôme, 186 ; — Soc. libre de l'Eure, 1912 ; 
— Revue de l'Avranchin, XVIT ; — Bulletin de la 
Soc... de Langres, VI ; -- Mémoires, item, 1913 ; 
— Société polymathique du Morbihan, 1912; — Soc. 
hist. de Compiègne. Fouilles diverses, 1912 ; — 
Bulletin, ‘em, XV, 1913; — Procès-verbaux, #esm, 
XXI, 1912 ; — Soc... de l'Orne, Bulletin, XXXII : 
juillet 1913 ; — Antiquaires de la Morinie, Baul- 
letin, 246 ; Mémoires, i{ern, XXXI, 1912-3 ; — An- 
fiquaires de Picardie, Bulletin trimestriel, 1943 ; 
— Antiquaires de l'Ouest, Bulletin, IT, 11 et 12 ; 
— Soc. archéol. de Sens, Enceinte de la ville, 
1913 ; — Bulletin archéologique du Comité, 1912, 
I ; 1913, 1; — Antiquaires de Franre, Mémoires, 
1912 ; Bulletin, 1912 ; — Répertoire d'Art el d'Ar- 
rhéologie, fase. XVI, 1913; —- Société Jersiaise, 
Journal de J. Chevalier, fase. R: — Annales de 
la Soc... de Château-Thierry, AN2, gr. in-8° ;: — 
Skanes Meteltida..…. af Lars Tynell. Stockholm, 
1913 ; gr. in-4°, 16 pl. ; - - Liste du Comité des 
Travaux hist. et Sscientif., P. 1913, 180 pp. ; — 
Programme du LIT Congrès des Soc. sar., à Pa- 
ris, 1418 avril 1914 : - - Cmelière mérovingien de 
Neufchülel, par Dubus; gr. in-8° (Extrait du 
« Bulletin des Etudes préhistoriques »), hommage 
d'auteur : — La Gymnastique à l'époque grecque, 
à propos d'un vase grec du Musée départem., par 


209 


le D' Lecaplain ; in-8° de 4 pp. ; hommage d'’au- 
teur. 


Deux photographies sont destinées à notre Al- 
bum : La maison à laquelle ont succédé les Nou- 
velles Galeries, réédifiée rue Laboureur, à Sotte- 
ville-lès-Rouen, offerte par M. Poussier; — 
L'église et la châsse de S.-Victor-en-Caux, photo- 
graphiées le 21 juillet dernier. 


M. Duveau présente à la Commission les des- 
Sins suivants : 


Millésime, 1666 ; 
» 1641, rue des Charrettes, 85 ; 
Grange dimeresse de S.-Vaubourg (Val-de-la- 
Haye) ; 
Maison du XVI" siècle, rue des Fossés-Louis-VIIT: 
_— en détail de l'aissentage : 
Millésime 1632, rue du Bac, 28 : 
Rue des Champs, n° 47, maison avec aissen- 
tage en bardeaux : 
Rue Poussin, n° 4-6-8, vieilles maisons ; 
Marché-aux-Balais (place du) ; 
Rue de la Grande-Mesure ; 
Maisons rue des Bons-Enfants, n° 93 à 99 : 
— — n° 108-110 ; 
Rue des Champs-Maillets. 


M. Mailel démissionnaire, — C'est d'un ton 
attristé que M. le Président donne lecture du tou- 
chant billet où notre éminent confrère M. Milet, 


256 


découragé par l'état habituel d’une grande fai- 
blesse où le réduit la maladie, envoie sa démis- 
sion de membre de la Commission dont il fait 
partie depuis près de trente ans ; tout en protes- 
tant qu'il s'intéressera toujours à nos travaux. 


Est-ce que la Commission, demande le secré- 
taire, ne pourrait pas objecter qu'il lui est impos- 
sible d'accepter cette démission, unique dans ses 
annales et qui la prive de l’un de ses membres les 
plus autorisés ? 


M. G. Le Breton, après un intéressant résumé 
de l'honorable carrière toute de labeur et d'études 
que M. Milet à fournie, ne verrait que l'honora- 
riat qui püt consoler la Compagnie de cette re- 
traite. 


Les trois notices suivantes de M. de Vesly conti- 
nuent d'enrichir notre Bulletin. 


19 A4rchitrare où sommier (Epoque de la Renaissance) 
dt Auimale, — T1 existe, rue de l’ancien cimetière et lon- 
geant le collatéral nord de l'Eglise Saint-Pierre, à Au- 
male, une vieille hôtellerie où jadis pendait l'enseigne 
de « l'Hôtel des Prinees ». Aujourd'hui, elle est simple- 
ment dénommée « fuberge du Lion-d'Or ». 

Ni M. Ernest Semichon, dans Son histoire de la ville 
d'Aumale : ni l'abbé Cochet, dans le Répertotre archéolo- 
£ique du département, ne font mention des hôtelleries 
de Ja vieille bourgade bravonne. Il est vrai que celle 
du « Lion-d'Or » a sa facade principale semblable à celle 
de toutes les maisons des villes normandes où les pou- 
trelles S'archoutent et se croisent les unes sur les autres. 
Aussi, ainsi que d'autres touristes, Serais-je passé de- 
vant la porte-cochère, si M. Bouetot ne m'avait incité à 
jeter un resard sur la cour intérieure du vieux logis. 


257 


Et, cependant, la large otiverture (35%) et la hau- 
teur 3 mètres) de Ja baie charretière à été souvent fran- 
chie par les grandes diligenves et les lourdes charrettes 
des rouliers. Là s'engouffraient également les riches 
uarrosses et les équipages de chasses. J'aurais voulu 
pouvoir donner un rapide historique de cette maison 
otù ont logé les seigneurs de la suite des comtes d'Au- 
male, des ducs du Maine et de Penthièvre, etc. 

Le classement des archives de M. Dupuy, notaire, 
n'oblige à ajourner mon projet ; mais le maîfre de la 
ville, M. Houé m'a fait la promesse de m'adresser sous 
peu les documents qui permettront de combler cette 
lacune. 


Aujourd'hui, je désire simplement vous soumettre le 
croquis exécuté par M. Gruzelle, pour ètre reproduit en 
glyptotypie et me contenter de donner les explications 
necessaires pour bien faire saisir la valeur des poutres 
sculptées de l'auberge du Lion-d'Or. 

Ainsi que je l'ai dejà dit, c'est à l’intérieur de la cour 
que se voit l’ornementation de la charpenterie soute- 
nant les solives d'un passage et d'un petit étage. Deux 
potelets avec pigeurds distants entre eux de 3250 for- 
ment piliers. L'architrave qui les réunit est aidée dans 
Sa fonction par deux écharpes où consoles ornées de 
rosaces et de triglyphes. 


Le portail comprend deux grosses poutres ou som- 
miers de 0®30 d'équarissage, reliés aux pigeards des 
potelets par des tenons et mortaises, moisés en leur 
milieu par une clé ornée d'une grande gueule de lion 
faisant saillie sur la poutre supérieure taillée d'un large 
quart de rond. 

Sut la poutre supérieure court une rangée d'oves sur- 
montée de place en place de trois canaux ou triglyphes, 
avec dans la partie la plus large une branche ondulée 
de laurier. La poutre intérieure comporte une rosace 
centrale ayant de chaque côté des rinceaux d’acanthe 
S'échappant d'une volva. Une dernière rangée d’oves 
limite la poutre. 

La décoration du pigeard de gauche comprend des 


258 


ornements empruntés épalement à l'acanthe pour la pâi-- 
lie supérieure : en dessous, un culot; et, enfin, pour la 
partie concave, une tête d'angelot qui Se racvorde au 
potelet. Le pilier de droite est engage dans l'immeuble 
voisin : on le devine plutôt qu'on ne le voit semblable 
au précédent. 

Toute cette belle charpenterie me parait remonter au 
rèeune de Francois Ier, vers 1530. M. Bouctot a projeté 
de faire entrer ces bois de la Renaissanée au Musée des 
Antiquités. I a obtenu du propriétaire la promesse de 
les livrer, sous la condition de remplacer les deux som- 
miers et de soutenir le galandage de l'étage supérieur. 


Empreinte du sereau des Freres d'armes de Berry-Cavda- 
lerie. — Parmi les objets offerts récemment an Musée 
par M. Louis Deglatignv, se trouve l'épreuve ou essai 
du sceau du regiment de Berry-Cavalerie : c'est un objet 
assez rare, On sait combien étaient nombreuses, avant 
la Révolution, les associations fraternelles, amicales on 
corporatives, plus ou moins affiliées à la Franc-Macon- 
nerie. 


La Loge des freres d'armes du Roval-Berry-Cavalerie 
fu. du nombre. En effet, on lit sur le sceau cette inscrip- 
tion : SCEAU DE LA R.°. DES F.'. D'ARMES A L'O.:. PU RÉGt DE 
CAVALERIE BERRY. Cette inscription entoure une vignette 
on deux chevaliers couverts de leur armure et la coupe 
en Main, forment le serment traditionnel sur deux lan- 
ces Ccroisees @et déposées à terre, La Scène se passe dans 
nne grande salle vontée aux multiples caissons et dans 
le fond, au centre d'un trophée de drapeaux, se voit 
’allas assise au-dessous d'un triangle et de l'œil sym- 
bolique. Le graveur n'a pas signé son nom. 


I vw eut dans l'armée francaise au XVte siècle, deux 
régiments de Berrv ; lun, désigne par Berry-Infanterie, 
fut créé Je 30 août 1684 par M. de Guebriant : et celui 
qui nous occupe, le régiment de Berry-Cavalerie, un peu 
plus ancien, fut levé en Roussillon, en 1674, et M. le 
comte de L'Isle en fut le premier maître. Il comprenait 
trois eseadrons de 160 hommes chacun, soit 480 hommes, 


me ni 


259 


maréchaux des logis et brigadiers, plus 28 officiers, 
parmi lesquels ont .compté M. le comte de Caraman, 
colonel ; M. de Garlan, lieutenant-colonel, et M. de 
Parcon, major en 19718. 

Le royal Berry-Cavalerie était le dix-neuvième régi- 
ment d'après le rang donné par Louis XIV, et portait 
pour unforme l'habit bleu à parements rouges et le cha- 
peau de la cavalerie. L'équipage de cheval était tout 
rouge, avec broderie d'argent. Les étendards, au nom- 
bre de six, étaient bleus, bordés de rouge, avec soleil, 
fleurs de lis et franges d'or (1). 


Notre collègue, M. Georges Dubosc, auquel je suis rede- 
vable de ces détails, croit que le régiment de Berry était 
nn régiment de carabiniers, qui, réuni à celui des gen- 
darmes de la maison du Roi, a formé les cuirassiers de 
Berry, ancêtres de nos héroïques cavaliers du 4e cui- 
rassiers. 


THÉATRE ROMAIN DE LILLEBONNE — ENTRÉE DE L'OUEST 
Fouilles de 1912 


Commencées en 1819, après l'acquisition de la Roquette 
par le département de la Seine-Inférieure, les fouilles 
du Théâtre romain de Lillebonne se poursuivirent sans 
interruption jusqu'en 1840, sous le direction successive 
de l'abbé Rever (1819-1825), d'E. Gaillard (1825-1836) et 
d'A. Deville (1836-1840). Il ne restait plus à dégager que 
l'entrée principale de l'ouest, alors cachée sous des im- 
meubles voisins que le Conseil général acquit en 1908. 
C'est à cette époque que j’entrepris la première partie 
des fouilles pour dégager l'entrée. Ee rapport sur cette 


(1) Le Nau dr la Jawse, Carte générale de la Monarchie et du 
Militaire en France, Paris, 1702. 


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Je signalerai tout d'abord la présence de substruc- 
tions de deux voies romaines longeant le Théâtre (voir 
i, outre l'intérèt qu'elles présentent, permet- 

‘onstater deux périodes bien distinctes dans 


261 


l'histoire de Lillebonne et établissent des repères pour 
les futures explorations. 

Il est vraiment regrettable que des plans n'aient pas 
été dressés et que nul témoin ne soit demeuré pour 
rattacher les fouilles de l'abbé Rever et de MM. E. Gail- 
lard, Deville, etc, car leurs successeurs eussent évité 
d'explorer des endroits déjà visites. Plus heureux désor- 
mais, le massif que nous avons découvert à l'entrée, 
couronné par de grandes pierres de Vergelé, placées 
horizontalement, servira de repère pour fixer les diffé- 
rentes opérations faites dans le Théâtre, 

Il guidera dans l'avenir pour un travail d'ensemble ; 
car c'est bien l'entrée qui a été reconnue. 


La route située le plus profondément et que nous de- 
Signerons par premiére époque, Se trouve placée à 
0m40 en contrebas du repère et à 0®90 du sol actucl. 

Elle présentait un profil transversal bombé, mesurant 
030 sur l'axe et Om10 sur le bord. La chaussée parais- 
sait s'abaisser avec une pente de 006 par metre, vers 
la vallée de la Roquette, aujourd'hui suivie par le che- 
min de grande communication n° 134, dit : Route de 
Rouen. Elle était composée d'un conglomérat de marne 
avec silex et scories de forge (1). Un fossé la bordait à 
l'ouest, mais il avait été rempli de débris de coquilles 
et de pierrailles. 

Une couche de cendres et de charbons d'une épaisseur 
variable de 8 à 12 centimètres, recouvrait cette chaussée. 
Elle révélait l'incendie avant dévoré le Théâtre. 


Dans cette couche furent rencontrés de nombreux 
fragments de vases en poterie rouge dite de Samos, ainsi 
que deux G. B. qui n'ont pu être déterminés. 


Au-dessus de cette première voie et de la couche de 
cendres, des débris de matériaux furent trouvés sur 
lesquels reposait la chaussée de la première époque. 
Celle-ci présentait, sur une longueur de 5 m., des épais- 
seurs variant de 15 à 20 centimètres. 


(1) Une voie romaine d'une semblable composition avait été 
vue en 185., rue Beauvoisine, à Rouen. — L, de V. 


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LÉGENDE 


Maçonneries découvertes en 1912. 
Maçonnerie découverte antérieurement. 
Propriété Née (Hôtel du Cirque). 


Dépôt de pierres antiques. 


Pilastre engagèë sur le mur voisin. 

Barricade. 

Massif d’un piédestal. 

Pilastre et caniveau. 

Fouille remplie d'une terre argileuse; 

Niveau 1r chaussée. Fouille de l’ahbé Rever en 1818. 
Hangar — tuiles et cendres. 


Fragments de corniche. 


. Voies antiques L: 1 Epoque . 


Fouille de M. Deville en 18:9. 


Puits. 


. Pierres avec moulures ‘demeurées en place), 


. Limites de fouilles antérieures. 


263 


Elle offrait un stratumet semblable à la voie inférieure 
«ite de première époque ; et, ainsi que celle-ci, était 
recouverte de charhons et de cendres sur 0210 d'épais- 
seur. 


Là ont été également recueillis des débris de vases 
à déversoir, une grande pince à épiler, des épingles en 
os et quatre monnaies dont deux M. B., l'un à l'effigie 
d’'Antonin et l'autre à celle de Postume. Ainsi, voici 
bien reconnus deux incendies et deux voies se juxta- 
posant, témoignages incontestables d'un premier désas- 
tre réparé, puis de la seconde destruction d’un monu- 
ent restauré, remarque dejà faite en 1911, lors des 
fouilles de lédicule (1). 

C'est ici qu'il convient de signaler les ruines d'un 
hangar (voir le plan en H) d'environ 7 m. de longueur 
sur 5 m. de largeur, ainsi que nous en avons pu juger 
par la masse de tuiles à rebords rencontrées en cet en- 
droit. Nous disons hangar, parce que les tuiles repo- 
salent, sans aucune trace de maçonnerie, ce qui indi- 
quait une structure de charpenterie détruite par le feu. 

En avant de ce hangar, sous Ia chaussée de la première 
époque, sur 060 d'épaisseur, des pierres taillées ou 
sculptées ont été rencontrées au milieu d'une terre 
sablonneuse formée par les résidus des mortiers. 


Parmi ces pierres, nous en mentionnerons particu- 
lièrement cinq, Se rapportant exactement l'une sur 
l'autre pour former un ante ou pilastre de 1"9 de hau- 
teur sur 1®35 de largeur. 

Le chapiteau de l’ante se profilait au pourtour du 
caisson d’un plafond. Il] présentait une mouluration 
assez typique : car, entre les deux listeaux se voit une 
large doucine de 0m08 de hauteur sur 0®125 de saillie, 
donnant un meéplat de 0m03 à sa partie inférieure. Il y 


(1) Redl. de la Comm. des Antiq. de la Seine-lnf., T. XV, p. W. 
(M. Denize, architecte à Lilleboune, et qui à dirigé de nombreuses 
constructions dans cette ville, a cru reconnaitre les traces de trois 
incendies. (Mém. lu au Congrès de fa Société d'Etudes prélist., en 


auût 1912.) 


264 


a là un effet d'optique cherché par l'architecte et qui 
ue saurait passer inaperçu. 

M. Lantier (1) a d'ailleurs fait la remarque que cer- 
tains contreforts du Théâtre de Lillebonne variaient 
d'épaisseur et le heurté général de la forme avait frappé 
son attention. | 


La remarque faite pour le chapiteau de l’ante s’appli- 
que au grand fragment de l'angle d'une corniche repro- 
duite planche If. Elle présente, en effet, certains Carac- 
teres architectoniques des plus tvpiques. C'est ainsi, par 
exemple, que l'espace angulaire laissé libre entre les 
modillons de chacune des faces, est rempli, dans l'ar- 
chitecture classique (2?) par une pomme de pin placée 
en pendentif. 

Ce motif décoratif sépare bien les deux plans. Ici, 
c'est un umodillon, d'une plus faible hauteur dont les 
faces sont taillées suivant les alignements des deux 
façades lesquelles se profilent à l'angle. 


Entre chacun des modillons du plafond ou softite de 
la corniche, des petites tables rectangulaires et sail- 
lantes remplissent les caissons, lesquels deviennent tri- 
angulaires vers l'angle et sont ornés d’une petite pyra- 
mide. 


Il est également à remarquer que les tores et les 
quarts de ronds sont aplatis, et que les éléments com- 
posant la corniche, confirment une mouluration spé- 
ciale, conçue et dessinée par l'architecte romain pour 
un pays de la Gaule septentrionale, où le ravonnement 
amoindri du soleil demandait de plus larges meéplats 
pour obtenir des jeux d'ombre et de lumiere (3). 


Au milieu des fragments d'architecture, deux débris 
de sculpture ont été rencontrés. L'un sur lequel se dis- 


(1) La ville romaine de Lillebonne dans Gazette arch. — Année 
1915, T. E, p. 204. 

(2) Dorique mutulaire de Barozzio de Vignole. 

(5) La corniche, les modillons et autres pierres sculptées ont ét“ 
placés au petit Musée Japidaire installé dans une des dépen- 
dances du Théâtre romain. 


265 


Ghéibe ranain ve lliberre ( Enhec de L' Ouest ) 
Jonillea. de 1912. 
Restauration dela Corniche d'angle 
Compe. purent. AB 


me 7. 
me 


nnras. à ne 
Moser À Jo cart. 1913. 
Pape __ Etats fe 0539 porade 4) 


a — — 


266 


tingue une fraction de cuisse et de genou, mesure Om43 
sur 0m20 : l'autre qui montre une chute de draperie 
tombant d'une épaule droite (absente), et quelques par- 
ties d'un collier. Le morceau de pierre, qui est trian- 
gulaire, a 0243 de côté. 

Ces débris sont d'ailleurs trop frustes pour être déter- 
minés avec plus de précision. L'intérêt se porte plutôt 
Sir un fragment de colonne sculptée dont le diamètre, 
obtenu par le calcul, était de 0m70. Nous l'avons fait 
mouler par le procédé Lottin de Laval, afin d’en obtenir 
le développement et de l'étudier. 

L'épreuve obtenue permet encore de reconnaitre, quoi- 
que très mutilés, la tète, les épaules et le bras gauche 
d'un personnage qu'une ligature, issant de la retom- 
bee d'arceaux, retient Ccaptif. Tandis qu'en avant se 
distingue. la partie postérieure d'un autre personnage 
et qu'en arriere se «levinent, plutôt qu'ils ne se voient, 
les plis inférieurs du vêtement et les pieds d'une troi- 
sième figure. 

I y à quelque probabilité pour que les sujets repré- 
sentés dans les arcades, et qui paraissent voler, ne 
constit'ient pas une scène faisant contraste avec la capti- 
vité du personnage central (1). 

La disposition en arcade a été enployée pour la déco- 
ration des vases en poterie rouge (2). 

Mais ici, quelle peut ètre la scène représentée ? Trop 
d'éléments manquent pour la déterminer. 

C'est fort à regret que les trois grosses pierres portant 
sur Je plan les lettres RST., furent abandonnées : 
mais placees pour servir de fondation à l'immeuble du 
« Cérque romain » et obturer l'ouverture d'un puits, leur 
exploration eût présenté de graves inconvénients. 


Barriecade, — Apres l'étude de l'amoncellement de 
grosses pierres, des fragments d'architecture et de sculp- 


(1) Un bas-relief d'une disposition semblable, provenant aussi 
de Tilebonne, existe an Musée de Rouen (salle de li mosaïque, 
no 6). 


(5) J, Déchelette, Les Vases ornés, T. 1, pl. X. 


267 


ture, les fouilles furent poussées vers la barricade 
fermant l'entrée ouest du Théâtre (voir le plan, pl. Il). 


Un fossé de 0®60 de largeur, comblé avec des débris de 
taille de pierres, paraît l'avoir précédée. D'ailleurs, cette 
barricade avait été dérasée (1), soit à l'époque de l'’enlè- 
vement des nombreux matériaux empruntés au Théâtre 
par les moines de Saint-Wandrille (2) pour construire 
leur abbaye, soit postérieurement pour bâtir des immeu- 
bles élevés en cet endroit même (3). Ce sont les pierres 
de la barricade qui ont été vues et ont permis d'en 
mesurer les dimensions : 5 m. de longueur sur 2 de lar- 
geur. Ainsi que le montre la figure 2, cet immeuble de 
protection était formé par de gros blocs d'inégales 
dimensions, placés les uns à côté des autres, sans te- 
nons ni mortier. Pour assurer la stabilité des assises, 
plusieurs pierres furent entaillées et c'est ainsi qu'une 
pierre a été travaillée pour en recevoir une autre, lon- 
gue de 135 et haute de 020. 


Aujourd'hui, et pour établir la rampe d'accès, les 
pierres de la rangée A ont été enlevées ; mais leur 
encastrement est encore très visible et permet de juger 
la disposition de l'entrée de l'édifice antique. 


En poursuivant les fouilles vers le sud, on rencontre 
un terrain remanié et fouillé sur 2 m. environ de lon- 
gueur et 0®90 d'épaisseur. Il surmonte des débris de 
taille de pierres au-dessous desquelles existe un fond 
vaseux, mélangé de petites coquilles fluviatiles. 


Ce fond vaseux, rencontré dans d'autres fouilles, a 
très probablement fait naître la légende qu'on pouvait 
arriver an Théâtre par hateau : c'est une hypothèse 


(1) Voir en À, fig. 1, pl. IT. | 

(2) Basilicum beatissimi Michaelis ; — Allatis videlicet petris 
de Juliobona Castro. — Bull. cit., T. XV. 

(5) Ces immeubles obstruaient Fentrée 0. du Théâtre ;: ils ont 
élé acquis par le Conseil général de la Seine-Inférieure, en 1908, 
pour donner un large dégagement et faciliter l'accès. — Pull. cit. 


p. #1 et 42. 


268 


qui nous avait séduit après bien d'autres archéo- 
logues (4). 

Lillebonne eut son port, ses hassins, son havre, etc. 
Juliobona, située dans un petit golfe de l'estuaire de }? 
Seine, sillonnée de la Bolbec et de ruisseaux affluents, 
devait comme Caracotiaum (Hartfieur) offrir un refuge 
à la flotte romaine et un port de commerce (2). Cepen- 
dant l'hypothèse d'un débarcadère à l'entrée ouest du 
Théâtre doit être abandonnée, maintenant que deux 
chaussées superposées et longeant le monument, ont été 
reconnues : et que, toutes deux, recouvertes de cendres 
et de charbons témoignent de deux incendies successifs 
et de l'éloignement de la rivière. 


Les fouilles faites dans cette partie atestent même 
une exploration antérieure, très probablement celle 
exécutée par l'abbé Rever, lors de la construction des 
immeubles Couette. 

Une autre découverte devait se présenter, : celle d'un 
massif de maçonnerie ayant servi de soubassement ou 
de piédestal à des colonnes. 


Massif ou piédestal. — Ce massif est fondé sur des 
pierres de libage de 040 de hauteur, reposant sur le 
fond vaseux dont il a été parlé précédemment. Le gros 
œuvre de maçonnerie qui le surmonte a 070 de hauteur. 
Il est formé de blocage avec parements latéraux en tuf, 
et se trouve couronné par des pierres de Vergelé de 
2m15 de longueur sur 0m30 de haut. Ces pierres présentent 
sur la face ouest plusieurs cavités ayant jusqu'à 0m20 
de profondeur, faites par des chaînes ou des haubans. 


(1) Ravmond, Première lettre sur les Antiquités de Lilebonne. 
p. 95 : R. Lantier, Découvertes, rues Pasteur et de la République, 
op. cit. 

(2% \bbé Héronval, Juliobona. Préfice, pl. NII et XV et pa- 
ges 90-07, 

I va aulques semaines, un entrepreneur proposait au Conseil 
municipal de Lillebonne, de réunir éette ville à Ja Seine par un 
canal, c'est-à-dire de rouvrir Je canal auiourd'hui comblé et dont 
la légende attribuait la construction à Jules César. — L. de V. 


269 


Pour quel usage la pierre a-t-elle ainsi été entamée ? 
Je ne saurais le dire. 

Il a été remarqué qu'un espace D, de 1 mètre de lar- 
geur, et en contrebas de 1205, séparait le massif décrit 
ci-dessus du mur d'enceinte du Théâtre. Ce vide était 
dallé, et un pilier D de 0®60 de largeur reposait sur 
une couche de mortier de peu d'épaisseur et devait lais- 
ser 0m40 de largeur pour le passage d'un caniveau. 


Pour conserver toute cette partie intéressante révélée 
par les fouilles, j'ai fait élever un mur en pierres sèches, 
avec un espace suffisant pour l'examiner et servir de 
repère aux recherches futures. 

A l’est, au point E (voir le plan) les fouilles ont permis 
de reconnaître une terre argileuse ayant tous les carac- 
tères d'un terrain remanié. Enfin, en F du plan, il a été 
trouvé un massif de 0®35 d'épaisseur, formé de silex 
et de marne disposé pour recevoir un pavement ou de 
la mosaïque. Le niveau se rapporte à celui de la chaus- 
sée (2e époque). 

Dans toute cette partie de l'entrée du Théâtre, les 
débris de taille de pierres, déchets de maçonneries, etc., 
attestent l'emplacement du chantier dont ont été enle- 
ves, à diverses époques, les matériaux du monument 
devenu une veritable carriere. 

Les fouilles de 1912 ont en outre permis de reconnaitre 
les emplacements de recherches faites antérieurement, 
et notamiment celles opérées par l'abbe Rever et A. 
Deville. (Voir le plan en G et M). 


Découvertes. — Les découvertes d'objets sont peu nom- 
breuses et les fouilles de 1912 n'ont offert de réel intérêt 
qu'en ce qui concerne la reconnaissance de deux voies 
superposées bordant le Théâtre vers l'ouest et condui: 
sant vers l'entrée. 

Les motifs architecturaux : Corniche d'angle, modil- 
lons et pierres couvertes de moulures sont également à 
retenir. 

En ce qui concerne les monnaies recueillies, au nojn- 
bre de 20, la plupart sont illisibles. 


270 


Cependant, les deux M. B. d'Antonin et de Postume, 
trouvés dans les cendres recouvrant la seconde chaussée, 
ont leur importance : puisque la monnaie de Postume, 
la plus récente, pourrait faire fixer, entre les années 
258 à 267, l'incendie qui détruisit le Théâtre une seconde 
fois. 


Cette hypothèse sur le ravage des invasions, est d'ail- 
ieurs partagée par les historiens s'appuyant sur Îles 
découvertes archéologiques (1). Cependant, pour le 
Théâtre de Lillebonne, il apparait maintenant qu'il 
avait déjà subi le désastre de l'incendie avant le 
nie siècle, puisque c'est seulement sur la seconde chaus- 
sée que la monnaie de Postume a été recueillie. 


Et ici se pose de nouveau la question toujours discutée 
de la construction du Théâtre ? — Aucun témoignage 
nouveau n'est venu confirmer l'opinion de l'abbé Cochet 
qui, d'après une monnaie d'Adrien, trouvée par A. 
Deville, dans les macçconneries, attribuait l'érection du 
monument à cet empereur : c'est-à-<lire entre les années 
117 à 138. Une médaille de Marc-Aurèle (161 à 168), recueil- 
lie dans le fond de l'édicule de l'orchestre, en 1911, 
parait indiquer que le petit monument aurait été élevé 
par le gendre d’Antonin. 


La prospérité du Théâtre aurait donc été de peu de 
durée ; et, l'édifice réparé une première fois, aurait été 
de nouveau incendié. 


Enfin, pour les monnaies, le M. B. à l'effigie d'Antonin- 
le-Pieux, et qui était percé pour ètre porté en amulette, 
doit être signalé : car les médailles de cet empereur, 


(1) Lantier : op. cit. tirage à part, page 25, note 1. 

L'abbé Cochet © Ball. de la Comm... T. HE p. 125-126. — Re- 
pertoire du dép. de la Seine-Inf., col, 99, — Forût de Brotonne. 
Mem. Soc. Antig. de Normandie, 1844. p. 10-17. 

EL. de Veslv, Les Fana, p. 141. 

A. Blanchet. Les Trésors de mon. rom. et les Inrasions en 
Gaule. p. SR et suiv. 

I Prentout, Littus Saronirum, Revue hist, août 1911, p. 285- 


290, 


271 


portant une perforation, ont été trouvées nombreuses 
en Seine-Inférieure et dans le Théâtre romain même (1). 


Les poteries n'ont donné que des fragments parmi les 
quels ont été reconnus les débris d'un vase rouge et 
ceux d'un autre vase en poterie jaune, tous deux écra- 
sés par la chute de matériaux ; puis un col de vase, 
orné de cupules et frotté de poudre d'or : des cols d'am- 
phores et trois rebords de vases à déversoir et à mufie 
de lion dont l'usage était fort répandu dans la région (2) 


Les mélau.c sont représentés pour le bronze, par une 
grande pince à épiler, de gros clous à tête conique et 
un anneau retenu dans une attache de fer. Ce dernier 
métal a donné de gros clous à tète de diamants, un col- 
lier et trois crochets d'attache. 


L'os travaillé est toujours représenté dans les recoltes, 
par de nombreuses épingles. Huit sont compiètes et 
vingt-cinq fragmentées. Nous avons rassemblé les diffé- 
rents types trouvés dans le Théâtre, sur un carton sp*#- 
cial (fig. 00). 

Un cylindre percé de trous, jadis considéré comme 
un fragment de fiûte, a été également recueilli, ainsi 
qu'un manche plat, ayant la forme d'un petit poignard 
(fig. 0) entièrement semblable à celui trouvé par M. 1e 
commandant Espérandieu dans ses fouilles du temple 
rectangulaire du Mont-Auxois (3). 


Pour être complet, il faut ajouter une corne de cerf 
dans les os travaillés. 


Quant aux ossements des animaux avant servi à l’ali- 
mentation, c'est par hectolitres qu'il faudrait compter 
les crânes de bœnfs, de moutons et de sangliers à demi 


(1) EL. de Vexly, Bull, de la Comm., T. NN, p. #44. 

(2) Idem. Mélangex d'Archéologie. | 

€) Ct Espérandieu, Notice sommaire des Fouilles de lu Croix 
St-Charles, p. 25-24. 


272 


domestiqués (sus scrofa) dont quaurante-trois défenses 
ont été trouvées dans les dernières fouilles. 

Il est bien peu d'endroits où ne se rencontrent des 
dépôts d'ossements d'animaux, d'huitres et de coquilles, 
débris de l'alimentation des habitants de Juliobona, ré- 
fugiés à l'époque des Invasions dans le Théâtre trans- 
formé en forteresse (1). 


Parmi les autres objets recueillis et de peu d'interét, 
citons toutefois une p?rle de verre strié et trois petits 
cubes de couleur verte *yant appartenu à une mosaique. 
Une mention spéciale doit être faite pour plusieurs mor- 
ceaux de bitume ayant la forme de galettes. Très intri- 
£ué par ce corps, qu'on n'est pas habitué à rencontrer 
dans des fouilles, je l'ai soumis à l'analyse chimique : 
car, j'avais d'abord cru qu'il s'agissait de vestiges de 
feu grégeois. 

Apres l'examen opéré par M. Crosnier, chef de labo- 
ratoire à l'Ecole supérieure des sciences de Ronen, il 
faut ren@cer à cette hypothèse et placer un nouveau 
point d'interrogation (a). 


Conclusion, — Tes fouilles de 1912 ont révélé : 

19 Que deux voies romaines, de deux époques diffé- 
rentes et Superposées, aboutissaient au Théâtre. Elles vx 
amenaient les spectateurs et font ainsi disparaitre la 
légende de l'accès direct par bateau : 

2° Elles ont confirme L'hvpothèse émise, après les 
recherches de 1908 (2}, que c'est vers l'entrée ouest que 
fut établi le chantier de démolition et d'enlèvement des 
matériaux empruntés: au Théâtre romain devenu une 
véritable carrière : 

(1) Bull. Comm. des Antiq., op. cit. p. 4. 

(a) L'analvse à donné les résultats euivants 

Corps renfermant 60,4 *%, de cendres : celles-ci contiennent sur- 
tout de la Silice, un neu de fer et des traces de chaux. 

L'épuisement par la benzine donne, par évaporations un bfai 
mou brûlant assez facilement sans laisser de cendres. L'ensemble 
brûle difficilement et ne flotte pas sur Peau. 

(2) Fouilles de 1908. Bull. de la Comm. T. XV, p. 8, 


273 


3o Elles ont montré, par la decouverte d'un chapiteau 
d'ante, les fragments d'une corniche et de modillons, 
les caractères d'un art architectural se modifiant dans 
la Gaule septentrionale. 

Ces tentatives accusent néanmoins x decadence par 
l'égalité des listeaux et Ia non séparation des plans des 
vorniches ; 

49 Enfin, la découverte d'une monnaie de Postume, 
rencontrée dans les ceudres recouvrant la chaussée de 
la seconde époque, ainsi d’ailleurs que les médailles de 
Tétricus et de Probus, précédemment recueillies, fixe- 
raient la ruine complète du monument dans le troisième 
quart du 111 siècle. 


Rouen, le 30 août 1913. DE VESLY. 


Les potiers de Lesour. — M. le Président croit 
acquise une constatation. C'est que les manufac- 
tures céramiques des Gaulois se proposerent sou- 
vent de contrefaire les poteries rouges si firres et si 
remarquables d’Arezzo pour les vendre comme 
telles. 


Chapelle de Saint-Julien de Flainrille, — Elle 
fait l’objet de cette opportune communication de 
M. Pelay : | 


Notre collègue M. de Vesly, dans la séance du 
17 novembre 1911, nous fournissait d'intéressants 
renseignements sur la chapelle du manoir Saint- 
Julien de Flainville, situé sur le territoire de cette 
ancienne paroisse, dont l'église, édifiée sous le 
règne de Louis XVI, devait disparaître dès l’an- 
née 1791. Ce territoire est réuni aujourd'hui à la 
commune du Bourg-Dun. 


Votre attention était appelée sur l’état de déla- 


274 


brement de ce curieux petit édifice que l'effondre- 
ment de la toiture soumettait à toutes les intem- 
péries du vent de la mer, sa voisine. 


La Commission sera heureuse d'apprendre que 
M. Marcel Chatain, maire du Bourg-Dun, pro- 
priétaire du domaine de Flainville, n’a pas voulu 
que ce monument du xiv‘ siècle disparaisse. 

Il vient de procéder à sa réparation ; la toiture 
et sa charpente ont été refaites complètement 
ainsi que le dallage, les murailles intérieures net- 
toyées et un mobilier neuf installé. 

Enfin hier, 9 octobre, jour de la fête de Saint- 
Denis, il a été procédé à une nouvelle bénédiction 
de la chapelle Saint-Julien, avec messe et vêpres 
et chant du Te Deum. 


L’archevêque Eude Rigaud vint à deux reprises 
différentes au manoir de Saint-Julien, où il fut 
reçu par Jean de Flainville. 

La première de ces visites eut lieu les ITII et 
IIT de nones de mai (4 et 5 mai) 1252) ; et le prélat 
en partit pour aller procéder à la consécration de 
l'église de Sotteville-sur-Mer. 

La seconde visite, en date du II des calendes 
de mars 1257 (28 février), était relative aux affai- 
res du prieuré d’Etouteville que Jean avait affer- 
mé, aux droits du prieur de Lewes, en Angleterre. 


Le même membre continue à enrichir généreu- 
sement notre Album de vingt-trois cartes postales, 
qui se divisent ainsi : 


Arrondissement de Dieppe : Le Bourg-Dun, 
église, 3 (portail, intérieur, fonts baptismaux) ; 


275 


Envermeu, église, 2 (façade sud, intérieur) ; An- 
court, église; S.-Martin-le-Gaillard, église, 7 
(transept sud, item et abside, 2 vues, abside, inté- 
rieur, fonts baptismaux, vitrail et chapelle S.- 
Sulpice). 


Arrondissement du Havre : Quatre châteaux : 
Angerville-Bailleul, Beuzeville-la-Grenier (vieux 
château), Daubeuf-Serville, S.-Martin-du-Bec (une 
seconde vue de la façade sur la pièce d'eau). 


Arrondissement de Neufchâtel : Blangy, église, 
3 (portail, intérieur et chœur) ; Monchaux-Soreng, 
église. 


De son côté, M. Duveau offre la reproduction 
des dessins ci-dessous : 


Sahurs, en face de la Bouille ; — La Seine en 
amont de la Bouille ; — Impostes, fronton et mil- 
lésimes : 1619 — 1676 — 1732 — 1735 — 1736 — 
1739 — 1740 — 1747; — Rue Harenguerie, à 
Rouen : 


Photographies : Trois heurtoirs ornés. 


Cartes postales illustrées : Place Eau-de-Robec : 
— Porte de l'ancienne église St-Claire ; — Le 
Genétay, ancienne maison des Templiers ; — Val- 
de-la-Haye, l’ancienne grange ; — Darnétal, église 
de Longpaon ; — Eglise de Blainville-Crevon ; — 
Eglise de La Vieux-Rue ; — Eglise de Gouy ; — 
Collège de Normandie (Montcauvaire) ; maison 
des Pommiers ; pavillon des Tilleuls (3 vues) ; 
— Eglise de Bouquetot (Eure). | 


276 


Les fenêtres de S.-Patrice. — Prenant prétexte 
de la destruction d’une belle verrière à Pont-Au- 
demer, M. G. Dubosc appelle l'attention sur le 
péril éventuel qui menace les vitraux de S.-Pa- 
trice. Au côté septentrional de l’église ont été, 
comme l’on sait, établis de vastes magasins : or, 
l’un d'eux est affecté à un grand amas de paille. 
S'il devenait la proie d'un incendie, 1l serait im- 
possible de préserver l’œuvre admirable de nos 
anciens verriers. Il serait donc fort à propos 
d'éloigner de l’église un dépôt si inflammable. 


M. Garreta, qui connaît l'un des deux négo- 
ciants propriétaires de l'immeuble, s'offre à traiter 
cette affaire, qu'il croit avoir toute chance de réus- 
Sir. 


S.-Jacques de Dieppe. — M. Cahingt remarque 
que l’une des pièces ménagées au rez-de-chaussée 
de la tour de S.-Jacques sert de débarras à des 
objets de rebut, dont la destruction par le feu 
serait un très grand danger pour le monument. 
L'observation est fondée; et la Commission charge 
notre collègue d'appeler sur ce point la sollicitude 
de M. le doyen, qui paraît plein de zèle pour son 
église, zèle dont il a donné des preuves à S.-Eus- 
tache-la-Forêt. 


Eglise S.-Pierre du Chütel. — Notre dernière 
séance Sen était préoccupée, et on avait conclu 
qu'il y avait lieu de la recommander à M. Loisel, 
l'architecte des Nouvelles Galeries. 


M. G. Dubosc se demande ce qui a été fait. En 


277 


tout cas, il a été parlé d’un nouveau projet, plus 
alarmant que le précédent, puisqu'il compren- 
drait la maison natale de Boïeldieu et changerait 
ainsi l'aspect du haut de la rue Nationale. Il se- 
rait même question de démolir des parties inté- 
ressantes de l’église, uniquement pour diminuer 
la dépense des réparations. I] y aurait donc tout 
lieu d'intervenir, au moins à l'amiable. 


M. le Président remercie les membres présents, 
puis lève la séance à quatre heures et demie. 


A. TOUGARL. 


18 


278 


SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1013 


Elle ouvre à deux un quart, sous la présidence 
de M. G. Le Breton, vice-président ; M. le Préfet, 


président, excusé de ne pouvoir y assister. 

Sont présents : MM. Cahingt, Duveau, Garreta, 
Lefort, Vernier, Lesaunier, P. Le Verdier, Pelay, 
de la Serre, de Vesly et l'abbé Tougard. 


Se sont excusés : MM. G. de Beaurepaire, 


Coche, Costa de Beauregard, Delabarre, Minet, 
Labrosse, Georges Dubosc, Poussier. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu, 
suivant le désir de M. le Président, qui en retran- 
che une phrase. 


Correspondance imprimée. — Elle se décom- 
pose comme il suit : Mémoires de la Société... du 
Cher, vol. XXVII, 1913 ; — Société... de Constan- 
line, Notices et Mémoires, vol. XLVI, 1912 ; — 
Bulletin de là Soc... de la Drôme, 187 ; 6 oct. 
1913 ; — Soc... de l'Orléanais, Bulletin 204 ; vol. 
XVI, 1913; — Cominission des Antiquités. de 
Seine-et-Oise, vol. XXXI et XXXII ; 4 tomes ; — 
Soc. des Antiquaires de Picardie, Bulletin, 1913 : 
3° trim.; — em, la Picardie historique et monu- 
mentale, Arrond. de Doullens, par de Gergen- 
court et Rodières ; 1913, gr. in-4°. 


Correspondance manuscrite. — Une lettre de 


eh pe es mm 


279 


M. ie Préfet soumet à l'avis de la Commission une 
délibération du Conseil municipal d'Hermanville 
qui, dans sa séance du 3 juin, a sollicité le clas- 
sement à l'Etat de son église, en vue surtout de la 
conservation de son clocher du xnr° siècle. Cinq 
photographies (18 cm. x 18) sont jointes à cette 
demande, avec la copie des notices de Duplessis, 
de l’abbé Cochet et de D. Dergny. M. le Président 
lit en outre l’article du Répertoire archéologique. 

M. P. Le Verdier complète cette abondante do- 
cumentation par sa connaissance personnelle de 
l'église. Il l'estime extrêmement intéressante. La 
demande de la municipalité mérite donc d'être 
prise en considération : en conséquence, elle est 
appuyée à l'unanimité. 


Seconde lettre de M. Milet. — Notre éminent 
confrère a répondu à M. le Président. Il maintient 
sa démission, mais souhaite de pouvoir assister 
encore à une séance pour nous faire ses adieux. 


A la suite de la demande de classement de 
l'église d'Hermanville, MM. Lefort et Le Verdier 
s'étonnent que les feuilles destinées à l'inscription 
des notes préliminaires au classement général ne 
soient pas encore distribuées. 


M. le Président, reprenant une parole familière 
à M. de Beaurepaire, rappelle que le rôle de la 
Commission est purement consultatif, et qu'ainsi 
elle n'a pu agir autrement, n'avant pas encore 
reçu l'autorisation nécessaire pour le tirage des 
feuillets, préparés sur le modèle des bordereaux 
des inventaires. 


, 


280 


De plus, suivant les instructions de l'adminis- 
tration départementale, le projet de classement 
incombe à l’architecte en chef et au conservateur 
des monuments historiques. Après avoir été pré- 
senté à la Commission, il sera remis à M. le Pré- 
fet, à qui seul il appartient d'en saisir le Gouver- 
nement. 


Il ne saurait être question de comprendre dans 
cet examen toutes les églises du département : 
car la tâche serait infinie, et il a tout d’abord été 
décidé, par une sage réserve, qu'on ne procéderait 
que par petits groupes. 

Une première liste a déjà été dressée à l’aide 
du classement départemental, provoqué par le 
Conseil général, et définitivement adopté, le 15 
mai 1867, par une Commission spéciale, que pré- 
sidait le secrétaire général de la préfecture Genty, 
et ainsi composée, selon l'ordre d'inscription : 
les abbés Robert et Cochet, Legentil, maire de 
S.-Victor, Roulleau, maire de Villequier, et enfin 
nos anciens collègues de Beaurepaire, de Giran- 
court, Dutuit et Desmarest. Le préfet approuva 
leur liste le 4 juillet 1867. Elle a été réimprimée 
dans notre procès-verbal du 20 décembre 1912 ; 
et quelques additions l'ont portée, en sus des mo- 
numents classés par l'Etat, au chiffre de soixante- 
quatre articles. 


L'information devra ensuite s'étendre aux cal- 
vaires, aux granges dimeresses, et jusqu'aux par- 
ticularités notables des églises les plus modestes, 
par exemple à ce fragment d'ancien vitrail que 
conserve le sanctuaire d'Hautot-sur-Seine. 


281 


L'impatience de nos collègues à procéder aux 
premières constatations est d’un bon augure pour 
la prompte exécution de l'enquête, comme leur 
compétence en assurera la valeur. 


 Suivent ces notices de M. de Vesly : 


I. — Découvertes de Biville-la-Rivière. — J'ai souvent 
réclamé, dit M. de Vesly, l'application des circulaires 
ministérielles, prescrivant aux Maires d'avertir le Préfet 
‘des découvertes archéologiques faites dans leur com- 
mune. J'ai pu faire rappeler par M. Brelet les dites 
circulaires (1). J'ai, d'autre part, obtenu la promesse 
du concours des Ingénieurs et des Agents-voyers ; mais 
ces chefs de service sont le plus souvent dans l'impossi- 
bilité d'agir et les Maires ignorent fréquemment les dé- 
couvertes faites sur le territoire qu'ils administrent. 
Quant aux particuliers ils s'empressent de cacher leur 
trouvaille ou de la vendre à des amateurs qui la déro- 
bent aux investigations de la science. Ils possèdent l’ob- 
jet rare : cela suffit et point n'est besoin qu'il soit connu 
d'autre et de l’histoire !... Cette mentalité est très préju- 
diciable aux études qui nous sont chères et vous en 
jugerez par la description que je vais donner des objets 
recueillis à Biville-la-Rivière. 

HN s'agit là d'objets trouvés lors de l'ouverture des 
tranchées pour l'établissement du petit chemin de fer 
de la Saâne et vendus après le décès d’un des agents de 
la construction. 


19 Bague romaine, ou plutôt châton ovale, formé 
d'une intaille de calcédoine de deux tons, sertie d’un 
cercle d'or, fixant la pierre sur un disque d'argent. Le 
jonc, qui était de ce métal, n'existe plus que par un 
petit fragment le montrant très simple. Le génie repré- 


(1) Recueil des Actes administratifs, année 19192, no 21, p. 526- 
997, 


282 


senté sur la pierre, et marchant vers la gauche, paraît 
porteur d'un bâton auquel sont suspendus de petits glo- 
bules, bleus comme le personnage. C'est ce qui m'avait 
fait penser, de prime abord, à un génie jongleur. Or, 
c'est une figure de porteur de gibier comme il en 
existe beaucoup sur la panse des vases consacrés à 
Diane. 

Une bague à peu près semblable et qui faisait partie 
de la sép'ilture d'un chef a été trouvée dans le cime- 
ticre de Montceau-le-Neuf (Aisne). Elle est aujourd'hui 
dans la collection de M. E. Boulanger, qui l'a reproduite 
dans le mobilier funéraire (1) et l’attribue à un homme 
tandis que la bague de Biville à dù certainement orner 
le doigt d'une femme. 


20 -Plaque mérovingienne. — Elle mesure 02085 de lon- . 
gueur et était fixée au ceinturon par trois rivets. Les 
cinq boutons, qui ont disparu, étaient des ornements 
contribuant à Ja décoration générale fort curieuse de 
la plaque. Elle comporte, comme motif central, des 
entrelacs et ue chaque côté des guivres ou engoulevant 
a double-tète : en bordure, une petite frette crénelée. 

Une plaque, en tous points semblables, a été trouvée 
à Eslettes, en 1847, lors de la construction du chemin 
de fer de Dieppe. Elle à été offerte au Musée par M. Per- 
quier. Dôcrite par Deville (2) et par l'abhé Cochet dans 
ses différents ouvrages (3). La découverte de l'épée d’Es- 
lettes, recueillie avec la plaque, avait incité le savant 
archéologue à faire un rapprochement et À demander 
si les épées trouvées à Londres, à Bouelles et à Eslettes 
ne dénoteraient pas une origine commune. « Alors, dit-il, 
» j'ai pensé à Amiens, où la Notice des Diquités de l'Eni- 
» pire place une fabrique d'épées célèbre dès la plus 
» haute antiquité. Cette fabrique, qui remonte peut-être 


(1) Epoque romaine, 11e siècle, PT. 9, no #4. — Explication, p. 1. 
(2 Rerne de Rouvn, Année 1845, p. 730. 
©) Le Tombeau de Chiüldérie. 9. 71-1 
rames fre et 26 éd. pe 59-36 et 45-44: Sépullures qaul. rom., 
etc... p. #07 ;: La Srine-Inf. hist. et archéol., p. 105-194. 


N © La Normandie xouler- 


283 


» jusqu'aux Gaulois de Samarobriva a laissé sa trace 
» dans la porte Clypéenne connue dans tout le Moyen- 
Age. » | 


J'ai tenu à citer l'hypothèse émise, il y a soixante ans, 
par l’abbé Cochet, parce que l'opinion du savant peut 
s'appliquer aux plaques de Biville et d'Eslettes. L'équi- 
pement et l'armement des Francs, quoique de dimen- 
sions variables, se rattachent certainement à des types 
sortis d’un même ‘atelier. 


3° Plaque visigothique. — C'est sous cette rubrique 
que M. Barrière-Flavy (1) désigne les plaques ornées 
de pâtés, guillochées sur les bords et terminées par une 
double pointe. Elles se rencontrent généralement dans 
les départements de la Haute-Garonne, de l'Aude, de 
l'Ariège, etc., et les Musées de Narbonne, de Foix et de 
Toulouse en renferment de heaux spécimens. Ce furent 
là, en effet, les stations classiques des barbares enva- 
hisseurs de la Gaule, dans les premières années du 
IVe siècle. Fustel de Coulanges n'a-t-il pas écrit (2) 
« Qu'on donna aux Visigoths, pour les récompenser des 
» services rendus, les cités de Bordeaux, de Poitiers, de 
» Périgueux, d'Angoulême et de Toulouse ? » 


On s'expliquerait difficilement alors la pénétration de 
l'art visigothique dans notre région si on ne se rappe- 
lait que des types de cet art se rencontrent dans toutes 
les parties de l'Europe. M. Barrière-Flavy a d'ailleurs 
constaté le fait et reconnu qu'il en avait rencontré des 
représentants dans une boucle trouvée à Saint-Ouen de 
Rouen (3). L'abbé Cochet avait, lui aussi, rencontré une 
fort jolie plaque de ceinturon dans la nécropole de 


Londinières (4) et signalé la découverte faite, au mois 


(1) Barrière-Flavy, Le: arts industriels des peuples habares de 
la Gaule, PI. XAVIIT, XXIX et XXX. 

(2) Histoire deg Institutions politiques de l'ancienne France. 

(3) Barriére-Flavvy, op. cit. PI. 8. — Textes, p. 306-507. 

(4) La Seine-Inf. hist. et archéol., p. 551. 


284 


de septembre 1872, au roule Hadwin (1), à Orival, près 
Elbeuf. 

Augustin Thierry renseigne d'ailleurs sur ce sujet (2) 
lorsqu'il écrit : « qu'après. la bataille de Vouillé, près 
» de Poitiers, Clovis laissa des postes dans les villes du 
» midi et que ses soldats repassèrent la Loire. » Quoi 
d'étonnant alors que quelques-uns d'entre eux aient 
emprunté l'équipement et les armes des vaincus, ou 
que des Visigoths aient même suivi les soldats francs. 

L'agrafe du ceinturon de Biville est la quatrième du 
tvpe recueillie en Seine-Inférieure, et toutes ces bou- 
cles sont possédées par le Musée d’Antiquités. 

L'acquisition de Biville se composait également d'un 
balsamaire en terre, ainsi que d'un vase à carène de 
couleur jaune, c'est-à-dire n'ayant pas subi, dans le 
four, la fumigation au bois d'aulne. 


40 Plomb de bulle ou Tessère. — Une des pièces les 
plus curieuses, conservées à Biville-la-Rivière est un 
Plomb -du Pape Martin IV. C'est un disque de 352/r de 
diamètre sur 4"/m d'épaisseur, portant sur la face 
MAR-TINUS-PP, N. III (en trois lignes). Cette inscription est 
entourée d’un grenetis. Sur le R/. se voient deux têtes 
de saints naïvement tracées qu'entoure le grenetis. Au 
milieu une croix et au-dessus les lettres S P À — S P P, 
abréviations des saints Pierre et Paul. 

Simon de Brion devint pape en 1281, sous le nom de 
Martin IV, et mourut en 1285. Il était franciscain, fut 
garde des Sceaux sous Saint-Louis, en 1260, puis car- 
dinal légat sous quatre papes. I] fut toujours un ardent 
partisan de l'influence française, surtout en Orient et 
en Italie. 

Il excommunia Michel Paléologue et Don Pèdre d'Ara- 
gon, tous deux instigateurs dn massacre des Français, 
appelé Vépres siciliennes (30 mars 1282). On voit com- 
bien il,serait intéressant de posséder des détails sur les 


(1) Zd., p. 227. 
(2) Dir ans d'Etudrs historiques, NW. Kur le caractère et la 
politique des Francs. 


circonstances qui amenèrent la découverte de cette cu- 
rieuse tessère. | sue 


La magnifique plaquette de Pillet, frappée à l'occasion 
du cinquantenaire de la fondation de la Bénédictine de 
Fécamp, et que son directeur, M. Legrand, a bien voulu 
offrir pour les collections du Musée, me servira de 
transition, ajoute M. de Vesly, pour entretenir la Com- 
mission sur plusieurs Jetons de Commerce. 

La typographie ne connaissait pas, il y a un demi- 
siècle, tous les prefectionnements, procédés chromogra- 
phiques et héliographiques, que nous possédons au- 
jourd'hui, et qui lui permettent de livrer les belles illus- 
trations des ouvrages modernes. 

Le commerce a profité de ces éléments nouveaux pour 
embellir les albums et les catalogues destinés à la pu- 
blicité devenue si intense dans notre xxe siècle. 

Ce luxe de prospectus a fait oublier les curieux jetons 
qu'il a remplacés et m'a engagé à recueillir ceux du 
commerce rouennais. C'est ainsi que je mets sous vos 
yeux les jetons réclames des galeries du Roi d’Yvetot 
et du fameux dentiste Turquetin. 


Le Jeton du Roi d'Yvetot, enseigne d'un magasin d'ha- 
billements, est un disque en métal blanc du module fe 
40m/m, A l'A; le roi légendaire est monté sur un âne : 
il est coiffe de la couronne posée par Jeanneton et chan- 
tée par Béranger. 

I tient de la main droite l'adresse de la maison dis- 
parue aujourd'hui (1) : au. R/. les annonces, parmi les- 
quelles la fameuse redingote à 50 francs. Heureux temps 
où le « prolétaire » pouvait s'offrir, pour ce prix mo- 
deste, une redingote à la « propriétaire » !…. 


Jeton du dentiste Turquetin. — Tous ceux qui ont dé- 
passé la cinquantaine se rappelleront le charlatan de 


(A) À l'angle sud des rues des Carmes et Saint-Lô : elle a été 
démolie et remplacée par le grand magasin de blanc des demoi- 
selles Arson. — L'enseigne a été reprise par un des magasins de 


bijouterie de la rue Jeanne--d’Arc. 


286 


nos « foires Saint-Romaïn ». Ils le reverront en souvenir 
sur la place Beauvoisine, monté dans sa grosse voiture, 
arrachant les dents avec la mèche de son fouet et étouf- 
fant les cris du patient sous les sons d'une musique 
endiablée. 


Le plus curieux, c'est que cet arracheur de dents fut 
un agent politique, un bonisseur des Bonaparte. Aussi 
avait-il frappé sur la face du jeton argenté servant à 
la propagande, les profils de Napoléon Ier, de Napo- 
léon III, de l'impératrice Eugénie et du Prince impérial, 
tous enveloppés dans des branches de laurier. Le R/. 
était consacré à l'indication du domicile, sans oublier 
le titre de membre de diverses Sociétés savantes et les 
honneurs de plusieurs médailles. Avec Turquetin a dis- 
paru un des types les plus curieux de la rue et des 
charlatans officiels du second Empire. 


Ces études de sujets modernes m'ont paru devoir être 
données, car elles serviront dans l'avenir à marquer 
une époque à peine connue de quelques-uns d'entre 
nous. 

Cependant, j'ai hâte d'arriver à l'examen d'un plomb 
ou sceau de commerçant datant des dernières années 
du xXve siècles ou des premières du xXVI*. Il provient de 
la collection Goujon, de Notre-Dame-du-Vaudreuil, ac- 
quise en grande partie par notre collègue M. Louis 
Deglatigny. | 

On lit à l'entour d'un rameau : + S'AMEL' FILIE NICHOL, 
que je crois devoir lire.« Sceau d'Amélie, fille de Nicho- 
las ». 


La matrice du sceau, gravée en relief, reproduisait 
l'inscription en creux et de sens inverse. Il est probable 
que ce sceau appartenait à une marchande de draps de 
Louviers. 


Buisson de la Bataille. — Dans une récente explora- 
tion du plateau de Boos, j'ai de nouveau parcouru, dit 
M. de Vesly, le territoire de Saint-Aubin-Celloville. J'ai 
reconnu au hameau d'incarville, à Ja naissance du 


287 


vallon de Moïse, descendant vers Gouy, plusieurs vesti- 
ges d'habitations gallo-romaines. Guidé par M. J.-B. Mu- 
lot, d’Amfreville-la-Mivoie, j'ai pu constater dans une 
pièce de terre, au-devant de la briqueterie de M. Edouard 
Laurent, des traces de cabanes de l'époque néolithique. | 


Dans la reconnaissance des différents triages, j'ai vi- 
sité l'emplacement du « Buisson de la Bataille » et 
recueilli une pièce d'argent du roi Philippe II d’Espa- 
gne. Ce souvenir d'un ligueur n'est pas sans intérêt. 
Il témoigne de la présence de troupes espagnoles en cet 
endroit et justifie la tradition populaire, laquelle veut 
qu'un combat ait eu lieu en cet endroit. D'ailleurs, l’his- 
toire nous renseigne sur les manœuvres que les troupes 
de Farnèse et de Henri IV firent sur le plateau de Boos. 


Nous avons déjà recueilli dans cette région plusieurs 
objets et notamment : 1° une médaille de bronze 
d'Alexandre Farnèse, donnée au Musée, en 1907, par 
M. Mettot, de la Neuville (1) : 2° un ducat d'or, trouvé 
par M. Noblesse, instituteur, à Amfreville-la-Mivoie e: 
acquis pour la collection départementale en 1910 (2). 


IT. Les ruines du château de Houdetot {environs 
d'Yvetot), — Plnsieurs amis, amateurs d'archéologie et 
d'histoire, m'avaient invité, depuis de nomhreux mois, 
a visiter les environs d'Yvetot. J'ai profité des derniers 
beaux jours d'octobre pour me rendre à leurs désirs. 


Après avoir parcouru le vallon qui, à quelques kilo- 
mètres d’Yvetat, se ramifie et descend jusqu'à Caudebec, 
j'ai exploré chacun des coteaux sur lesquels les pion- 
niers de la Ligue ont creusé des tranchées, élevé des 
retranchements, comme pour indiquer l'échiquier sur 
lequel manœuvrèrent les troupes de Farnèse et 
d'Henri IV. 


Car là, chaque village, chaque ferme servit de can- 
tonnement aux Ligueurs ou de logement aux Royaux, 


(4) Bull. de la Comm. des Antiq.. T. XIV, p. 171. 
(2) Id., T. XV, p. 195. | 


288 


et le siège de Caudebec, puis le fleuve furent les moyens, 
pour Farnèse, d'échapper à son adversaire (1). 
Cependant, il ne fallait pas s'attarder à l’examen de 
ce passage d'histoire : une découverte archéologique 
nous attendait. Je veux dire que les vestiges du château 
de Houdetot, à 6 kil. au nord d'Yvetot, sollicitait notre 


étude. Quoique signalé par MM. les abbés Bunel et : 


Tougard (2), le fief de Houdetot, à Veauville-les-Baons, 
serait oublié, sans la ténacité mise par M. Alphonse 
Hébert, cultivateur, à le faire connaitre comme une des 
ruines les plus intéressantes de la contrée. 

C'est, en effet, une véritable découverte que de retrou- 
ver les substructions d'un château fort du xIve siècle. 

A cette époque, on ne construisit guère dans la Nor- 
mandie, placée sous le joug de l'étranger. On se con- 
tenta d’achever les monuments élevés dans le siècle pré- 
cédent, ainsi que le démontre d'ailleurs une statistique 
publiée par M. Enlart (3). 

La topographie seule aurait pu guider nos recherches, 
si M. Hébert ne nous avait conduits. 

En effet, à 6 kil. au nord d'Yvetot, la plaine de Caux 
se creuse de petits vallons : c'est Veauville-les-Baons 
(Vallis-Villa). Un étang et une grande ferme, où de 
hauts arbres, plantés sur les banques, limitent la cour, 
indiquent l'ancien fief (le chef-mois) de Houdetot (4). 

Au centre de la vaste cour, entourée de larges douves, 
on remarque une enceinte recouverte de gazons et de 
broussailles : ce sont les substructions de la forteresse. 
C'est ce qui reste du berceau d’une des plus anciennes 
familles de la vieille Normandie. 


Je ne retracerai pas jiei la généalogie complète de Ja 
famille de Houdetot. | 


(1) Campagne de Henri IV : Abhé Sommesnil ; cap. marquis de 
Terrier-Santons. 

(2) Géogr, de la Seine-Inf. ; arrond. d'Yvetot, p. 29-50. 

6) Manuel d'archéologie française, TOM. p. 751-792, 

(9 Les abhés Tougard et Bunel, op. éit., p. 50. — Houdetot était 
un denu-fief de haubert qui, à la fin du xvic siécle, passa dans 
la maison de Brissac. 


289 


D’autres, d'ailleurs, ont accompli ce travail (1) et je 
n'aurai qu'à y puiser pour montrer quelques-uns de ces 
preux, qui combattirent en Terre-Sainte, et de ces éru- 
dits magistrats, honneur de notre pays. 


1° Jean de Houdetot suivit, en 1034, Robert le Magni- 
tique à Jérusalem et prit part avec son parent, Colart de 
Houdetot, à l'assaut de cette ville. 

Jean compte également parmi les conquérants des 
royaumes de Naples et de Sicile. 

29 En 109%, on trouve encore un de Houdetot parmi les 
chevaliers de la 1re Croisade ; 

3° Un autre : Henri, fut curé de Veauville-les-Baons, 
en 1317 ; * 

4° Robert de Houdetot se distingua devant Honfleur 
en 1357 ; il avait été créé, dès 1530, maitre des arbalé- 
triers de France : 

0° Guy de Houdetot fut, en 1372, exempté par Char- 
les V des redevances royales, en récompense de ses 
loyaux services : 

6° Richard de Houdetot, patron de Veaurville-les-Baons, 
était bailli de Rouen, en 1381 ; puis de Caen. Il obtint 
du roi, en 1387, des lettres l'auntorisant à fortifier son 
château de Houdetot : 

3° Guillaume, fils de Richard, fut également baïilli de 
Rouen, en 1#28 ; prisonnier des Anglais, il paya 4.00 
écus d'or pour Sa rançon ; 

Ro Et aujourd'hui encore, un descendant de cette illus- 
tre famille est conseiller d'arrondissement et maire de 
Saint-Laurent-de-Brèvedent. 

Jl ne faudrait pas s'en rapporter à la matrice cadas- 
trale pour retrouver les ruines de la vieille forteresse 
de Houdetot : car elle y sont simplement indiquées com- 
me « friches » (2). | 

Et, cependant, elles contiennent une surface de 27 


(4) L'abbé Simon : Histoire du doyenné de Douderilie. 

Farin : Histoire de Rouen, T. V — d'Hozier, suppl., 2 partie, 
page 15. 

(2) Sect. A., Triage de Houdetot. — No 19 de la parcelle et de 
la section 286. 


290 


ares 70, y compris les larges fossés et les éboulis de 
pierres, aujourd'hui recouverts d’une herbe épaisse et 
de quelques arbustes. Aussi a-t-il été possible de dresser 
un plan schématique et d'en donner une description 
sommaire. | 

Le château construit sur un plan rectangulaire, de 
30m de long sur 2%0® de côté, est flanqué, aux quatre 
angles, de tours cylindriques de 6® de diamètre exté- 
rieur et de 3280 pour l'intérieur. 

Deux autres tours plus petites, n'ayant que 4® de diu- 
mètre extérieur, défendaient l'entrée et le pont-levis. 
Une septième tour se voyait, en outre, sur le front est 
et à peu près vers le milieu de la muraille qu'elle défen- 
dait de ce côté. L'épaisseur du mur paraît égale et ne 
doit pas dépasser 1220. Il n'y avait pas de donjon. 

Le plan du château de Houdetot, véritable rareté du 
XIVe siècle, peut etre comparé à celui élevé en 1306 par 
le pape Clément V (Bertrand de Goth) à Villandrant 
(Gironde), son pays natal (1). 

La construction en était de pierre de taille, pour la 
partie située dans les douves et baignée par les eaux. 

Au-dessus du niveau atteint par celles-ci, elle était de 
silex noyés dans un bain de mortier. Pour arriver à 
former la masse des murailles, on avait employé des 
matériaux de toute nature et de toutes dimensions. 

C'est ainsi que, dans une brèche voisine de la tour 
du front est, se voit une base de colonne romaine. 

Les bâtiments de l'intérieur étaient couverts avec des 
tuiles ploumées et polychromeées, 

Ce fait nous à été révélé par une petite fouille prati- 
quée vers l’ouest, et dans laquelle ont. été également 
reconnues les traces d'un incendie. , 

D'après l'abbé Simon (2), la ruine par le feu serait 
l'œuvre des Anglais ; mais l'auteur ne dit pas où il a 
puisé ce renseignement. 


(1) Enlart, op. cit. p. 559 et fig. 250. — Les châteaux de Ville- 
bon (Eure-et-Loir), de Touquédec (Côtes-du-Nord), de Vincennes 
et de la Bastille de Paris, étaient de cette époque. (A. de Cau- 
mont, Arch. milit., p. 559-597.) 

(2) Op. cit. 


291 


Toujours est:il qu'une demande a été faite à Mme des 
Mottes, propriétaire actuelle du domaine d’Houdétot, 
pour autoriser à pratiquer quelques fouilles permettant 
de fixer avec précision le plan du château, ou plutôt de 
déterminer les divisions de l'intérieur. 

Il nous paraît intéressant de dresser, pendant qu'il en 
est temps encore, une reconnaissance de la vieille for- 
teresse ; car, de nombreux silex ont déjà été enlevés 
aux antiques murailles pour la construction de bâti- 
ments ruraux ou l'empierrement des routes. Ces murs, 
hélas ! sont destinés, ainsi que toutes les ruines, à deve- 
nir une carrière. 

Ce travail servira à mettre en valeur un rare spéci- 
men de l'architecture militaire du xIv° siècle, et à faire 
disparaître la confusion où se sont égarés quelques his- 
toriens locaux qui, notamment, ont cru reconnaître, 
dans une motte voisine de Fontaine-le-Dun, le château 
des chevaliers de Houdetot. 

L'étude amènera également à recueillir les légendes 
sur le vieux castel. 

Ne renferme-t-il pas des souterrains, des cachettes d'or, 
des amas d'armes ? 

Toutes ces traditions, parure des antiques demeures, 
embellirent la littérature romantique et inspirerent à 
notre illustre Boïeldieu l'idée de son immortel chef- 
d'œuvre. 


Chapelle de Flainville. — M. Pelay met alors 
sur le bureau cinq photographies, accompagnées 
de la note suivante : « Photographies de la cha- 
pelle S.-Julien de Flainville, commune du Bourg- 
Dun, avant sa restauration, offertes par le pro- 
priétaire, Monsieur Marcel Chatain, officier de la 
Légion d'honneur, maire du Bourg-Dun, conseil- 
ler d'arrondissement. » 


Inscription obituaire. — Le même membre pré- 
sente ensuite l'intéressant morceau d'épigraphie 
que conserve l’église de Bosville, canton de Cany, 


202 


sur la muraille de la nef, au côté de l'Evangile. 


Le voici : 
CY GIST 
Anne Ballandonne, femme en première nopce de Robert 
Bénard et en seconde de Pierre Le Clerc, laboureur de la 
parse de Beuz eville Laguerard lag'ie a donné au trésor 
de cette église de Bosville, La soe de 4250 aur char- 
ges de dire & célébrer 6 basses messes par.chaque 
semaine à perpetuité, par un prestre aug on payera la 
somme de 200! par chacun an, & en outre 25! pour 
son logement, à l'intention tant du dt Bénard, que 
de la de Ballandonne, leurs parents et amis vivants 
et trépassez, par contst passé devant François Beu- 
zebocq, notre de Grainville la tainturière & Gé- 
déon Dépinay son adjoint le 4° Xbre 1701 plus 
elle a donné au susdit trésor de la dte église 
ou elle a désiré estre inhumée par autre con- 
tract passé devant le dt Beuzeboc & Dépinay 
le 4e 9bre 1702 La so de 200! aux charges de 
faire dire et célébrer à son intention, de ses pa 
rents & amis vivants el trépassez 6 services par 
chacun an de 3 hautes messes avec un nocturne 
de 3 pseaumes 3 leçons & le libera à la fin, scavoir 
le pr vendredy des 4 temps de St Mathieu, le 2e le 
vendredy des 4 temps de Noël, le 3 le lendemain 
de la nativité de la Ste vierge, Le 4° le lendemain 
du Per dimanche 8bre, le 5° le 20 Xbre et le 6° le 
jour dé son déceds, qui est le 25° de juin 1719: 
à la fin desquels sera distribué par Mr le curé 
aux pauvres de la d pare qui y assisteront la 
so de à chaque Service aur charges ausy 
de faire placer une épitaphe dans la mu- 
raille à costé de sa tombe, & ce du consen- 
tement du dit Le Clerc son second mary qu 
a agréé les dt fondations aux charges de 
participer aur prières el messes ci-dessus nar 
autre contract passé devant Le Coq et Le 
Febvre notrts à Touen, le 13 May 1713. 
| Priez Dieu pour le repos 

ES | de leurs âmes 

Requiescant in pace. 


6G “SIPIBJ-XNAIA np on 
. 4 


6 ‘sie[eg-xno1A np onyx 


9 ‘a[[IA-2P-1910H 


‘ 


[ 9P 99€&Iq 


85 ‘ausO17) 2P ony 


7h 
IN 


_ 


CI “A[[IOS EL 9p any E 3c ‘[uIdOH,f 9Pp on} 


Rue Orbe, 83 


Lè 


. 


+ 


Rue Beffrov 


.293 


Enfin M. Pelay continue la série de ses libéra- 
lités envers notre Album en l'enrichissant de 
trente-six cartes postales dont les quatre premiè- 
res appartiennent à l'arrondissement du Havre, 
et le reste est fourni par l'arrondissement d'Yve- 
tot : 


Beuzeville-la-Grenier : vieux château ; — Dau- 
beuf, le château ; — S.-Martin-du-Bec, château 
(2 vues) ; Angiens, l’église ; — Auberville-la- 
Manuel, château (2 vues) ; — Cailleville, église ; 
—  Drosav, l'église ; —  Gueutteville-les-Grès, 
l'église ; — Hattenville, calvaire ; — Hautot-l’Au- 
vray, mairie et église ; — Héricourt, château de 
Boscol ; — [Ingouville-sur-Mer, l'église ; — Man- 
neville-ès-Plains, manoir et église ; — Manneville, 
église ; — Néville, église ; — Ocqueville, château 
de Catteville ; — Paluel, l’église ; — Paluel, église 
de Conteville ; — S.-Martin-aux-Buneaux, chà- 
teau ; — S.-Riquier-ès-Plains, église ; — Ifern, 
château ; — Sasseville, calvaire ; — S.-Sylvain, 
l'église ; — S.-Valery-en-Caux, église (3 vues) ; — 
S.-Valerv, chapelle du Marché ; — Theuville-aux- 
Maillots, château ; — Toussaint, calvaire ; — Val- 
mont, nef de l’abbaye ; — Veules-les-Roses, cal- 
vaire ; — Vinnemerville, calvaire ; — Vittefleur, 
calvaire ; — Crasville-la-Malet, l'église. 


Bague. — M. Cahingt présente en outre une 
bague peu commune dont le chàâton est formé 
d'un bézoard, et qui laise lire un fragment peu 
correct de la célèbre évocation grecque Agios o 
Theos dans l'office du Vendredi-Saint. 


19 


294 


L'ancien TOUR des Hospices. — On appelle l’at- 
tention sur ce meuble encore employé dans les 
communautés, mais aujourd'hui officiellement 
supprimé dans les hospices. On les y a générale- 
ment respectés ; mais si une nouvelle distribution 
des locaux semble préférable, il est bien à crain- 
dre qu'elle les fasse disparaître. N'y aurait-il pas 
lieu d'en faire entrer dans les collections archéo- 
logiques ? 

Peut-être ; mais la meilleure solution sera en- 
core de les maintenir, le plus possible, à leur em- 
placement primitif. Il n’y aurait sans doute pour 
cela qu’à en recommander l'intérêt à la sollicitude 
des administrations hospitalières. 


Heurtoirs. — M. Duveau présente huit photo- 
graphies de heurtoirs de Rouen : 


Rue du Vieux-Palais, 9 
—— = 29 ; 
Rue de Crosne, 28 ;: 
Place de l’Hôtel-de-Ville, 9 ; 
Rue de l'Hôpital, 22 (Lucas de Letanville) ; 
Rue de la Seille, 12 ; 
Rue Beffroy, 18 ; 
Rue Orbe, 83. 


Eglise S.-Vincent. — Son nouveau curé, repre- 
nant à son insu les vues de son prédécesseur, à 
exposé à M. le Maire l'urgence de l'établissement 
des grilles de protection du côté nord. M. Leblond 
en a pris note sur-le-champ, en promettant une 
prompte satisfaction, si la Commission veut nn 
eppuyer le projet. 


205 


La toiture réclamerait en outre des réparations. 
M. Leblond a donné l'assurance qu'un devis va 
être incessamment demandé à notre collègue 
M. Lefort. 

Cette audience de M. le Maire ne l'a pas inté 
ressé aux grillages qui restent à poser aux fené- 
tres. Mais, comme M. l'abbé Delafontaine l'a 
raconté au secrétaire, le bruit d’une pierre lancée 
dans un vitrail ne lui a laissé aucun doute sur les 
mesures à prendre. 

La Commission entend avec intérêt ces explica- 
tions. Elle ne peut. que souhaiter que l'affluence 
du mardi et du vendredi matin ne nuise en rien 
à la bonne tenue de la ville, et qu’elle puisse pour- 
voir le Marché de certains aménagements dont 
jouissent les quais. 


Cathédrale. — Le secrétaire annonce qu'il a 
relevé dans le baptistère pour le Bulletin la belle 
inscription qui fait face au mémorial de notre 
ancien collègue Gosselin. Plusieurs membres re- 
grettent que cette partie si intéressante de notre 
vénérable métropole reste inaccessible au public. 
L'abbé Tougard expose que sa très heureuse 
appropriation a nécessité quelques mesures de 
précaution comme l'établissement d’une porte 
neuve au bas du pittoresque escalier de la tour 
S.-Romain. 

Des visiteurs se sont plaints naguère de ne pou- 
voir librement examiner le pourtour du chœur, 
comme 1l se pratique en d’autres grandes églises. 
Le secrétaire s'était fait l'écho de leurs plaintes ; 
mais il lui fut répondu que l'interdiction résultait 


206 


d'instructions ministérielles très précises. N'y 
avait-il pas à sauvegarder nos richesses artistiques 
contre les déprédations, coups de canne compris, 
de collectionneurs éhontés ? 


Au gré des curieux érudits, le trésor et la biblio- 
thèque capitulaire doivent paraître trop peu acces- 
sibles. C’est que la multiplicité des salles y rend 
la surveillance particulièrement difficile. Il reste 
à imaginer une organisation qui donne satsfac- 
tion tout à la fois aux sérieuses études et à une 
suffisante sécurité des pièces. 


M. le Président remercie les membres présents, 
puis lève la séance à quatre heures et demie. 


A. TOUGARD. 


297 


SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1913 


Elle ouvre à deux heures un quart, sous la pré- 
sidence de M. G. Le Breton, vice-président ; M. le 
Préfet, président, excusé de ne pouvoir y assister. 


Membres présents : MM. G. de Beaurepaire, 
Coche, Labrosse, Duveau, Garreta, Lefort, Lesau- 
nier, Pelay, Ruel, de la Serre, Vernier, de Vesly 
et l’abbé Tougard. : 

Excusés : MM. Poussier, Sarrazin et Georges 
Dubosc. 


Le procès-verbal de la séance précédente est 
adopté après une rectification de M. de Vesly. 


Au procès-verbal, M. Le Breton ajoute quelques 
explications. Elles font conclure MM. Pelay et de 
Vesly que l'incident sur les mesures préliminaires 
du classement est définitivement clos. 


Correspondance imprimée. — Elle enregistre : 
Société académique de Laon, Bulletin, XXXII, 
1913 : — Société archéol. d'Eure-et-Loir, Bulletin, 
1913 ; année complète ; — Société arch. de Nantes, 
Bulletin, 1913, 1° sem., LIV ; — Société... de Lan- 
gres, Bulletin 60 ; oct. 1913, VI ; — Société... de 
l'Orne, XXXII, 4 ; octobre 1913 ; — Antiquaires de 
la Morinie, Bulletin 247 ; XIII, 1913, 3° fasc.; — 
Soc... de Châlon-sur-Saône, XIII, 1910 ;: — Soc. 
Savoisienne, LIT et LIV : — Centenaire du 16 


298 


août 1804, à Boulogne (Documents sur la Légion 
d'honneur et sur la distribution des Croix), Bou- 
logne, 1909 ; — Soc. académ. de Boulogne, VIT. 
VIII, IX, 1 à 5; XXVII ; — Soc. Jersiaise, Actes 
des Etats, mai 1788-juin 1790. 


La nomination de M. Labrosse. — M. le Prési- 
dent se lève pour souhaiter la bienvenue à notre 
nouveau confrère M. Labrosse qui prend séance. 
Nul choix ne semblait plus opportun que le sien. 
A l’érudition et aux qualités professionnelles qui 
l'ont fait rentrer à la bibliothèque, ne joint-1l pas 
cette amabilité qui fait le charme des relations 
de la vie? | 


M. de Veslv a la parole pour les communica- 
tions suivantes : 


Fragment du cheneau de l'ancien Hôtel de Ville de 
Rouen. — An mois d'août dernier, un incendie se décla- 
rait dans la fabrique de brosserie portant les numéros 
148 et 150 de la rue de la Grosse-Horloge avec retour 
sur le passage de l'Hôtel-de-Ville. 


L'immeuble incendié faisait partie des anciens bâti- 
ments de la Maison commune de la ville de Rouen, qui 
ont bien souvent donné d'intéressantes découvertes. 
C'est ainsi que M. E. Fauquet, architecte-expert pour la 
Compagnie d'assurances l'Ancienne Mutuelle, à recueilli 
dans les décombres provenant de l'incendie, les débris 
du collier d'un tuyau de descente et une plaque de 
plomb. Ce fragment de métal, taillé sur 031 de lon- 
gueur et 027 de hauteur, à appartenu à un cheneau 
de sonttière, Il présente sur toute sa surface les trares 
de Ja mixture avant servi à fixer la feuille d'argent (7 
et le dessin de la couronne rovale fleurdelisée et for- 
mée. C'est là une indication qui tendrait à déterminer 


299 


à la fin du règne de François Ier et encore mieux de 
Henri II, la construction des gouttières du vieil édifice 
pour la partie détruite par le feu. 

M. Fauquet a offert la petite plaque au Musée des 
Antiquités. 


L'atelier gallo-romain du Pont-des-Rêmes, à Florent 
(Marne). — M. de Vesly continue ses communications 
en exposant la découverte faite de janvier à mars 1913, 
d'un atelier de potier au Pont-des-Rémes (commune de 
Florent (Marne). Jadis, dit-il, la poterie rouge lustrée 
sigilée où encore désignée sous le nom collectif de 
« Poterie Samienne », était attribuée aux ateliers de 
Montans, de la Granfesenque, de Barmassen, de Toulon- 
sur-Allier et surtout de Lezoux. Le midi et le centre ‘le 
la Gaule passèrent ainsi pour avoir eu presque exclu- 
sivement le monopole de l'industrie fictile. 

I n'en est plus ainsi aujourd'hui, depuis les travaux 
de MM. de Widranger et Liénard sur les ateliers de 
Lavoye, d'Avocourt, des Allieux, etc. qui forment le 
groupe argonnais. — Ces ateliers viennent encore de 
s'augmenter de découvertes faites par M. G. Chenet {1) 
dans la vallée de la Biesme, à Florent, à la limite des 
départements de la Marne et de la Meuse. Là, M. Chenet 
a retrouvé les vestiges d'une industrie qui dut être 
florissante à l'époque gallo-romaine, puisqu'il y a re- 
trouvé avec les ruines d'un four, les débris de nom- 
breux vases échantillons et pièces d'enfournement. 

En outre des détails techniques contenus dans un 
mémoire très documenté et savamment établi, M. Che- 
net dit avoir recueilli 327 échantillons de 35 variétés de 
vases appartenant à 25 potiers dont il a pu lire les 
noms. Pami les sigles ainsi reconnus, plusieurs ont déjà. 
été lus dans les ateliers des zones rutène et arvène ou 
d'ateliers argonnais. 

Le Musée de Rouen possède plusieurs marques appar- 
tenant à ces derniers ateliers, tels les sigles de CENSO- 


(1) G. Chenet, L'atelier du Pont des Rémes. — Mutot. impri- 
meur à Reims, 1913, 


300 


RINVS, MARCELLUS, SATTO FIICIT, SECVNDVS, TVLLVS, VIOVCVS 
FE (1). C'est la un intérêt qui n'échappera pas aux meni- 
bres de la Commission. 

I y a plus : les sigles retrouvés à l'atelier du Pont- 
des-Rèmes ont permis à M. Chenet de tenter un « Essai 
de chronologie des ateliers et potiers qgallo-romains ; » 
et nul doute qu'il n'arrive à une précision suffisante 
par les recherches qu'il poursuit dans la region de l’Ar- 
gonne. 

Aussi, suis-je heureux de pouvoir mettre sous les 
veux de Ja Commission les tvpes que M. G. Chenet à 
bien voulu offrir pour le Musée d’Antiquités. 


LIT, Notice sur quatre épées du Musée d'Antiquités. -- 
C'est grâce à l'étude faite par M. le capitaine Muzard, 
du 74e régiment d'infanterie, que les armes ci-après ont 
été décrites et mises en valeur par ses soins. 


19 Epée de marine d'origine vénilienne, — La plus 
ancienne de ces pièces est une épée de la marine véni- 
tienne, sortie, vers 1510, d'un atelisr de Brescia. 

Outre Ja longueur de la lame, qui atteint 86 centimè- 
tres, tandis que, dans la plupart des armes similaires, 
elle n'excède pas 0060, cette épée présente la particula- 
rité remarquable d'avoir été montee Pour un gaucher 
qui devait la porter à droite. 

Longue de OùR6 sur 0208 de largeur au talon, Ja Jame 
est munie d'une encoche pour engager l'index. Elle est 
plate, flexible, à deux tranchants, aiguë, plus propre à 
la taille qu'à l'estocade., Une arme de marin devait à 
un moment donné être susreptible de couper des cor- 
dages. La gouttière médiane se prolonge presque jus: 
qu'à la pointe formée par la fuite des tranchants. 

Le tiers supérieur est décoré de rinceaux gravés, on 
parmi des ornements presque effacées, on peut distinguer 
une grande fleur de lis, embleme de la Vierge, et Je 
Soleil de Venise, 


(1) Bull. de la Comm. des Antig., TV. p. 207.210, 


30E 


La garde, très simple, est formée de deux: quillons 
aplatis, lourds, larges d'un centimètre. L’un se relève 
en arc de jointure, tandis que le quillon de parade 
s'incurve en S vers le tranchant de la lame. 

De l'écusson part une branche unique formant un 
demi-pas d'âne qui protège seulement le doigt engagé 
dans l'encoche (transition entre l'épée du xXve siècle et 
l'épée à pas d'âne complet du xXvit). Cette forme ca- 
ractéristique est chère à la marine vénitienne de cette 
époque, et se retrouve notamment dans les arimes 
d'abordage à lame en dents de Scie (épée à deux fins). 

Le pommeau en forme de vase, à huit pans évidés, 
est muni d’un bouton de rivure. 

Sur la fusée en bois, dégarnie de son revêtement, on 
voit, en creux, la trace d'un filigrane en spirale main- 
tenant disparu. 

Toute la garde et le pommeau offrent des vestiges 
d'une gravure dans le style de cette lame. 

Sur l'écusson, sous un signe qui est peut-être un 
croissant de lune très effacée, le monogramme P d'un 
armurier dont le nom ne nous est pas parvenu, et qui 
travaillait à Brescia dans les premières années du xvI° 
siècle. | 


20 Très belle épée espagnole. — Fpoque fin Henri I, 
vers 1550 (1). Cette arme, inalheureusement mutilée, à 
sa Fame brisée à 85 centimetres et présente une gout- 
tière médiane à son tiers Supérieur: sa section générale 
est lenticulaire. | 

Sur les deux faces du ricasso, très près du pas d'âne, 
et à la sortie de là gouttière, est répétée quatre fois Y'S 
dn maitre espagnol Juan de la Orta, qui florissait vers 
1545. | 


Dans la gouttiére où des traces de dorure sont encore 


(D Cette épée a été offerte le 24 novembre IR54 au Musée par 
Mme Frey, née Thomas du Fossé. Son inscription commence le 
reuistre des Dons el est accompagnée d'une lettre qui peut servir 
à son authenticité ainsi que de Ja pertuisane. Ces deux armes 
avant appartenu, Pune et l'autre, à Pamiral de Villars. 


302 


visibles d'un côté 1. H. S., de l'autre M. R. A. (Jésus-Ma- 
ria), inscriptions religieuses très répandues à cette épo- 
que. 

La garde symétrique se compose d'un quillon de 
parade droit et plat de 0®10 de long, s'élargissant en fer 
de hache, d'un arc de jointure, d'une branche, d’une 
garde et d'un pas d'âne fermé par 1e demi-coquille 
ajourée, repercée de trous alternativement ronds, car- 
rés et étoilés. Le quillon de garde est brisé au ras de 
l'arc de jointure et présente des traces d'une tentative 
de réparation maladroite. 

L'autre face de la garde est identique. 

Le pommeau, à dix pans et à bouton de rivure, est 
massif pour faire contre-poids à la lame, dont la lon- 
gueur dépassait un mètre. 

La fusée, droite et longue, est revètue de son fili- 
yrane de fer. 

Toutes les branches des gardes et contre-gardes S'épa- 
nouissent, en leur milieu, pour former des écussons, 
desquels Se détachent de fins reliefs décoratifs en da- 
masquinage d'argent. Ces motifs sont reproduits sur 
le pommeau, l'arc de jointure et le quillon restant. 


Des traces de dorure sont encore perceptibles en di- 
vers points de cette arme magnifique qui a dû être dorée 
en plein, et qu'une tradition insuffisamment justifiée 
attribue à Villars-Brancas, dit « l'Amiral de Villars », 
qui soutint victorieusement dans Rouen, en 1591, un 


siège mémorable contre Henri IV. 


3° Epée italienne, fin Henri IV, vers 1610. — La lame, 
fort belle, est longue de 95 centimètres et large de 3 
au ricasso. Sa section est une ellipse aplatie dans Îles 
plans parallèles à celui des tranchants. 

Du ricasso au tiers de son longueur, elle présente deux 
wouttières dans chacune desquelles on lit, de chaque 
côté de Ja lame, deux inScriptions identiques en ma- 
juscules romaines. Ces inscriptions n'ont pas été déchif- 
frées, mais la croix grecque terminée par quatre car- 
rés, figurant sur ehaque face de la lame, est un poin- 


303 


con milanais du commencement du xviie siècle que l’on 
retrouve sur les lames signées CAÎNO. | 

La garde comporte un arc de jointure terminé en 
forme de dragon, une branche, deux gardes et un pas 
d'âne, une branche de contre-garde symétrique à celle 
de garde, et deux contre-gardes en 8 réunies par une 
manière d'écusson d'une forme particulière très cou- 
rante dans les armes italiennes de cette époque. 

Les quillons, longs et épais, sont incurvés en S dans 
le plan de la lame. Leurs extrémités sont contournées 
dans deux plans perpendiculaires à cette lame. 

Toutes ces pièces, dont la section est hexagonale, sont 
couvertes, ainsi que le pommeau à dix pans, de gravu- 
res effacées et qui semblent assez grossières. Les mo- 
tifs décoratifs ne sont plus reconnaissables. Peut-être v 
peut-on voir les restes d'un travail en argent dont, sous 
un certain jour, le pommeau présentait encore des tra- 
ces incertaines. 

La fusée, droîte, est encore revêtue de son filigrane. 

L'ensemble de cette arme qui est assez riche, n'est 
cependant pas dépourvu d'une certaine lourdeur, qui 
indique déjà la décadence et autorise l'hypothèse d'une 
contre-façcon allemande ou française dans le style ita- 
lien (contrefaçon de l'époque, bien entendu). 


40 Epée fin Louis XIII, vers 1640. — La lame de cette 
épée très simple a 90 centimètres de long sur #4 de lar- 
geur au talon. La section est un losangc aplati, mais 
l'arète médiane qui se prolonge jusqu'à la pointe lui 
assure une raideur ahsolue. 

Cette arme devait fournir de terribles coups de pointe, 
en] même temps que sa largeur et la dureté du métal 
la rendaient propre aux coups de taille. 

La monture est celle des verduns si chers aux duel. 
listes de cette époque : coquille à jour très aplatie avec 
quillons en pomme de pin la dépassant à peine. 

La fusée longue et épaisse est garnie d'un lourd fili- 
grane de cuivre. Le pommeau ovoïde, cannelé avec Dbou- 
ton de rivure est allongé et très lourd pour faire contre- 
poids à la lame, È | 


304 


Cette arme très robuste est une épée de service jour- 
nalier, aussi appropriée au duel qu'au combat à cheval. 
Elle se rapproche de nos épées de duel modernes et 
marque la transition entre la grande rapière et l'épée 
Louis XIV. Elle ne présente aucune trace de marque ni 
de poinçon. Vraisemblablement francaise, vers 164. 


M. G. Le Breton rappelle la belle épée qui lui 
fut offerte par M”*° Albert Fromage, en souvenir 
de son mari. Cette épée passe pour avoir appar- 
tenu à Charles XII. Ses dimensions sont d’ailleurs 
beaucoup au-dessus de l'ordinaire. Quant à celles 
que vient de décrire M. de Veslv, elles ont tou- 
jours intéressé les visiteurs. 


Fontaine d'Aréthuse. — A propos des craintes 
qu'inspire sa ruine plus ou moins prochaine, M. 
le Président rappelle ce qu'il a fait pour le fronton 
de l'hôtel des Sociétés savantes. 


Voici maintenant l'inscription de la métropole, 
que l'abbé Tougard avait annoncée dans la der- 
nière séance. 


Bienfaiteurs de la cathédrale. — Grâce à l’obli- 
geance de M. Courage, le secrétaire a pu relever 
au commencement de septembre, dans la chapelle 
des fonts, la liste suivante que les visiteurs les 
plus curieux auraient à peine le temps de lire. 
Elle est gravée sur une plaque de marbre fixée 
au mur orlental, sous l'arcade romane qui sépare 
les deux parties de la pièce, 


LOLIAA.Q 
SHAYIA ONY SA uoSSV 
_ NITIVA “NVH9 
| ANAANQHL A 
LNIVS ‘f 'N 
LHAOH 'TVUANYI 
NAUANNO4 AA SINdUVNK 
INOWId ou 
AHONAGIAOUd VI 44 "NAWNWOI 
HAINNON ‘NVH9 
HAHOUVI HAIAVX ‘NW 
SOUIAT sw 
SYATITI 4Q SINOUUVA 


HAINNON AT 4441 
*“dIHOUY ‘ANNY1 ‘NVHI 

AAA VIS HA NW 

LHAAIH ou 

ANIWNU49 44 ALNO') 

NI44G09 ‘K 

SIVLANAIISAQ SINO'I ‘A 
AITIAILAOGAIG-AUVAVIAA ‘AK 
6 ‘a ‘AULSATAQ AV 1 

_ HIOANVAA A4Q Ja 1 
NIVANOA ‘T ‘W 

XNANOVE A4 ALWHON 

JOUA4 KA 


sanajdiiosnos xnndioutid 


me 


aUvOId T1 STI NW 
ATUANIN IQ NW 
aNIVOUNOT on 
NINOGTH F44Y/,1 
ASNGIG SAN ‘A 
ASSAIHL NVH9 
duNOSTI *NVHO 
AUATHIVT “NVHO 


*SS A4 LVTAUd ‘AUUVA ON 


*LSOdY ‘LOUd ‘HLO'T H9M 
UAINUOT ‘K 

NINOY AG ‘AXHOUV 
NnauNnoOS ‘AHVI 


(F) SOUBAZ SI[IUI JU99 QUUOP E 959901 27 


8687 oJuuv 


dIVUGIHLVO VIT 4 AavÈva V1 AA NOILVUNVILSAU VI HNOd NOLAIWISNOS 


était 


dont 100.000 francs à fournir par la V 


100.000 francs par le Conseil général et 100.900 francs par le 


Diocèse. 


employés de la cathédrale rappellent que Île devis 


de 600,000 francs, 


(4) Les 


ille, 


ee 


Son insertion au Bulletin est en quelque sorte 
obligatoire, parce qu'elle complète heureusement 
la citation qu'il fit jadis du mémorial apposé vis- 
à-vis, sur la muraille occidentale. On y lit : 


À la mémoire de 
H. Gosselin, 
architecte 
Inspecteur des édifices diocésains 
qui a légué sa fortune pour la restauration 
de la façade de la Cathédrale 
1844-1900 


Salon à décoration italienne. — M. Ruel signale, 
au premier étage des n° 140-142 de la rue de la 
Grosse-Horloge, un Salon carré, de 4 m. 10 de 
côté, donnant sur la rue. L’aire en stuc coloré 
présente, dans des compartiments de marbre, des 
rinceaux, des chasses, des personnages de la co- 
médie italienne, etc., etc. Le tout est signé Jean 
Binet, 1732. 


Il se borne à cette note sommaire, parce que 
notre collègue M. Georges Dubosc prépare une 
description plus complète pour le Journal de 
Rouen (a paru le 20 décembre). 


Notes d'architecture. — A cette occasion, M. Le- 
fort signale les désastreux effets du contact du 
plâtre encore humide avec la pierre de taille, 
comme aussi les inconvénients du ciment magné- 
sien. [l veut bien promettre sur ces deux points 
une note pour le procès-verbal. 


— 


Le plâtre humide. — M. Lefort fait à son sujet cette 
importante communication : 


Nous réparons actuellement les arcs-boutants de l’église 
Saint-Maclou, à Rouen. 

Certaines pierres, décomposées, n’offraient plus de ré: 
sistance, et il aurait pu en résulter les pires catastro- 
phes. Nous n'avons pas besoin d'indiquer avec quelles 
précautions un travail aussi délicat doit être exécuté. 
Ce n'est qu'après une remise sur cintre, après neutrali- 
sation des poussées, ques les morceaux doivent être 
enlevés successivement, chaque morceau n'étant rem- 
placé qu'après remise en état des parties voisines et 
durcissement des mortiers. C’est donc une œuvre de pa- 
tience’et de longue haleine. 

Mais nous avons été frappé de cette remarque : c’est 
que, seuls, les morceaux remplacés vers 1855, dans une 
précédente restauration, étaient en mauvais état. 

Comme, pour certains d'entre eux, du moins, Le join- 
toiement était excellent dans sa partie visible, nous en 
concluions que la nature de la pierre était la cause des 
détériorations. Cette pierre, en vergelé de l'Oise, est en 
effet très tendre, et, de plus, elle a dû ètre silicatée. 

Mais, ce qui nous intriguait le plus, c'est que plusieurs 
pierres, exactement de mème nature, étaient en bon 
état ; nous supposions que les bancs de carrière, divers, 
pouvaient expliquer la diversité de durée. 

Le démontage des claveaux usés nous fit voir la véri- 
table origine des dégâts. 

Les joints visibles, d'une profondeur de 3 à 4 cen- 
timetres étaient parfois intacts : en d'autres endroits ils 
étaient évidés dans presque toute leur épaisseur. 

Maïs derrière ce joint, en chaux grasse et pouzzolane, 
C'est-à-dire d'irréprochable composition, le joint était 
coulé en plitre dans le reste de la profondeur. 

Et, sans erceplion, tous les morceaux avariés sont 
coulées enr plâtre ; les morceaux sains sont sans contact 
avec lui. 

Or, dans notre carrière, nous n'avons cessé de consta- 
ter les déplorables effets causés par le plâtre employé 


308 


dans les murs ou maconneriées ertérieures, c'est--à-dire 
exposées à l'humidité. 

Car, malheureusement, at cours du XIX° siècle, nié- 
connaissant les procédés et l'expérience des siècles anté- 
rieurs, qui jamais n'employaient le plâtre dans ces 
conditions, trop de constructeurs ont coulé en plâtre les 
pierres de rnios monuments, soit dans les édifices neufs, 
soit dans des réparations, Dans nombre de monuments 
de Rouen : Palais de Justice, Gendarmerie, Palais des 
Cônsuls, etc, toutes les pierres deconiposées que nous 
avons dû remplacer provenaient de réparations du 
xixe siècle, coulées en plâtre. Nous savons qu'à l'église 
le Bonsecours, le mème inconvénient se produit. 

Au contraire, les maconneries, anciennes ou modernes, 
en pierres de bonne qualité, se comportent bien si elles 
sont hourdées en chaux, grasse on hydraulique, et sable 
lavé. 

Nous ne saurions donc trop prémunir les construc- 
teurs contre l'emploi du plâtre dans les murs calcaires, 
exposés à l'eau. 1] faut absolument et radicalement 
l'exclure. 

Sans doute, à cause de la facilité de son emploi, les 
constructeurs ont-ils une fâcheuse tendance à s'en ser- 
vir. Il est indispensable qu'une iuterdietion complète 
empéche toute tentative et l'arrète « ab ovo ». 

Ne coulez donc jamais au plâtre les lits et joints de 
la pierre dans les maçonneries extérieures : gardez- 
vous-en comme de la peste. 

Le plâtre humide est également coupable d'un méfait 
d'une autre nature. 11 gonfle, comme la grenouille de la 
fable, au point de gèner sérieusement la tranquillité de 
ses voisins. Voici le cas. Vous avez posé, avec soin, un 
carrelage céramique de bonne qualité, en prenant jies 
précantions d'usage, Sable on silex daimé, béton de gra- 
villon, carrelage posé au ciment, Au bout d'un temps 
‘ariable, deux ans, trois ans et plus, vous assistez, si 
le pavé est posé sur un terre-plein humide, au rez-de- 
chaussee, à un phénomène mystérieux : le pavage gon- 
fle, rondit, gonfle encore, Ie soulèvement pouvant attein- 
dre 10 ou 15 centimètres. Vous enlevez le pavage, refai- 


309 


tes le béton, grattez la terre sur 15 ou 20 centimètres... 
et l'on repose les carreaux. An bout du même temps, 
nouveau soulèvement, C'est à donner sa langue aux 
chiens ! Vous recommencez l'enlèvement. Mais, cette 
fois, piochez ferme, cherchez et vous trouverez... des 
plâtras humides, à une profondeur pouvant atteindre 
jusqu'à 1m50 ! | 

Vous tenez le Corps du délit. Faites-le disparaïitre. Et 
vous aurez — ce l'est pas trop «ot — ramené le calme 
dans vos aires basses. Méfiez-vous donc du plâtre, que 
l'humidité peut envahir un jour, car vous êtes assuré 
qu'un peu plus tôt, un peu plus tard, il vous jouera des 
tours de Sa façon. 

Mais n'eXagerons rien, et n'enveloppons pas dans Île 
mème interdit l'emploi du sulfate de chaux partout où 
la sagesse du constructeur lui aura assigné la place qui 
lui convient, c’est-à-dire un emplacement sec. 

Le plâtre aime la sécheresse, et dans les intérieurs, 
il se comportera admirablement : que ce soit sous forme 
d'enduits unis onu moulures, plafonds, staffs, etc, il 
restera bon serviteur. 

Mais si vous l'exposez à l'humidité, le mouton devient 
enragé, Au fond, à qui la faute ? Le constructeur qui 
Imécounait Son caractère n'est-il pas Seul responsable 
et de sa propre ignorance et des conséquences qui en 
découlent ? 


Voici une communication de M. Duveau : 


Bas-relief de la fin du XVie siècle. — La maison sur 
laquelle existe ce bas-relief que représente notre dessin, 
a été cité dans le premier tome de la Description histo- 
rique des Maisons de Rouen, de E. Delaquérière 
{1R21) : en voici le texte : 


2 


« Rue de l'Hôpital, n° 2, au coin dé la place Saint- 
Ouen. 

« Maison remarquable en pierre, de la fin du seizième 
siècle, avee bossages aux angles, mascarons sur Îles 
fenêtres, et autres sujets sculptés ». 


LA 


= 


# 


20 


310 


La façade du côté de la place Saint-Ouen présente, à 
chacun de ses deux étages, trois fenêtres étroites et très 
rapprochées, couronnées par des frontons alternative- 
ment triangulaires et cintrés. Le sommet de ces fron- 
tons est ouvert et orné de mascarons ou de feuillages. 

De ce côté, il existe au-dessous des fenêtres du pre- 
mier étage, un bas-relief représentant Vénus portée sur 
les eaux, debout, et traînée par deux chevaux marins. 


Cette production, quoique d'un goût beaucoup moins 
pur et d'une exécution moins correcte, rappelle à plu- 
sieurs égards quelques sujets exécutés par le célèbre 
Jean Goujon. 

Sur la rue de l'Hôpital, il n'y a qu'une fenètre à cha- 
que étage qui soit dans le mème goût de décoration. 


Le mascaron de la fenêtre dun rez-de-chaussée offre 
une tête sur laquelle un oiseau tient à son bec une guir- 
lande. 


= 2 A OA | 7 
{ TETE ï Te 


Plus tard, en 1852, le méme auteur donne dans son 
ouvrage « Recherches historiques sur les Enseignes des 
Maisons particulières », page #2, le dessin d'un des bas- 
reliefs cités et l'accompagne de la note suivante : 


La Seconde enseiwne, recueillie par le Musée départe- 
mental des Antiquités, a été retirée de la maison rue de 


l'Hôpital n°2, qui fait l'encoignure de la place Saint- 
Ouen. 


Une femme nue à les pieds appuyés sur une conque, 


011 


trainée par deux chevaux marins et portant une voile 
enflée. C'est la Fortune, et non une Vénus marine, ainsi 
que nous l'avions dit par erreur (Descriplion hist. des 
Maisons de Rouen, t. E, page EGT). | 

Pour compléter la description de cette maison dans 
son état actuel, il y aurait à ajouter faux notes de 
E. Delaquérière : 

La facade du côté de la place de l'Hôtel-deVille a été 
remaniée au rez-de-chaussée et au premier étage. 


Le rez-de-chaussée, occupé par un café, a une devan- 
ture moderne. Au premier étage, les trois fenêtres ont 
fait place à deux autres plus larges, mais les trois pal- 
mettes ont été conservées. Le bas-relief au-dessus du rez- 
de-chaussée, qui prohablement devait représenter Am- 
phitrite, a été enlevé et déposé au Musée d'Antiquités, 
en 183% (1). Au deuxième étage, les trois fenêtres, avec 
leurs frontons brisés et leurs mascarons, existent encore 
comme autrefois. 


Sur la croupe du toit, couvert en petites tuiles nor- 
mandes, il existe une grande lucarne à croupe Ssurmon- 
tee d'un épi en plomb semblable à celui qui existe sur 
le faite du toit, La facade sur a rue de FHôpital est 
divisée en deux parties, dont la plus grande du côté de 
la place de l'Hôtel-de-Ville est la plus ancienne. 


L'autre ost étroite et paraît avoir été ajoutée posté- 
rieurement. Elle a au rez-de-chaussée une porte à deux 
vantaux, et à chaque étage, une fenêtre sans ornement. 
Au-dessus, une lucarne à pignon dans l'unique toit qui 
couvre ce vieux logis. Au rez-de-chaussée de la partie 
principale, il v a deux fenêtres étroites et une petite 
porte. Le fronton sur la première fenètre de droite devait 
autrefois correspondre à une fenêtre plus large : eçar 
actuellement son milieu est d'aplomb sur le premier 
tiers de cette fenêtre. | 

Entre les deux rampants de ce fronton est placée une 
tôéte de femme roaiffée d'une rouronne de fruits et de 


(1) Voir Magasin pittoresque, année IRD: Catalogue du Musée 
des Antiquités. 185%, p. 167. 


312 


fleurs, Sir laquelle est perché un oiseau qui serre darnis 
son bec abaisse des baies détachées de la couronne. 

Cette tète de femme tient dans sa bouche une chute de 
feuilles et de chaque côté une feston avec gland, dont 
l'extrémité remonte vers son oreille. 

Le tympan est occupé par une arabesque en bas- 
relief, composée de rinceaux, de fleurons et de graines 
dans le style de l'époque. 

Au premier étage, à droite, est une fenètre plus large 
que les anciennes de l'autre facade (ouest). Elle a seize 
carreaux et est surmontée d'un fronton cintré et brisé, 
orné au milieu d'une grande palmette. 

Au deuxième étage, une fenêtre semblable, avec un 
fronton brisé et mascaron. Elle est actuellement aveu- 
ylee, | 

Dans le toit, une lucarne à pignon sans aucun décor. 


Beljambe.'— Au nom de M. Poussier, M. Pe- 
lay présente une œuvre intéressante de cet artiste. 


M. le Président, en offrant ses vœux aux mem- 


bres présents pour l’année qui va commencer, 
lève la séance à quatre heures un quart. 


A. TOUGARD. 


PRINCIPALES MATIÈRES DU BULLETIN 


1. — Mort de Myr Loth......... ee a 
Supplément de classement. 183, 210, 230, 279 
Localités à vestixes préhistoriques...... So, 
Porche -de- Beuvreuil. :2525%5aesmisenueeus 
Potiers gallo-romains ....,......,........ sde 


NUTOS HIVOESNS rien este none ee 
Rouen au XVe siecle ................... Sue 
Equivalence des monnäies ..............,... 
Maudétour, Inscription ........,....,,.,,.,8 
Sentences épigraphiques ............,..... Das 


LE RSR A À VE D A AE LR ue 


NAS OTOC Liane UN er Ne Rest 
Lillebonne, cubes de mosaïque .....,........ 
Monnaie mérovindienne sise eee 
Ferronnerie ........ ET 


PIE — Dessins .......,..... RL ls ARE 
Chartes Ut Cr MU EN este tes 
Clocher de  Bonsecours. Restauration... ... 
Notes heraldiques ................ R 


IV. — M. Milet, démissionnaire... .............. 259, 
Lillebonne, fouilles de 1912 ...,..,.... pins 


Vase NTPIQUOS NON Le sn rest eme 
Château de Hondetot ......... nes tue 
Monuments historiques ...........,,..,.,..., 
Dons. 4e XML sure dura dose 275: 


VE: Ppoes du MMSUe & assise ladite sees 
Bienfaiteurs de la Cathédrale “facade: se de 
Notes d'architecture ......,........ FR NUSSEU AE 
Bas-relief, rue de l'Hôpital, 2... node 


Digitized by Google 


— 
— 


he mot 


PROCÈS-VERBAUX 


DE LA 
COMMISSION DES ANTIQUITÉS 


DE LA SÉINE-INFÉRIEURE 


PENDANT L'ANNÉE 1914 


SÉANCE DU 27 FEVRIER 1914 


Elle ouvre à deux heures un quart, sous la présidence 
de M. Gaston Le Breton, vice-président ; M. le Préfet, 
président, excusé de ne pouvoir y assister. 


Furent présents : MM. Auvray, Cahingt, Coche, Du 


veau, Garreta, Labrosse, Poussier, Vallée, de Vesly, 
ct l'abbé Tougard. 


Se sont excusés : MM. Georges Dubosc, Le Saunier et 
Vernier. 


Correspondance imprimée. — Elle comprend près 
d'une vingtaine de pièces, qui se clas’ent ainsi, d’après 
leur origine : Antiquaires de Normandie, Bulletin, t. 


316 


XXVIII, années 1906-1912, 1 vol. — Société d'Emula- 
tion du Doubs, 1912 ; — Soc... de la Drôme, Bulletin, 
188, janvier 1914 ; — Soc. Dunoise, Bulletins 172, 174, 
175, 1913, et t. XII, 1909-1912 ; — Soc. archéol. de la 
Touraine, XVIII, XIX, 1 et 1, — Soc. archéol. de Nan- 
tes el de la Loire-Inférieure, 1913, et supplém. par le 
chan. Durville : Fouilles de l'Evêché, 1910-13 ; — Soc. 
d'Emulation d'Abbecille, Bulletin, 1913, 3 et 4 ; — Anti- 
quaires de la Morinie, Bulletin 248 ; — Bulletin hist. 
et scientif. de l'Auvergne, 1913 ; — Bulletin archéol. 
du Comité, 1913, 2 ; — Antiquaires de l'Ouest, t. III, 
4 et 2 ; 1913, 1 et 2 ; — Répert. d'Art et d'Archéol. dé- 
pouillement des périodiques et des catal. de vente, 
France et étrang., 4 année, 1913, 3° semestre ; — Soc. 
histor. et archéol. de Gand, 21° année, n° 7; — Up- 
plandes... Tidskroft.…. of Oscar Almegeren, XXXIX. 


Le procès-verbal de la précédente séance (19 décem- 
bre 1913) est ensuite lu sans observation ; sur quoi, le 
secrétaire obtient de M. le Président d'ajouter quel- 
ques mots au sujet de diverses affaires dont la Com- 
mission s'est occupée. 

Le classement de l'église de Virville est un fait ac- 
compli; et une courte inscription en témoigne aux 
visiteurs. 


Eglise Saint-Vincent. — M. Lefort a été indigné de 
l'état révoltant de saleté où 1l en a trouvé les abords. 


Saint-Jean-d'Abbetot. — M. L'abbé Touflet, dans son 
beau volume du Millénaire, signale (p. 243) quelques 
ardoises à remplacer sur la couverture de labaide 
du côté nord. Elles ont été enlevées par un coup de 


311 


vent. Il y a urgence à prévenir les infiltrations dans 
l'intérieur de l'édifice, qui n'est plus fréquenté par les 
fidèles. 

Il serait fort à propos, ajoute-t-il à la page suivante, 
de faire disparaitre le refend et le retable à fronton 
brisé qui coupent la perspective du monument. 


M. le Président observe que le remplacement des ar- 
doices devrait s'exécuter au plus tôt ; mais que la mo- 
dification du mobilier intérieur est une opération plus 
délicate, où des formalités préalables sont requises. 


Mort de M. Sarrazin. — En ouvrant la séance, M. Le 
Breton s'est levé pour s'acquitter de la tâche qui incom- 
be trop souvent au Président, de donner un souvenir 
ému à l'un de nos confrères disparus. Et qui a su 
mieux sen rendre digne que le brillant avocat, dont la 
perte a été regrettée par tous ceux, et ils furent légion, 
auxquels 11 fut si heureux de rendre service ? Avec de 
tels hommes, ce n'est pas à Rouen qu'il faut rappeler 
cette grande pensée : France, pays de l'espérance quand 
méme. Sa dévorante activité s'est créé des tâches qui 
semblaient réclamer plusieurs vies d'homme. L'archéo- 
logie n'avait pas attendu la fin des études classiques, 
pour charmer cette intelligence si bien douée, car à 
peine le jeune humaniste avait-il terminé diverses poé- 
sies françaises qu'il accompagnaïit de traductions lati- 
nes et grecques, ou encore des analvses grammaticales 
d'auteurs grecs, qu'il avait l'honneur de collaborer 
avec l'abbé Cochet pour mettre la dernière main à la 
copie de son remarquable Répertoire et spécialement 
de ses précieuses tables, et qu'il dessinait en même 
temps ses trois ou quatre livraisons autographiées de 


318 


la Normandie qui s'en va. Il n'en fallait pas tant pour 
mériter l'attention et la sympathie de quelques ama- 
teurs rouennais et de plusieurs membres de la Com- 
mission à l’humble collaborateur qu'était alors Albert 
Sarrazin. 


Mais le trait le plus étonnnant peut-être de cette glo- 
rieus carrière, c'est qu'elle ait pu suffire près d’un 
demi-siècle à des labeurs aussi variés qu'excessifs. De 
ce cabinet d'affaires, l'un des plus fréquentés de la 
ville, sont sorties plusieurs centaines de pages histo- 
riques, illustrées de la maïn de l’auteur, d'un véritable 
intérêt. 


L'étendue et la multitude de ses travaux n'a pu être 
louée comme il convenait. M. Le Breton a voulu du 
moins insister sur ces œuvres émues qui ont éclairé 
dans ses moindres détails (bourreau compris) la vie 
normande de notre Bienheureuse Pucelle. Il a tenu 
également à reconnaître de dévouement déployé par 
M. Sarrazin dans la négociation, si tristement infruc- 
tueuse, du rachat de la Tour Jeanne &G'Arc, récemment 
découverte. 


Eglise de Vattrtot-sur-Mer. — Demande de classe- 
ment. — La correspondance manuscrite comprend une 
lettre de M. le Préfet, en date du 16 courant, qui trans- 
met à dla Commission la délibération prise à l'unani- 
mité de 26 décembre dernier par le Conseil municipal 
de Vattetot-sur-Mer aux fins d'obtenir du Ministère le 
classement de l'église paroissiale au nombre des mo- 
numents historiques. Elle se recommande par un clo- 
cher tout en pierre élevé au xn° siècle, et elle fut don- 
née par Richard-Cœur-de-Lion au prieuré de l'hôpital 


319 


de la Madeleine de Rouen. Les cartes marines donnent 
un intérêt particulier à cette belle pyramide en la ci- 
tant à titre d'amer. 


La Commission n'hésite pas à répondre aux désirs de 
la commune en appuyant aussi à l'unanimité la déli- 
bération municipale (1). Mais M. Le Breton prend occa- 
sion de cette démarche du conseil pour justifier la pru- 
dente réserve que nous nous sommes imposée dans la 
question du classement. 


Calvaires, croix de carrefours, etc. — Ces édicules, 
souvent dignes d'intérêt, figurent à peine dans la liste 
départementale de 1867. Leur nature même en a fait 
une Catégorie à part dans d'Inventaire des richesses ar- 
listiques de la France, où se distinguent notamment les 
calvaires de Wanchy, de Saint-Ouen-sous-Baiïlly, de 
Caudebec-en-Caux (près l’ancienne propriété Théve- 
nin). À Saint-Ouen, M. Cahingt signale deux jolis ta- 
bleaux sur albâtre qui sont exposés à tenter l'avidité 
de trop peu scrupuleux visiteurs. Il y aurait lieu de les 
fixer discrètement au mur à l'aide de crampons. 


Srot de la Mésangère. — M. Garr:ta remplit sa pro- 
messe de communiquer à la compagnie un beau por- 
trait de ce conseiller au parlement (1677), d'origine 
écossaise, dont le souvenir se rattache à l’une des mai- 
sons monumentales de la rue de la Grosse-Horloge. 


Notes Eclésiologiques. — Notre doyen de promotion, | 
M. Barbier de la Serre, s'est livré à une longue et méri- 


(1) Peut-on supposer qu'il n'y eut pas de proposition pour Vattetot en 
1867, parce que l'état de l'église était excellent ? (N. d. S.). 


320 


toire étude pour comparer quelques particularités de 
nos églises. Il a bien voulu consigner ainsi les résul- 
tats obtenus : 

La Commission ayant laissé à d'initiative de ses mem- 
bres l'étude et la désignation des églises rurales dont 
la conservation est d'intérêt général, au point de vue 
des besoins du culte, de l'art et de l'archéologie reli- 
gieuse, j'ai fait, de ces édifices une exploration par- 
tielle dont je présente les résultats à mes collègues, en 
y Joignant des plans résultant de mesures prises sur 
place et construits à une échelle uniforme, celle de 
2 millimètres par mètre. Ce qui les rend comparables. 
Si je n'ai guère trouvé de sujets pouvant motiver des 
propositions de classement, j'ai du moins noté et re- 
produit quelques particularités qui me paraissent mé- 
riter l'attention. 

Les absides polygonales sont très répandues parmi 
nos églises de la période ogivale. Elles sont à trois, 
cinq ou £ept pans, toujours en nombre impair, de telle 
sorte que c'est un trumeuu plein, ou une ouverture, 
qui correspond à l'axe général de l'église. 

Par une exception très rare, celle de Guerbaville a 
une abside à quatre pans : d'où il résulte que c'est un 
angle saillant qui se trouve sur l'axe. Je n'ai rencontré 
autre part cette disposition que dans une absidiole qui 
termine à l'est le bas-<ôté nord de l’église d’Aumale. 

A Cany et à Jumièges, qui ont des églises pourvues 
de bas-côtés et de déambulatoires, le nombre des tra- 
vées tournantes du chœur est également pair, et c'est 
par conséquent un pilier, et non le vide d'une arcade, 
qui est sur l'axe, J'ajouterai pour mémoire, en dehors 
des églises rurales, que celles de Caudebec-en-Caux et 


mg 


— —… 


321 


de Saint-Maclou de Rouen présentent la même disposi- 


tion. 


‘ A © a 4 o 0° 
Vurnieges LZ 


La régularité et la symétrie paraissent avoir été de 
tout temps la règle fondamentale de la construction des 
églises : de part et d'autre d’un axe longitudinal idéal, 
les parties similaires se reproduisent avec les mêmes 


322 


dimensions et la même forme. Si nous voyons beau- 
coup d’églises à plans irréguliers, cela tient à des re- 
maniements, additions et retranchements, qui se sont 
répétés plusieurs fois dans la suite des siècles. 


br # 


4? /Jtards 


Î = —— Mn AL 


Cependant, dans quelques églises, l'irrégularité pa- 
raît avoir été voulue dès l'origine de la construction. 
C'est ce qu'on peut voir à Saint-Eustache, au Thil-Man- 


323 
neville, et surtout dans cette curieuse église de Blosse- 


ville-ès-Plains, où rien n'est symétrique, pas même les 
deux rangs d'arcades de la nef. À Sigy et à Saint-Mards, 


D (a) @ Q O Ÿ d 


(e) O © OO @ oo 
A | RTE 
Vevrfle 


+ 


le Caifhurde à 


on remarque aussi une dissymétrie très prononcée qui 
semble bien intentionnelle. Dans cette dernière église, 


324 


une particularité est à noter : la tour, au heu d'être 
eur la nef ou au portail, est à la suite du chœur, à 


lesnières 


mr À mure ons | 


S:! Jouirt 


l'est. Je n'ai vu ailleurs cette disposition que dans Îles 
églises d'Ecalles-Alix et de Saint-Aubin-:ur-Mer. 

La règle générale paraît être de donner aux Collaté- 
raux, lorsqu'ils règnent sur toute la longueur du vais- 


329 


seau, une largeur uniforme ; aussi on n'en voit jamais 
sur une nef et un chœur de largeur différente ; dans 
ce cas, 11 n'y a de bas-côtés que sur la nef seule, ou sur 
le chœur seul. A Néville, par exception, les bas-côtés 
du chœur sont plus larges que ceux de la nef, ce qui 
déforme quelque peu le plan en croix ; mais la nef et 
le chœur restent de la nième largeur. A Gerponville, 
la nef n'a qu'un bas-côté, au nord, et le chœur a la 
même largeur que la nef avec son bas-côté. 

A la Gaillarde, on voit une nef du xvr: siècle, flan- 
quée de deux bas-côtés ; et le chœur, qui est postérieur 
de cent cinquante ans, a une largeur intermédiaire en- 
tre celle de la nef simple et de la nef avec ses bas-côtés. 

Les trois feuillets où M. de la Serre a soigneusement 
dessiné le plan des neuf églises citées, vont entrer dans 
l'Album de la Commission. Un quatrième feuillet ré- 
servé aux églises de Saint-Aubin-le-Cauf, de Mesnières 
et de Saint-Jouin, n'a donné lieu à aucun terme de com- 
paraison, mais accompagne les trois précédents. 


Fer à cheval. — Notre éminent confrère M. Milet en 
fait L'objet de cette note : 


Je prends la liberté de soumettre à l'appréciation de 
la Commission un objet qui a beaucoup exercé la saga- 
cité des archéclogues, entre autres de notre savant abbé 
Cochet dans son bel ouvrage : Le Tombeau de Childé- 
ric. Il s'agit d'un humble fer de cheval ou de mulet, 
trouvé à quatre mètres de profondeur dans la balas- 
hière d’Arques (1). 


(1) Fait assez curieux : un sabot de cheval aurait également été trouvé 
à Arques et daté de époque romaine qui à beaucoup marqué dans ee 
heu. -- L'abbé Cocuer, Le Tombeau de Childérie, p. D. 


326 


On a pu tout d'abord le croire de l'époque de notre 
Renaissance, mais un examen plus approfondi m'a 
porté à le faire remonter à l’époque gallo-romaine et 
en consultant le travail si lumineux de l'abbé Cochet : 
Le Tombeau de Childéric, mon opinion s'est trouvée 
confirmée par une trouvaille de fer semblahle, recueilli 
à Yébleron, près Yvetot, que le savant abbé n'hésite 
pas à dater de l’époque gallo-romaine, au moins de 
l'époque gallo-franque (1). 


Le nôtre est également orné d'espèces de lobes dans 
son contour et est percé de même de trois trous de cha- 
que côté avec des cavités elliptiques destinées à main- 
tenir les clous en place et à les protéger contre les tré- 
buchements. Le souci esthétique n'a pas été absent dans 
la confection de ce vulgaire objet que l’oxyde n'a pas 
trop endommagé. 


Débris de boucle en bronze. — M. Ruel a recueilli 
un ardillon dont il voudrait déterminer l'âge. Le xv° 
siècle semble l'époque la plus probable. 


M. Adrien Blanchet, ancien président des Antiquai- 
res de France, ayant remarqué au Musée départemen- 
tal le plomb d’un maître drapier d'Elbeuf, en a fail 
l'objet d'une notice pour le Bulletin, et a prié M. de 
Veslv d'en donner lecture à la Commission. 


Plombs des manufactures d'Elbeuf et de Darnétal. 
— On a déjà publié quelques plombs de la manufac- 
ture d'Elbeuf, dont l’un porte le nom de Louis XIV, et 


(1) Môme ouvrage, p. 161. 


327 


l’autre, seulement les armes de France avec la date de 
1773 et le nom du garde-juré J.-B. Grandin (1). 


Je puis signaler deux autres pièces qui m'appartien- 
nent ; elles proviennent de la collection Boucherez et 
ont presque sûrement été trouvées dans la Seine, à 
Paris. 


L'un de ces plombs (38 "/" de diamètre) porte, au 
droit, l'écu de France au centre d’un cartouche cou- 
ronné et placé entre deux palmes ; à droite et à gau- 
che de la couronne, la date 17,5 coupée en deux grou- 
pes de deux chiffres ; le troisième chiffre est complète- 
ment effacé, le quatrième est incertain. 


Au-dessous du cartouche, le nom du garde-juré : 
MICHEL GRANDIN. Le revers présente seulement la 
cheville de prise, à double languette, qui servait à réu- 
nir les deux faces du plomb. Le revers a disparu ; il 
devait porter probablement l’écu armorié que nous 
allons décrire pour le numéro suivant. 


Le nom de Michel Grandin porte à deux les gardes- 
jurés de cette famille qui a laissé des souvenirs dans 
l'industrie drapière à Elbeuf. 

Le second plomb de ma collection (41 ";" de diamè- 
tre) présente un écu sur cartouche analogue à celui 
du numéro précédent, mais il porte la date de 1749, et 
le nom du garde-juré L x SEVAISTRE. 


Au revers, sur un manteau, et entouré des se 
des ordres, un écu rond, aux armes pleines de Lor- 
raine, avec le lambel de brisure pour le duché d'El- 


(1) Antoine SanatTier, Sigillographie historique. Plombs historiés de 
. da Saône ct dr la Seine, 1912, p. 242 et 2%, nos 177 et 178. (Celui de 
Grandin incomplet), 


# 


328 


beuf ; l’écu est surmonté de la couronne ducale. Au- 
tour, on lit : MANVFACTVRE DELBEUF. 


Si les plombs décrits précédemment sont déjà d'un 
diamètre remarquable, ils sont cependant encore bien 
loin du monument que possède Ie Musée départemen- 
tal des Antiquilés, à Rouen. I] atteint, en effet, 55 ”,;" 
de diamètre, et porte un écu rond aux armes de Fran- 
ce, couronné et entre deux palmes (tvpe de l'écu aux 
palmes de Louis XIV). 

Au revers, on lit, en sept lignes : 

DRAPS 
NOIRS-FAITS 
EN GRAND & RON (1) 
TEINT PAR LA 
VEUVE DE JEAN 
LE GAY A 
DERNETAL 


Lis entre deux rosaces 


On a rappelé (2), d'apres l'Encyciopédie du Xvur siè- 
cle, qu'avant un arrêt royal du 10 mai 1724, la localité 
de Darnétal (à 3 kilom. est, de Rouen) avait employé 
des plombs considérés comme des contrefaçons de 
ceux de la teinturerie rovale des Gobelins à Paris. 


On apposait, en effet, « sur Les draps teints dans le 
bourg de Darnétal, un plomb doré, sur lequel, d'un 


€) Grand et bon teint, encore en usage à Rouen, par opposition à 
petit Ceuphémisme pour maurais), 

(2) A NaBATIER, Op. cit, pp. 472, d'après lEneyclopédie, Connuerve, 
UT, p. 04. 


ee Pl es ne ie 


-. ù 329 


côté éloient les armes du roi, avec ces mots : Manufac- 
ture de teinture à Darnélal ; et, de l'auire, ces termes : 
Par de Vitry, maitre teinturier aux Gobelins de Paris ». 


L'arrêt de 1724 défendit à tous les maîtres teinturiers 


ie faire gravcr Is armes royales sur leurs plombs. 


Le type du grand plomb de la veuve Le Gay est donc 
sûrement antérieur à cette date ; d'ailleurs, le type de 
l'écu rond, entre deux palmes, portait déjà à croire que 
cet intéressant monument appartient sans doute aux 
premières années du xVIH° siècle. 


DARNÉTAL (prononciation populaire : Dernétal, comme 
d'ailleurs sur le plomb), fut un centre de fabrication 
de draps, avant 1483, date à laquelle ses drapiers ob- 
tinrent des lettres patentes. Le règlement de ces indus- 
triels était conforme à celui des drapiers de Rouen (de 
1378) (1). 

Les lettres patentes des fabricants de draps de Dar- 
nétal furent confirmées et modifiées, le 6 juillet 1542, 
le 5 Janvier 1548, puis en 1559, et encore le 3 mai 1575, 
le 24 mars 1597 et le 20 mars 1611. 


Dès le xvi‘ siècle, les draps de Darnétal étaient esti- 
més ; et, vers le milieu du xvur siècle, il y avait dans 
cette localité, 140 à 150 fabriques, plus ou moins im- 
portantes ; en 1835, ce nombre était réduit à 28, et, en 
1850, les derniers fabricants liquidaient leurs établis- 
sements. Mais, s'il n’y a plus de fabriques de draps, il 
y a encore des teintureries, car Darnétal était réputé 
aus£si pour cette industrie. 


(1) Cf Ch. Quix-za-Croix, Hist, des ancicunes Corporations darts ct 
mélicrs el des confréries religieuses de la Capitale de la Normandie, 
1850, p. 96. 


330 


La révocation de l’Edit de Nantes nuisit beaucoup 
aux fabriques normandes, comme à tout le commerce 
français, d'ailleurs. De plus, à Darnétal, on fabriquait 
diverses sortes de drap ; c'était une infériorité par rap- 
port à Elbeuf, dont les ouvriers, spécialisés pour une 
seule fabrication, avaient acquis une plus grande ha- 
bileté. 


Une ordonnance de mars 1542 avait créé quatre gar- 
des du métier de drapier pour la vallée de Darnétal ; et 
un arrêt du Conseil d'Etat, daté du 14 mars 1515, avait 
déclaré que la communauté des drapiers drapans du 
bourg de Darnétal était distincte de celle de Rouen (1). 


Nous n'avons pas de renseignements particuliers sur 
Jean Le Gay et sa veuve. Mais, M. Léon de Veslv, qui 
a eu l'obligeance de faire des recherches sur ce point, 
a trouvé plusieurs mentions d'une famille Le Gay, éta- 
blie à Darnétal, au commencement du xvirr* siècle (ac- 
tes de 1706, 1708 et 1713). De plus, M. de Vesly m'a 
communiqué une note de M. Georges Dubosc, qui a re- 
trouvé dans les archives départementales de la Seine- 
Inférieure (2), un document mentionnant un sieur Ri- 
chard Legav. Il avait été soumis, avec d'autres, à une 
visite dont le procès-verbal a été rédigé par les gardes 
de la draperie de Darnétal, en 1739. 

Les documents imprimés, ou manuscrits, sont peu 
nombreux, on vient de le voir. Aussi le grand plomb 
du Musée de Rouen méritait d'être signalé, puisqu'il 


(1) Alex, Lescoisuiez, Notice histor. topogr. et statist. sur la ville de 
Darnétal et sur les divers genres d'industrie erercés dans cette ville. 
IX35, p. 277 à 298. | 

(2 6. 126. Ce dossier comprend plusieurs piéces imprimées qui se 
rapportent aux plombs de draps ; et en particulier, une affiche relative 
à un arrêt du Conseil (sans doute celui dont nous avons parlé plus haut). 


331 


apporte quelques renseignements utiles pour l'histoire 
de la draperie à Darnétal. 


Enfin, M. de Vesly, figurant au tableau noir le cas- 
trum de Lillebonne avec sa porte Césarine, s'aide des 
belles photographies qu'a bien voulu tirer M. Lucien 
Brognard pour résumer à grands traits les pages sui- 
vantes : 


Le Castrum de Juliobona (résumé). — Tæe bas pro- 
montoire de la Côte Blanche fut occuré par l'oppidum 
gaulois des Calèles avant de devenir l'emplacement 
du « Castrum de Juliobona. Sa forme, alors, a été 
ramenée au quadrilatère rectiligne sur trois de ses 
côtés : Est, Sud et Ouest. Le quatrième côté resta 
curviligne et suivit la crèle du coteau. | 

Enveloppé de cours d'eau et de marais, entouré de 
routes, le Castrum romain répondait au programme 
dune défense bien comprise (1). 


La construction des murailles, étudiée d’après les 
substructions encore existantes, se composait de ma- 
conneries dont les dimensions actuelles sont de 3° 37 
d'épaisseur au sommet, et de 4" C4 à la base. Les 
hauteurs variahles, selon les ‘éboulis, mesurent :de 
1 90 à 2" 20 au-dessus du rocher qui sert de base. 


Une couche de béton d'environ 0" 45 régularise le 
Sol du rocher et donne l'assise aux gros blocs formant 
le soubassement de l'épaisse muraille. Les parements 
qui ont beaucoup souffert, comprenaient des assises 


(1) Général pr La Noï. Cit. de Bello-gallo, vit, 15. «€ Quod propre ex 
& omnibus partibus, flumine et palude cireumdata unum habeat et peren- 
«€ gustum aditum. » 


cp) 


— 


332 


de petites pierres dressécs en retraite les unes sur les 
autres, avec un puits ou rente de 0* 30 par mètre ; 
puis, des moëllons diversement appareillés sur une 
hauteur de 1" environ. Erifin, des zones formées de 
deux rangs de briques (1). Les matériaux avaient été 
écalement utilisés pour assurer l'horizontalité des as- 
sises de moellons posées sur les grosses pierres de fon- 
dation, soit dans l'escarpe, soit dans la contrescarpe. 


Cependant, si on excepte ces lois générales, les mu- 
railles du Castrum de Juliobona ont été si fréquem- 
ment réparées, ou même reconstruites sur de grandes 
longueurs, qu'il est bien difficile de reconnaître sur 
leurs parements, les maçonneries anciennes (2). 


L'étude amène néanmoins à constater que la cons- 
truction fut commencée avec méthode, vers le front 
N.-E., puisque les blocs irdiquent par leurs dimen- 
sions une même origine de carrière (la hauteur de 
banc) dont ils sont sortis : Caumont ou Tancarville ? 
— Toutefois, l'ordre et la méthode furent bientôt 
abandonnés en avançant vers la limite Ouest. Dans 
cette partie, les pierres des monuments, les stèles des 
tombeaux furent jetés dans la construction : et, c'est 
là que furent trouvés ces beaux fragments et bas- 


(1) Ad. Braxcurr. Les enceintes romaines de la Gaule, p. 245-243. Los 
enceintes des villes de Bourges, d'Evreux, de Bayonne, n'ont que deux 
rangs de briques. 


2° Un trou de houlin, situé dans la muraille antique, derrière les nu- 
méros 66-68 des immeubles de Ja rue du Moulin-de-Haut, est un témoin 
des restaurations, puisqu'une tuile d'une dimension supérieure à celles 
employées dans la construction primitive, le recouvre à sa partie sup 
rieure, C'est grâce au concours dévoué de M. À. Guvot, gardien du Théà- 
tre romain que j'ai pu effectuer toutes les mensurations, parfois opérées 
dans des conditions difficiles. L. de. V. 


333 


reliefs qui depuis sont venus enrichir le Musée de 
Rouen (1). 

Une voie centrale coupait le Castrum. La porte vers 
l'Ouest souvrait sur la voie de Lotum (Caudebec) ; 
elle est désignée « Porte Césarine », et son emplace- 
ment par « Rue de la Poterne ». L'autre porte, celle 
vers l'Est, a disparu dans les changements qui ont si 
profondément modifié cette partie du Gastrum. C'est 
là où, selon nous, devait s'élever le Prætorium, cons- 
truction destinée à renforcer la défense, tout en ser- 
vant de logement au Gouverneur. 


La construction des arcades, en grande partie 
cachées dans les remblais de la Cour du Château 
actuel, délimitaient alors le Castrum de ce côté. 

Il n'existait, quoiqu'en disent Pigné et l'abbé Héron- 
val (2), aucune tour aux angles du quadrilatère, mais 
seulement une construction demi-cylindrique dont j'ai 
pu reconnaitre Îles assises, vers l'extrémité Sud-Est. 
Elle devait certainement accompagner une autre for- 
tficat'on défendant l'entrée du prætorium du côté, où 
une grande et une peti'e arcade restent seules les 
témoins. 

Une nécropole longeait la voie médiane dite « Rue 
Césarine ». Les découvertes de cercueils de pierre, 
d'inscriptions, d'ossements humains, ne laissent aucun 
doute sur l'emplacement d'un cimetière établi là, dès 

la plus haut: antiquité (3). 
Vers quelle époque le Castrum fut-il élevé ? Question 


(1) Abbé Cocurr, Catalogue de 1875. 

(2) Histoire de Lillebonne. Op. cit. p. 79. 

(5) BRoGNaRT, Objets gullo-romains de Lillebonne, p. 7. — Ablé C - 
CHET, — LANTIER, etc. 


334 


difficile à résoudre. Les textes, les monuments sont 
muets sur la région de la Gaule qui nous occupe. Tous 
les regards sont tournés vers l'Est, où s'accomplissent 
de plus grands événements pour la sécurité menacée 
de l’Empire romain. 

Les hvpothèses que nous avons émises sont basées 
sur l'étude des Cachettes monétaires (1); leur fré- 
quence et leur situation amènent forcément à proposer 
une date pour l'érection du Casrtum de Juliobona. 

Nos découvertes personnelles, d'ailleurs, appuient 
cette opinion ; et nous proposons le règne de Marc- 
Aurèle (161-180). 

C'est sous cet Empereur que le Théâtre romain de 
Lillebonne fut incendié pour la première fois. La 
monnaie de Marc-Aurèle, recueillie par nous, dans les 
cenüres, Sous l'édicule de l'orchestre (2), en serait la 
preuve, et sept cachettes monétaires (3) attesteraient 
les grands troubles dont fut témoin notre contrée à 
cette époque. 

Cependant, le règne de Postume aurait vu s'effon- 
drer les murailles du Castrum. Sept autres cachettes 
également sont relevées jusqu'à présent, ainsi que de 
nombreuses monnaies trouvées dans les cendres du 
second incendie avec des Tétricus et des Probus (274- 
282). Il n'a pas été trouvé de médailles d'autres Empe- 
reurs dans les décombres du Théâtre romain. 

Depuis, le Castrum a pu être restauré, mais Lille- 


(1) Adrien Rraxeuer, Op, cit. — L. de Vrsiy, Carte de Festuaire et du 
fleuve jusqu'à Pitres, avec indication des dépôts monétaires. Après le 
Congrès des Sociétés savantes, cette carte à été retenue pour être publiée 
par Ja Société de Numismatique. (Note de M. I. P.) 

(2) Bull. de la Soc. Norm. d'Etudes préhist. Année 1911. 

(5) Ad. BraxcueT. Op. cit, p. 50-51. 


335 


bonne a beaucoup perdu de son importance. Déjà, 
sous Dioclétien (284-305), lors de la division de la 
Lyonnaise en deux parties, ROUEN, qui a élevé des 
murailles, devient la métropole de la seconde Lyon- 
naise, et de Juliobona, capitale des Calètes, il n'est 
plus question. 

Le rôle de cette cité 1ra en décroissant chaque jour 
et son nom n'est plus qu'un indicateur Four l'itinéraire 
d'Antonin ou la carte Théodosienne (1). 

Et que si les murailles de son Castrum ont été répa- 
rées passagèerement, elles deviendront, au VIT siècle, 
la Carrière, où les moines de Jumièges viendront 
s'approvisionner de ‘matériaux pour construire leur 
monastère (2). 


Ce qu'il faut retenir du Castrum de Juliobona, c'est 
sa situation sur l'estuaire de la Seine, et comme poste 
avancé, exposé aux Invasions descendues par la mer. 
Le fleuve n'avait pas alors déposé le limon de ses 
eaux qui ont formé la plaine de l'Eure et enlisé Julio. 
bona (Lilebonne) et Caracotinuin (Harficur). Ces deux 
villes <e trouvent aujourd'hui distantes de 4 kilomè- 
tres des rives du fleuve. Or, la Seine est le chemin 
dont les peuples de tous les temps suivirent les méan- 
dres pour pénétrer dans le Pays (3). 


Les Romains tracèrent des camps sur les collines qui 
bastionnent le fleuve pour assurer la défense de ses 


(ft) Dom Boraurrt. Recueil des Historiens dos Gaules et de la France. 
T. 108 et 112. 


(2) Chron. Pont. 14, 754-758). 
(3) L. de Verser. Carte préhistorique de la Seine-Inférieure, — Congrès 
de la Sorbonne et Bull, de la Soc. d'Emul., année 1871. | 


336 


rives (1). Abandonnés par les Carolingiens, les camps 
ne s’opposèrent pas aux ravages des Normands (2); 
les Espagnols et les Hollandais parcoururent le fleuve 
pour disputer le chemin de Rouen aux partisans de 
Henri IV (3). Et notre beau fleuve est encore la grande 
voie barrée, par les forts du Havre et les redoutes de 
Honfleur, pour en défendre l'accès aux ennemis de la 
France. 


L'histoire n'a-t-elle Tas d'éternels recommencements ? 


M. le Président remercie le conservateur du Musée 
départemental et nos autres confrères qui ont bien 
voulu prêter leur concours à cette réunion ; après quoi 
il lève la séance. Il est quatre heures un quart. 


A. TOUGARD. 


(1) E. Gacrann. Précis de l'Acad. de Rouen, année 1852, p. 154. — 
Baiite. Mem. Soc. Antiq. Norm. T. IX, p. 500. 

(2) Devrine. Les Invasions norm. — BouQrEeT, op. cit. T. IV-V. 

(5) Abbé Souursaiz, — Cap. de TERRIER-SANTANS. La Campagne d'A. 
Farnése. 


337 


SÉANCE DU 24 AVRIL 1914 


Elle ouvre à deux heures un quart, sous la prési- 
dence de M. Gaston Le Breton, vice-président ; M. le 
Préfet, président, excusé de ne pouvoir y assister. 


Membres présents : MM. Cahingt, Coche, Costa de 
Beauregard, Duveau, Lefort, Pelay, Barbier Ge la Serre, 
Vernier, de Vesly et l'abbé Tougard. 


Se sont excusés : MM. Auvray, Georges Dubosc et 
Poussier. 


Le procès-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté. 


Correspondance imprimée. — Elle <e décompose 
ainsi : Sur l'Ansefuniculaire par le docteur Guébhard ; 
— Société des Antiquaires du Centre, 1912, XXXV ; — 
Société ... de la Drôme, avril 1914, 189 ; — Soctélé ... 
de Langres, 191, VIT, avril 1914 ; — Sociélé archéol. de 
Touraine, XIX, oct.-déc. 1913 ; — Soc. ... de l'Orléa- 
nais, 205, 1913, IIT et IV ; — Soc. ... de l'Orne, janvier 
1914, XXXIIT ; — Antiquaires de Picardie, 1913, IV ; — 
L'Architecture et la Construction dans lO., XVIII, jan- 
vier 1914, hommage de M. Duveau ; — À travers les 
vivilles rues de Rouen, item, extrait du Bulletin des 
Anais des Monum. Rouennais, 1912. M. le Président 
lient à remercier lui-même M. Duveau, au nom de ses 
confrères. La finesse d'exécution des gravures lui donne 
un intérêt particulier. 


338 


Notice sur le printre Rouennais Jacques-Antoine- M a- 
rie Lemoine, — M. G. Le Breton remplit la promesse 
faite par lui depuis longtemps de communiquer à Ja 
Compagnie les notes qu'il a recueillies sur cet artist” 
distingué. et donne lecture des actes de sa naissance et. 
de sa mort, ainsi que C'une pièce concernant la succes- 
sion de sa femme. 

L'artiste est né à Rouen, le 1* juillet 1751, sur la pa- 
roisse Saint-Martin-sur-Renelle, ainsi que l'indique son 
acte de baptème retrouvé par notre collègue sur le re- 
eistre des baptêmes et inhumations de cette église, con- 
servé aux archives municipales de Rouen. 

L'au‘eur signale également l'acte de la nomination 
de Lemoine comme tuteur de ses deux filles mineures, 
Avathe-Jeanne-Thérèse et Antoinette-Félicité-Virginie 
Lemoine, étant l'héritier de sa femme, Agathe-Fran- 
co'se Bonvallet, décédée à Paris, rue des Petits-Car- 
reaux, n° 202, le 20 Brumaire an IT. (Archives de la 
Seine, registre 1719.) | 

Son contrat de mariage avait é‘é passé le 23 janvier 
1783, devant Petit. 

Eufin, M. Gaston Le Breton donne connaissance de 
l'acte de décès de l'artiste, mort à 72 ans et demi, le 
7 février 1824, rue Jean-Jacques-Rousseau, 8, à Paris. 
(Greffe du Tribunal civi de la Seine, ville de Paris, 
3° arrondissement.) 

M. le Président, après avoir fait toutes les recherches 
nécessaires sur les œuvres de l'artiste, aussi bien en 
France qu'à l'étranger, nous en donne une énumération 
tres détaillée, exhibant également la nombreuse et inté- 
ressante correspondance échangée, à ce sujet, avec des 
amateurs et les conservateurs des principaux musées et 
bibliothèques. Il termine en déplorant vivement la dis- 


339 


parition, si profondément regret'able du plafond du 
Théâtre des Arts. 


Enlevé, dit-il, par M. Halanzier, alors directeur des 
théâtres de Rouen, en 1859, en réparant la salle du 
Théâ re des Arts, il fut mis aux enchères à la salle des 
ventes de cette ville, où il fut adjugé pour une trentaine 
de francs à un amateur rouennais, qui très malheureu- 
sement, le fit dépecer en morceaux, le trouvant en trop 
mauvais état pour le conserver tel quel. 


Il existait également une toile de fond qui représen- 
tait le poète dans sa bibliothèque et que l’on exposait, 
chaque année, le 6 juin, au théâtre des Arts, à la célé- 
bration de l’anniversaire de Corneille ; elle a malheu- 
reusement disparu comme le plafond du théâtre des 
Arts. 


Tous ces documents font partie d'une notice qui va 
paraitre, dans la Gazelle des Beaux-Arts, et dont l'’au- 
teur lit aussi plusieurs extraits. 


I. — N° 466 B. (Baptême). 
Jacques-Antoine-Marie Lemoine. 


« Le jeudv premier juillet 1751 est né un garcon du 
« légitime mariage de Jacques-Louis Lemoine, Conseil- 
« ler du Roy, Nottaire à Rouen, et de dame Marie-An- 
« toinette-Catherine Durand, ses père et mère, de ce'te 
« paroisse, et le lendemain a été baptisé par le curé 
« Sous*igné et nommé Jacques-Antoine-Marie, par moi 
« Jacques-Nicolas Dieppedalle, Conseiller en l'élection 
« de Rouen de la paroisse Sainte-Croix-Saint-Ouen et 
« par demoiselle Marie-Geneviève Lemoine de la pa- 


340 


« roisse de Saint-Patrice, parain et maraine soussi- 
«c gnés. 

« LEMOINE, « DIEPPEDALLE, 

« LEMOINE, « MARTOT, curé. » 


(Archives municipales de Rouen, paroisse Saint-Mar- 
tin-sur-Renelle, bap'êmes et inhumations, 31° registre, 
n° 466, année 1751.) 


II. — « Lemoine Jacques-Antoine-Marie, peirsre-gra- 
« veur, rue des Petits-Carreaux, 202, héritier de Aga- 
« the-Françoise Bonvallet, son épouse, décédée le 20 
« Brumaire an III, d'après contrat de mariage passé de- 
. « vant Petit, le 23 janvier 1783 et comme tuteur d'Aga- 
« the-Jeanne-Thérèse et  Antoire te-Félicité-Virginie 
« Lemoine, ses deux filles mineures. » 

(Archives de la Seine. Dict. des successions. Registre 
1719. F° 11.) 


III. — « L'an 1824, le 7 février, à dix heures du ma- 
« tin, par devant nous, maire du 3° arrondissement de 
« Paris, faisant fonction d'officier de l’état civil, sont 
« comparus les sieurs Antoine-Marie Lemoine, rentier, 
« âgé de 44 ans, d' rue de Poitou à Paris, neveu du dé- 
« funt et Jean Le Boucher, employé, âgé de 52 ans d'à 
« Paris, bâtiment des Petits-Pères, lesquels nous ont 
« déclaré que Jacques-Antoine-Marie Lenroine, peintre, 
« âgé de 72 ans à, né à Rouen, veuf d'Agathe-Françcoise 
« Bonvallet, est décédé à Paris, en sa demeure rue 
« Jean-Jacques-Rousseau, 3, aujourd'hui à 4 heures du 
matin. » 

« Suivent les signatures des témoins et du docteur 
Levèque de la Gource. » 

(Greffe du Tribunal civil de la Seire. Ville de Paris, 


3° arrondissement.) 


341 


M. Pelay signale un dernier vestige de la rue du Pe- 
tit-Musc, inscription qui reproduit ce nom rue Etoupée, 
sur la droite en montant, entre la rue Saint-Patrice et 
la rue Thiers. 


Correspondance manuscrile. — Elle comporte un pe- 
tit dossier communiqué par M. le Préfet relativement 
au classement à l'Etat de l’église de Roumare. La déli- 
bération municipale est accompagnée d'une bonne pho- 
tographie de l'édifice. Un rapport très étudié de M. Le- 
for! appuie énergiquement la demande. En consé- 
quence, le classement est voté à l'unanimité. Acte de 
cette décision sera donné à M. le Préfet. 

Balcon à monogramme. — Son intéressant dessin 
nous est présenté par M. Duveau, qui s’est fait une spé- 
cialité de ces ferronneries artistiques, et il l'accompagne 
de la note suivante : 

Du côté norû de la petite rue Saint-Lô, et vers le mi- 
heu de sa longueur, on remarque une maison, portant 
le numéro 10, qui a un rez-de-chaussée, avec une gran- 
de ouverture actuellement occupée par un lampiste, 
M. Quiillet ; elle est à deux étages, chacun avec une 
grande porte-fenêtre et un balcon en fer forgé. 

C'est le balcon du premier é‘age qui est surtout re- 
marquäable, et j'ai l'avantage d'en présenter un dessin 
à Ja commission des antiquités. Les gracieuses volutes 
qui occupent toute l'étendue du balcon forment un 
monogramme double et symétrique, composé des let- 
tres M E B L ; mais en plus de ce monogramme, on a 
posé au milieu de la longueur et dans la moitié supé- 
rieure de la hauteur, trois disques en tôle un p'u boni- 
bés vers le dehors, placés en triangle un et deux. Ce 


342 


sont peut-être des coupes ou des timbales, et il est pro- 
bable qu'elles ont une signification particulière. 

Ce balcon, ainsi que celui du second étage, qui est 
aussi en fer forgé, doivent dater du xvir* siècle et avoir 
été appliqué: après coup ; car ce sont les seuls qui exis- 
“ent sur toute la suite des façades qui se succèdent de- 
puis le numé”o 4 jusqu'au numéro 14, et qui paraissent 


ARR EL 


RE 


un La 
Ed Juvesss L2] 


Balcon à monogrgmme de la petite rue Saint-Lô, 10, 


avoir appartenu à un grand corps de bâtiment. Dans 
certaines parties, au-dessus du second étage, on voit 
encore des fleurons et des masCcarons qui indiqueraient 
l'époque de Louis XIII. 

La petite rue Saint-Lô formait jadis une partie de la 
rue Saint-Lô, avant que cet'e rue ne fût prolongée en 
ligne droite jusqu'à la rue des Carmes. On en trouve 
l'historique dans N. Périaux. 

Pendant la Révolution, il y fut établi une maison 
d'arrêt, et on y installa provisoirement la gendarmerie. 
On trouve encore, dans un plan de 1814, l'indication de 
la place qu'occupaient les prisons de Saint-Lô, avant 
leur ‘ranslation à la maison d'arrêt de Bicêtre et à la 
conciergerie du Palais. 

On voit, sur une maison faisant partie du côté nord 


343 


de la petite rue Saint-Lô, et formant l'angle de cel'e 
des Carmes, des ornements ou fleurons qui rappellent 
ceux qu'on remarquait sur la façade de cet édifice du 
côté de cette dernière rue, pour l'élargissement de la- 
quelle elle a été démolie en 1848 et les ornements enle- 
vés. Ils ont été déposés en partie au Musée des antiqui- 
tés. 

M. Duveau est remercié de cette petite page de l'his 
ture décorative de la cité. Il y manque la signification 
des initiales du monogramme et l'interprétation des 
disques. 


M. le Président croit que ces disques sont des tour- 
teaux ou des be:ants, pièces principales de l'armoirie, 
accompagnant le chiffre enlacé, de celui pour lequel ce 
balcon fut exécuté à cette époque. 


M. Léon de Vesly fait les communications suivantes 
sur divers objets trouvés dans le sol du Vieux-Rouen : 


1° Tour Jeanne-d'Arc. — Aux mois de juillet et 
d'août, 1908, lorique furent creusés les fossés autour 
du Donjon et les tranchées pour la construc'ion d’aque- 
dues, de nombreux objets avaient été trouvés. Les ama- 
teurs qui en enviaient la possession élaient non moins 
nombreux, Les ouvriers soudoyés ne m'offrirent, mal- 
gré mes générosité, que de bien modiques trouvailles, 
et, seuls, les objets rencontrés dans les terrassements 
opérés sur le domaine dépar'emental me furent remis. 
Du moins, je le erois. 

J'ai rendu compte de ces trouvailles en leur temps (1). 
Cependant le hasard m'avant mis sur les traces d'objets 


(1) Bull. de la Commission des antiq., t. XV, p. 196-157. 


344 


découverts dans les travaux, il m'a paru intéressant de 
les signaler. 

C'est d'abord un petit Hermès de bronze, malheureu- 
sement mutilé. Les deux avant-bras sont absen's. La 
jambe droite est cassée au-dessus du genou et la gau- 
che vers le milieu du mollet ; mais le ‘orse et la tête 
sont intacts. Mercure est représenté debout, s'appuyant 
sur la jambe droite, la jambe gauche légèrerñent flé- 
chie en arrière. Il est coiffé du péta:e ailé et devait pré- 
senter la bourse qu'il tenait de la main droite, tandis 
que la peau du lion de Némée reposait sur l'avant- 
bras gauche. 

Ce petit bronze est d'heureuses proportions et d'une 
Belle patine. Il devait mesurer environ 5 centimètres de 
hauteur. Il appartient à un type déjà très connu et son 
grand intérêt provient du terrain où il a été trouvé et 
déjà signalé par des murailles romaines (1). 

C'est également dans le terrain de l’ancien couvent 
ces Ursulines et près du Donjon de Philippe-Auguste 
qu'ont été trouvés plusieurs vases à onguents, en grès 
de Forges, et pouvant se rappor'er au moyen âge. Le 
plus curieux a été recueilli dans le sol de la propriété 
Toutain. Il mesure 60 millimè'res de hauteur et pré- 
sente un col et une panse Imcurvés. 


Rue aux Ours. — En 1911, la Société d'Electricité fit 
exécuter de grands travaux pour agrandir l'usine 
qu'elle posède rue aux Ours et en partie établie dans 
l'ancienne église de Saint-Cande-le-Jeune. Dans cette 
transformation, des sub£struc'ions du vieux sanctuaire 
furent rencontrées. La presse locale les mentionna, 


(1) Bull. de la Commission, & XV, p. 255 et suiv. 


349 


ainsi que les sculptures acquises par un marchand d'an- 
tiquités. Dans les terras:ements, plusieurs objets étaient. 
rencontrés, et parmi eux un gobelet en grès de Forges 
que je mets sous les yeux de la Commission. 


Ce gobele! de forme tronc-conique mesure 85 milli- 
mètres de hauteur. La base inférieure est circulaire et 
d'un diamètre de 45 millimètres. La supérieure, qui a 
subi une déformation à la cuisson, est ovale et accuse 
des axes de 55 et 65 millimètres. Des traces de l’oxyde 
de fer contenu dans la pâte dessinent des marbrures 
sur le vase. 


Rues Nationale et du Fardeau. —- C'est également du 
sol du Vieux-Rouen que proviennent deur pavés émail- 
lés, recueillis dans les terrassements opérés pour creu- 
ser les fondations des magasins du Bon Génie, situés à 
l'angle des rues Nationale et du Fardeau. Ces pavés 
mesurent 155 millimètres de côté et appartiennent tons 
deux à la seconde moitié du xiv° siècle. 


Le décor du premier est tracé sur un canevas com- 
posé de seize carrés (quatre sur chaque côté). Dans ces 
carrés sont ‘racés, en un émail jaune, et alternative- 
ment, d'autres carrés quadrilobés et une fleur de lis 
posée diagonalement. 


Le second pavé comporte un losange central et deux 
demi-losanges placés latéralement, dans lesquels se 
voient une grande fleur de lis ou une fraction de la 
même fleur. Ce décor, plus répandu que celui appliqué 
sur le pavé décrit, montre lez fleurs héraldiques de::1- 
nées avec un certain caractère. 


Trois pavés faïencés, à décor bleu, proviennent éga- 


346 


lement de fravaux exécutés dans la ville de Rouen. Il 
m'est malheureusement impossible de désigner l'im- 
meuble duquel ils sont sorti: car l'ouvrier vendeur au 
Musée dit les avoir trouvés dans un dépôt de décom- 
bres à So'teville. Je suis plutôt porté à croire que les 
macons occupés à la transformation d'une maison se 
sont partagé le riche revêtement des murailles. Ce qui 
et certain, c'est la provenance de ces pavés d'un des 
immeubles du faubourg Saint-Sever et peut-être d'un 
des fours établis dans ce même faubourg. 


Sur deux des carrels sont représentés des dessins 
empruntés au décor chinois, dans lequel personnages, 
kioques et arbustes sont peints en camaïeu bleu. Le 
tro sième pavé est le plus curieux. Une corvette toutes 
voiles dehors, voguant sur une mer calme en forme le 
décor. Sur la voile arrière sont tracées les lettrs P. O. 
et dans l'angle inférieur de droite, ke monogramme, 
qui pourrait bien ê're celui de Lecocq de Villeray, un 
faïencier connu pour avoir exécuté des revêtements en 
faïence pour les appartements d'un manoir cauchois 
à Laintot. 


Chacun des pavés mesure 0"12 de côté. 


M. le Président et plusieurs membres assurent que 
ces pavés sont hollandais : ce sont des céramiques de 
Delft. Les pavillons de la corvette accusen‘ la même 
nationalité. 


Vestiges d'un Temple à Jupiter? — Une légende con- 
nue à Vicux-Rouen-sur-Bresle veut que l’église du pays 
soit construite sur les substructions d'un temple païen 
dédié à Jupiter. De vieux murs aperçus autour de 


347 


l'église semblaient confirmer la tradition locale. Le 
nom de Sain'-Germain, porté par la commune voisine, 
appuyait encore l'hypothèse, puisque Saint-Germain- 
-l'Trlardais, l’apôtre de la vallée de la Bresle, avait subi 
le martyr, non loin de là, lors de sa prédication de la 
foi chrétienne. 


Aussi, lorsque la municipalité de Vieux-Rouen en- 
treprit ces terrassements pour abaisser le tertre où 
l'église était élevée et entourée d’un vieux cime'ière, je 
saisis l’occasion qui m'était offerte pour m'assurer de 
l'antiquité des murailles faisant l’objet de la légende. 
Je fis ouvrir une tranchée latérale au mur sud pour 
bien en examiner l'appareil. Aidé de M. Archambault, 
ingénieur-agronome à Vieux-Rouen, nous ne reconnû- 
mes ni l'appareil, n1 les briques, ni aucun des carac- 
tères des con:tructions gallo-romainess. J’ajouterai qu'au- 
cun objet an'ique ne fut trouvé, mais cette absence 
n'avait rien qui püt surprendre dans un terrain fré- 
quemment remué pour les inhumations. Néanmoins, je 
peux affirmer que les murailles qui servent de fonda- 
tions à l'église de Vieux-Rouen sont anciennes : elles 
peuvent avoir appartenu à la nef du xtn° siècle et peut- 
être même à celle du xvF, car les modifications subies 
par l'édifice chrétien ont été nombreuses. Dans tous le: 
cas, les murailles rencon'rées vers le sud ne sont pas 
gallo-romaines. 


Cimetière franc de Blangy-sur-Bresle. — Berceau de 
MM. de Morgan, les célèbres archéologues, Blangv est 
aujourd'hui connue des préhistoriciens pour la station 
de Campigny, située sur son territoire, et forme un des 
échelons de la classification préhistorique. Cependant, 

23 


348 


avant cette découverte due à M. de Morgan père, des 
antiquités romaines et franques avaient été signalées, 
notamment au Camp Comitois, fouillé par les fils de 
M. de Morgan et par l’abbé Cochet, en 1862. C'est en 
plantant des pommiers, dans un clos leur appartenant, 
que MM. de Morgan découvrirent les sépultures d'un 
cimetière franc qu'ils explorèrent et au‘orisèrent l'abbé 
Cochet à y continuer des fouilles. C'est également dans 
le même triage du Camp Comuois que Mme Dunet, dont 
la propriété forme l'angle nord-est du carrefour de la 
route nationale de Rouen à Abbeville et du chemin de 
grande communication d'Eu à Ancourt, découvrit des 
sépul'ures franques. Découverte toute fortuite, puis- 
qu'elle extravait du sable pour la construction de l'écu- 
rie du üépôt d'étalons édifiée à l'extrémité de la cour 
de sa propriété. 


Les journaux de la région firent Connaître la décou- 
verte. Les amateurs se présentèrent pour visiter les ob- 
jets trouvés, les marchands pour les acquérir et quel- 
ques-uns même proposèrent d'acquérir la propriété Du- 
net pour continuer les fouilles et organiser une exploi- 
tation semblalile à celle du cimetière de Criel. Fort heu- 
reusement, le Maire de la commune, pour se confor- 
mer aux instructions ministérielles, avait fait connaître 
au Préfet les découvertes faites et les projets formés. 
Je me rendis à Blangy le 3 mars dernier. Je me fs re- 
présenter les objets trouvés et je constatai qu'ils com- 
prenaient : 1° deux vases en poterie noire, d'un fort 
joh profil, mesurant 95 millimètres de hauteur ; 2° une 
belle épingle styliforme en bronze, de 0"22 de longueur, 
ornée au tiers supérieur d'un prisme quadrangulaire 
gravé de petits losanges ; 3° un torque brisé ; 4° une 


349 


plaque de ceinturon en fer, un £cramasaxe et ure pointe 
de flèche brisée. 

Tous ces objets ramassés sans ordre rendent difficile 
Ja détermination de l'époque des inhumations dans 
cote parte de la Nécropole du Camp Comtois. Aussi, 
me suik-'e far conduire à la dernière excavation faite 
vers l'extrémité est de la propriété Dunet (n° 1 de la 
feuille E du cadastre). La fo:se mesure environ 3 mè&- 
tres de d'amètre sur 2 mètres de profondeur. La coupe 
du terrain permet de bien juger de l'emplacement des 
fosses tombal'es et de reconnaitre que les inhumations 
on‘ été accomyplies sans l'ordre général ou orientation. 
1,65 Corps ont été déposés tantôt les pieds au levant, 
tantôt plus vers le sud ou le nord. Le fond du tombeau 
était à un mètre environ en dessous du sol, et la fosse 
mesurait 0"80 de largeur. Les cercueils en pierre 
n'avaient pas été employés. J'ai proposé à Mme Dunet 
d'acquérir trois des objets en sa possession (vase noir, 
épingle de bronze et pointe émoussée de flèche), pour 
le Musée d'antiquités, et pour le prix de 20 francs. Elle 
n'a pas consenti au marché. Ce refus se comprend de- 
vant les offres faites par les amateurs. Cependant, pour 
me conformer à l'esprit de la circulaire ministérielle 
du 1% mai 1908, rappelée par M. Brelet dans le Bull. 
administratif (n° 21, octobre 1912), j'ai proposé l'inter- 
diction de la vente des objets désignés et fait opposi- 
tion à la liberté des fouilles futures. Non pas qu'il y 
ait lieu, dans ce cas spécial de recourir à l'expropria- 
tion de l'immeuble Dunet. L'abbé Cochet constatail, 
dans son exploration de 1862, la pollution e° la viola- 
tion de la plupart des tombes et indiquait par consé- 
quent l’aléa du gain à tirer ; mais il fallait mettre un 
frein à la cupidité des marchands d’antiquités. 


300 


Le moyen âge a connu les chercheurs de trésors ; le 
xx° siècle possède les trafiquants qui livrent aux musées 
de l'étranger les richesses archéologiques de la Fran- 
ce ls 


La cachette monétaire d'Yquebeuf, canton de Clères 
(Seine-Inférieure). — Yquebeuf est une petite com- 
mune du canton de Clères, à 21 kilomètres au N.-N.-E. 
de Rouen, placée dans un des vallonnements, aux crè- 
tes recouvertes de bois, à la naissance de la vallée de 
Caïlly. C'est sur le flanc d’un de ces coteaux, abrité par 
les frondaisons du Bois de Colmare, proprié'é de Mme 
veuve Pellerin (section B, n° 1 du plan cadastral), qu'au 
mois de juillet 1913, M. Buquet, bûcheron, occupé à lier 
des fagots, remarqua un terrier de lapin, récemment 
ouvert. Dans Îles terres rejetées par l'animal pour creu- 
cer sa demeure, M. Buquet aperçut quelques rondelles 
de métal qu'il prit pour des boutons. Il attacha peu 
d'importance à cet'e découverte, et se contenta d'en dé- 
poser quelques échantillons sur la cheminée de sa chau- 
mière, Selon la coutume des ouvriers agricoles. 

Cependant, M. Buquet eut la curiosité de connaître 
le métal des petits disques qu'il possédait. Il vit que 
quelques-uns étaient d'argent, gravés de croix et de 
lettres qu'il ne pouvait lire. C'est alors qu'il fit part de 
sa découverte à M. Dupuis, instituteur de la commune 
d'Yquebeuf, qui vint me soumettre les piécettes. 

Je reconnus qu'il s'agissait d'un dépôt de monnaies 
de la fin du xv°' siècle, et M. le Maire d'Yquebeuf infor- 
ma M. le Préfet de la découverte. On était alors au mois 
de janvier 1914, la neige et le gel empêchèrent l'explo- 
ra!ion du terrier. 

Cependant, le 19 janvier, j'étais à Yquebeuf, où, sui- 


351 


vant les instructions préfectcrales, le maire de la com- 
mune me remettait plus de onze cents pièces, agglomé:- 
rées et très oxydées avec les débris de deux vases (1) 
ayant contenu le trésor. Quelques jours plus tard, M. 
Dupuis complétait la découverte en m'appor‘ant qua- 
tre-vingt-trois pièces et Mme veuve Pellerin déposait, 
eñtre mes mains, cent quatre-vingt-six monnaies pro- 
venant de la fouille du terrier qu'elle avait pratiquée 
avec ses gardes. Enfin, plusieurs parents de Mme Pel- 
lerin sont possesseurs de monnaies recueillies au cours 
de recherches, de sorte que le total de la cachette 
d'Yquebeuf peut être évalué à quinze cents monnaies 
environ. 


L'inventaire que j'ai dressé donne ur total de qua- 
torze cent quarante-deux monnaies qui se répartissent 
ainsi : 


Règne de Louis XT (1461-1483)..............., 20 


» Charles VIIT (1483-1498)....... iiessetue  2AU 
» Louis XIT (1498-1515).............. Haas 84 
» Francois [°° (1515-1547).......... Coassie 96 


Monnaies déterminées par M. Ad. Blanchet.... 24 


Ilisibles et douteuses en billon frustes....617 7. 
filisibles et douteuses en billon saucées....352 BL 
FOTAR. 5522 2: din oies Pros res 1.442 


Dans ce tolal, si on excepte quelques douzains de 


(1) L'un de ces vases est une petite terrine en grès assez fin, mesu- 
rant 0m1f de diamètre et Om05 de hauteur. L'autre en poterie rouge est 
de forme globulaire ; il mesure Omf2 à Ja partie la plus large de la 
panse, Om06 à la base et 0m12 de hauteur. 

Ces dimensions ne sont qu'approximatives et sont données d'après Îles 
débris incomplets qui ont pu être assemblés. 


302 


Perpignan et du Dauphiné de Charles VIIT, une dizaine 
à l'L couronnée de Louis XII, les autres monnaies ont 
peu de valeur, car ce ne sont que pièces de billon. 

Cependant dans les médailles vues par M. Blanchet, 
il s'e:t rencontré des deniers et un blanc de Pierre II 
de: Dombes ; un Patars de Perpignan de Louis XT ; 
un gros d'Henri VIII d'Angleterre et un blanc de Fer- 
dinand et d'Isabelle d'Espagne, qui sont assez rares, 
plus un denier du xI° siècle de Guillaume de Bordeaux. 
etc. La pièce capitale est une médaille de Bartoloméo 
Tizzone, portant à l’A, le buste du prince, tête nue, sans 
barbe, cheveux longs et regardant à droite. La capa 
recouvrant les épaules, à l’entour BART. TICIO. CO. 
DECI. VIC. IMPER., qu'on peut traduire ainsi : Bar- 
tholomé Tizzone, Comte de Desana, Vicaire impérial. 
— Au R., S. THEODORV. aiglon. S. MARTIRY. Saint 
Théodore, assis sur un trône, bénit de la main droite 
levée et tient une palme de la gauche. Cette médaille 
paraît une variété de celle donnée par A. Armand dans 
son ouvrage sur les médailleurs italiens, t. II, p. 232, 
et reproduite dans l'album (IT, p. 71, pl. X). Les Tiz- 
zoni furent des gentilhommes piémontais connus pour 
avoir frappé nombre de quarti et liards ou petites piè- 
ces à limitation des monnaies françaises, italiennes ou 
allemandes. — Un article de M. Prou sur la cachette 
monétaire de Fougères, présentée au cabinet des mé- 
däilles, le 25 novembre 1893, contient d'intéressants 
dé'ails sur les Tizzoni et leur fabrication (1). 

A 


J'avais attribué, tout d’abord, la cachette d'Yquebeuf 


(1) Revue de Numismalique, année 1N9%, p. 224. 


353 


aux dévastations commises par Charles le Téméraire. 
Les chroniqueurs affirment, en effet, que le Bourgui- 
gnon, s'étant emparé de Clères, incendia dix-sept vil- 
lages des environs. Je dus renoncer à cette hypothèse, 
puisque des monnaies de François I* (1515-1547) sont 
trouvées dans le trésor, et que Charles le Téméraire 
avait été tué devant Nancy en 1477. 


L'hypothèse la plus vraisemblable est que le dépôt 
monétaire d'Yquebeuf eut lieu vers 1530, à la suite des 
exactions de la taille et des nombreux impôts prélevés 
pour le rachat des enfants de François I*. Ils eurent 
leur répereussion au Parlement de Normandie. Les no- 
bles s’acquittèérent loyalement en gens de guerre. Il 
n'en fut pas de même des abbayes, et l'histoire (1) ne 
nous informerait-elle pas de la pénurie d'argent à cette 
époque, qu'il nous suffirait de regarder les églises res- 
tées inachevées, avec leurs chchers et toitures de for- 
tune, pour nous apercevoir que toutes les caisses é‘aient 
vide, l'argent caché et devenu rare. 


Notes historiques recueillies par l'abbé Anatole Loth. 
— M.Coche rend compte de la négociation qu'il avait 
entreprise pour recueillir les patientes et fructueuses 
recherches faites par ce prêtre s'udieux sur le passé de 
Hautotdle-Vatois, tes villages voisins d'Yvetot, et enfin, 
sur les annales ecclésiastiques de Dieppe. Elle a plei- 
nement réussi, comme en témoigne le fort dossier de 
regi:tres et de cahiers que M. Coche offre à la Commis- 
sion. Toutes ces pièces seront déposées à la Bibliothe- 
que municipale de Rouen. Il serait fort utile d'en im- 


(1) Ernest Lavisse, Histoire de France, t..V, %e fase, par H. Lemon- 
nier. 


34 


primer un Sommaire succinc‘, et il suffirait pour cela 
de transcrire les titres de chacun des recueils soigneuse- 
ment élaborés par feu l'abbé Loth. La famille sera v.ve- 
ment remerciée d'avoir accueilli notre demarde. 


M. le Pré:ident remercie l'assistance de son utile 
concours et lève la séance à trois heures et demie. 


A. TOUGARD. 


309 


SÉANCE DU 26 JUIN 1914 


Elle ouvre à deux heures un quart, sous la présidence 
de M. Gaston Le Breton, vice-président, M. le Préfet, 
président, excusé de ne pouvoir y assister. 


Furent présents : MM. Georges de Beaurepaire, D” 
Coutarf, Georges Dubosc, Duveau, Garreta, Pelay, de 
Vesly et l'abbé Tougard. 

Se sont excusés : MM. Costa de Beauregard, La- 
brosse, Lesaunier, Vernier. 

Le procès-verbal de la dernière séance est adopté sans 
observations. 


Correspondance imprimée. — Abondamment four- 
nie, elle ne comporte guère moins qu'une quinzaine de 
pièces, savoir : Bulletin de la Soc. ... de Soissons, 1912, 
Soiss., 1914; — Société ... de l'Aube, Mémoires, 
LXXVII : — Société archéol.... de Constantine, XLVII, 
1913 ; — Commussion des Antiquités de la Côte-d'Or, 
XVI,3 ; — Société … de l'Orne, XXXII, 2 ; — Antiquai- 
res de la Morinie, Bulletin 249 ; — Antiquaires de Pi- 
cardie, 1914, 1 ; — Sociéié des Antiquaires de l'Ouest, 
Bulletin, 1913, IIT et IV ; — Société des Antiquaires de 
France, Mémoires, 1913 ; — Bulletin des Travaux his- 
loriques et scientifiques du Comité, 1913, I et II; — 
item, Bulletin archéologique, 19138, IIT ; — Société d'His- 
toire el d'Archélogie de Gand, XXII, 2; — Société 
Jersiaise, Bulletin annuel, XXXIX. 


Houpperville : Eglise foudroyée. L'accident archéo- 
logique à l'ordre du jour est le coup de foudre qui a 


390 


frapné l'église pendant l'orage de samedi. M. le curé a 
communiqué au secrétaire les renseignements que 
voici : L'église est assurée et elle n'a souffert que dans 
la partie supérieure de la petite flèche du clocher ; les 
curieux vitraux n'ont pas été atteints. Néanmoins, mal- 
gré toute la sollicitude du précédent curé, on peut pré- 
voir que cette nouvelle restaurat'on coûtera entre 7.000 
et 8.000 francs ; car au remplacement des gou'tüères et 
des planchers devra nécessairement s'adjo:ndre l'éta- 
blissement d'un paratonnerre. 


Bulletin de 1913. — M. le Précsideni met alors en 
distribution le recueil des procès-verbaux de 1913, qui 
forme la seconde livraison du tome XVI de notre Bul- 
letin. Son exécution mérite de grands éloges. Terminé 
de bonne heure, il put être distribué au Conseil géné- 
ral. Les envois officiels aux correspondants français et 
étrangers ont été termirés ces derniers jours. On re- 
connaît bien toute l’activité de M. Jacquelin. 


Monnaie du pape Clément VI. — Tel est l'objet d'une 
communication de M. Pelay. 


Dans une verte exclusive de monnaies des papes qui 
a eu lieu, à Paris, les 15 et 16 juin 1914, sous la direc- 
tion de l'expert Etienne Bourgev, figurait, sous le nu- 
méro 36, une monnaie de Clément VI, pape d'Avignon, 


que je signale à votre attention. Les exemplaires en 
élant rares. 


Pierre IIT Roger naquit en ‘Limousin, vers 1291. 
Après avoir pris l'habit dans l'abbaye de la Chaise- 
Dieu, en Auvergne, il devint docteur de Sorbonne, abbé 
de Fécamp et de la Chaise-Dieu. 


301 


Sacré évêque d'Arras, en 1328, il obtint la garde des 
sceaux de France en 1339, puis l'archevèché de Sens, et, 
en 1331, il montait sur le siège de Rouen, qu'il aban- 
donnait en 1338, époque où il fut créé cardinal. Enfin, 
le 17 mai 1342, sous le nom de Clément VI, il était élu 
pape d'Avignon, où il séjourna jusqu'à l'époque de sa 
mort survenue le 6 décembre 1352. 

Son corps fut transporté à l'abbaye de la Chaise- 
Dieu et déposé dans un tombeau en marbre noir sur- 
monté d'une statue en marbre blanc, qui existe encore 
dans le chœur de l'église de l’ancienne abbaye de la 
Chaise-Dieu, servant aujourd’hui d'église paroissiale. 

Une peinture à l'huile de grande dimension repré- 
sentant Clément VI, assis, en costume pontifical, exis- 
lait au second monastère des Ursulines, rue Morand, 
avant sa destruction. 

Ce tableau a été reproduit par la photographie. 

Quant à la monnaie pontificale, elle a été adjugée 
pour 170 francs. 


Cartes postales offertes à l'Album. — Puis, poursui- 
vant ses précédentes générosités en faveur de notre 
Album, notre confrère y fait entrer soixante-et-onze 
photographies que leur provenance classe ainsi : 


ARRONDISSEMENT DU HAVRE. — Canton de Bolbec. — 
Cloches de la vieille église de Bernières ; — Beuzeville- 
la-Grenier, église ; — Manoir de Calletot. 


Canton de Fécamp. — Eglise Saint-Léonard, 2 vues ; 
— Tourville-les-Ifs, église ; — Vattetot-sur-Mer, église, 


2 vues ; ferme normande ; — Froberville, chapelle de 
Maupertuis ; église ; — Criquebeuf, église ; — Epou- 
ville, église ; — Ganzeville, église ; — Les Loges, église 


(extérieur). 


358 


Canton de Goderville. — Auberville-la-Renault, égli- 
se ; Le Bec-de-Mortagne, église, 2 vues ; — Bénarville, 
église ; — Bornambusc, église ; — Bréauté, église ; — 
Daubeuf-Serville, église ; — Gonfreville-Caillot, église ; 
-— Saint-Maclou-la-Brière, églis® ; — Sausseuzemare-en- 
Caux, égli:e ; — Tocqueville-les-Murs, église ; — Vat- 
tecot-sous-Beaumont, église ; Grainville-Ymauville, égli- 
se ; — Houquelot, église ; — Men heville, église ; — 
Mirville, église. 


‘ 


ARRONDISSEMENT D'YVETOT. — Canton de Cany. — 
Cany, église ; — Grainville-la-Teinturière, église ; — 


Ocqueville, église. 

Canton de Caudebec. — Louvetot, église. 

Canton de Fauville. — Yébleron, église, 2 vues ; — 
Sainte-Marguerite-sur-Fauville, église ; — Normanville, 
église, 3 vues ; — Hautot-le-Vatois, église ; — Hatter- 
ville, église ; —- Foucart, église ; — Envronville, église ; 
— Cliponville, église ; — Bennetot, église ; — Auzou- 
ville-Auberbo:c, église ; — Alvimaure, 3 vues : église, 
chapelle des Blanques et croix des Blanques. 

Canton d'Ourrille, — Ourville, église ; — Héricourt, 
3 vues : église, son intérieur ; calvaire ; — le Hanouard, 
église. 

Canton de Valmont. — Vinnemerville, 2 vues : égli e 
e' calvaire ; — Sorquainville, église ; — Riville, église ; 
— Gerponville, église ; — Kletot, église ; — Contre- 
moulins, église ; — Colleville, église ; — Ancretteville- 
sur-Mer, église. 

Canton d'Yretot. — Valliquerville, église, 2 vues ; — 
Ecretteville-les-Baons, 3 vues : village, église et porte 
de l’ancienne forteresse ; — Allouville, chevet de l'é- 
glise. 


359 


Vues diverses. — M. Duveau offre également pour 
l'album la vue du bas-côté nord de l'église de Monville, 
trois cartes postales des vestiges du château de Phi- 
lippe-Augusts à Rouen, et une curieuse maison d'Au- 
zouville-sur-Saûne. 


us (AA AL AL ILUEE 


1 


pu 


\iuson rurale du xXvit siécle avec balcon 
à Auzouville-sur-Saûne 


Retable monumental. — Le <ecrétaire présente à la 
Commission une photographie partielle de la contre- 
table du maître au'el de Saint-Victor-la-Campagne, au- 
jourd'hui nommé Ancretiéville-Saint-Victor, qui lui a 
été envovée par le curé, M. l’abbé Mabire. 

Ce qui double l'intérêt ce cette belle boiserie, c'est 
que son historique sommaire a été retrouvé aux ar- 
chives départementales, par M. Elion d'Hugleville. 
Le marché en fut passé à Rouen, par le maître sculp- 
teur Pierre Baudart, le 14 août 1661, pour le prix de 
550 livres et 2 pistoles de vin. L'’autel devait être livré 


360) 


pour la fète de Päques prochaine. Ce devis est en outre 
signé par À. Le Tellier, seigneur de Saint-Victor. 

En présence de cet'e magnifique décoration, M. Gar- 
reta ne peut se défendre d'évoquer les motifs et les ten- 
dances artistiques qui vinrent d'Espagne à Rouen au 
temps de la faveur du Cid, et y persistérent jusqu'au 
début du règne de Louis XIV. À ce titre, cette remar- 
quable pièce de hucherie est un véritable document 
historique. 


Fac-similé d'un plat de confrérie. — Grâce à la b'en- 
veillance de M. l'abbé Bouffard, curé de Petit-Quevillv, 
et membre des Bibliophiles rouennais, notre album 
s'enrichit aujourd'hui du fac-sinnlé d’une inscrip'ion 
religieuse du quartier Saint-Hilaire. 

Il s'agit d'un plat d'étain ovale (0"25 x 0"17), dont 
le centre est occupé par la sainte Vierge portant sur 
con bras gauche l'Enfant divin ; au-dessous, la date 
1770. Il est de fabrication locale ; mais l'artiste s'est 
con'enté d'y mettre sa marque avec la double mention : 
« Rouen, 1769 ». Au bord du plat court, en lettres de 
5 millim., l'inscription suivante : 


« CE PLAT A ÉTÉ DONNÉ PAR M'S M15 RIBOT ET Mll HÉBERT 
A LA CONFRÉRIE DE N.-D. DE PURETÉ ÉRIGÉE A S. GILLE. » 


Une carte de visite du siècle dernier avait éé recueil- 
lie par le secrétaire, gravée au nom d'un sieur de Re- 
painville. Qu'est devenu cet intéressant débris? En 
1777, un M. Laurent de Repainville était maître des 
comp'es honoraire. 

Aujourd'hui, presque une énigme dans les annales 
rouennaises, ce saint Gilles fut patron d'une très mo- 
deste église de la vallée de Darnétal. Ce ne fut d'ailleurs 


Se 


361 


qu'une simple succursale, qui ne doit remonter qu'au 
XVII: siècle, alors que l'érection des nouvelles parois es 
n'était pas encore soumise aux formalités concorda- 
taires. 

Combien de Rouennais savent encore que leur ville 
a possédé une paroisse Saint-Gilles ? Et cependant deux 
souvenirs ne ces’ent de le rappeler au public distrait : 
la rue Saint-Gilles, qui unïñ la rue de Lyons à la route 
de Darnétal ; et le chemin de Repainville qui prolonge 
le chemin de Pitres jusqu’à cette rue Saint-Gilles, à 
l'entrée même de la pittoresque vallée du Robec dans 
la ville de Rouen. La Révolution supprima la paroisse, 
mais l'église existai! encore en 1807. 

M. Pelay a vu citer à Saint-Gilles d'autres confréries. 


M. de Ve:ly nous apporte alors son fidèle appoint 
d'informations archéologiques. 


Commune de Morville : Découvertes archéologiqu®s. 
— Des travaux d’élargissement et de redressement du 
chemin de grande communication 62, exécutés au com- 
mencement de cette année, dans la traversée de la com- 
mune de Morville, ont amené des découvertes assez 
intéressantes, dont je n'ai eu connaissance qu'il y a 
peu de semaines. | 

Des sépultures ont été rencon'rées, notamment dans 
l'élargissement au droit du cimetière ; puis, à 100 mè- 
tres vers l’ouest, dans la propriété Hautemer. Plusieurs 
squelettes ont été également découverts vers l'est du 
cimetière, dans la propriété de M. Dupré. 

La plus in'éressante sépulture est celle dars laquel!e 
ont été vus un pot de forme bulbeuse et un jeton de 
cuivre. Le vase fut cassé, ainsi que cela a toujours lieu, 


les ouvriers croyant y trouver une cachette monétaire. 
Le jeton, qui pourrait servir à dater la sépulture, est 
un de ces jetons de jeu du xv° siècle. 

Il porte sur l’A/. une croix feuillée, can'onnée de qua- 
tre I, et alentour : GATTAS + GATTAS : SAURA- 
MANT. Cette légende se reproduit au R:. dont le centre 
est drapé de fleurs de lis sans nombre. 


Beaucoup des monnaies trouvées ont été dispersées 
par les ouvriers. Néanmoins, j'en possède trois : . 

1° Un petit blanc aux écus, de Henri VI d'Angleterre, 
frappé à Rouen ; 

2° Dizain de François [*, dit Franciscus, frappé 
aussi à Rouen ; 

3° Double tournois de Louis XIII, frappé au Moulin 
(1613), poinçon de N. Briot. 


Ainsi qu'on peut en juger, ces monnaies sont intéres- 
santes et font regretter le peu.de vigilance apporté par 
les autorités locales pour leur conservation. Cependant, 
j'avais obtenu de M. Leparmentier, maire de Morville, 
la promesse que l'ouvrier, détenteur d'un chandelier 
de bronze, trouvé dans les terrassemen's, restituerait 
cet objet. Il y avait là une découverte rare qui ne pou- 
vait être souctraite au Musée. Aussi, l’avais-je réclamée 
avec insistance ; mais l’ouvrier ne s'était pas rendu à 
mes demandes. 

Je fis intervenir la gendarmerie, puisque l'adminis- 
tration départementale tient à l'exécution des lois et 
réglemernts, et notamment à l'arrêté pris par M. Brelet 
le 20 octobre 1912. 

L'objet, d'abord déposé à la mairie de Croisv, rési- 
dence du terrassier, parvint à celle de Morville. Il est 
aujourd'hui en ma possession. Je suis heureux de pou- 


363 


voir vous le soumettre : c'est un pe'it bronze pesant 
207 grammes. et composé de deux pièces : un cerf et le 
porte-lumière qu'il supporte. 

L'animal est fondu en creux ; il mesure 0"10 de l'ex- 
trémité du nez à la queue, et 0"12 de hauteur, y com- 
pris les andouillers. 

La tête est construite par quatre plans qui lui don- 
nent l'aspect d'une pyramide, au sommet Ge laquelle 
deux incisions forment la bouche et le nez de l'animal, 
tandis que deux traits latéraux, et en relief, figurent les 
yeux. Sur le corps se remarquent, au poitrail et à la 
croupe, deux triangles isocèles, tracés par des lignes 
point'llées que traversent deux autres parallèles à la 
base. La par ie inférieure du poitrail est marquée de 
stries imitant les masses du poil. Des dents de scie, tra- 
cées en pointillés s'observent également sur les flancs 
du cerf. Les jambes sont écartées pour donner de la 
stabilité au chandelier. 

Une perforation circulaire, faite au milieu du dos de 
l'animal, permet d'y fixer le chandelier de 0"06 de 
hauteur, semblable, pour la forme de la bobêche, per- 
forée et à oreilles, à ceux rencontrés dans les fouilles 
e. dont plus de trente modèles sont dans les vitrinez 
du Musée d’antiquités. 

Cependant, 1l n'y existe pas de type zoophore, quoi- 
qu'un petit bouc-chandelier ait été trouvé dans la dé. 
couverte faite à Yébleron en 1844 (1). Le chandelier de 
Morville sera donc le premier exemple. 

À quelle époque faudra-t-il le classer ? Je crois que, 
sans nul doute, il appartient à la période du Moyen 
Age, par la technique, la patine du mé'al et les orne- 


(1) La Srine-Inféricure historique et archéolegique, 2e édition, p. 476. 
{ { / 3 


364 


ments. L'abbé Cochet, quoique ayant hésité dans la 
classification des chandeïiers de bronze, était néan- 
moins porté à les considérer comme appartenant au 
Moyen Age (1) ; et le doute n'est plus permis, si on com- 
pare les chandeliers à plateau, à celui du type gallo-ro- 
main trouvé au Vieil-Evreux (2). 


IT. — Dolabra. — Dans les travaux d'élargissement 
ou de rectification du chemin 62, à Morville, M. J.-B. 
Mulot, propriétaire de l'ancien domaine seigneurial, a 
trouvé dans la cour de la ferme, une petite pioche ou 
Dolabra. Get outil, assez semblable à l'herminette des 
charpentiers, a 0"27 de longueur ‘otale. I] comprend une 
lame affilée de chaque côté du trou d'emmanchement ; 
l'une au tranchant parallèle au manche le l'outil ; l'au- 
tre, perpendiculaire. 

M. J.-B. Mulot a offert la Dolabra au Musée d'anti- 
quités. 


III. — Une monnaie de Henri VI a été trouvée par 
un laboureur de Grand-Couronne, sur ses champs, à 
l’orée de la forèt des Essarts. C'est un blanc aux écus, 
décrit sous le n° 6 par Hoffmann (p. 57, n° 6), Léo- 
pard, FRANCORUM : ET : ANGLIE : REX. Les écus- 
sons accostés de France et d'Angleterre ; au-dessous : 
HERICVS. — R/. (Léopard) SIT... NOMEN : D NI : 
BENEDICTV. Croix entre une fleur et un léopard, et 
au-dessous : HERICVS. Frappé à Rouen. 


IV. — Jetons. — J'ai pu distinguer, au milieu de nom- 
breuses pièces de monnaies anciennes, mais sans va- 


(1) La Seinc-nféricure historique ct archéologique, 2 édition, p. 476. 
(2) Sacuto, Dictionnaire, article : Candelabrum, p. 869 et suiv. 


365 


leur, plusieurs jetons qui présentent un certain intérêt 
pour les amateurs et les collectionneurs. Ce sont : 


1° Un jeton à compter du xv° siècle, de la fabrique de 
Tournay, avec légendes ne donnant pas de sens. A l'A/, 
dans un grenetis, losange de deux traits à quatre fleurs 
de lis, posées 1, 2 et 1. R/. Croix fleurdelisée, can'on- 
née de quatre fleurs de lis, surmontées d'une coronelle. 

Le n° 2 est encore un jeton du xv° siècle, de la fabri- 
que de Tournai : AVE MARIA GRACIA P..... AU cen- 
tre, écu de France à trois fleurs de lis. R/. Croix fleur- 
delisée dans une rosace quadrilobée. 

Le n° 3 est un jeton du commencement du xv° siècle, 
au type du Mouton du Berry : MOVTON SVIS DE 
BAR. Agneau pascal tenant le banne?ret. R/. Croix : 
les branches terminées par une fleur de lis, qu’accom- 
pagnent des feuilles retomban'es. 

Le n° 4 appartient au début du xvr siècle et sort de 
la fabrique de Nuremberg avec légendes sans aucun 
sens. A/. au centre, une rozace à cinq feuilles, entourée 
de trois fleurs de lis et de trois coronelles. R/. Trilobe 
au milieu duquel un cercle coupé horizontalement et 
surmonté d'une croix. | 

Le n° 5 n'est pas un jeton. C'es' une variété des mé- 
dailles si communes de l’ordre de saint Benoît, où cha- 
que lettre inscrite dans les légendes de l’A/ comme du 
R/ est l'abrégé d'un mot. 


V. — Epi de faitage aux armes des Nrufville de Vil- 
leroy. — Le Musée d'antiquités s'est enrichi d'un épi 
armorié du XvrI° siècle, acquis parmi les objets prove- 
nant de la vente Ch. Deschamps, où il était inscri‘ sous 
le n° 120 du catalogue. 


366 


Cet épi, qui mesure 120 de hauteur, comprend à sa 
base deux bouquets de feuilles d'acanthe en plomb, 
desquels s'élance la tige portant une girouetfe, en fer 
découpé, avec armoiries. L'écu est chevronné et accom- 
pagné de trois Croisettes : deux en chef et une en 
pointe. Il est timbré d'une couronne de comte, de la- 
quelle sort la croix à double bras de Lorraine, laquelle 
supporte un chapeau d'archevêque, dont la chute des 
glands enveloppe le tout. Bien entendu, le champ de 
l'écu, qui est ajouré, ne porte, ainsi que les meubles, 
aucune indication pour les couleurs et les métaux. 

Aussi, avais-je cru pouvoir a'tribuer la girouette aux 
Auvray, famille normande de la généralité de Lisieux, 
laquelle possède les mêmes armoiries, mais de couleur 
et d'émaux différents. M. Garreta, témoin de mes re- 
cherches, me fit observer, avec juste raison, que le cha- 
peau d’archevêque était une indication suffisante pour 
préciser l'attribution. En effet, grâce à la bienveillance 
de notre collègue, je peux dire avec certitude que l’écu 
décrit est celui des Neufville de Villeroi, qui parlaient 
d'azur, au chevron d'or, accompagné de trois croiselles, 
ancrées du méme. De plus, les ornements dont il est 
entouré désignent cette girouette comme ayant décoré 
le faîtace d'une résidence de François-Paul, né le 15 
septembre 1677, abbé de Fécamp en 1698, sacré arche- 
vêque de Lyon, le 30 novembre 1715, et décédé dans 
cette ville, le 16 février 1731, âgé de 54 ans. 


VI. — Sépulcres de pierre. — Le 15 juin 1914, les 
ouvriers, employés sous la direc'ion de M. Roussel, 
architecte, à creuser les fondations d'une maison dans 
le jardin portant le numéro 2 sur la rue Louis-Tubeuf 
(nouveau quartier Saint-Gervais), rencontrèrent, à 1"10 


367 


de profondeur, deux fragments de cercueils en pierre 
de Caumont. L'un, à arêtes droites, a 1”40 de longueur, 
0"70 de largeur extérieure et 0"50 à l'intérieur. L'autre 
cercueil, de forme plus rare, a les angles extérieurs 
arrondis. Il mesure 1"50 de longueur, 0”60 de largeur 
extérieurement, et 0"40 à l’intér:eur. Son couvercle tec- 
tiforme, mesurait 0"17 au sommet et 0"09 sur les bords. 
La pierre qui recouvrait le premier était plate, et est 
tombée en morceaux dès qu'elle fut soulevée. De la 
terre e! quelques ossements, mais sans aucun mobilier 
funéraire, furent aperçus et semblent indiquer que les 
tombeaux avaient été déjà visités ou que les ossements 
qui y reposaient étaient d'inhumations postérieures aux 
premières sépultures. 


La vaste nécropole de Saint-Gervais a donné, depuis 
1781, date des premières cons atations, de nombreuses 
sépultures. Cependant, les dernières aperçues rue Ta- 
bouret et rue Tubeuf paraissent indiquer que tous les 
tombeaux situés au nord de l'église actuelle seraient 
des sépultures déjà visitées ou des Cercueils de pierre 
à inhumations successives. Dans tous les cas, postérieu- 
res aux édits carolingiens. 

Une observation se dégage d'ailleurs de l’é ude des 
nécropoles rouennaises ; car, si on laisse de coté la pé- 
riode du moyen àge où les inhumations avaient lieu, 
soit dans les cimetières entourant les églises, soit dans 
les églises elles-mêmes, on remarque que les champs 
de repos s'éloignent du centre de la ville, en se rappro- 
chant de l'époque moderne. C'est ainsi que les sépultu- 
res gauloises furent rencontrées à la gendarmerie (place 
de la Rougemare) ; les incinérations romaines, rue du 
Renard ; les inhumations du rr° au v‘ siècle, rue Louis- 


368 


Auber, e‘ les mérovingiennes, place Saint-Gervais. Les 
sépultures, situées au nord de l’église actuelle, peuvent 
être considérées comme modernes, sauf celles isolées 
et en bordure de la cavée Saint-Gervais. 


Il est une autre remarque à faire sur les cercueils de 
pierre formés de plusieurs morceaux : généralement 
ceux-ci sont au nombre de deux. Un de 1"40 à 1"50, 
destiné à recevoir la partie supérieure du cadavre ; 
l'autre, de 0"60 à 070, pour les pieds. Ces dimensions, 
relevées sur les cercueils de la nécropole franque de 
Petiville (1), m'ont amené à penser que les sarcopha- 
ges, ainsi fragmen'és, avaient été sciés pour pouvoir’ 
être arrimés dans les gribanes qui les apportaient, par 
la Seine, des carrières situées sur ses rives : Caumont, 
Gaillon ou Vernon. 


Personne ne demandant la parole, M. le Président 
lève la séance en annonçant, suivant les habitudes de 


la Commission, une nouvelle réunion avant les vacan- 
ces. Il est trois heures et demie. 


A. TOUGARD. 


(1) Bull. archéol., année 19104, p. 545 à 502. 


369 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1914. 


Elle ouvre à deux heures un quart, sous la présidence 
de M. Gaston Le Breton, vice-président, M. le Préfet, 
président, excusé de ne pouvoir y assister. 


Membres présents : MM. Auvray, Cahingt, Coche, 
Costa de Beauregard, Duveau, Labrosse, Le Saunier, 
Pelay, Barbir de la Serre, de Vealy et l’abbé Tougard. 


Se sont excusés : Georges Dubosc, Poussier et Ver- 
nier. | 


Après lecture, le procès-verbal de la dernière séance 
est adopté sans observations. 
Rs 
- Correspondance imprimée. — Elle se classe commr 
suit : Sociélé d'Archéol. de Beaune, mémoires, XXXVI{, 
1912 : — Bulletin ... de la Drôme, livr. 190, juillet 1914 ; 
—— Société libre ... de l'Eure, 1913 ; — Société des Anti- 
quaires de France, 1913, Paris, 1914 ; — Société d'Emu- 
lation d'Abberille, XXYIT, Abbeville 1913°; — item, Mé- 
moires, VI, in-4°; — Société archéol. du Midi, XLI, 28 
nov. 1910-9 juillet 1912, Toulouse ; — Assises de Cau- 
mont, 5° session, Caen, 9-11 juin 1913, t. I et II, 1914 ; — 
Sociélé ... de Gand, 22° année, n° 3 ; — Répertoire d'Art 
el d'Archéol, 5° année, fasc. 21, 1914, in-f°. 


Notice sur Lemoine. — M. le Président offre aux Ar- 
chives de la Commission sa notice sur le peintre rouen- 
nais Jacques-Antoine-Marie Lemoine (in-4°, fig. hors 
texte et dans le texte. — Paris, Renouard, 1914). 


I] fait mentionner au procès-verbal une question de M. 
Barrev, archiviste du Havre : si la Commission accepte- 
rait de temps à autre, pour son bulletin, les renseigne- 
ments fournis par le xXvI° et le XVII" siècles sur le Havre, 
pouvant intéresser l'histoire générale des mœurs et de la 
navigation. 


Trois articles de M. de Vesly ouvrent la série des com- 
munica'lions. 


I. — Le vallon de Bruneval et la Maison gallo-ro- 
maine de Saint-Adrien. — A 6 kilom. à l’est de Rouen, 
on observe une grande déchirure dans la masse craveuse 
connue sous le nom de Brunval ou vallon de St-Adrien, 
&ans lequel coule le ruisseau du Duet ou Becquet. Vers 
sa naissance, à Notre-Dame-de-Franqueville, j'ai cons- 
taté la présence de vestiges et d'objets gallo-romains (1), 
puis, à quelque distance, la route nationale de Paris 
traverse le vallon ; mais aussitôt la cavi'é se creuse, les 
flancs en deviennent abrupts et le vallon ne peut plus 
être franchi, C'est un des sites les plus pittoresques des 
environs de Rouen. Sur la rive gauche, M. J.-B. Mulot 
a reconnu des fonds de cabane des temps néolithiques, 
ainsi que des grands enclos formés de murailles en pier- 
res sèches. C'est également sur cet'e rive qu'existait le 
pricuré de Saint-Crespin-du-Becquet et son petit cime- 
tière. 

Sur la rive droite, on remarquait jadis une pierre le- 
vée, que le marquis de Belbeuf fit transporter dans Île 
parc de son château. Le menhir se dressait non loin de 
la <ource du ruisselet communément appelé « Rivière de 


(1) Bull. de la Commission drs Antiquités. 


| 371 
Saint-Adrien ». Le cours d'eau, après avoir passé sous la 
route nationale de Rouen à Mantes, se jette dans la Sei- 
ne. C'est à quelques mètres de son embouchure, sur le 
bord du grand chemin et auprès de la roche où est en- 
châssée la chapelle de Saint-Adrien, qu'il y a quelques 
cemaines, M. Morel, aubergiste, en creusant pour établir 
un garage d'automobiles, découvrit des ves'iges d’une 
habitation gallo-romaine. 

Lors de ma visite, les lieux avaient déjà été profon- 
dément modifiés. Néanmoins, il me fut possible de m'as- 
surer qu'il avait existé en cet endroit, une construction 
faite d'argile bat'ue ou pisé et recouverte de tuiles à 
rebords. C'est le mode de bâtir que j'ai observé dans le 
groupe de maisons entourant le /anum de la Mare-du- 
Puits, dans la forêt de Rouvray (1). Cependant, c'est la 
première fois que je reconnais une construction romaine 
élevée à une si faible altitude, si j'en excepte, toutefois, 
les ruines voisines du Port-de-Mar'ot (Eure), en amont 
d'Eibeuf. À Saint-Adrien, les fondations de la mason (?) 
n'étaient qu'à 1750 environ au-dessous du niveau de la 
chaussée de la route nationale, et celle-ci ne se trouve 
pas à plus de 8 mètres de l'étiage du fleuve. Aussi, lors 
des inondations, les eaux de la Seine viennent-elles bai- 
gner les banques du grand chemin. 

IT. — Marques de potiers. — Mon camarade du siège 
de Paris, M. E. Semichon, inspecteur général des Finan- 
ces, a bien voulu m'offrir, pour le Musée, les objets re- 
cueillis par son père, qui appartint à vo‘re Commission, 
lors de fouilles pratiquées à Sainte-Beuve-Epinay. Ces 
fouilles, opérées par M. A. Deville, en 1830-31, et que 


(1) Les Fana. 


312 


l'abhé Cochet a maintes fois décrites dans ses ouvra- 
ges (1), avaient fixé l'attention de la génération qui nous 
a précédés. Elles avaient notamment fait naître l'hypo- 
:hèse qu'en cet endroit du pays de Bray avait existé une 

xglomération gallo-romaine à laquelle on donnait le 
nom de Vieux-Neufchâtel, à cause de son voisinage de 
la ville moderne. 


Outre la belle statuette en bronze de Mercure assis, 
beaucoup d'objets furent trouvés, soit dans les champs 
environnants, soit dans les fouilles entreprises. L'abbé 
Cochet a cité, dans la Normandie souterraine (2), plu- 
sieurs fonds de vases portant des noms de potiers. 


Je n'ai pu retrouver le signe de Missi, ni dans les 
débris déposés au Musée, n1 dans la nomenclature dres- 
sée par M. Maillet du Boulay (3j, et je suis porté à 
penser qu'il y a eu mauvaise lecture du nom, tracé en 
rétrogradant sur les fragments de poterie alors possé- 
dés par M. Semichon père, que j'ai l'honneur de pré- 
senter : M. ISSERP et qui serait PRESSI Mi{anus), 
sur la panse d'un vase orné. 


Un autre fragment intéressant des débris remis par 
M. Semichon, est le fond de vase sur lequel se voit le 
sisle du pot'er SEVERVS ; mais ici le nom du potier 
n'est point simplement précédé de l'abréviatif O pour 
offiecine, ni suivi de la le'tre M pour Manu. Il est ins- 
crit entre deux palmes et au-dessus de la supérieure, 
se voit un croissant accompagné de trois croisettes. De 
plus, Je V et l'E du nom sont liés ensemble, De sorte 


(D) Abbé Cocnis, La Seine-aférieue hist. et arch. 2e édit, p. 17. — 
Répert. arch. p. 25. — La Normandie souterraine, pp INO-IR2. 

(2) Op. cil. 

Co) Bull. de la Commission des Antiq. année FRKOS OV, p. 207-210, 


373 


que le sigle se présente ainsi SEWRI dans un cercle. 
C'est la première fois, je crois, qu'il est ainsi trouvé. 


Le nom du potier SEVERVS a souvent été rencon:ré : 
il en est fait mention dans le Corpus duscriptionum lu 
tinarum (T. XIII), où, sous les numéros 1798-1800, il 
occupe les pages 361 à 363. M. J. Déchelette l'a égale- 
ment signalé dans son ouvrage de la Céramique ornée 
de la Gaule romaine (1), et il figure dans la liste des 
noms de potiers relevés au Musée de Rouen par M. du 
Boulay (2). 

Pour contrôler ces sigles, j'ai demandé le concours de 
MM. J. Déchelette et Seymour de Ricci. | 


III. — Têtes de marbre trouvées à Rouen. — Le 15 
avril 1908, j'achetai, pour le Musée d'antiquités, une 
tête de marbre que les ouvriers travaillant aux terrasse- 
ments pour les constructions de la Caisse d'épargne de 
Rouen, avaient trouvée , ainsi que plusieurs autres, 
dans la propriété située route de Neufchâtel, vis à vis 
de l'Ecole normale d'Ins'itutrices. J'ai fait une com- 
munication, sur cet achat, dans la séance de la Com- 
mission au 20 juin 1908 (3), et fait alors remarquer que 
M. Héron de Villefosse ne considérait pas le marbre 
comme un antique. Je fis réparer la tête et la dressai sur 
le fragment de torse drapé auquel elle avait appartenu. 
Le tout fut placé dans la salle des antiquités romaines. 

Lorsque dans la séance des Congrès de la Sorbonne 


du 30 mars 1910, M. Léon Coutil, présenta la tête et la 
photographie d'un buste recueillis dans ce mêine lieu 


(1) Atelier de Lezour. 
(2) Op. cit., p. 207-210. 
(3) Bull. de ie Commission des Antiq., & XV, p. 200-291. 


44 


de la route de Neufchâtel, une discussion s'engagea. Je 
fis remarquer que, contrairement à ma premitre opi- 
nion, je doutais de l'attribution à la sculpture romaine 
des marbres trouvés et affirmais qu'ils devaient appar- 
ter à l'époque de la Renaissance (1). 

M. E. Michon, président de la séance, voulut bien 
appuyer mon opinion et la discuss:on fut close. 


Depuiï:, j'ai acquis deux autres tètes en marbre, pro- 
venant également d2 la même propr.été de la côte de 
Neufchâtel. Pour les placer, je les ai fait monter sur 
un buste de plâtre coupé au droit des épaules : c'est 
ainsi que vous les montre la photographie. 

La première tête est un portrait comme en exécutè- 
rent les artis es romains, mais il me paraît difficile de 
l'identifier. Le visage est rond et imberbe. Deux grands 
yeux sont taillés sous une arcade sourcillière peu proé- 
minente. Un rez épaté aux narines largement ouvertes, 
surmonte une boucle aux lèvres charnues. Le menton 
est rond et fortement accusé. Des cheveux abondants 
recouvren en grande partie le front. 


La seconde tête est également un portrait : elle est 
connue, dans les ateliers, sous la désignation de Méde- 
c.n grec. Le visage et ovale, Les sourcils abaissés en- 
chässent dans l'orbite un œil saillant et forment un pli 
à la racine du nez, qui, droit, est retroussé vers les 
alles, La bouche aux lèvres fines, aux commissures lé- 
gèremen abaissées, est surmontée d'une fine mousta- 
che dont les pointes sont reievées. Une petite mouche 
sous la lèvre inférieure rejoint le collier de barbe qui 
enveloppe la figure. Une abondante chevelure bouclée 


(D) Ball arch année LOTO re Tir, p. rx. 


découvre le front et laisse apercevoir l'oreille : c'es! là 
le visage d'un philosophe et d'un penseur. 

Je l'ai dit, ces têtes ne sont pas des antiques, mais 
des copies des antiquailles, ainsi que les désignèrent les 
ar istes de la Renaissance, lorsqu'ils les employaient à 
la décoration des vestibules des palais ou des demeures 
seicneuriales. 

Mais d'où proviennent les marbres recueillis route de 
Neufchâtel et comment ont-ils été apportés en ce lieu ? 
C'est un problème dont je cherche la solution et pour 
laquelle je demande temporairement crédit. Ce que je 
peux écrire aujourd'hui, c'est que la rou'e dite « Côte 
de Neufchâtel » ne fut ouverte que vers 1780 (1) ; que 
la propriété située à l'intérieur de la grande courbe, au- 
jourd'hui remplacée par les villas de la Caisse d'épar- 
gne de Rouen, avait été tracée dans le goût du Trianon 
de Versailles, avec bosquets et charmilles, au milieu 
desquels des statues de marbre rappelaient les divini- 
tés de l'Olympe. 

Les faunes et les dryades y venaient se joindre au 
cortége des bacchantes et des ménades pour danser des 
rondes. C'est du moins ce qu'assure la légende sous une 
forme moins mythologique : « La propriété était han- 
tée !... » Aussi, la belle maison qui s'y élevait fut-lle 
longtemps inhabi ée. J'y ai connu en ces dernières an- 
nées M. le commandant Braille, lequel, en vrai soldat 
et en arliste, n'avait nullement hésité à devenir loca- 
taire de l'immeuble. 


Je ne ré-iste pas au désir d'expliquer comment la 
légende s'était créée. La route avait entaillé un talus, e: 
la propriété se trouvait à trois mètres environ au-des:us 


(1) Pimiaux, Dictionnaire des Rues de Rouen. 


316 


de la chaussée. De grands ormes avaient été plantés en 
bordure et trois rangées d’une haie vive clôturaient le 
domaine, sauf sur une pe'ite fraction, au devant de la 
maison, où un mur avait été construit. 

Il y a un siècle, les quelques réverbères destinés à 
- l'éclairage de la grande voie, ne dépassaient pas la rue 
du Champ-du-Pardon et le cimetière de Lille (1). En- 
core ne projetaient-ils qu’une lueur pâle sur la large 
chaussée. Or, dans l'obscurité, les voyageurs attardés 
apercevaient-ils des lumières filtrant à travers les bos- 
quets, les lan‘ernes des serviteurs fuvant sous les feuil- 
lages: les chuchotements et les rires fusant sous les ton- 
nel'es, car les habitants du lieu s'oubliaient souvent 
dans des agapes lascives en ce lieu champêtre et soli- 
taire. Voilà ce que j'ai pu saisir des récits qui m'ont été 
contés. I] n’en fallait pas davantage, à la fin du xvim° 
siècle, pour créer une légende, si je m'en rapporte au 
livre de Mile Amélie Bosquet. 


Les plans symétriques de nos églises. — Tk secrétaire 
lient à remercier de nouveau notre vénéré doven, M. de 
la Serre, de ses dessins intéressants à l'échelle uniforme 
de 2 millim. par mètre, qu'il a joints à sa notice sur quel- 
ques-uns de nos sanctuaires. Il se fait un devoir de ré- 
véler à nos confrères la tâche énorme qu'il s'est imposée 
pour cela. Car, sans se fla'ter d’avoir opéré sur toutes 
nos églises, il estime que sa collection en doit avoir 
réuni environ six cents. C'est un incomparable foyer 
d'études qu'aucun autre département ne possède. Com- 
bien il serait souhaitable que nos archives pussent en 


(1) Le cunetière de Lille désaffecté depuis une vingtaine d'années, est 
aujourd'hui traversé par la rue Ricarville et sur son emplacement se sont 
élevées de nombreuses maisons, avec la chapelle du Petit Séminaire. 


3717 
faire exécuter une copie qui en assure la conservation. 
M. le Président s'associe à des éloges si justement 

mériés, et il fait constater le service incomparab'e 
qu'a ainsi rendu M. de la Serre à la science ecclésiolo- 
gique de notre pays. (Applaudissements.) 


L'ancienne verrerie rouennaise. —- Nos ingénieux ar- 
tisans n'ont eu garde de négliger l’industris du vvrre, 
dont la fabrication, à Rouen, a marcné de pair avec 
cslle de la faïence artistique. 

Les pièces remarquables n'y font pas défaut. 

De vieux et chers souvenirs de famille, et d’autres, 
patiemment recueillis, pendant près de cinquante ans, 
à Rouen et dans ses environs, par M. G. Le Bre on, 
constituent une précieuse collection unique en ce genre, 
qui a figuré à l'Exposition universelle de 1900 à Paris, 
ainsi qu'à celle du Millénaire normand de 1911. Elle y 
fut très remarquée. Cette collection est appelée à enri- 
chir un jour un 6? nos musées rouennais. 

Sans insister autrement, M. le Président signale seu- 
lerrent, en passant, cette par'icularité intéressante 
nos verriers s'avisèrent mème de fabriquer des verres 
à boire sans pied, qui ne peuvent être remis sur la (ta- 
ble par les buveurs qu'après avoir été totalement vidés, 
pour ne pas tacher la nappe. Par un raffinement de 
luxe, on les réservait uniquement aux vins rouges les 
pluz vieux (a'ors très dépouillés) et l'on disait en égout- 
‘ant la dernière goutte, sur l'ongle du pouce : ?{ est ru- 
bis sur l'ongle. 


Dessins divers. — M. Duveau fait circuler sur le bu- 
reau le dessin d’une serrure datée de 1741 et signée par 
le célèbre ferronnier rouennais Jacques-Boniface Le 
Friand. 


318 


Elle mesure 0"40 de longueur, 0"195 de hauteur et 
0"068 d'épaisseur. Elle a deux clefs, une grande de 0"33 
de longueur avec panneton &e 56 millimètres de lon- 
gueur sur 40 millimètres, pour deux pènes dormants et 
une petite pour pène demi-tour. 

L'entrée des deux clefs, belle pièce en fer forgé et re- 
poussé, a 0"49 de longueur. 


Len ? 
rc à Î 2 £? 
Dù \ / re Fe 
Se \ \; à em, 


Cap) 


O 
. 
C 
. 20 Cou TT 
SE " Ed Druiveass #914 
Ce, 


Serimre C Lhutel sthuir rue àe rÉeirreul Ra Horerx 


La boucle du heurtoir, dans le goût de l’époque, est 
placée sur platine en tôle découpée à jour qui représente 
une fleur de lis entourée d'arabesques. 

Ces intéressantes pièces de serrurerie se frouvent sur 
la grande porte d'entrée d'un hôtel situé rue de l'Ecu- 
reuil, n° 11. 

Notre confrère offre ensuite à l'album de la Commis- 
sion le millésime 1735, relevé rue Ganterie, n° 41, et le 
millésime 1675 qui orne la maison qui porte le n° 3 de 
la rue Porte-aux-Rats ; — les insignes &e tailleur de 


379 


pierre réunis en un bas-relief de la rue du Petit-Porche, 
compo:é de quatre pièces : compas normand, pioche à 
pierre dure, marteau rustique et équerre ; — les mai- 


Rue de l'Ecureuil, 11 


cons n° 4 e‘ 6 de la rue Ganterie ; — enfin deux photo- 

graphies des anciens fonts baptismaux de l'eglise de 

Préaux, sur quoi il est rappelé que pour la fidélité de la 
25 


380 


reproduction, rien ne saurait remplacer lés épreuves 
photographiques. 


&, rue Ganterie 


L'armorial Biochet. — Nous semblions l'avoir perdu 
de vue. Les circonstances se sont chargées de nous le 


rappeler. 


Bas-relief rue du Petit-Porche 


Pendant que la librairie E. Dumont imprimait et 
mettait en distribution le bon catalogue que nous avons 
pu admirer, le chef de la maison se retirait au Havre, 
où, depuis près de deux mois, il travaille à la mise au 


381 


point de cette œuvre méritoire « tout en goûtan!, nous 
dit son fils, le plaisir de respirer l’air de la Normandie, 
l'air natal. » La publication ne saurait donc, sans doute, 
se faire désirer longtemps encore. 


Fonts baptismaux de l'église de Préaux 


Collège d'Eu. — Les statues de Henri de Guise et de 
sa femme faillirent en être enlevées, en 1801, pour en- 
trer au Musée des Monuments français. 


$ 


Le ministre Chaptal semblait consentir à ce fâcheux 
déplacement. Ce fut notre préfet Beugnot, qui fit les 
sages et décisives objections, et le projet fut abandonné 
(Revue des Questions hist. XCITI, 41). | 


M. le Président rappelle les services éminents que 
rendit Lenoir pour la conservation de nombreux et pré- 


382 


cieux objets d'art, services que toutes les notices bio- 
graphiques sont unanimes à reconnaitre. 


Rouen en 1806. — Telle est la date et aussi la matière, 
sinon le titre précis, de la quarantaine de pages qu'à 
soixante-dix-sept ans écrivit d'Ornay (il devait vivre en- 
core vingt-huit ans), que son extrème longévité rendit 
en quelque sorte populaire dans la presqu'ile de Saint- 
Georges. Je me suis demandé, dit le secrétaire, si elles 
n'offraient pas quelques intéressantes comparaisons 
avec le Rouen de 1914. Ma tentation n'aura pas été sté- 
rile. . 

d'Ornay n'es! pas flatteur pour notre bonne ville, 
qu'il connaissait depuis trois quarts de siècle. T] la défi- 
nit : l’une des plus sombres, des plus sales et des plus 
tristes de l'empire ». IT affirme et répète que toutes les 
maisons sont fournies d'un puits ». On ne peut qu’ap- 
prouver ses jugements sévères sur les fontaines du 
Marché-Neuf et celle de la Pucelle. Quant aux « im- 
menses avan'ages » qu'il donne aux ponts de bateaux 
sur les ponts de pierre, l'éloge est quelque peu préhis- 
torique. Il plaint avec raison Saint-Sever de n'avoir 
alors « n1 places, ni marchés, ni fontaines ». 

d'Ornav, qui avait été échevin, se préoccupait avant 
tout, des modifications commodes et utiles. Le pit'ores- 
que semble l'avoir peu touché. I] note sans restriction 
la disparition de deux églises : même remarque sur la 
démolition des portes que regrettent si fort nos anti- 
quaires, au point que nos réjouissances populaires n'ont 
guère manqué à en relever quelqu'une pour un jour 
ou deux. | 


En matière d'édilité, d'Ornay signale deux grands 


383 


bienfaiteurs de la ville, le cardinal Georges d’Amboise 
et Thiroux de Crosne. Du premier, il note surtout la 
canalisation du Robec, qu'il fait définir (soi-disant par 
un voyageur chinois), « rivière qui a plus de trois cents 
ponts, et qui change de couleur plusieurs fois par 
Jour. » 


Quant à M. de Crosne, que la Révolution envoya à l’é- 
chafaud, il avait concouru à son administration, et 
donne de ses travaux un heureux tableau d'ensemble, 
le premier sans doute qui ait été dressé. En vingt ans 
environ, M. de Crosne opéra, sans qu'il en coûtât rien, 
« absolument rien aux particuliers » (procédé qui n'est 
plus en usage), des transformations sans nombre, que 
d'Ornay classe sous les neuf chefs suivants : dégage- 
ment, répara'ion et élargissement des quais (que dirait- 
il des nôtres ?) ; — substitution aux « vieux remparts 
et aux énormes fossés de promenades magnifiques et 
de superbes voies publiques » grandement appréciées ; 
et d'Ornay a pu connaître une maîtresse de maison qui, 
au soleil levant, faisait le tour des boulevards avant de 
s'asseoir à son comptoir ; — nouvelles issues succédant 
aux anciennes por'es ; ke mieux eût été, comme l'abbé 
Cochet l'indiquait pour la porte Guillaume-Lion, de 
percer ces issues de chaque côté de la porte, en conser- 
vant les portes elles-mêmes ; — les superbes avenues 
de la route du Havre et de celle de Dieppe ; — la trans- 
formation par des platanes en un magnifique boulevard 
du marais impraticable et malsain situé à l'est de 
l'Hospice-Général, lequel abritait alors près de trois 
mille personnes ; — le relèvement du Pré au Loup (sic) 
el la création de l’esplanade du Champ-de-Mars : — 
l'établissement du Champ de Foire « enclos de murail- 


384 


les », où l'on a ménagé des chantiers de bois à brüler ; 
— « l'ouverture de l'avenue de da Madeleine » ; — enfin 
un grand nombre de chemins publics. 

Pour perfectionner l'état de choses que d'Ornay avait 
sous les yeux, fl ne fait que souhaiter une administra- 
tion résolue avec des vœux et des plans bien arrê'és. 

Toutefois, il déplore trois fautes capitales, à peu près 
irréparables : 

io L'abandon du projet d'Hôtel de Ville (4) et la des- 
truction de près d’un million de premières construc- 
tions élevées conformément à ce projet. Mais, malgré 
ce qu'avait de grandiose et de séduisant tout à la fois 
cette vue de l'officiant au maitre-autel de Notre-Dame, 
aperçu du fond de la grande cour de l’Hôtel-Dieu, se 
serait-il retrouvé depuis un siècle quelqu'un qui ne se 
soit pas incliné devant la raison suprême d'économie ? 

2° La mauvaise distribution de la « nouvelle ville » ; 
car de Crosne ne prétendait rien moins que créer une 
seconde ci'é à l'ouest du boulevard Cauchoise. Cela ne 
se fit pas en un jour, selon le vieux dicton. Un détail 
intéressant a été conservé par l'abbé Cabanon, dont le 
père habitait le côté sud de la rue de Crosne. De sa 
chambrette d'étudiant, le futur chanoine apercevait, 
vers 1848, tout ce qui Se passait sur le port ; le quartier 
était donc loin d'être bâti. 

3° Enfin, le gaspillage du vaste et important terrain 
du Vieux-Palais. Ici, comme au précédent alinéa, d'Or- 
nav N'a point précisé en quoi son attente avait été dé- 


(1) On obxkerve que les plans de cette nouvelle mairie ont été publiés 
dans Encyclopédie. Mais après les dernières études, celle surtout de 
M. Tourusux, sur cette « raison par alphabet ». comme Fappelait Vol- 
taire nous ne pouvons que sourire de Fenthousiasgme de d'Ornay pour 
cet inmottel ouvrage », 


385 


cue. Les plus récents aménagements de la rue d'Har- 
court doivent lui avoir donné quelque satisfaction. 


- Avant de critiquer les places, il déclare qu'à Rouen 
on ne s'en est jamais occupé avec goût. 


La Rougemare devrait être agrandie aux dépens des 
maisons des rues Beauvoisine, Pincedos et des Murs- 
Saint-Ouen. Mais il ne croyait guère possible d'y ame- 
ner l'eau. 


Le Marché-Neuf pourrait être agrandi de moitié par 
l'emplacement de l'église Saint-Jean, et le sol des mai- 
sons de la rue des Maroquiniers. 


Quant à la Basse-Vieille-Tour, on n'hésite pas à de- 
mander la démolition de toutes les maisons qui la sé- 
parent du quai. 


D'Ornay se lamente sur le quartier Martainville, pri- 
vé de places et de fontaines, et sur Bicêtre qui n'a ni 
acces n1 débouchés. I propose le remaniement du cime- 
tière Saint-Maclou et du clos Saint-Marc (1). 


Au nombre de ses vœux figure le redressement de la 
rue des Charrettes et la création d'une ou deux voies 
pour compléter cet utile travail. 


Dès le xvirr siècle furent préparés des plans pour re- 
dresser les rues Grand-Pont, des Carmes et Beauvoi- 
sine. Un arrèt du Conseil en assurait même en quelque 
corte, par avance, l'exécution. Mais survint la Révolu- 
üon, et tout fut à recommencer. 


L'ancien échevin préconise déjà pour les « projets » 
des concours et des prix. Il réclame des réservoirs pour 


(1) L'assainissement du quartier Saint-Vivien a nagucre étudié Fouver- 
ture d'une Targe voie, passant au chevet de Saint-Nieaise, et qui eût per- 
mis de voir du boulevard les arbres de File Lacroix. 


38C 


recueillir l'eau pendant la nuit, Une ou deux fois la 
semaine on laissera abondamment couler l’eau dans les 
rues, avec obligation pour chaque habitant de nettoyer 
le devant de sa demeure. Les délinquants seraient frap- 
pés d’une amende, dont une partie servirait à récom- 
penser des plus diligents. 

L'absence de jardin public, qu'il tient à consigner 
vers la fin de son mémoire, amène d'Ornay à rappeler 
« le très beau et très grand projet du jardin entre le 
Grand-Cours et le Mail ». Cette louable entreprise fut 
abandonnée surtout après la destruction de l’ancien 
Cours, « l’un des plus beaux promenoirs de toute ÏÎa 
France ». La « route ou promenade la plus fréquentée 
de toutes » lui semble être le Mont-Riboudet (nom nou- 
veau, disait M. de Beaurepaire). Il serait peut-être plus 
à propos, avoue-t-il, de pratiquer ce jardin au milieu de 
la nouvelle ville. 

Après avoir de nouveau insisté sur l'esprit de sui‘e 
si nécessaire dans les transformations urbaines, d'Or- 
nay s'attend à ce que les améliorations proposées soient 
traitées « de rêves et de chimères ». Et pourtant, sans 
parler des rues Thiers et Jeanne-d'Arc, il était bien loin 
d'espérer le jardin de Saint-Ouen, la place Solférino, 
et même le Pré-Thuileau, qui sont devenues d'heureu- 
ses réalités. 


M. le Président lève la séance après un aimable re- 


merciement aux membres présents. Il est trois heures 
et demie. 


A. TOUGARD. 


387 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1914 


La séance est ouverte à deux heures et quart, sous 
la présidence de M. Gaston Le Breton, vice-président, 
M. le Préfet,, président, excusé de ne pouvoir y as- 
sister. 


Furent pré:en's : MM. docteur Coutan, Duveau, Gar- 
reta, Labrasse, Pelay, Ruel, Vernier, de Vesly et l'abbé 
Tougarce. 


Se sont excusés : MM. Georges Dubosc et Poussier. 


La lecture du procès-verbal de la dernière séance ne 
donne l'eu qu'à une légère rectification. 


Correspondance imprimée. — Elle offre cette particu- 
larité unique que les huit pitces dont elle se compose 
ont éte fournies par le même envoyeur, la Commission 
départementale des Monuments historiques du Pas-de- 
Calais. Leur impor'ance répond à leur intérèt. Ce sont : 
Bulletin, IV,1, 1913, pet. in-4° ; Mémoires, TIT, n1, 1913 ; 
Stalistique Monumentale, IV, x et 11, 1913 ; — Emigra- 
phie du Pas-de-Calais, }, supplém. Arras ancien et son 
arrondissement ; TT, in, canton de Calais ; IV, vu; VI, 
Il ; 1n-4°, | 


Protestations. — Un dossier spécial réunit les protes- 
tations communiquées à la Commission pour les actes 
incrovables de vandalisme qui se sont produits durant! 
la guerre. Dès le 23 septembre, les Antiquaires ce 


388 


France, réunis au Louvre, ont condamné avec indigia- 
tion ce qu'ils appellent si justement le crime de Reims, 
en y associant l'incendie de Louvain. La circulaire a été 
aussitôt l'obje! d’une réponse collective de la Commis- 
sion des Antiquités. 

A Valence, la Société archéologique de la Drôme, que 
préside M. Charles Bellet, a imprimé, le 29 sep embre, 
un mémoire de vingt-deux pages, avec une lettre de 
M. Gontran du Bourg, historiographe de la métropole 
de Reims. 

Et le 5 courant, M. Casimir Pajot, prés.dent ce l'Aca- 
démie de Clermont-Ferrand, signant un: protestation 
contre la destruction de la bibliothèque de l'Universi é 
de Louvain, offrait à la recon_titution de Cette merveil- 
leu:e source d'information la collection complèt: des 
trois périodiques publiés par l'Académie Clermontoise. 

I! ne scra pas po:sible à la Commission des Antiqui- 
tés de suivre absolument ce bel exemple de no3 confrè- 
r.s de l'Auvergne, puisque no: preiniers volumes du 
Bulletin sont en‘ièrement épuisés. 


Le secrétaire Se permet d'ajouter quelques lignes en 
apperndice. 


Cherclure en ailes de chaure-sourt:. = 11] semblerait 
que, pour le ridicule, certaines modes du xvi siècle 
n'aient rien à envier à celles du xx'. Une vingtaine d'an- 
rées avant Henri IV, la suprème élégance des toilettes 
féminines fut de porter des coiffures imitant les ailes 
des chauves-souris. | 

C'est ce que nous apprend le chanoine Jean des 
Caurres, principal du collège d'Amiens. En 1575, au 
sixième livre de ss (Œuvres morales (p. 305, é€. Chau- 


389 


dière, Paris, in-8°), il écrit là-dessus une phrase tout à 
fait amusante, qui mérite d'être tirée de l'oubli. Mettant 
en quetion le salut éternel des femmes qu'il apostro- 
ph», il conclut : « Faut, veuillez ou non, que vous dés- 
tortillionniez, deschauvessourissiez, deretiez, c'est-à-dire 
ne portiez plus en ailes de chauves-souris, ou en façon 
de rets vos cheveux, par l’squels prétendez prendre dia- 
boliquement et enfiler les hommes. » Les chauves-sou- 
ris passaient donc alors pour des êtres tout à fait mi- 
gnons. 


La loi sur les monuments historiques. — Communi- 
cation de l'abbé Tougard qui intéress® spécialement les 
attributions äe da Commission. Comment ces rensei- 
gnements ne sont-ils pas parvenus par les bureaux de 
l'administration départementale ? 

L'année dernière aura été bonne pour les richesses 
arlistiques de la France. Elle a voté, avant de se ter- 
miner, une loi en projet depuis 1909 et qui améliore 
singulièrement la situation légale de nos monuments 
depuis {887 | 

Dès lors, les œuvres d'art du moven âge, les sculp- 
tures gothiques, les por'ails claustraux n'ont cessé d’en- 
flammer les convoilises des collectionneurs et ds anti- 
quairez, 13 n'ont pas hésté à recourir à des démoli- 
Hions méthodique qui permettaient l'exportation de 
cloitre entiers affectés à la décoration des parcs Su Nou- 
v.au-Monde ; et qui dénombrera les fenê'res, les faça- 
des ou les fenêtres du moyen âge qui sont allées ainsi 
rehausser de leur antiquité empruntée les opulentes de- 
meures des milliardaires d2 fraîche date ? 

Que dire en outres des objets d'art, des nombreuses 
tapisseries où fresques, châsses ou reliquaires, orgueil 


390 


d's trésors de nos églises, que le trouble causé par la 
loi de séparation livra sans défense à l'avidité des ama- 
tours et des spéculateurs clandestins ? 

Pour empêcher la des'ruction des monuments et le 
transport des œuvres d'art, surtout par le fait des com- 
munes, des départements, etc., la loi nouvelle n'hésite 
pas à organiser un classement ob'igatoire des édifices 
privés, mais par simple servitude, et donnant d'oit au 
propriétaire à une indemnité arbitrable par les tri- 
bunaux. Souvent, d'ailleurs, la mesure re sera pas 
moins favorable au proprié.aire qu'à l'intérêt public. 
Dans un délai de trois ans, l’atministration des Beaux- 
Arts Gevra procéder à une enquête qui enregistrera sur 
une liste spécial?, distincte des monuments classés, tou- 
tes le: constructions se recommandant par quelque va- 
leur art'stique. La loi assure la publicité des classe- 
ments par leur inscription au bureau des hypo'hèques. 
Lts artiquités classées sont impr'scriptibles, et celles 
qui appartiennent à l'Ktat sont inaliénablez ; leur trans- 
-fert hors de France est interdit. 

M. Jean Bavet ne veut pas t°rminer ce substantiel 
résumé de la loi du 31 déc2mbre 1913 sans remarquer 
que nos Chambres ont sagement profité des enseigne- 
me t: fournis par les législations étrangères (inséré sous 
son nom dans le Larousse mensuel d'août, p. 205.) 


M. le comte Olivier Costa de Beauregard. — En ou- 
vrant la séance, M. le Président se lève pour expliquer 
à la compagnie qu'il a pu jusqu'à ces Gerniers temps se 
flatter de voir tous ses membres continuer leurs paisi- 
bles e* fructuouses études. Il n'en est plus malheureuse- 
ment ainsi. Notre excellent coliègue, M. Olivier Costa de 
Beauregard est aujourd'hui en traitement pour trois 


391 


blessures, récemment contractées à la guerre, dont 
une assez grave dans l'aine. Son absence peut d'autant 
moins passer inaperçue, qu'il devait précisément com- 
pléter le dernier procès-verbal par une de ces notes 
substantielles qu'il nous a appris à estimer. Nous ne 
pouvons que souhaiter son prompt e: entier rétablisse- 
ment. 


M. de Vesly a fait profiter à notre Bulletin les loisirs 
forcés que nous imposent les événements et donne Is 
communications suivantes : 


I. — Le Plateau de Bovs. — Guidé par mon dévoué 
collaborateur, M. J. Mulot, de la Mivoie, j'ai fait plu- 
sieurs randonnées sur le plateau de Boos. C'est airsi 
que les nécessités ce la guerre m'ont amené à recon- 
naître diverses curiosités archéologiques desquelles je 
désire vous entretenir. 


A) Colombier du Manoir Boissel. — Dans la commune 
de Bois-d'Ennebourg, au carrefour formé par l’ancienne 
route de Rouen avec le chemin de grande communica- 
tion n° 53, se voit une ferme qui fut l’ancien Manoir de 
Boissel, Dans la cour, un beau colombier bâti de pier- 
res et briques disposées en bandes. Le couronnement 
est composé de briques calibrées et ornées de moulures. 
La construction annonce qu'elle a été file avec un très 
grand soin et vers la fin du xvur° siècle, ainsi que pa- 
rai” l'indiquer la cate de 1779 gravée sur un des piliers 
Ge l'entré? principale. Cependant, la chote la plus cu- 
rieuse se trouve dans la conservation d'une belle porte, 
en pierre, de style François I°", gardée dans la restau- 
ration du colombier, comme pour remémorer la date 
de la construction primitive. 


392 


B) Ancien puils. — Dans la même commune, j'ai éga- 
lement remarqué sur le bord du chemin et un peu en 
contre-haut, un puits avec margelle de pierre et roue 
à chevilles. Ce puits est abrité par une petite construc- 
tion en charpente et pisé ou bauge, coiffée d'un toit de 
chaume, ainsi qu'il était d'usage aux xVrHI° et XVIr° <iè- 
cles. 


Les religieuses de Saint-Amand possédaient notam- 
‘ment, dans leur prieuré de Boos, un de ces puits très 
profond dont l’eau était élevée au moyen d’un manège 
actionné par un cheval. Ce puits est aujourd'hui aban- 
donné, et celui d'Ennebourg le sera bientôt, car les mu- 
railles tombent en ruines et les matériaux combleront 
la cavité. 


C) Gependant, la plus curieuse observation que nous 
avons faite est celle d'un Escalier ogival et à ressauts, 
sur le territoire de la commune de Grainville-sur-Ry 
(canton de Darné'al). Ici encore, notre étude s’est faite 
au milieu des substructures d'un château au moyen âge, 
aujourd'hui démoli. L'emplacement des vieilles murail- 
les se dessine, sur les gazons, lorsque le soleil d'été a 
descéché les herbages. On peut suivre alors le contour 
des courtines et des bastions et jusqu'aux contreforts 
qui les soutenaiernt. 

C'est pour accéder dans les caves que l'architecte du 
xv° siècle avait cons'ruit un curieux escalier de vingt- 
trois marches, puis ensuite un souterrain de huit mètres 
de longueur que le propriétaire actuel a divisé en deux 
parties et destiné à recueillir les eaux. Les premières 
marches ont été enlevées : mais, dès l'entrée, on est 
frappé par une succession d'ogives surbaïiscées, for- 
mant une voûte à ressaut pour chacune des marches. 


m. 


EN re MEncsrenn. = À BLUE NRC PE Emme EEnS + 1 


393 


C'est un cas assez rare dans notre région, où l'escalier à 
vis fut préféré des maitres gothiques (1). 

Viollet-le-Duc dit (2) que dans la crainte de la rupture 
des linteaux, les architectes bandèrent des arcs brisés 
ou en plein cintre, mais, en suivant la déclivité des 
d'grés. Ces arcs étaient tous taillés sur la même courbe 
et avaient leur naissance sur le même nu du mur. Ce- 
pendant, Viollet-le-Duc ne fait mention d'aucune cons- 
truction où des escal'ers à ressaut pouvaient être vus. 
Il se contente d'accompagner son article d'une figure 
donnant la coupe longitudinale d'un escalier à ressaut. 
M. E. Enlart (3), après avoir expliqué que les escali?rs 
droits, à voûte rampante, formés d'une suite d’arcs 
bandés en ressaut comme des voussures, se borne à re- 
produire le dessin de Viollet-le-Duc. De sorte qu'il est 
impossible d'é'ablir une comparaison entre l'accès aux 
caves de Grainville et des escaliers similaires. 

Et cependant, une dispostion des formerets des voû- 
tes nous a frappé. Ceux-ci présentent une saillie, pris- 
matique ou en chanfrein, que ne paraissent pas offrir 
l'exemple donré par Viollet-le-Duc et M. Enlart. Les 
quelques lignes précédentes suffisent à montrer l'inté- 
rêt que présente pour l'archéologie l'escalier de Grain- 
ville-sur-Ry. 

La construction est également à signaler. Le soubas- 
sement est formé de grès rencontrés dans le pays, tan- 
dis que les parties en élévation sont construites de pier- 
res empruntées au calcaire sénonien de la carrière de 
Vascœuil. Tous les matériaux employés ont été pris 


(1) M. ke docteur Coutan a vu un escalier rampant à Saint-Valerv-sur- 
Somme. 

(2) Dictionnaire d'Archit., p. 318. 

(51 Manuel d'Archéologie, 1H, p. 105, fig. 49. 


394 


dans la région. L’escalier des caves de Grainville méri- 
tai! donc une étude spéciale. 


L'examen de la localite m'amène à proposer une autre 
étymologie pour le nom de Grainville. On croit généra- 
lement que Grainville désigne l'emplacement d'une 
Filla granitorum ou villa agraria, en un mot une terre 
d'aboncGance où les céréales étaient entassées. Il n'en 
est pas ainsi. Le nom de Grainville est porté par trois 
communes de la Seine-Inférieure (1), qui toutes sont 
situées en des régions peu fertiles, sur des bancs de sa- 
bles grossiers, d'argiles à silex, appartenant au ter- 
tiaire, ou sur les bords de la faille géologique. Là se 
rencontrent les grès et les poudingues. La nature du 
sol aurait fait donner le nom aux hameaux qui s'y sont 
élevés et le préfixe GRANVS devrait donc être traduit 
par grès ou galets. 


Grainval. — Une autre localité de la Seine-Inféricure 
vient encore appuyer mon argumen'ation. Le petit ha- 
meau, dépendant de Saint-Léonard, s'élève sur les fa- 
lais”s voisines de Fécamp, à la naissance d’une valleu- 
se, aussi connue par le pittoresque de ses éboulis que 
Saint-Léonard par ses sablières de grès. Il ne se trouve 
en cet endroit rien qui indique une culture intensive de 
céréales ni un grenier d'abondance dans l'antiquité. 


Je n'ai pas voulu, d'ailleurs, m'engager à traiter seul 
un sujet dans lequel la géologie intervient. Aussi, ai-je 
demandé à M. Raoul Fortin son avis éclairé. Sa réponse 
est une longue disser'ation dont voici la conclusion : 


(1) Graimville-sur-Ry, Grainville-la-Teinturière, Grainville-Ymauville. 


395 


« [l n'est pas impossible que la dénomination des trois 
« Grainville de la Seine-Inférieure réside dans ld’exis- 
« tence de l'abondance des grès et en sables grossiers, 
« plus grande qu'ailleurs ; matériaux qui ont été autre- 
« fois mis à contribution pour les constructions et em- 
« pierrements de toute nature. » 


= 


2 


End 


M. Raoul Fortin a également observé que les com- 
munes de Grainville-sur-Andelle (Eure) et de Grain- 
ville-sur-Odon (Calvados), <e trouvent dans des condi- 
tions réclamées par notre hvpothèse. Je la propose donc 
à votre sanction ou tout au moins à vos critiques. 


IT. — Calice du 1x° siècle. — Au nombre des objets 
offerts au Musée d'Antiquités par notre collègue, M. L. 
Deglatigny, comme provenant de la collection Gou- 
jon (1), se trouvait un Calice en plomb argentifère (2), 
que je crois pouvoir dater de l'époque carolingienne. 


Ce vase sacré fut recueilli avec sa patène, en 1894, 
ainsi que l'indique une note de son premier possesseur, 
dans un cercueïl ce pierre de Vergelé, rencontré dans le 
cimetière et près de l'église Notre-Dame du Vau- 
dreuil (3). 

Il n'offre ni la richesse de la découverte de Char- 
nav (4) (Côte-d'Or), ni ne présente les délicats filigranes 
ornant le calice de l'évêque Gozlin, aujourd'hui dans le 


(1) M. Gousox, avocat, a écrit deux volumes sur Fhistoire de Notre-Dame 
du Vaudreuil. 

(2) Analvse du métal par M. Crosnier, chimiste à VEcole supérieure 
des Sciences de Rouen. 

(5) Fallis Rudolii. Département de l'Eure, arrondissement de Louviers. 
— CHARPILLON, Diclionn. des Comm. du département de lEure. 

(#) Aujourd'hui à la Bibliothèque nationale, — Comte pr LASTEYRIE, 
Histoire de l'Orfèvrerie. 
9° 26 


396 


trésor de la cathédrale de Nancy (1). Cependant, ainsi 
que ce dernier, il se compose d'une coupe hémisphéri- 
que de 115 "/* d'ouverture, supportée par une tige or- 
née d'une bague ou tore un peu apla‘ti. Malheureuse- 
ment, toute la partie inférieure du pied a disparu : 
alle s’est trouvée corrodée par les matières en décompo- 
sition dans le cercueil et ne présentait plus que des dé- 
bris au milieu d’un humus dans lequel on découvrit 
sept cabochons (2). Ceux-c4 étaient sertis par deux petites 
lamelles d'argent. Ils ornaient le vase du calice où ils 
devaient être en plus grand nombre : car, à l'inspection 
de la coupe, on remarque que plusieurs sont encore 
adhérents, enveloppés dans l'oxydation du métal, et de- 
vaient former en À un motif décoratif. (Foir Le dessin, 
fiy.1.) 

La patène ne comprend qu'un disque de 125 "/" de 
ravon, un peu incurvé, sur 90 "”, ce qui donne un 
marli ou bordure de 19 "/" environ, mais sans aucune 
autre décoration. 


J'ai essavé une reconstitution du calice de Notre-Dame 
du Vaudreuil, en m'inspirant du vase à peu près sem- 
blable de l’évêque Gozlin, c'est-à- dire que j'ai supposé 
le piec formé par un solide de révolution présentant 
une courbure allant en augmentant vers la base, ainsi 
que paraissait l'indiquer la partie CD encore conservée 
de la tige au-dessous de dla bague. J'ai restitué à la coupe 
les huis cabochons qui ornaïient la partie renflée en A 
et esquissé le motif décoratif B dont les bates et deux 


(1) A. DE Cauuonr, Abcre d'archéologie, p. 118: — Abbé BanRaun, 
Bulletin monumental, t. VIT, p. 385 et suiv. 
(2) Deux de couleur bleue, cinq d'une teinte jaune foncé. 


397 


cabochons sont encore visibles. Le vase sacré m'est 

alors apparu dans son état original. (Voir fig. 1.) 
Cette restauration opérée, il me reste à signaler les 

observations auxquelles peut donner lieu la découverte. 


e _Owceture NS...» 


Mig. 1) 
Essai de restauration du Calice de N.-D. du Vaudreuil (Eure) 
(ixe siècle) 


Et d'abord, à quelle époque doit-on rapporter le ca- 
lice ? D'après l'opinion de divers auteurs (1), c'est au 
vinl° siècle que se répandit le mode de décoration par le 
filigrane uni ou tordu et le passage au bijou à surface 


(1) Comte F, ve Lasteynir, op. cit. : — Bouraxcrer Le mobilier func- 
raire ; — A. Pirroy, Les cimetières carolingicns. 


398 


plane au bijou garni de cabochons saillants. De plus, le 
calice de saint Gozlin (1) denne une date et comme le 
vase sacré du Vaudreuil est d'un travail plus simple, 
plus rudimentaire, je ne crois pas être dans l'erreur en 
en fixant l'époque aux dernières années du Ix° siècle. 


Fer 

On peut être surpris de rencontrer la sépulture d’un 
prêtre hors d'une église ; car, il n’est pas douteux que le 
sarcophage du Vaudreuil, ait renfermé le corps d’un 
ecclésiastique. Cependant, il n’y a rien là qui puisse 
surprenüre. 


Déjà, des plaintes nombreuses s'étaient élevées, dès 
le vr siècle, contre l'encombrement des sépultures dans 
les églises, qui transformaient celles-ci en de véritables 
cimetières (2). Les conciles d'Arles (813 c. 21), de Mayen- 
ce et de Meaux (845) n'admirent les honneurs de l'inhu- 
mation, dans les sanctuaires, qu’en faveur des évêques, 
des abbés ou des dignitaires de la prètrise. Théodulfe, 
évêque d'Orléans, fut en cela un des plus zélés réforma- 
teurs, et Charlemagne, dans ses Capitulaires de l'an 
397 (3), priva les laïcs de la sépulture dans les églises. 

Enfin, l'humilité chrétienne inspira, à un grand nom- 
bre de privilégiés, le renoncement volontaire à l’hon- 
neur que beaucoup réclamaient (4). Saint Grégoire 
rapporte que, de son temps, des religieuses et notam- 
ment des abbés qui avaient le droit d'être inhumés 


(1) Evôque de Toul, 922-962. 

(2) Concile de Brague, en 50, défend cette pratique en termes forms. 
Arthur Meureirr, La Sépulture chrétisnne en France, etc, p. 717. 

En) Piv. EP, €. 159, et lv. V, €. 48. 

(#) A. MEURCIER, op. cil., p. 79. 


399 


dans leurs églises s'en abstinrent modestement (1). 
Muüis, il n'y eut pas que les religieux qui ne voulurent 
pas, par humilité, réclamer leur sépulture dans les 
églises. Au x° siècle, Richard de Normandie ordonna 
« Stbi ercidi sarcophagum ex silice » et demanda de 
plus à ê’re enterré sous le larmier de l’église abbatiale 
üc Fécamp, qu'il avait fondée (2). Le même sentiment 
d'humilité inspira plus tard, au bienheureux Jean, 
évèque d'Auxerre, le désir d'être déposé sous l'égout 
de son église ; mais on le reporta, dans la suite, à l’in- 
térieur, devant l'autel de saint Pierre (3). 


On voit, par ces citations, la contribution que l'étude 
de la sépulture et du calice trouvés au Vaudreuil, peu- 
vent apporter à l’histoire de cette commune, déjà con- 
nue par le Palais où résida la fameuse Frédégonde ; 
par la valeur de ses archers à la ba'aille d'Hastings (4), 
et le séjour qu'y firent plusieurs rois de France et d’An- 
gleterre (5). 


M. Joseph Déchelette. — La Commission ne saurait se 
séparer sans donner un souvenir ému à l’archéologue 
distingué que fut M. Décheleite, ravi par la guerre à 
nos chères études. Conservateur du musée de Roanne, 
sa patrie, un quart de siècle de collaboration à nos 


(1) Liv. TT, dial. 98. 
(2) Gallia christ, tt. I, p. 294. 
(5) Hexay, Histoire de Saint-Germain d'Aurcrre. 


(#) Li archiers des val de Roël 
Ki estaient de grant orgoël 

Ensemble oels, cex de Brestoel 

À mains Englis ont creve l'œl. 
(lioman de Roui. 


(©) Plhilippe-Auguste, Richard Cœur de Lion, Louis VIHI et saint Louis. 


400 


grandes revues l'avait préparé à ce-magistral Manuel 
d'archéologie préhistorique et celtique, qui en fit un 
correspondant de l’Institut (Académie des Inscriptions 
et Belles-Letlres). 


I1 allait mettre sous presse le manuel de la période 
romaine, heureux que son titre de frère de Mgr d'Evreux 
dût lui fournir l'occasion de venir étudier notre théâtre 
de Lillebonne, comme il l'avait écrit au conservateur 
départemental. 


M. le Président déplore doublement pour d'archéolo- 
gie la perte de ces hommes d'avenir fauchés par la 
mort, au champ d'honneur, en pleine valeur et activité. 


Il lève ensuite la séance à quatre heures moins le 
quart. 


A. TOUGARD. 


401 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1914 


Elle ouvre à deux heures et quart, sous la présidence 
de M. Gaston Le Breton, vice-présiaent, M. le Préfet, 
président, excusé de ne pouvoir y assister. 


Membres présents : MM. Cahingt, Coche, Duveau, 
Garreta, Poussier, Minet, Pelay, Vernier, de Vesly et 
l'abbé Tougard. 

Se sont excusés : MM. Georges Dubosc et Delabarre. 


Le procès-verbal de la dernière séance est adopté 
après une légère rec{ification demandée par M. Vernier. 


Correspondance imprimée. — Quatre pièces seule- 
ment, dont deux enregistrées à la dernière heure : So- 
ciélé.… de l'Orne, XXXII, livr. 3 et 4, deux fasc. ; Bul- 
letin archéol. du Comité, 1914, 1® Livr ; — report de la 
Smithsanian Institution. 


Lettre de M. O. Costa de Beauregard. — En ouvrant 
la séance, M. G. Le Breton, après un affectueux merci à 
M. Vernier pour la bonne hospitalité de son bureau, se 
fait un plaisir de communiquer à ses confrères la lettre 
que M. O. Costa de Beauregard leur a écrite dès le 15 
courant. 


« M. le Président, bien sensible aux aimables senti- 
« ments que vous avez bien voulu m'exprimer, j'ai le 
« regret, quoique revenu à Sainte-Foy pour un congé 
« de convalescence, de ne pouvoir encore me rendre à 


402 


« la réunion de la Commission des Antiquités, vendredi 
« prochain. J'aurais été heureux de me retrouver près 
« de vous et de nos érudits collègues, 

« J'aurais pu leur dire toute l'horreur Gu premier 
« bombardement de cette jolie ville d'Arras à l'entrée 
« de laquelle J'ai été blessé il y a quelques semaines. 
« Depuis, et à la suite de je ne sais combien d'autres 
« Journées de bombardement, il ne demeure plus rien 
« de cette charmante ville que vous avez dû visiter plus 
« d'une fois avec admiration. Ce sera certainement, 
« avec la destruction de Reims et Ge Louvain, un des 
« pires crimes que l’on pourra reprocher au vandalis- 
« me des Allemands. 

« Veuillez bien agréer l'expression de mes sen'iments 
« les plus dévoués. 


s _« O. COSTA DE BEAUREGARD. » 


M. le Président rappelle à cette occasion que notre 
concitoyen, M. Paul Bellon, qui réside actuellement à 
Saint-Nicolas-lès-Arras, n'a pas voulu se séparer des 
précieuses collections d'antiques que son père, M. Emile 
Bellon, l'amateur bien connu, réunit avec tant de goût, 
à cet endroit, après avoir cessé d'habiter Rouen. 


M. de Vesly, conservateur du musée départemental, 
donne lecture des quatre communications que voici : 


I. — Carapaçon de cheval, — Le musée de Rouen 
possède le harnoïs d’apparat du cheval du marquis de 
la Trousse, qui fut gouverneur de la ville d'Ypres pour 
le roi Louis XIV. 


C'est une pièce d'éloffe rouge, échancrée à l’une de 
ses extrémités pour l'encolure du cheval, tandis qu'à 


i 403 


l'opposé elle est arrondie pour recouvrir la croupe. La 
décoration comporte une triple bordure, brodée en ap- 
phication et fournie de feuilles jaunes trilobées, dispo- 
sées en torsade sur un ruban ondé &’un vert clair. Les 
torsades contournent la partie arrondie sur laquelle 
sont brodées en relief les armoiries du gouverneur (1). 
Elles ont permis à notre collègue, M. Garreta, d’identi- 
fier le personnage possesseur du harnais : 


Philippe-Auguste Le Hardy, marquis de La Trousse, 
seigneur de Crénoil, Concherel, Rademont, Vialmou- 
lins et Limésy ; capitaine, lieutenant des gendarmes. 
Dauphin, créé lieutenant-général des armées du roi en 
1677 ; promu Chevalier des ordres du Roi, le 31 décem- 
bre 1688 ; nommé gouverneur d'Ypres. — Il mourut en 
1600. 


Il est très regrettable que les grandes médailles de 
l'archange et du Saint-Esprit qui pendaient aux colliers 
des ordres du Roi soient enlevées. Néanmoins, comme 
la pièce d’étoffe a peu souffert, c'est encore un curieux 
témoignages des victoires de nos armées dans les Flan- 
dres au XvIr siècle. 


. Comment ce carapacon est-il entré au musée d’anti- 
quités ? Je ne saurais le dire ; mais ce que je n'ignore 
pas, c’est qu'il fut question, il y a peu d'années, c'un 
échange avec la municipalité d'Ypres. Le projet dut être 


(1) D'azur, au chevron bordé, potencé et contrepotencé d'or, rempli de 
sable : au chef de même, chargé d'un Non léopardé de gueules, 

L'écu timbré d'une couronne ducale et ceint des colliers des ordres de 
Saint-Michel et du Saint-Esprit, ee qui fait que leur titulaire était alors dé- 
siwné sous le titre de chevalier des ordres du Roi. 


404 : 


abandonné pour cette raison que la provenance ne pou- 
vait être suffisamment justifiée. 


M. Liard, secrétaire général de la Préfecture, émit 
plus tara l'avis de déposer ce harnais au Musée de l'Ar- 
mée, mais les choses en restèrent là. 


II. — Fragment d'un rétable à Bouelles. — La com- 
mune de Bouelles ayant projeté d'aliéner la partie d'un 
rétable en bois sculpté déposé dans le presby:ère, je 
fus désigné par l'administration préfectorale pour don- 
ner mon avis sur l'ahénation we l'objet et en estimer la 
valeur. 


Je me rendis à Bouelles pour remplir cette mission. 
Le fragment de retable à aliéner est en bois de noyer, 
et date de la fin du xv° siècle ou des premières années 
de la Renaissance. Il repré _ente la mise au tombeau sui- 
vant les usages de l’époque. Relativement à son origine, 
M. Thureau-Dangin, maire, m'a appris qu'il avait été 
apporté au presbytère par un ancien curé de la com- 
mune qui l'y avait abandonné. Malheureusement le 
dernier desservant, ayant peu de souci des objets d'art, 
avait laissé le bas-relief subir les outrages d'un com- 
mencement d'un feu de cheminée. A cette grave détério- 
ration s'étaient ajoutés les injures au temps et les tra-- 
vaux des insectes, de sorte que je dus conclure que Île 
fragment de bas-relief n'avait que peu de valeur intrin- 
sèque et que les réparations à faire enlèveraient le ca- 
ractère archaïque de l’objet, la plupart des visages et 
des têtes des personnages étant mutilés ou absents. 

M. Thureau-Dangin ayant trouvé un Américain of- 
frant 500 francs pour l'acquisition de l'objet informe, 
j'adoptais la proposition et la partie de rétable fut re- 


405 


mise entre les mains d’un de nos restaurateurs les plus 
renommés. 


Cependant, ce n'est pas sans hésitation que j'avais 
pris la détermination de la vente, car j'ai reconnu dans 
cet'e partie du pays de Bray les traces &’une école que 
je désignerai par Ecole de la vailée de la Bresle, la- 
quelle a donné de nombreuses statues aux églises de la 
région, de beaux calvaires aux carrefours des routes, 
et dont les frères Anguier restent les maîtres célèbres. 


_ De mon voyage à Bouelles, j'ai encore à mentionner, 
après l'abbé Cochet, la belle statue de la Vierge, en 
pierre et de grandeur naturelle, portant de la main 
droite un sceptre à la fleur de lis. Cette œuvre remar- 
quable est due au xvr° siècle et proviendrait de Beau- 
bec. 

Le berceau en bois, soutenu par &es têtes et des orne- 
ments sculptés date du xvr° siècle. Chacune des plan- 
chettes de mérain qui le compose, est décoré d’arabes- 
ques, de monogrammes et d'armoiries tracés en blanc. 
Parmi ces armoiries se reconnaissent celles des Pardieu 
et des Longuence. Le nom du menuisier qui l'a exécuté, 
ainsi que la date, se lisent sur le côté droit et au-dessus 
de la porte : « Delamare, 1634 ». L'abbé Cochet, avec sa 
prescience, avait fixé la construction à l’année 1640 (1). 


TIT. — Staluelte de Vierge unibrachiste. — M. de Ves- 
ly place sous les yeux de la Commission une statuette 
en bois de la Vierge, pouvant être Gatée du xvr° siècle et 
qui présente une curieuse anomalie : cette statue est 
privée de son bras droit. L'absence du bras ne provient 
ni d'une mutilation, ni d'un choc ayant enlevé le mem- 


(D) Répertoire archéologique, p. 255. 


406 


bre. La statuette, qui est polychromée, est bien telle 
qu'elle à été taillée intentionnellement avec suppres- 
sion du bras droit. La famille Flavigny (du Mesnil-Es- 
nard), est bien connue pour ses sentiments religieux et 
très orthodoxes. Elle a conservé pieusement l'héritage 
ancestral sans aucune altération. De plus, j'ai soumis 
la statuette à l'examen attentif de sculpteurs et d'anti- 
quaires compétents. Aucun de ces experts n’a reconnu 
l'enlèvement du bras après l'achèvement de l'image. Il 
me reste, en soumettant le petit monument à la Com- 
mission, de la prier de m'éclairer, car malgré mes re- 
cherches, je n'ai pu découvrir ni le motif, ni la dévotion 
qui ont pu faire créer l'anomalie de la Vierge unibra- 
chiste. | 

Cette statuet'e de la Vierge à bras unique doit cons- 
tituer une curiosité archéologique peu commune. Rien 
n'indique, &ans l'état actuel de cette sculpture un re- 
maniement postérieur à l’état primitif. M. le Président 
ne peut que supposer que cet intéressant travail était 
destiné à un rétable qui ne laissait point la place des 
deux bras. I] serait, dit-il, bien utile de rapprocher d'un 
travail similaire, déjà publié dans un recueil de gra- 
vures tel qu'en ont dressé les PP. Cahier et Martin, 
Mgr. Barbier de Montault et autres. 


IV. — Vestiges de vieux monuments. — Sans parler 
des remparts élevés à la hâte lors des invasions du zxr° 
siècle, j'ai bien souvent remarqué dans les localités où 
ont existé des monuments romains ou des châteaux du 
moyen âge, des pierres, des fragments d’incriptions ou 
des sculptures provenant d’antiques édifices : n'aurai-je 
à citer que Criquebeuf-sur-Seine et Martot (Eure). 

Mes recherches m'amènent à signaler, aujourd’hui, 


407 


la maison construite rue des Croizilles n° 112, occupée 
par M. Campion, horticulteur. Cet immeuble a ses fon- 
dations entièrement construites avec les débris prove- 
nant de la cathédrale Ce Rouen, achetés par un entre- 
preneur à l'époque de l'enlèvement du chantier installé 
dans la cour d’Albane. ) 

Une autre maison, celle-là située à l'angle sud des 
rues Cousin et de la Corderie, a les marches d'accès, 
sur ce'te dernière rue, formées par des dalles tumulai- 
res provenant de l’ancienne église Saint-Hilaire, de 
Rouen. Les inscriptions peuvent se lire au-dessous, car 
ces pierres ont été simplement retournées et dressées 
par M. Monflier père, entrepreneur. 


IT. — Un chiffre énigmatique. — T1 y a deux ans, 
un journal parisien (1) publiait, nar la plume d'un de 
ses rédacteurs, un appel aux lecteurs pour les inviter 
à rechercher, dans leurs archives familiales, l'énigme 
séculaire d’un monogramme ou chiffre que nul n'a ja- 
mais pu percer. 

C'est un sorte de quatre [4] qui se marie avec une 
lettre ini‘iale souvent surmontée d'un globe terrestre. 
Les érudits, spécialistes en monogrammes, l’appellent 
« quatre de chiffres », mais jusqu'ici encore, aucune 
personne n’est parvenue à en dire l'origine ni île sens. 

J'avoue que je ne suis pas plus heureux, mais la re- 
cherche de la solution du problème m’a amené à réunir 
quelques exemples que je désire vous exposer. 

Je ne les ai pris ni dans le commerce, ni l’industrie, 
quoique certains négociants emploient ce symbole sur 
les factures et sans en connaître l'origine. Un marchand 


(1) L'Eclair, n° du 12 avril 1912. Signé Bruicourt. 


408 


de vins de Bordeaux en faisait notamment usage, de- 
puis fort longtemps, sans jamais s'être soucié de l'ori- 
gine Ge sa marque. 

C'est aux monuments ou aux habitations que je suis 
allé demander le. monogramme sculpté sur leurs mu- 
railles ou peints sur leurs vitres. 

Et, tout d'abord, à l’église Saint-Vincent, de Rouen. Il 
existe dans les verrières de la galerie ou triforium de 
cette église, qui ne sont pas antérieurs au xvi° siècle, de 
fort curieux panneaux. L'étude de ces vitres a été un 
peu délais:ée par suite de l'attrait des splendides pein- 
tures sur verre décorant les baies des nefs et du chevet. 

C:pendant, lors des visites pour le classement des 
objets d'art par MM. Deglatignv, Garreta et moi (1), no- 
tre attention fut attirée par la beauté et l'originalité de 
quelques-uns de ces vitraux déjà signalés par M. Paul 
Baudry (2}, e* dont M. Gruz:lle a reproduit ‘’un d'eux, 
en une chromo, pour le Bulletin de la Société des Monu- 
ments rouennais (3). Cependant, nous avions été fort 
intrigués par deux écussons peints sur deux vitres dans 
la partie nord de la galerie, et portant sur champ d'or 
le & quatre de chiffre » avec les lettres T et M faisant 
monogramme, le tout entouré d’une cordelière. (Voir 
fa. 1.) 

Dans les mêmes baies (1"° et 2° de la façade nord), se 
voient également Geux vitraux portant un écusson, 
parti au premier de sable à quatre têtes de loup d'’ar- 
gent, placées l'une sous l'autre. Le tout enveloppé de la 
cordelière. (Fig. 2.) 


(1) Séanee de Ta Commission de classement du 27 janvier 1908, p. 5 

2) L'Eglise paroissiale de Saint-Vincent, € XNE, p. 119. — Voir P. Bau- 
pry, p. TOITS abbé Rinaun, op. cit, p. 47. 

(5) Bulletin, année 1912, p. 59-40. 


409 


y 19 LT 
EGLISE SAINT-VINCENT DE ROUEN 
Troisième panneau de la 1° et 2° vitres du Triforium (Façade du nord) 


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419 


ei Leo ChAass , 


3 re. 
FES Ses 


EGLISE SAINT-YINCENT DE ROUEN 
re et 2e Verriéres de Ja Galerie du Triforium (Facade du nord). 


411 


Mais ici la cordelière ne présente pas les entrelacs 
qui se voient à l’en'‘our des armoiries des femmes veu- 
ves ou filles. C'est une corde simplement enroulée et 
qui a dû être employée pour symhole de personnages 
affiliés à une confrérie de Saint-François. Ge n’est d'ail- 
leurs qu'une hvpothèse, puisque les recherches qui ont 
précédé les miennes n'ont donné aucun résultat (Fig. 2). 


L'église Saint-Vincent, de Rouen, offrirait encore un 
autre exemple du « quatre de chiffre » inscrit à la par- 
tie gauche et inférieure du vi'rail des Chars (F1g. 3). 
Cependant, ici, je n'ose avancer l'hypothèse puisque de 
vitrail a été brisé, puis réparé et que le verrier n'a pas 
compris le symbole : il a laissé apercevoir son indéci- 
sion. 

C'est ésalement sur une ancienne vitre de l’église de 
Seurres (Côte-d'Or) qu'a été relevé le « quatre de chif- 
fre » orné d'un grand G. (Fig. 4.) L'église paroissiale de 
cette petite commune a été édifiée par la famille de Bos- 
suet. 

Les deux autres exemples qu’il me res'e à citer sont 
empruntés à des monuments. 

Le premier porte la date de 1553. (Fig. 5.) Il montre 
le champ d'un écu sculpté sur la margelle d'un puits 
de l'ancienne église de Saint-Gilles, à Abbeville. 


Le croisillon du 4 se trouve être placé à droite, tandis 
que sur les verrières de Saint-Vincent et de Saint-Leur- 
res, 1l occupe le côté gauche. Il est décoré d’un G à sa 
partie médiane et le pied, fourchu, du chiffre, donne 
deux équerres entrecroisées. 

Le dernier exemple que je donnerai, c'est le chiffre 
relevé sur l'architrave d'une maison, aujourd'hui démo- 
lie et qui portait le n° 22 Ge la rue Ecuyère. Cette grosse 

27 


412 . 


poutre était sculptée d'un cartouche oval, entouré de 
feuillages, au centre duquel se voyait le chiffre 
curieux, au milieu, da let're D. Le pied formé de deux 
équerres comme au puits d'Abbeville. De chaque côté 
du chiffre, deux cercles ou besants. Deux culots relient 
sur la fasce ménagée sur la poutre, où se trouve inscrite, 
en deux parties, la date 1608. 


Anc” Eglise S° Gilles à Abbeville (Somme) 


£. = 


AA 


M. E. de la Querière (1) auquel j'ai emprunté ce der- 
nier exemple, déclare ne pouvoir expliquer ce chiffre 
mystérieux. Néanmoins, il croit qu'il était employé par 


(1) Recherches historiques eur les Enseignes des Maisons, p. 21-92. 


413 


les imprimeurs pour marquer leurs livres et que sou- 
vent cette marque leur servait d'enseigne. 


Les hypothèses émises sur le chiffre mystérieux ont 
été nombreuses. On a proposé d'y reconnaître le signe 
de la planète Jupiter ou celui désignant Mercure, le 
dieu du Commerce, üont il ne serait qu'une forme ren- 
versée. Tel qu'on le voit sur l'enseigne d'un apothicaire 

Dieppe, publiée par M. Poussier (1). Enfin, on à 
voulu l'identifier au quatre pythagoricien. Ces hypo- 
thèses, quelque séduisantes qu'elles puissent paraître, 
n'ont pas résolu le problème. 

La Commission des Antiquités du département de la 
Côte-d'Or en a repris l'étude dans ses séances des 15 fé- 
vrier et 15 mars 1912 ; elle a vu un de ses membres, 
M. le docteur Jourdin, propos®r pour la solution du 
vieux problème, la désignation du « Signe de la Croir ». 
M. Henri Chabeuf, président de la Commission, a ré- 
pondu que si le graphique. du signe de da croix donne 
un 4 de chiffre, il devrait être dessiné la pointe en bas. 
Exemple : 


front 


épaule droite épaule gauche 


poitrine 


0 


Or, tous les exemples cités reproduisent au contraire le 
signe la pointe en haut. 

Le docteur Jourdin a aussi émis un autre argument, 
mais d'ordre tout moral, pour appuyer sa thèse. Com- 


(D) Société du Vieux-Rouen. Séance du 29 janvier 1914. 


414 


me le signe emblématique se rencontrait, surtout à 
l'origine, chez les imprimeurs (1), dont l'autorité ecclé- 
siastique suspec'ait souvent l’orthodoxie, l'emploi si 
fréquent du signe catholique n'était-i]l pas apposé pour 
la rassurer. 

Quelque ingénieux que soient les arguments produits, 
ils ne sauraient nous satisfaire complètement, car ils 
ne répondent pas aux exemples que nous produisons. 

En effet, pour le chiffre tracé sur deux des panneaux 
des vitrés de la galerie de Saint-Vincent, entourés d’une 
cordelière, ‘je crois que ces panneaux ont é‘é donnés 
par les maîtres d'une confrérie de Saint-François, et 
l'hypothèse serait que les donateurs eussent été Jean 
Viel et Perrette de Mauny, sa veuve, laquelle n'était 
pas noble (2), aurait simplement fait peindre la ïet- 
tre M, première de son nom, au bas du chiffre. Tant 
qu'à Guillaume Viel, bourgeois, il aurait été le posses- 
seur des armoiries aux quatre têtes de loup qui ne figu- 
rent sur aucun des nobiliairas de Normandie. Cepen- 
dant, force nous est de ne pouvoir appuyer nos hypo- 
thèses. 


En ce qui touche les chiffres relevés à Abbeville et 
sur la maison de la rue Ecuyère, à Rouen (fig. 5), 
nous dirons que, pour cette dernière, on pourrait faire 
intervenir le symbole du dieu du Commerce ; car, non 
loin de cette maison, rapporte le chanoine Deudemare, 
« s'élevait l'église de Saint-Pierre-l'Honoré, construite 
« sur les ruines d’un ancien temple de Mercure ». Ce 


© (1) H. Janart, Les Incunables. Cat. bibliot. Reims ; — Sizvestrr, Les 
Marques d'Imprimeurs. 

(2) Le domaine de Mauny était au commencement du xvis siècle, en la 
possession de la famille de Dreux-Brézé et de Diane de Poitiers, veuve du 
Sénéchal de Normandie, 


415 


serait pour ce motif, ajoute M. Périaux, dont le dic- 
tionnaire m'a fourni cette citation, que la rue Ecuyère 
aura porté longtemps le nom de rue Mercurière (1). 


Je crois qu'il ne faut pas attacher à cette coïncidence 
plus de valeur qu'elle n’en comporie et qu'il faut voir 
dans le pied des deux chiffres &e Rouen et d'Abbeville, 
formé par deux équerres entrecroisées et sculptées sur 
la poutre principale d’un logis ou sur la margelle d'un 
puits, les attributs d'une corporation d'ouvriers Ccons- 
tructeurs. 

Je reconnais que ma théorie ne dévoile pas complètc- 
ment l'origine cachée, peut-être même n'a-t-elle pas 
effleuré la solution du ténébreux problème. Cependanf, 
elle aura démontré qu'en la ville de Rouen ont existé 
plusieurs de ces symboles dons le sens érotérique est 
perdu (2). 


IV. -— Les Verrières du « Miracle des Billettes » au 
Musée d'Antiquités. — On n'ignore pas qu'après la Ré- 
.volution, Ge nombreux meubles et ornements d'églises 
et de monastères désaffectés, furent répartis entre les 
divers musées de notre ville dont ils devinrent les pre- 
miers fonds ou entre les édifices conservés à l'usage du 
culte. ° 

C'est ainsi que le Musée d'An'iquités possède, depuis 
1832, une suite de vitraux provenant de l'église Saint- 
Eloi de Rouen, devenue, lors du Concordat, un temple 
protestant. 


(D) N. PéRiarx, Dict. des Rurs et Places de Rouen, p. 196. 

(2) Plusieurs membres estiment que c’est parmi les imprimeurs qu'a 
pris naissance le mystérieux emblème. La question n'a pas encore été étu- 
diée à fond, quoi qu'elle mérite de l'être. (Addition du S.) 


416 


Ces verrières dat-nt du xvr: siècle et ont été utilisées 
pour clore trois Ges baies de la galerie Cochet, dans la 
façade nord du Musée. Elles sont divisées chacune en 
deux panneaux ou tableaux et reproduisent l'Histoire 
du Juif et de l'Hostie, autrement dite « du Miracle 
des Billetles ». 


Un insigne, formé de cuivre fondu, battu, ciselé et 
orné de pierres précieuses était porté, lors des proces- 
sions solennelles, dans un couvent de Paris, pour rap- 
peler le miracle. Passé dans le commerce, il avait fait 
d’abord partie ‘üe la collection Soltikoff (1), et est au- 
jourd'hui au Musée de Cluny (2). Il a conduit M. du 
Sommerard à rechercher l'origine de ce bijou et la 
très curieuse légende qui l'avait fait créer. Voici cette 
anecdote, célèbre au moyen âge (3). 

« En 1290, une femme de Paris procura à un juif, 
nommé Jonathas, une hostie consacrée. Ce dernier, 
après l'avoir percée à coups de canif et en avoir vu cou- 
ler le sang, après d'avoir jeiée au feu et l'avoir vue volti- 
ger dans les flammes, la mit dans une chaudière d’eau 
bouillante qu'elle rougit sans être altérée. Une indiscré- 
thon du fils de Jonathas et la curiosité d'une voisine, 
firent connaître cette tentative sacrilège. La voisine re- 
cueillit l'hostie et la porta au curé de Saint-Jean-de- 
Grève. Jona‘has fut arrêté par l'évèque de Paris, avoua 
£on crime, fut bruülé vif et sa maison rasée de fond en 
comble. 

En 1294, une chapelle, dite de la Maison des Miracles 
et bâtie par Rainier Flamming, s'éleva sur le terrain de 


(1) No IR du catalogue de la collection. 
(2) No ol Catalogue du Sommerard. Edit, de 1867, p. 50467. 
©) Du Sommerard, 6p. cit, p. 9566-67. 


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3e VITRAIL 


$® TABLEAU 


Coment la fame en la maison 
Du Juif penetra par surprise 

Au temps qu'il dort oultre raison 
Ft puys la saincte hostie a prise 


6© TABLEAU 


Coment la fame adroict plaignante 
Contre le Juif, de sens rassis, 
Porta l’hostie non plus saignante 
Au Prévost dans sa chaire assis. 


2° VITRAIL 


3° TABLEAU 


Coment la bourgeoise sans craincte 
La saincte hostie au Juif livra 
Qui puys après luy délivra 
L'habit sans argent ni contraincte 


4° TABLEAU 


Coment la mist dessus la table 
Et puys frappa l’hostie au sang 
Et de sa daigue détestable 

Troys foys en fist sortir du sang. 


er VITRAIL 


IST TABLEAU 


Coment la bourgeoise porta 

Sa robe au Juif pour mettre en gage 
Puys croyant au mauvais langage 
Du Juif, de sens se transporta. 


2° TABLEAU 


Coment la bourgeoise séduicte 
Par le Juif à Dieu malédict 
Luy accorda sans contredict 

De livrer l’hostie sans conduicte 


ct, me td 


417 


Jogathas. Guy de Joinville y fonda un monastère, 
agrandi, en 1299, par Philippe le Bel. Clémence de Hon- 
grie enrichit ce couvent, où « Dieu fut bouilli », et, en 
1685, on lisait encore cette inscription : « Ci-dessous, le 
Juif fit bouillir la sainte Hostie ». 

La chapelle de la Maison des Miracles ou des Billet- 
les s'élevait non loin de la rue Jean äe Beauvais, à Pa- 
ris. Elle devint aussi un temple protestant, et fut dé- 
molie lors du percément de la rue des Ecoles. Quelques 
auteurs ont placé à Bruxelles le lieu où se serait passé 
l'acte de Jonathas. Ils ont été influencés, sans doute, par 
la complainte d'Isaac Laquedem, que nous avons en- 
tendu chanter dans notre enfance et qu'illustrait un de 
ces bois gravés à Epinal. | 

Le verrier a représenté les différentes phases de la 
légende en six tableaux, mais il est probable que deux 
autres tableaux, figurant la condamnation et le sup- 
plice du Juif, manquent aujouru’hui. 


Les deux premiers tableaux représent la bourgeoise 
et le Juif contractant leur marché (Voir le dessin, fig. 1). 
Le troisième et le quatrième, la livraison par la bour- 
geoise de l'hostie au juif et la profanation par ce der- 
nier (/tg. 2). Les cinquième et sixième tableaux, le rapt 
de l'hostie par une femme pendant le sommeil éu juif 
et la remise au prévôt (/1q. 3). 

Chacun des tableaux porte à sa partie inférieure la 
fraction de la légende qui a fourni le sujet : ces ins- 
criptions ont élé complétées par l'abbé Cochet (1) et 
sont formulées en un quatrain de vers français que 
nous reproduisons : 


(1) Catalogue du Musée d'Antiquités édit. 1875, p. 51, 52. . 


418 


Toutes les scènes sont à deux personnages, sauf peur 
ce dernier tableau où le prévôt est représenté entouré 
de serviteurs, se déroulent au milieu d’une architecture 
à arcades, laissant apercevoir des lointains ainsi qu'en 
usalent, dans leurs tableaux, iles artistes de la renais- 
sance. 


Le juif est représenté vêtu d’une longue robe d'un 
ton rouge éclatant Elle est ornée de broderies, de den- 
telles, d'agrafes en or et pierreries qui complètent sa 
richesse. Le vêtement de la bourgeoise est très simple. 
Il se compose d'un violet de deux tons soutenu seule- 
ment par le brun foncé d’un camail, comme il convient à 
un personnage de rang modeste. Il forme, de plus, con- 
traste avec le costume du riche prêteur. 


Des colonnes, des frises, des poutraisons de marbres 
colorés, ornés de sculptures complètent le cadre où se 
meuvent le Juif et la Bourgeoise de la légende des Bil- 
lettes. 


La photographie ordinaire ne peut reproduire l'effet, 
de ces tableaux de verre, ni donner l'impression des 
tons multiples et colorés. Cependant, quelques ama- 
teurs, MM. Monfray et Bouillon, ont projeté sur l'écran, 
dans une séance du Photo-Club rouennais, des clichés 
qu'ils avaient obtenus sur des plaques spécialement 
préparés pour la couleur. 


Personne ne réclamant la parole, M. G. Le Breton, en 
remerciant tous les membres présents de leur utile 
concours, lève la séance. 


A. TOUGARD. 


419 


LISTE DES MEMBRES 


DE 


LA COMMISSION DES ANTIQUITÉS 


- DE LA SEINE-INFÉRIEURE 


Décembre 1914 


Dates Noms Qualités 

1911, 1* novemb. BRELET, O. %, I. £à, C. &, Préfet de 

| Ja Seine-Inférieure, président. 

1875, 3 juin. LE BRETON (Gaston), O.%, I. %#, 
C.k, correspondant de l'Institut, 
directeur général honoraire des 
Musées du Département et de la 
ville de Rouen, vice-président 
(arrêlé du 19 mai 1908). 

1871, 27 novemb. BARBIER DE LA SERRE, inspecteur ho- 
noraire des Eaux et Forêts, à Pa- 
r'is. 

1873, 9 avril. PELAY (Edouard), président de la 
société Rouennaise de Bibliophi- 
les, à Rouen. 

1875, 3 juin. ToucarD (l'abbé), A.£ÿ, docteur ès 
lettres, secrélaire de la Commis- 
sion, Rouen. 

1879, 13 décemb. LErFoRT (Lucien), #%, architecte en 
chef du département et des mo- 
numents historiques, Rouen. 


420 


1880, 


1885, 
1887, 


1891, 
1897, 


1897, 
1898, 


1900, 


1902, 


1904, 


1904, 


28 août. 


13 juillet. 
22 octobre. 


23 mai. 
22 février. 


10 mars. 
29 août. 


1 août. 


26 juin. 


30 janvier. 


a0 janvier. 


VESLY (Léon de), I. #ÿ, &, directeur 
du Musée départemental d'anti- 
quités, conservateur des monu- 
ments historiques de la Seine-In- 
férieure, Rouen. 

MILET, %, I. £ÿ, con ervateur hono- 
raire du Musée de Dieppe. 

GARRETA (Raphaël), I. #5, ancien ad- 
joint au maire de Rouen. 

COUTAN (D'), archéologue, à Rouen. 

DuBosc (Georges), I.£ÿ, critique 
d'art, à Rouen. 

VALLÉE (Elvire), A.*%ÿ, agent voyer 
d'arrondissement, à Yvetot. 

DEGLATIGNY (Louis), ancien négociant 
à Rouen. 

LE VERDIER (Pierre), doct. en droit, 
conseiller général et maire de Bel- 
mesnil, à Rouen. 

BEAUREPAIRE (Georges de), doceur 
en droit, inspscteur divisionnaire 
de l'Association normance, direc- 
teur de l’école supérieure libre de 
droit, à Rouen. | 

BRUNON (D' Raoul), #, I. #, direc- 
teur de l'école de médecine, mé- 
decin des hôpitaux, à Rouen. 

RUEL (George:), I. £, architecte, 
professeur à l'école régionale des 
Beaux-Arts et à l'école régionale 
d'Architecture, à Rouen. 


1905, 
1907, 


1907, 
1908. 


1908, 
1909, 
1910, 
1910, 
1912, 


1912, 


‘1912, 
1913, 


1913, 


8 juin 


22 février. 


22 février. 
10 avril. 


30 mai. 


12 juillet. 


26 novemb. 


26 novemb. 


19 février. 


19 févr'er. 


19 février. 


21 juillet. 


21 juillet. 


421 


BOUCTOT, député, conseiller général, 
maire de St-Martin-Osmonville. 
par Saint-Saëns. 

LORMIER (Georges), X, &, k, avocat, 
conseiller général, directeur du 
Musée de céramique, à Rouen. 

VERNIER (Jules), I. &ë, archiviste du 
département, à Rouen. 

DuvEAU (Edouard), A.£#5, ingénieur 
civil, à Rouen. | 
MINET (E.), A. f, directeur du Mu- 
sée de peinture et de sculpture, à 

Rouen. 

DELABARRE (Edouard), A.*£, archi- 
‘ecte diplômé du Gouvernement, 
professeur à l'école régionale d’Ar- 
chitecture, à Rouen. 

CAHINGT, I. &, professeur au Collège 
à Dieppe. 

POUSSIER (Alfred), ancien pharma- 
cien, à Rouen. 

AUVRAY IE.), architecte, inspecteur 
des édifices diocésains, à Rouen. 

COCHE, %, I. £, ancien maire de 
Dieppe. 

COSTA DE BEAUREGARD (comte Oli- 
vier), %k, archéologue, à Sainte- 
Foy, par Longueville. 

LABROSSE (Henri), A. £ÿ, archiviste- 
paléographe, conservateur des bi- 
bliothèques de la ville de Rouen. 

LE SAUNIER (Paul), à Rouen. 


423 


TABLE DES NOMS D'HOMMES ‘ 


Acarie, 79. 

Aiguillon, 85, 86, 102, 105, 108 

Albon, 124. 

Allard (Paul), 79, 200. . 

Alégre, 215. 

Amécourt, 225. 

Andely (Jean d'). 12. 

Angennes-Rambouillet, 65. 

Antonin, 270. 

Archambault, 3417. 

Argeneon, 91. 

Argenson (Voyer de Paulmy d), 
51. 

Arnault d'Antilly, 66. 

Arnault (Antoine), 66. 

Arson, 289. 

Aubé, 19. 

Aubert, 90. 

Audouart, 108, 109. 

Auvray, 9. 


Rachelet, 18. 
Bailleul, 69. 
Baridlon, 215. 
Barraud (abbé). 996. 
Barriére-Flavy, 283. 
Barrey, 910. 
Barthélémy, à. 
Baudard, 559. 
Baudouin, 195, 194. 
Baudry (Paul), 75, 408. 
Bavet (Jean), 990. 


Bazard, 120. 

Beauregard (Costa de), 3, 17, 6%, 
IRN, 586, O0, 401. 

Beaurepaire (Ch. de). 1 11. #2, 
75. 82, 118, 121, 225, 229, 279, 
280. 

Beaurepaire (G.de). 54. 

Beauvais, 79. 

Bellet (Charles), 88. 

Belley, 124. 

Belfort, 223. 

Bellon (Emile), #02: 

Bellon (Paul), 402. 

Benner, 147. 

Benserade, 84. 

Béranger, 128, 285. 

Bérard, 161, 

Bernard, 121 196. 

Berville, 02. 

Besongne, 144. 

Bessin, 6à. 

Béthune-Charost, 55, 127. 

Beugnot, 381. 

Bidière (de la), 9. 

Biochet, 170, 380. 

Blanchet (Charles-Antoine), 6, 7, 
67. | 

Blanchet (Adrien), 68, 222, 223, 
520, 352, 504. 901. 

Blondel, 85. 

Boileau, 205. 

Bonaparte, 196. 

Bonvallet, 540. 

Bonvoisin, 6. 

Bosquet, 376. 


({} Voir à la Table des Matiéres l'article CONMISSION. 


424 


Bossuet, 201. 

Bouchard (Nicolas), 50. 

Boucherez, 327. | 

Bouctot, 228. 

Bouffard (abbé), 360. 

Boulanger, 282, 5197. 

Boulebech (Hugues de), 126. 

Boulic, 109. 

Bouquet, 3535. 

Bourbon (Anne de), 63. 64. 

Bourbon-Condé (Jules-Henri de), 
70. 

Bourbon-Montpensier, 64. 

Bourdon (Jean), 99. 

Bourgey (Etienne), 596. 

Braille, 579. 

Bras-de-Fer (de), 29. 

Bréard, 79. 

Brelet, 14, 281, 549, 562. 

Brianchon, 6, 7, 39, 124, 196. 

Brinon (Nicolas de }), 163. 

Brion. 284. | 

Brognard, 38, 59, 351, 355. 

Busquet, 214. 

Bunet (abbé), 288. 

Buquet, 550. 

Bryvgos, 217, 219. 


C 


Cabanon (abbé), 584. 
Cabot, 90. 

Cagniard, 227. 

Cahier (R.-P.), 407. 
Cahinet, 8, 9, 186, 253. 
Campion, 4U8. 

Caraman (comte de), 259. 
Caron, 175. 

Carpentier, 196, 201. 
Caseneuve (de), 10. 
Cassini, 202. 
Caumont-la-Force, 67. 
Caumont (de), 189, 396. 
Caures (chanoine Jean des), 388. 
Chabeuf (Henri), 415. 


Chamberlan, 48. 

Chambray, 10. 

Channart, 49. 

Champlain, 85. 

Chappée, 4. 

Chappelter, 95. 

Chaptal, 581. 

Chassant, 99. 

Chatain (MarceD, 192, 274, 291. 

Chatel, 59. 

Chenet (G.), 299, 300. 

Chennevières (de), 195. 

Cheruel, 215. 

Chesnaie-des-Pois (La), 124. 

Chevalier (Ulvsse), 82. 

Chivet, 59, 61. 

Civille (Isabeau de), 74. 

Clamageran, 215, 298. 

Ccache, 20. 

Coche (Camille), 5, 21, 85, 155. 

Cochet (abbé), 5, 7, 10, 18, 58, 
59, 49, 59, 69, 79, 80, 151, 169, 
181, 191, 211, 212, 256, 279, 
280, 282, 285, 526, 533, 954, 
49, 56%, 972, 405, 417. 

Cohen, 197, 221. 

Collandres (de), 51, 

Colombel, 121. 

Coqueréaumont, 18. 

Coquinvillier (Mgr de), 123. 

Corneille (Thomas), 955. 

Corpon, 90. 

Cossé (duc de Brissac), 53. 

Courage, 505. 

Coutil (Léon), 579. 

Courtin, 9, 85. 

Coutan, 158. 

Cramoisy, 98. 

Croix (Antoine de la), 10. 

Crosne (Thiroux de), 585, 584. 

Crosnier, 272, 509%. 


D 
Dablon (Simon), 85, 99, 105. 


a (#: 


ES 


Daniel (Charles), 85. 

Daniel (André), 85. 
Déchelette (1), 189, 573, 599, 
Decorde (abbé), 9. 


Deglatigny, 168, 195, 243, 258, 


2R6. 939), 408. 


Delafontaine (chanoine), 250, 295. 


Delamare, 149, 151. 

Delisle (Léopold), 75, 82, 200, 
259, 241, 242, 243. 

Denize (Noël), 220. 

Pepeaux, 45. 

Depping, 456. 

Dergnv, 18, 279. 

Descamps, 198. 

Deschamps, 505. 

Desloges, 188, 189, 190. 

Desimarest, 280. 

Deudemare (chanoine), 414. 


Deville, 152, 200, 255, 459, 261, 


269, 270, 272, 282. 
Dicppedalle, 559, 540. 
Doliveux, 57. 

Dorange, 157. 

Doucet (Jacques), 41, 208. 
Douris, 217, 219. 

Drouet, 154. 

Druv (comte de), 65, 66. 

Dubosc (Georges). 19, 85, 178, 

250, 259, 268, 506, 550. 
Dubosc (Jacques), 175. 
Dubuc, 68. 

Dubus. 18%, 186, 208. 
Daucange, 200. 

Duchemin, 9228. 

Duchesne, 172. 

Dumesnil (Laurent), 144. 
Dumesnil (Jacques), 145. 
Dumont, 161, 380. 

Dunet, 348, 349. 
Dunois-Longucville, 65, 66. 
Puplessis, 279. 

Dupré (Edouard), 162, 361. 
Dupuis, 350. | 


Dupuy, 257. 

Duquesne, 174. 

Durand, 339. 

Duruy (V.), 59. 

Dutuit, 160, 280. 

Duval, 58. 

Duveau (Edouard), 224, 557, 541, 
94, 999, 


E 


Emalleville, 126. 

Epernon (duc d'}, 292. 
Esguillon, 88, 89. 
Espérandicu, 271. 

Estaing de Saillans, 92. 
Estard (Michel), 92. 
Estoutteville (Jean d'), 202. 
Eulart, 288, 599. 


F 


Farin, 72, 75, 193, 252. 
Farnèse (Alexandre), 287, 288. 
lauquet, 298, 299. 

Fernandez, 74. 

Ferrand (Jacques), 144. 
Feuardent, 70. 

Flamming (Rainier), #16. 
Flavignv, 406. 

Fleury (abbé), 21. 

Flory, 160. 


‘Forestier, 108. 


Forterie, 950. 

Fortin (Raoul), 594, 595. 
l'ouquet (Nicolas), 213. 
Fournier (P.), 85. 
Fromage, 505. 
Frontebosc (Toustain de), 
Fustel de Coulanges, 285. 


G 


Gadeau de Kerville, 69. 
Gaillard, 259, 261, 556. - 


426 


Gaulefontaine (vicomte de), 51. 

Galissonnière (La), 124.- 

Garlan (de), 259. 

Gaulde (Antoine), 105. 

Garreta, 04, 95, 59, 61, 65, 195, 
106, #05, 408. 

Gaudray, 151, 

Genty, 280. 

Gifard (Gautier), 126. 

Gngard, 66 . 

Girancourt (de), 69, 112, 115, 128, 
129, 280. 

Girard, 110. 

Gisichbert, 149. 

Glanville (de), 5, 99. 

Gomboust, 29. 

Gontran du Bourg, 588. 

Gosselin, 506. 

Goujon, 2%9. 286, 919. 

Gozlin (évêque), 395, 596, oU8. 

Grandin (J.-B.), 527. 

Grandin (Michel), 327. 

Gruzelle, 194, 257, M8. 

Guébriant (de), 258. 

Guillaume, 19. 

Guilmeth, 192. 

Guiraud, 199. 

Guiscard (de), ». 

Guvot, 952. 


H 


Hallav-Cœtquen ‘(marquis du), 55. 


Halanzier, 999. 
Hameranvs, 196. 
Hanvvel (de). 72. 
Harcourt, 126. 

Hardy (Michel), 6. 
Harlay (de), 100. 
Hattenville (abbé), 196. 
Havard, 116. | 
Iéaumé (Jean), 88, 97, 
Hébert (abbé), 160. 
Hébert (Alphonse). 288, 360. 
Hecquet (abbé), 45. 


Hélot Or R.), 32. 
Hermand, 68. 
Héron, 39. 
Héronval (abbé), 268, 353. 
Heusch (iche)), 59. 
Hicron, 217. 

Hoart (Nclulle), 186. 
Hosier, 125. 

Houé. 27. 
Houdetot, 289. 
Houguer, 150, 

Huë (Thomas), 108. 
Hugleville, 559. 
Hucher, 189. 
Hurtwig, 219. 


I 
Isle (comte de D), 258. 
J 


Jacquelin, 182, 556. 
Jacques, 190. 191, 192, 196. 
Jeanneton, 128, 

Joinvile (Guy de), 418. 
Joveuse (maréchal de), 72. 


K 


Kergaradee (vicomte de), 112, 114, 
129. 


Labarte, 116. 

Labrosse, 25, 298. 
Lachôvre (chanoine), 203. 
Lafond (Jean) 83. 

Lagny, 49. 

Lallemand, 97, 49, 100, 145. 
Lambert, 222. 

Lancelevée, 225. 

Landry (Nicolas), 121, 192, 
Langle (de), 50. 

Langlois, 158. 

La Noë (de), oo1. 


Lantier, 268, 264. 

Laquedem (Isaac), #17, 

La Quérière (E. de), 78, 509, 511, 
412. 

Larroque (de), 51. 

La Serre (Barbier de), 81, 519, 
911. 

Lasteyrie (comte de), 997. 

Laurent, 287, 9560. 

Lavoisier (de), 114. 

Lebey (Jean) 109. 

Lcblond, 294, 295. 

Le Boucher (Jean), 540. 

Le Boulanger, 144. 

Le Breton (Gaston), 1, 14, 40, 97, 
19, 156, 160, 162, 181, 207, 250, 
255, 218, 297, 991, J0d9, oÙ9, 
011, ON, 401, 419. 

Lebreton (Hercule), 70. 

Lecaplain (Dr), 11, 295. 

Lecaron, 200. 

Lechevrel, 6. 

Lecellier, 190. 

Leclerc, 4. 

Lecoceg de Villeray, 940. 

Lefebvre, 67, 68, 109, 199. 

Lefort, 3, 29, 60, 61, 80, 83, 158, 
161, 169, 171, 295, 941. 

Le Friand, 971. 

Le Gay (Jean), 529, 350. 

Legay (Richard), 550. 

Legendre (Thomas), 28, 91, 47 
48, 49, 50, 91, Do, 54. 

Legendre de Maigremont, 55. 

Le Gendre de Berville, 92. 

Le Gendre (Jean-Bapt.), 48. 

Legentil, 280. 

Le Glav, 149. 

Legnenion, 198. 

Legrand, 285. 

Legrelle, 54. 

Lejeune, 101, 104. 

Lelewel, 68, 225. 

Lemaitre, 175. 


427 


Lemoine (Jacques-Antoine-Marie) 
19, 20, 558, 599, 340, 369. 

Lenoir, 581. 

Leparmentier, 962. 

Lepeletier de Saint-Fargeau, 6. 

Leriche, 106. 


* Le Saunier, 2955. 


Lescure (de), 45, 4. 

Lesguilliez, 990. 

Lesueur (abbé), 97. 

Letellier, 20%. 

Levèque de la Gource, 540. 

Leverd, #4. 

Lévesque de Gravelle, 51. 

Le Verdier (Pierre) 17, 210. 

Lezoux, 189. 

Liard, 404. 

Liénard, 299. 

Linas (de), 5. 

Loisel (abbé), 168, 248, 276. 

Longpérier (de), 8. 

Longpré. 1047. 

Longueville (duc de), 65. 

Lonoy (Jean), 192, 195. 

Loquet (Charles), 224, 225. 

Lornnier, #, D, 182. 

Loth (Mgr Julien), 55, 181, 19% 
559, 2:M4. 

Louis XIV, 215. 

Lucas, 1#4. 


Mabire (abbé), 5959. 
Machirel, 149. 
Magnifique (Robert le), 289. 
Maigremont, 51, 55. 
Maillet du Boulay, 9572. 
Malicorne, 40. 

Mallet (Jean), 179. 
Marat, 6. 

Marc, 221. 

Mariette (Jean), 84. 
Marion, 60. 

Marin (Touis), 213. 


428 


Marot (Jean), 84. 
Martel-Fontaine, 1926. 

Martel, 199. 

Martin (Julien), 109. 

Martin, 110, 111. 

Marun (R.-P.), 407. 

hartin de Ratabon (évêque), 251. 
Martot (curé), 340. 

Masson, 172. 

Mazarin, 213. 

Maze (abbé), 208. 

Ménard (R.-P.), 109. 
Menardeau (Claude), 213. : 
Mettot, 287. 

Michel (Jean), 85. 

Michon, 3374. 

Milet, 37, 255, 296, 279, 5925. 
\Miraulmont (Jean de), 165. 
Montlier, 406. 

Monfray, 420. 


Montault (Mgr Barbier de), 406. 


Montausier, 65. 
Montfort, 84. 
Montmagny, 98. 
Montmorin, 51. 
Morel, 371. 

Morgan (de), 347, 348. 
Motes (des), 291. 


Mulot (1.-B.), 285, 96%, 9570, 591. 


Muzard, 300. 
N 


Neuvillette (de), 45, 46. 
Noailles (maréchal de), 53. 
Noblesse, 287. 

Noyelle (d:), 103. 


0 


Orléans (Henri d’}, 19. 

Orléans G(aston d'), 64. 

Orléans-Longueville, 66, 67. 

Ornay (d), GN2, 585, 9R#, 985 
DO. 

Ouin-Lacroix (abbé), 175, 529. 


, 


P 


Pajot (Casimir), 388. 
Parcon (de), 259. 

Pecoil de Septème, 53. 
Pelay, 154, 151, 341, 361. 
Pellati, 245. 

Pellerin, 550, 351. 
Peraube, 108. | 
Périaux (Nicélas), 225, 942, 419. 
Perquier, 282. 

Perrette, 414. 

Petit, 147. 

Picot, 198, 199. 


Pigné, 59, 355. 


Pillet, 285. 

Poinereu (de), 168. 
Portier, 220. 

Poussier, 255, 414. 
Pottier, 219, 220. 

Poyer, 52. 

Prevel, 151. 

Prévost, 33. 

Prienzac (Daniel de), 215. 
Prou, 225, 352. 


Q 


Quantin (Claude), 105. 

Quesné, 1b4. 

Quesnel, 17. 

Quillet, 541. 

Quintanadoine (de), 71, 72, 73, 
14, 79. 


Randon, 117. 

Rebelliau, 73. 

Renaud (abbé), 408. 

Requier (Armand), 228, 299. 
Rever (abbé), 251, 259, 269. 
Riberprey, 156. 

Ribot, 560. 

Rich (Antony, 224. 

Richard Cœur-de-Lion, 518, 


Ridel (abbé), 206. 
Ricaud (Hyacinthe), 51, 55. 
Rigaud (Eude), 274. 
Robert (abbé), 147, 280. 
Rochefoucauld (de la), 122 
RϾssler, 939. | 
Roger-Milés, 116. 

Roullau. 280. 

Romilly (de), 50. 

Roussel (abbé), 18. 

- Roussel (architecte), 366. 
Rubens, 198. 

Rucl, 16, RO, 306. 


-S 


Sabatier (Antoine), 327, 328. 
Saint-Denis, 121. 

Saint-Léger (Anne de), 48. 
Saint-Léger (Francoise de), 47, 51 
Saint-Pierre (abbé de), 200. 
Saint-Pol (comte de), 67. 
Suint-Victor (de), 215. 
Sapincourt (de), 150. 
Sarrazin (Albert), 517. 
Sauvageot, 116. 

Scaliger, 209. 

Schneider, 194. 

Scott (Esther), 50, 95. 

Scott (Guillaume), 90, 51, 52. 
Scott de Fumechon ({.-B.), 53. 
Scott, 54. 

Sebeville (Kadot de), 6. 
Selden, 201. 

Semichon, 256, 571, 372. 
Seneley (de), 106. 

Serbat (Louis), 147, 1#8, 149. 
Sermontos, 105. 

Servieu (Abel), 215. 
Sevaistre, 927. 

Seyer (Pierre), 145. 

Sevmour de Ricci, 575. 
Socteville (Jehan de), 174. 
Sommerard (du), 416. 


e 


429 


Sommesnil (abbé), 288, 9:06. 
Stabenrath (de), 168. 


T 


Terrier Santans (de), 288, 556. 


Thaurim (-M.), 119, 114, lo. 
Théodulfe (évéque), 3598. 
Thierry (Augustin), 284. 
Tlullard (abbé), 195. 
Thureau-Dangin, 404. 

Touflet (abbé), .516. 

Tougard (abbé). 50, 2N8, 50. 
Turenne, 196. 

Tourneux, 584. 

Turquetin, 2%5, 286. 


U 


Ussel, 6. 


Vallée (S.), 53. 

Vaussi (HenrD, 145. 

Vernier (Jules), 99, 171, 185, 196, 
#01. 

Vesiv (Léon de), 5, 16, #44, 150, 
147, 154%, 160, 172, IR9, 184, 
213, 245, 279, 2N9, 909, 929, 
DD), DM. 

Viel (Jean). #14, 

Villaine, 124. 

Villefosse (Héron de), 59. 

Vimont (le P.), 95. 

Viollet-le-Duc, 212, 223, 915. 

Viet, 149. 

Voisenon, 199. 


Vymont (P.), 106. 


W 


Widranger (P.), 29%. 
Witto (de), 68. 


430 


TABLE DES NOMS DE LIEU 


Aizier, 129. 

Alges,, 50. 

Alincourt, 220. 

* Allouville, 112, 125, 132, 166, 
358. 

Alvimare, 169, 558. 

Amifreville-la-Wivoie, #45, 145, 192 
281. 

Amiens, 150. 

Amsterdam, 48. 

Ancourt, 88, 165 275, 548. 

Ancretiéville-Saint-Victor, 359. 

Ancretiéville-sur-Mer, 358. 

Angerville-Bailleul, 275. 

Angiens, 293. 

Archelles (commune d’Arques) 
154, 158. 

Arcueil, 84. 

Arques, 124, 154, 185, 219, 249 
925. 

Aubermesnil, 7. 

Auberville-la-Manuel, 293. 

Auberville-la-Renault, 358. 

Auffay 164. 

Aulnay (commune de Grand-Que 
villy), 252. 

Aumale, 124, 165, 185, 186, 256 
920. 

Auppegard, 153. 

Authieux (les), 164. 

Auzouville-Auberbose, 558. 

Auzouville-sur-Saäne, 599. 


Avesnes-en-Brav, 50 
Avremesnil, 165. 


B 


Bacquev'rle, 1924. 

Bapeaume (commune de Cante- 
lou), 145. 

Bardouville, 145. 

Bayeux, 108, 

Beaubec, 242. 

Beaumont-le-Roger, 50, 115. 

Beaussault, 50. 

Beauvais, 214. 

Bec-de-Mortagne, 358. 

Belbeuf, 46. 

Bellencombre, 17. 

Bellozane, 185. 

Bénarville, 5958. 

Bennetot, 358. 

Bénouvile, 254. 

Berneval, 134. 

Bernières, 351. 

Berville-n-Roumois, 50. 

Borville, 52. 

Beuvreuil (commune de Dampirr- 
re-en-Bray), 187. 

Beuzeville, 165, 242. 

Beuzeville-la-Grenier, 275, 295, 
3517. 

Bezancourt, 50. 

Biville-la-Rivière, 281, 284. 

Blainville-Crevon, 164, 275. 


Blangy, 67, 124, 165, 275, 548 

Blangy-sur-Bresle, 341. 

Blengre commune du  Bourgs 
Dun), 1%. 

Blosseville-Bonsecours, 164. 

Blosseville - ès - Plains, 166, 522 
923. 


Bois-Cany (commune de Grand-: 


Quevilly), 226. 
Boisguillaume, 146. 
Bois-Hulin (commune de La 

Chaussée), 134. 
Bolbec, 123, 124, 126, 168. 
Bonsecours, 206, 228, 249. 
Boos, #4, 117, 206, 286, 591. 
BRornambusc, 558. 
Bosc-Bordel, 164. . 
Bosc-Edeline, 68. 
Bosc-Geffroy, 185. 
Bosc-Guérard 74. 

Bosville, 291. 

Boudeville, 166. 

Bouelles, 185, 282, 404. 
Bouille (la), 146, 1634. 
Bouquetot, 275. 

Bourg-Dun, 164, 190, 192, 2%4, 

291. 

Brague, 998. 

Bréauté, 358. 

Brétigny, 71. 
Rrétignv-sur-Brionne, 74. 
Bretteville-l'Orgueilleux, 242. 
Buchvy 164. 

Bully, 185. 

Bures, 9, 165, 183, 186. 


C 


Caen, 66, 194. 
Cailleville, 293 
Calletot, 397. 
Campneuseville, 185. 
Canada, 84, 90. 
Canteleu, 167. 

Canv, 206, 520, 358. 


431 


Carville (commune de Darnétal), 
146. 

Catelier (le), 185. 
Caudebec-en-Caux, 4, 130, 146, 
167, 249, 288, 319, 320, 353. 
Caudebec - lès - Elbeuf, 125, 151, 

152, 154, 164. 
Caumont, 332. 
Cerlangue (la), 162, 165, 196. 
Charieval, 191. 

Cléon, 121, 225. 
Cliponville, 358. 
Collandres, 50, 51, 52. 
Colleville, 3558. 

Conches, 115. 
Conteville, 185. 
Contremoulins, 358. 
Crasville-la-Malet, 295. 
Criel, 164, 225, 348. 
Criquebeuf, 69, 557, 406. 


D 


Dampierre, 154. 

Dampierre-en-Bray, 187. 

Darnétal, 47, 127, 146, 104%, 255, 
526, 3529, 350. 

Daubeuf-Serville, 275, 295, 908. 

Dieppe, 4, 36, 78, 85, 86, &7, 
106, 124, 135, 145, 164, 212, 
242, 276, 555. 

Dijon, 150. 

Douvrend, 129. 

Drosay, 293. 

Drumare, 52. 

Duclair, 129, 167. 


E 


Eauplet (commune de  Bonsc- 
cours), 28, 47. à 

Ecalles-Alix, 324. 

Ecrainville, 6. 

Ecretteville-les-Baons, 558. 


432 


Elbeuf, 47, 50, 69, 117, 121, 124, 
126, 526, 527. 

Eletot, 508. 

Envermeu, 164, 275. 

Envronville, 558. 

Epinay-sous-Duclair, 164. 

Epouville, 557. 

Esclavelles, 185. 

Eslettes, 282. 

Espagne, 72. 

Etainhus, 165. 

Etouteville, 274. 

Etretat, 160. 

Eu, 124, 129, 146, 548, 581. 

Evreux, 242. 


F 


Fécamp, 4, 55, 12%, 165, 556, 
504, 599, 

Flunville (commune du Bourg- 
Dun, 291. 

Florent (Marne), 299. 

Forges, 185, 209. 

Foucart, 558. 

Frenave (la), 169. 

Freneuse, 68, 116, 117, 120, 191 
125. 

Fresnay-en-Val, Ro. 

Froberville, 507. 


, 


_G 
Gaillarde (la), 525, 925. 
Gaillefontaine, 90-51, 185, 186. 
Gallon, 106. 
Gainneville, 165, 
Ganzeville, 597. 
Gerponvule, 523, 925, 558. 
Gerville, 6, 55. 
Givors, 71. 
Goderville, 79, 
Gonfreville-Cailot, 398. 
Gournav, 12%. 185, TR6. 
Gouv, 197, 279, 2K3. 


Graimbouville, 165. 

Grainval (commune de Saint-Léo- 
nard), 594. 

Grainville-la-Teinturière, 358. 

Gramville-sur-Rv, 992. 

Grainville-Ymauville, 558. 

Grand-Couronne, 145, 164. 

-Grand-Quevilly, 145, 226, 9235, 
254, 245. 

Graville, #2, 146. 

Grondière (La) (commune de 
Trouville-Alliquerville), 169. 

Gruchet-le-Valasse, 6, 146. 

Guerbaville, 520. s 

Gucrville, 67. 

Gueures, 134. 

Gueutteville-les-Grès, 295. 


. H 


Hanouard, 458. 
Harfleur, 124, 168. 
Hattenville, 295, 598. 
Haussez, 180. 
Hautot-l'Auvrav, 295. 
Hautot-le-Vatois, 959, 998. 
Hautot-sur-Mer, 194. 
Hautot-sur-Seine, 280. 
Havre (le), 124, 145, 169, 184, 
900. 
Haye-Malherbe, 194. 
Hénouville, 68. 
Héricourt, 293, 598. 
Hermanville, 279. 
Héron (le), 168. 
leuze (la), 18. 
Hollande, 48. 
Honfleur, 4, 251. 
Houdetot, 287. 
Houppeville, 11, 251, 395. 
Houquetot, 80, 058. 


I 


Incarville, 286. 


Ingouville, 166, 295. 
Isneauville, 164. 


J 


Jumièges, 164, 320, 


©O1 
O1 
ot 


L 


La Londe, 234. 

Le Manoir-sur-Seine, 1922. 

Le Mesnil (commune de Lillebon- 
ne), 146. 

Lescure, 46, 145. 

Lillebonne, 38, 150, 146, 168, 
169, 171, 220, 259, 351. 

Limésy, 164. 

Lisieux, 50. 

Livarot, 50. 

Loges (les), 357. 

Londiniéres, 9, 185, 186, 283. 

Longpaoon (commune de Darné- 
tal), 146. 

Longueville, 17, 19, 124. 

Louvetot, 598. 

Louviers, 286. 

Lucy, 185. 


Maigremont, 50-51. 

Maintru (commune de Saint-Vale- 
ry-sous-Bures), 1R6. 

Maniquerville, 6. 

Manneville-ès-Plains, 299. 

Martincamp, 127. 

Martin-Eglise, 242. 

Martot, 117, 406. 

Maudétour (commune de Morgny), 
202. 

Mélamare, 129. 

Mentheville, 958. 

Mesnieres, 185, 924, 325. 

Mesnil-Esnard, 45, 228, 406. 


433 


hesnil-Mauger, 185, 186. 

Miromesnil, 22. 

Mirville, 508. 

Monchaux-Soreng, 275. 

Mont-au-Malades, 164, 212, 242. 

Montcauvaire, 279. 

Montceau-le-Neuf, 191, 282. 

Montérolier, 185. 

Montivilliers, 6, 124, 125, 146, 
165. 

Mont-Roty, 185. 

Mont-Saint-Michel, 16.. 

Monville, 17, 359. 

Morgny, 202. 

Morville, 361. 

Moulineaux, 146. 


N 


Nesle, 8. 

Nesle-Hodeng, 185. 

Neufchâtel, 9, 124, 165, 184, 186. 
Neufmarché, 165. 
Neuville-du-Bosc, 115. 


Neuville, 13%, 165. 


Neouvillette, 46. 

Nevers, 191. 

Néville, 295, 323, 325. 

Niort, 116. 

Normanville, 308. 

Normare, 44. 

Norville, 146, 165. 

Notre-Dame-de-Franqueville, 145, 
310. 

Notre-Dame-du-Bec, 243. 

Notre-Dame-du-Vaudreul, 2%, 286, 
099. 


0 


Ocqueville, 295, 998. 
Oherville, 206. 
Oissel, 117, 1495. 
Orival, 225, 284. 


434 


Ourville, 558. 
Ouville-la-Riviére, 154. 


P 


Paluel, 995. 

Parfondeval, 191. 

Paris, 51, 59 110, 150, 905. 
Pavilly, 124, 164. 
Petit-Queviliy, 146, 226, 550. 
Pierrefonds, 98. 
Pont-Audemer, 256. 
Pont-de-l'Arche, 69, 117. 
Pourville, 134. 

Préaux, 579. 


Q 


Québec, R5, &R, 90, 100, 108. 
Quiberville, 154. 
Quiévrecourt, 185. 
Quincarnon, 00, 02. 


R 


Radicate] (Commune de St-Jean. 
de-Folevitle), 156, 182. 
Redon, 199, 
Renneville, 413, 
Riville, 538, 
Rochelle (la), 106. 
Romilly-la-Purhenaye, 49. 
Romily, 00, 52, 
Rouen, 198. ° 
Rouen, Rouen On 1806, 587. 
— Affiche de Ja Capitulation, 
à. 
— Ancien grenier à blé au 
grand moulin, 172. 
— Ancien Hôte] de Ville, 908. 
Bas-relief, rue de P'Hôpital, 2. 309 
— Chäteau de Philippe-Auguse 
Le, 599. 
— Constructions Anliques, Rue 
Thouret, 59, 


— Cour d'Albane, son amé- 
nagement, 19. 

— Découverte de monnaies 

< d'or, rue de Ja Savonne- 
rie, 149. 

— Découverte de têtes de 
marbre, 275, 

— Eglises : Cathédrale, 295. 
— Saint-Caude-le-Jeune, 
D44, — Saint-Denis, 195. 
— Saint-Maclou, 007, 
J21. — Saint-Nicaise, 
195. — Saint-Patrice, 
197. — Saint-Pierre-du- 
Châtel, 198, 248 
Saint-Vincent, 294, 516, 
408. 

— Emprunt par Louis XIV, 
215. 

— Fontaine de Ja Grosse-Hor- 
loge, 23, 

— Grand Moulin, 172, 908. 

—  Heurtoirs rues  Beffrov, 
N° 18, 294. — Crosne 
(de), no 28, 294. — Far- 
deau, no 25 28. — J{9- 
Pital. no 29 994. Jac- 
ques-le-Lieur, no 26, 96. 
— Orbe, no 85, 994 
Saint-Etienne-des-Tonne- 
liers, no 12, 25, — Sei]- 
le (de la), no 12, 204, — 
Vieux-Palais (du), nos 9. 
2 006) Le Place de 
Pôtel-de-Ville, no 6, 
204. 

— Môtel-Dieu, 244. 

—  mportance intellectuelle 
au xve siècle, 

— Împrimeurs, 144. 

— Jetons historiques de Ja 
ville, 70, 

— Lycée, 904, 

— Maison rue du Fardeau, no 
1, 24. 


Musée, 188, 198. 


Musée d'antiquités : les 
verrières du « Miracle 
des Billettes », #15. 

Musée des antiquités 
Epées, 500. 

Paroisse  Saint-Martin-sur- 
Renelle, 540. 

Place de  l'Hôtel-de-Ville, 
beurtoir, 294. 

Pue DBefifroy, n° 18, heur- 
toir, 204. 

Rue de Crosne, heurtoir, 
204. 

Rue du Fardeau, heurtoir, 
25 ; pavés émaillés, 54. 

Rue Harenguerie, 275. 

Rue de lHôpital, no22, 
heurtoir, 294, 

Rue de l'Hôpital n° 2, bas. 
relief, 309. 

Rue  Jacques-le-Lieur, neo 
25, heurtoir, 26. 

Rue Nationale, pavés é- 
manllés, 9%. 

Rue Orbe, heurtoir, 85. 

Rue aux Ours, 944. 

Rue Saint-Etienne-des-Ton- 
neliers, n° 12, heurtoir, 

Rue de la Savonnerie, dé- 
couverte de monnaies 
d'or, 149. 

Rue de la KSeille, n° 12, 
heurtoir, 294. 

Rue du Vieux-Palais, nos 
9-29, heurtoirs, 294. 

Tableaux d'église, 197. 

Théâtre des Arts, ancien 
plafond, 21. 

Tour Jeanne d'Arc, 34. 

Verrerie rouennaise, 977. 

Vicomté, 294. 


435 


—  Vieux-Saint-Paul,  restau- 
ration, 138. ‘ 
Roumare, 541. 
Rouvray, 117. 
Rugles, 188. 
Rv, 164. 
S 


Sahurs, 145, 275. 
Sainneville, 165. 
Saint-Adrien : (commune de Bel- 
beuf, 1495, 570. 
Saint-Aignan, 167. 
Saint-Antoine-la-Forèt, 6. 
Saint-Aubin, 121. 
Saint-Aubin-Celloville, 26. 
Saint-Aubin-le-Cauf, 524, 995. 
Daini-AUuDin-sur-Mer, 15%, 924. 
Saint-Christophe, 117, 121, 199, 
125. 
Saint-Denis, 74. 
Saint-Etienne - du - Rouvray, 110, 
204. 
Samnt-Eustache-la-Forét, 6, 165, 
522. 
Saint-Georges-de-Boscherville, 3, 
#2, 71. 
SaintGermain, 88, 347. 
Saint-Germain-d'Etables, 185. 
Saint-Jacques-sur-Darnétal, 146. 
Saint-Jean-d'Abbetot, 316. 
Saint-Jean-de-Folleville, 146. 
Saint-Jouin, 524, 523. 
Saint-Julien-de-Flainville, 273. 
Saint-Laurent-de-Brèvedent, 165. 
Saint-Laurent-en-Caux, 166. 
Saint-Léonard, 74, 147, 597, 994. 
Saint-Lô, 150. 
Saint-Lucien, 168. | 
Saint-Maclou-de-Folleville, 18. 
Saint-Maclou-la-Brière, 598. 
Saint-Vhards, 522, 393. 
Saint-Marlin-aux-Buneaux, 295. 
Saint-Martin-de-Sigv, 242. 


136 


Sant-Marün-du-Bec, 255, 995. 
Sarnt-Martin-le-Gaillard, 275. 
Saiot-Martin-se-Bellencombre, 18. 
Saint-Nicolas-dle-Bliquetuit, 146. 
Saint-Ouen-sous-Baillx, 319. 
Saint-Riquiers-Plains, 295. 
Saint-Romain-de-Colbose, 6. 
Saint-Saëns, 11, 163, 185. 
Sant-Saire, 185. 
Saint-Svlvain, 295. 
Saint-Vaast, 185. 
Saint-Valery-en-Caux, 295. 
Saint-Valery-sous-Bures, 1R6. 
Saint-Valery, 124. 
Saint-Victor, 550. 
Saint-Victor-la-Campagne, 399. 
Saint-Vigor, 6. | 
Saint-Wandrille, 166, 267. 
Sainte-Beuve-Epinav, 3571. 
Sainte-Foy, 84, 10, 188. 
Sainte-Geneviève, 185. 
Sainte-Marguerite-s.-Fauville, 558. 
Sainte-Marguerite-sur-Mer, 165. 
Sainte-Vaubourg (commune de 
Val-de-la-Have), 22. 
Sandouville, 129. 
- Sasseville, 166, 295. 
Sauchavy-le-Taut, 248. 
Saussemesnil, 254. 
Sausseuzemare, 998. 
Senneville, 68. 
Servaville, 50. 
Séville, 209. 
Siuv, 169, 522, 325, 
Sulers, 95, 97, 100. 
Sorquainville, 308. 
Sottevile-lés-Rosten, 24, 110, 155, 
227, 946. 
Sottevile-sur-Mer, GR, 154, 190, 
199, 196, 274. 


T 


Tancarville, 9251, 252. 


Temps-Perdu (comm. de Rouen). 
41. 

Theuville-aux-Maillots, 295. 

Thil-hanneville, 522. 

Thury-Harcourt, 97. 


* Tilleul-Dame-Agnés, 52. 


Tocqueville-les-Wurs, 358. 
Tounille, 69, 129. 
Tounille-la-Riviore, 116, 117. 
Touruille-les-[fs, 357. 

Toussaint. 18, 205. 

Tréport, 158, 168, 247. 
Trouvile-Alliquerville, 157, 109. 


V 


Val-de-la-Have, 255, 275. 
Val-Freneuse, 69. 
Valliquerville, 558. 

Valimont, 9295. 

Vannes, 86, 87. 
Varengeville-cur-Mer 154. 165. 
Varimpré, 112, 116, 129. 


Vassonville, 18. 


Vatierville, 165. 

Vattetot, 254. 
Vattetot-sous-Beaumont, 358. 
Vattetot-sur-Mer, 318, 337. 
Vatteville, 146, 166. 
Vatteville-Ja-Rue, 129. 
Vaudreuil, 2%2, 
Veauville-les-Baons, 288. 
Verneuil, 242. 

Versailles, 49. 
Veules-les-Roses, 166, 293. 
Veulettes, 166. 
Vicilles-Landes, 185. 
Vienne, 51. 

Vieux-Rouen ,185. 
Vieux-Rouen-sur-Bresle, 546. 
Vieux-Rue, 27. 

Ville-Dieu, 53. 
Villedieu-la-Montagne, 165. 
Villequier, 74, 166. 


Vinnemerville, 293, 358. Y 
Virville, 79, 80, 81, 156, 137, 165, 

210, 316. Yébleron, 326, 358, 363. 
Vittefleur, 293. Yquebeuf, 350. 


W 


Wanchy, 519. 


_Yvetot, 124, 128, 145, 190. 


437 


438 


TABLE DES MATIÈRES 


| 


Affichage, 134. 

Alignements, 45. 

Architecture, 506. 

\rehives de la Commission des 
Antiquités. — Leur cartonna- 
ge, 12. 

Armoiries, 125, 124, 125, 196, 
427, 198. 

Armonal Biochet, 580. 


B 


Balcon à monogramme, 341. 

Bas-relief de la rue de l'Hôpital, 
no 2, 309. | 

Bienfaiteurs de la Cathédrale, 


905. 


Boucle en bronze (débris, 526. * 
h 9 


C 


Cachette monétaire  d'Yquebcuf, 
350. 

Calice du xt siècle, 59h. 

Calvaire du Tréport, 247. 

Calvaires, 319. 

Carapacon de cheval, 402. 

Cartes postales offertes pour l'al- 
bum de la Commission des An- 
tiquités, 557. 

Casteoum de Juliobona, 551. 


Centenaire de Fabbé Cochet, 5, 
7, n8. 

Chapelle de Flainville (commune 
du Bourg-Dun), 291. 

Château de Dieppe, 56. 

Château de Longueville, 17. 

Chêne d'Allouville, 112. 

Chevelure en ailes de chauves- 
souris, 388. 

Chiffre énigmatique, 407. 

Cimetière frane de  Blangy-sur- 
Bresle, 347. 

Cimetière franc de Blengre, 190. 

Classement. — Supplément, 183, 
210, 250, 279, 297. 

Clocher de Bonsecours, 249. 

Collège d'Eu, 381. 

Colombier du manoir Boissel, 591, 


os 


COMMISSION DES ANTIQUITÉS 
Séances ! 


1912 fèvrier, 1. 
aval, 14. 
mai, 40. 
juillet, 957. 
octobre, 79. 
novembre, 156. 
décembre, 160, 

1915 février, 181. 
avril, 207. 
juin, 250. 


EN +) 


PESTE CRE A 


octobre, 255. 
novembre, 278. 
décembre, 297. 
4914 février, 315. 
avril, 907. 
juin, 99. 
juillet, 569. 
juillet, 509. 
octobre, 387. 
décembre, 401. 


Comminnicalions de : 


Mu, Auvrav, 22, 59. 

— Beauregard (Costa de), 65, 
04, 65, 66, &1, 85, 15, 
158, 215, 214. 


— Bouctot, 80, 153, 256, 258. 


— Cahingt, 7, &8#, 188, 248, 
276, 295, 519. 

— Coche, 36. 42, 78, 8%, 188, 
241, 999. 

—  Deglatignv, 16, 959, 62. 

—  Delabarre, 5, 12, 19, 22, 23, 
24, 41. 

— Dubosc (Georges), 5, 24, 25, 
154, 144, 172, 197, 252, 
248, 270. 

— Duveau, #4 12, 24, 47, 159, 
251, 245, 20, 204, 009, 
911. 

— Garreta, #1, #7. 63, 67, 71, 

81, 82, 84, 162, 1605, 182, 
210, 228, 9252, 251, 276, 
019, 360. 

— La Serre (Barbier de), 5, 11, 
12, 16, 17, 29, 98, 15, 
184, 199, 210, 2#%%, 26, 
00%, 917, O1R8, 919, 598, 
071, 402. 

— Lefort, 197, 211, 248, 279, 
006, 9507, 5106. 

— Le Verdier (Pierre), 195, 
172, 290, 27). 


439 


—  Pelav, 6, 12, 19, 55, 155, 
155, 145, 184. 908, 244, 
273, 291, 295, 512, 51). 
—  Poussier, 144, 196, 512. 
— Ruel, 326. 
—  Tougard (abbé), 249, 295, 
289. 
— Vallée, 199. 
— Vernier, 157, 250. 
—  Vesiy (Léon de), 11, 46, 67, 
68, 110, 112, 128, 146, 
168, 171, 188, 19%, 197, 
220, 221, 22%, 227, 247, 
256, 281, 286, 298, 299, 
226, 901, 34, 961, 570, 
091, 402, 406. 
Commission 
181, 40, 511. 
Commission : Membres nouv'aux, 
14, 255. 
Constructions antiques, 59. 
Cour d'Albone, son  aménige- 
ment, 12. 
Croix d'Archelles, 158. 
— de Kamt-Cristophe, à Fre- 
neuse, 116. 
— du Tréport, 158. 
Croix de carrefours, 919. 
Croix de la congrégation, 47. 


Membres décédés, 


D 


Dalle de Choinet, 250. 

Découvertes de monnaies d'or, 
rue de la Savonnerie, à Rouen, 
149. 

Découverte archéologique de Bi- 
ville-la-Rivière, 281. 

Découverte archéologique de Bois- 
Canv, 226. 

Découverte archéologique de Cau- 
debec-lès-Elbeuf, 151. 

Découverte archéologique de Mor- 
ville, 0961. 


440 


Dessins divers, 24, 251, 245, 25, 
311. 
Dragages de la Seine,, 46. 


° E 


Ecoliers, leur formation au res- 
pect des vestices du passé, 41. 
Eglises, leur attrait esthétique, 
16. — Vues, 154, 145, 167. 
iglise Cathédrale, 295. 
— de Beuvreuil, son porche, 
187. 
— d'Etretat, 160. 
—  dHoppeville, 595. 
— Saint-Nicuise, de Rouen, 
193. 
— Saint-Pierre-du-Châtel, de 
Rouen, 248. 
— Saint-Vincent, de Rouen, 
— de Vattetot-sur-Mer, 718. 
Emprunt à la ville de Rouen par 
Louis XIV, 215. 
Epées du: Musée des Antiquités, 
500. 
Epitaphe honorifique de Jean de 
Quintanadoine, 71. 


sut 


F 


Fac-sunilé d'un plat de confrérie, 
360. 

Fanum des « Cateliers », à Vat- 
teville-la-Rue, 1929. 

ler à cheval, 525. 

Ferronnerie, 12, 25, 224. 

Feux cheminots (les), 208. 

lontaines : d'Arcthuse, 22. — de 
la Grosse-Horloge, 41: — des 
Sociétés savantes, 49. 

Fouilles (liberté des), 16. 


G 


Grenier de Rouen, 172. 


‘H 
Heurtoirs, 25, 26, 294. 


Hospice-ferme de lAulnay, 292. 


I 


Imprimeurs anciens de Rouen, 
144. 

Inscription à Maudétour, 202. 

Inscription cbituaire, 291. 


J 


Jetons, 67, G8, 69. 
L ee 
Lettres de R. de Saint-Victor, 214. 
Localités à vestiges préhistori- 
ques, 185, 1%6. 


Loi sur les monuments histori- 
ques, 989). 


Maison de Caudebec, 4. 
Maison de Picrre Corneille, à 
Rouen, 155. | 
Manoir Boissel (colombier), 991. 
— de Gerville, 35. 

— de Ja Groudière, 169. 

— de Trouville-Alliquerville, 

197. 


* Manufaetures (plombs des) d'El- 


beuf et de Darnétal, 326. 
Marques de potiers, 571.° 
Millésimes, 139, 141, 142, 143. 
Monnaie du pape Clément VE 556 
Monnaie mérovingienne, 222. 
Monnaies, 67, 68, 69. — Leur 

équivalence, 200. 

Monnaies d'or découvertes ruc de 
la Savonnerie, à Rouen, 14). 
Monuments historiques : alloca- 

tions, 59. 


= Or 


— Loi sur les —, 389. 
— Vestiges, 407. 
Mottes, 10. 
Moulin à blé de Rouen, 172. 
Musée des Antiquités : épées, 900. 
—  Verrières du « kiracle des 
Billettes », #15. 


N 
Notes diverses, 197. 
— ecclésiologiques, 319. 
— héraldiques, 251. 
— historiques recueillies par 
l'abbé Anatole Loth, 555. 
Notice sur le peintre rouennais 


Jacques-Antoine-Marie Lemoine 
398, 909. 


(4) 
Ornementations diverses, 27. 
P 


Pavés à dessins, 153. — faïenrés, 
24). 

Peintre rouennais, 3238, 369. 

Photographies diverses, 24. 

Plans symétriques de nos églises, 
3176. 

Plat à barbe armorié, 162. 

Plat de confrérie. Fac-similé, 360. 

Plateau de Boos (le), 591. 

Plombs des manufactures d Elbeuf 
et de Darnétal, 326. 

Porche de l'église de Beuvreuil, 
187. 

Portrait de Blanchet. 6. 

Potiers. Marques, 371. 

Potiers gallo-romains, 188. 

Puits (anciens), 392. 

Putréfiés (les), 11. 


44 


R 


Reliures armoriées, 63, 66, 67. 
Retable (fragment d'un), à Bouel- 
les, 404. 


. Retable monumental, 209. 


Ruines du château de Houdetot, 
281. 

Rues : Changement de noms, ok. 
— Beffroy, n° 18, heurtoir, 


294. 

— de Crosne, n° 28, heurtoir, 
204. 

— du Fardeau, pavés émail- 
lés, 545. 


— Jiarengucrie, dessins, 27. 

— Hôpital, no 22, heurtoir. 
29%: no 2, bas-relief, 509. 

— Jacques-le-Lieur, n° 25, 
heurtoir, 26. | 

— Nationale, pavés émaillés, 
345. 

— Orbe, n° 83, heurtoir, 294. 

— aux Ours, 344. 

— Picrre-Corneille, 55. 

— Saint-Etienne-des-Tonne - 
liers, n° 12, heurtoir, 2». 

— de la Savonnerie, décou- 
verte de monnaies d'or, 
149. 

— de la Scille, n2 12, heur- 
toir, 294. 

— du Vieux-Palais, nos 9-29, 
heurtoirs, 294. 


S 


Sentences épigraphiques, 205. 
Sépultures au Tourniquet (com- 
mune de Mesnil-Esnard), 45. 
Souterrains d'Eauplet {commune 

de Bonsecours), 28. 
Statuette de vierge unibrachiste, 
405. 


442 
T 
Tableaux de St-Nicaise de Rouen, 
195. 


Temple à Jupiter. — Vestiges, 
346. 

Tôtes de marbre trouvées à 
Rouen, 375 


». 
Théâtre des Arts (ancien plafond) 
19. 
Théâtre romain de Lillebonne, 
471. — Fouilles de 1912, 259. 
Tombeau de saint Eloi, 77. 
Tour Jeanne-d'Are, 545. 


V 


Vallon de Bruneval et la maison 
gallo-romaine de Saint-Adrien, 


910. 


Vase grec, 215. 

Vases avec ossements incinérés à 
Normare, 44. 

Verriére du © Miracle des Billet- 
tes », au Musée d'Antiquités, 
415. 

Verrerie roucunaise (l'ancienn-), 
071. 

Vestiges de vieux monuments, 
406. | 
— d'un temple à Jupiter, 546. 
— du passé, 41, 
— préhistoriques 

185, 186. 

Vieux Saint-Paul à Rouen (restau- 
ration), 158. | 

Vitrail de Saint-Vincent, 58. 

Vitraux, 58, 82, 85. — Leur pré- 
servalion, 21. 

Vues diverses, 24. 


localités, 


PRINCIPALES MATIÈRES DU BULLETIN 


[. — Eglise Saint-Vincent ....,..,......,.....1....,,......... 0 916 
Sali-lean d'Abbetôt subis sseémendirenulechassassaasuds “O0 
MOpt- de M Sara Aie sions ne uns ST 
Eglise de Vattetot-sur-Mer. ..................,,............ 518 
Calvaires, croix de carrefours... 519 
Seot: des 14. MOST sistema 010 
Notes ecclésiologiques .........., uses... 19 
FO CHENARRS ra SA M nn eee. 2020) 
Débris de boucle de bronze..........,,...........,....... 526 
Plombs des manufactures d'Elbeuf et de Darnétal.......... 526 
Le Castrum de Jultobona.....................,........... 001 
H. — Notice sur le peintre rouennais Jacques-\ntoine-Marie Le- 
LT 0, 
Ralcon: à: monopranmeé:ssissuraisrusissiiamauanvsse 061 
Tour Jeanne d'Arras aie rinmmnisenisediants D 
Vestiges d'un Temple à Jupiter....,.,....,.,....,....... 9 
Cimetière franc de Blangv-sur-Bresle....,,.............., 3547 
La cachette monétaire d'Yquebeuf....................,.... 0 900 
Notes historiques recueillies par l'abbé Anatole Loth........ 593 
D. — Houppeville : Eglise foudrovée.....,.....,...,,,,.....,,42 90% 
Monnaie du pape Clément VE... 906 
Cartes postales offertes à FAlbum......................... 891 
Retable monumental osseuses 009 
Fac-sunilé d'un plat de confrérie.......,.................. 960 
Commune de Norville : Découvertes archéologiques. ....... 961 
IV. — Notice sur Lemoine J.-A.-M. (Paris, Renouard, 1914)... 569 
Le vallon de Bruneval et la maison gallo-romaine de Kant- 
AIG HR Re ET Rd ne En ne ee une ct 
Les plans svimétriques de nos églises. ....,,,.............. 970 
L'ancienne verrerie FOUennAIsé secs esse se csessesessseee D 
ÉTAT ES D D | 
Ron on TO a en es Ne nee dodo eee el O8 
V. — Chevelure en ailes de chauves-souris...................... 088 
La loi sur les monuments historiques........,.......,.... 889 
CA Us NS Sécu Pal teineessegoss SOU 
Mort de M. Joseph Déchelette...,.,,.................... 999 
VE — Cairapacon de Cheval suisses eus seosrsesmdssasessiasess 402 
Fragments d'un retable à Bouelles.....,............., 404 
Statuette de Vierge umibrachiste ..,,..........,......... 400 
Vestiges de vieux monuments 4... esse... 400 
Un chiffre énigmatique ess esse ses 407 
Les verrières du € Miracle des Billettes » au Musée d'An- 
HMS has see anne Catane ee issu etes Al 
Tables des-nonts: lhommeisstsissss es lidinnisrsuseseete. A 
— nome: de rien aromates 40 


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